Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Attente en automne

Publié le par Yv

Attente en automne, Charles Juliet, P.O.L, 1999

"Un écrivain, qui se cherche encore, quitte Paris pour séjourner non loin de Rodez dans un hameau où il rencontre un jeune fille secrète.

Un jeune peintre s'éprend d'une comédienne plus âgée que lui et à laquelle, en raison de leurs situations respectives, il ne peut rien dire de ce qu'il éprouve. [...]

Au cours d'une randonnée dans le Hoggar, un industriel se prend de passion pour une photographe qui n'a rien de commun avec lui. " (4ème de couverture)

Trois nouvelles - ou courts romans- de Charles Juliet qui ont de commun de mettre en scène des hommes qui ne réussissent pas à dire à la femme qu'ils viennent de rencontrer ce qu'ils éprouvent. Des histoires pudiques, émouvantes.

La première, Attente en automne se déroule dans  le paysage des causses près de Rodez, très bien décrit, ainsi que la vie des paysans du coin, très opposée à celle du trentenaire-écrivain-parisien qui vient s'y isoler pour écrire.

La seconde, intitulée Maria, dépeint le monde du théâtre, la fabrication d'un spectacle, et la passion d'une femme pour cet art, qui la rend inatteignable.

La troisième, Turbulences, oppose un industriel très absorbé par son travail qui rencontre un monde à l'exact contraire du sien, un monde de gens qu'il n'apprécie pas et qu'il juge inutiles, celui des artistes.

J'ai découvert Charles Juliet, assez récemment grâce à son livre autobiographique Lambeaux ; j'ai pris une vraie claque en le lisant. Ça a été pour moi une formidable découverte. J'ai ensuite lu de lui d'autres récits assez autobiographiques également (ici et ). J'aime cet auteur pour sa manière simple, pudique et franche de dire les choses, ses sentiments, ses pensées.

Je découvre là une autre partie de son talent, celle de raconter des histoires. Le style de Juliet est bien présent, sobre, direct. Les personnages sont remplis de sentiments contradictoires. Les hommes sont taiseux, secrets, et les femmes se livrent à peine plus. Il expose des personnages vivant dans des mondes qui ne se rencontrent pas habituellement. Il crée ainsi des situations intéressantes avec des gens ayant beaucoup à échanger mais qui ne réussissent pas à le faire. Pour qui aime les tourments de l'âme, du cœur, voici un recueil de nouvelles parfait, pas triste, bien au contraire. Une manière plus simple peut-être d'aborder cet auteur que ses si beaux récits autobiographiques.

Voir les commentaires

Jar city

Publié le par Yv

Jar city, film de Baltasar Kormakur, 2006, d'après La cité des jarres, d'Arnaldur Indridason 

Reykjavik, un vieil homme est découvert mort chez lui, frappé à la tête avec un cendrier. L'inspecteur Erlendur est chargé de l'enquête. Ses investigations le mènent à rouvrir une histoire vieille de 40 ans et l’entraînent sur le sentier de la génétique.

J'ai lu le livre d'Indridason, il y a longtemps, et je ne m'en souviens plus vraiment. Par contre, je me souviens bien des personnages : Erlendur, sa fille Eva, droguée et vaguement prostituée, ses collègues Sigurdur Oli et Elinborg. Dans le film, tout est une question d'ambiance, d'atmosphère. C'est lent, très lent. Glauque à souhait : les situations ne sont pas toujours ragoûtantes et les personnages eux-mêmes ne sont pas blanc-blancs. Film policier sans arme et sans course poursuite, loin très loin des standards étasuniens. Le film est sombre, franchement noir : il semble que rien ne puisse éclaircir la situation.

Ajoutons à cette poisseur, les paysages islandais (souvent filmés du ciel) à couper le souffle : côtes, mers, montagnes et désormais célèbres volcans, landes rudes, le vent, la neige, ...Les seuls éléments que l'on sent vraiment vivants, ce sont eux. Ils entourent et engluent les personnages, les empêchant de s'extérioriser totalement. Une petite lueur d'espoir en toute fin ?

La musique du film est magnifique : chœurs de voix d'hommes, elle ajoute de l'émotion, notamment dans les scènes tristes.

Film vu en DVD, dans le cadre des CEZ'art 2010.

Voir les commentaires

Chambre 26

Publié le par Yv

Chambre 26, Tecia Werbowski, Les Allusifs, 2010 (traduit par Nicole et Emile Martel)

Paris, hôtel Saint André des Arts, chambre 26, un homme est retrouvé assassiné, nu dans la baignoire. Pas de papiers, aucun signe pour l'identifier, sauf ses deux chiens portant à leurs cous des médailles avec leurs noms. Patrick Vernier, tout jeune inspecteur est chargé de l'enquête. Sa première enquête. Assez vite, ses soupçons le mènent vers Maya Ney, une vieille dame polonaise, en villégiature, comme tous les ans dans cet hôtel parisien. Maya Ney qui recueille les chiens du défunt.

Tout petit polar (69 pages) dans la collection 3/4 polar de l'éditeur, qui nous emmène dans le milieu des Polonais et des Tchèques de Paris. Il est le très bon prétexte pour nous rappeler la vie à Prague pendant la domination soviétique et la difficile résistance des opposants au régime communiste. Mais il est aussi une enquête policière qui nous intrigue et qui tient la route jusqu'aux derniers paragraphes du dernier chapitre.

Ma première impression, dès les premières lignes, avant de pouvoir les dater avec les événements décrits, était que Tecia Werbowski faisait évoluer ses personnages dans un Paris du 19ème siècle ou du début du 20ème. Eh bien non. L'action est contemporaine, établie au début du 21ème siècle, avec quelques flash-backs. Ce qui m'a fait penser à ce décalage, c'est probablement l'écriture de l'auteure, loin des clichés modernes. Une belle écriture avec de belles phrases, au charme un rien désuet qui ajoute encore du plaisir de lecture ; un petit roman policier que l'on peut lire soit pour l'intrigue, soit pour la qualité de l'écriture, c'est assez rare pour être souligné. Il peut donc réconcilier les tenants d'une littérature qui ne doit pas sacrifier le style et ceux qui ne jurent que par la qualité de l'histoire.

Pas mal pour un si petit bouquin. C'est peut-être le seul bémol, j'aime, donc je demanderais bien un peu plus de pages, mais je vais me contenter de la qualité à défaut de la quantité. C'est mieux dans ce sens-là !

Un "polar au style vif et enjoué, qui nous mène de Saint-Germain-des-Prés à Vienne et à Prague en passant par Montréal" (4ème de couverture). 

Merci à Magalie des éditions Les Allusifs pour avoir organisé le petit jeu (sur facebook) qui m'a fait gagné cet exemplaire. Me voilà maintenant très tenté par le reste des écrits de Tecia Werbowski, pour beaucoup parus chez cet éditeur qui dans ce que j'ai lu de son catalogue m'a rarement déçu.

Voir les commentaires

Villages

Publié le par Yv

Villages, John Updike, Seuil, 2009 (Ed. Points, 2010)

"Owen Mackenzie est un Américain ordinaire -informaticien à la retraite, marié deux fois, père de quatre enfants. Pourtant sa vie est loin d’être paisible : son passé l’aide à combler le vide absurde creusé par la vieillesse, mais lui pèse aussi. Que reste-t-il ? Les villages dans lesquels il a vécu, les femmes qu’il a rencontrées, épouses et maîtresses, ces amours crus et tendres dont il s’est nourri." (4ème de couverture)

Très tenté par ce livre, je n'ai pu que le laisser tomber après moult auto-motivations pour persévérer. Je ne réussis pas à entrer dedans. Je crois que c'est l'évocation des villages de l'enfance d'Owen, noyée entre la réalité de ce qu'il y a vécu et les rêves qu'il fait plus vieux qui me perturbe. J'ai eu aussi un peu de mal avec tous les flashbacks. Ajoutez un petit manque d'originalité dans le thème traité et voici les seuls reproches que je ferai à ce livre. Je regrette d'autant plus que l'écriture colle avec ce que j'aime : de belles phrases, longues décrivant les rues et les personnages des villages, une seule pouvant inclure plusieurs idées (la traduction est de Michèle Hechter). 

Je ne vais pas trop expliquer ce ratage, c'est juste une non-rencontre entre le livre et le lecteur.  Parfois, je n'aime pas parce que franchement le livre est mauvais, -oui, je sais, il ne faut pas dire : "c'est pas bon !", il faut dire : "je n'aime pas !" ; seulement certains bouquins sont tellement mal écrits qu'il est même charitable de dire qu'ils ne sont que mauvais- mais ici, c'est loin d'être le cas. J'essaierai à nouveau la lecture de ce grand auteur étasunien avec un autre titre.

Voir les commentaires

Garden of love

Publié le par Yv

Garden of love, Marcus Malte, Ed. Zulma, 2007

Quatre narrateurs, très différents. L'un est un homme, Matthieu qui se promène sur la plage avec ses enfants et revoit un ancien ami disparu depuis 9 ans et qu'il ne désirait pas revoir. L'autre est un enfant qui joue avec sa petite sœur, Jona. Un autre, Alexandre Astrid, un flic blasé, mis au placard et désabusé, voire suicidaire, qui serait passé à l'acte s'il n'avait peur des conséquences et qui reçoit un jour un manuscrit qui le remue particulièrement. Et enfin, une jeune femme, probablement prostituée qui joue un jeu de séduction avec les hommes, la seule dont l'histoire n'est pas écrite à la première personne du singulier. Tout cela apparaît disparate et finalement, évidemment, tout se recoupe.

D'un prime abord déroutant par le nombre de narrateurs s'exprimant à la première personne, le pli se prend vite et ne se pose pas la question de qui parle ; tout est limpide dès les premières lignes des chapitres. Chaque protagoniste est bien décrit et aucune confusion n'est possible.

C'est un polar très construit, méthodique. Heureusement, car il y aurait de quoi s'embrouiller. C'est donc tout le contraire et le livre est passionnant. Je me suis fait happer par le rythme très rapide des phrases, de la narration. Et pourtant, l'action elle-même n'est pas véloce. C'est un peu paradoxal. Phrases très courtes, vocabulaire simple, aisément compréhensible, efficace. Les histoires que l'on croyait très indépendantes les unes des autres se rejoignent au fil des pages, dans un puzzle alambiqué, très bien mis en scène. 

Si l'on recherche du rythme, des meurtres, de l'hémoglobine à chaque page, ce livre n'est pas un bon choix. Mais si l'on cherche un scénario subtil, un livre habilement écrit, des personnages crédibles, une intrigue qui l'est tout autant sans être le seul intérêt, ce livre est le bon choix. En ouvrant ce Garden of love, je ne savais pas à quoi m'attendre, et franchement, je suis bluffé.

Livre beaucoup lu et chroniqué avec enthousiasme ou beaucoup plus de retenue que moi (oui, oui, je sais, parfois je m'emporte) : Florinette, Kathel, Incoldblog, Joëlle, Saxaoul, ...

Voir les commentaires

Le Touriste

Publié le par Yv

Le Touriste, Olen Steinhauser, Ed. Liana Levi, 2009 (Pocket, 2010)

Milo Weaver est un Touriste. Un espion de la CIA, détaché aux quatre coins du monde pour remplir des missions ultra secrètes et surtout non officielles. D'ailleurs, le service qui l'emploie, le Tourisme n'existe pas officiellement. Milo est grièvement blessé au cours d'une mission à Venise. On le retrouve, 6 ans plus tard, marié, père de famille et titulaire d'un job, beaucoup plus calme et cette fois-ci, très officiel au sein de la CIA. Mais une rencontre et une affaire le ramènent 6 ans en arrière, faisant éclater sa vie familiale.

Thriller d'espionnage lu dans le cadre d'un partenariat B.O.B/éditions Pocket qui démarre plutôt tranquillement ; c'est un peu technique et il n'est pas très aisé de se retrouver entre la CIA, la NSA et le Homeland, nouvelle antenne d'espions créée par George Bush. Et puis, le rythme s'accélère et chaque agence étant représentée par un personnage, tout devient plus clair. Milo retourne dans son passé, prend le risque de se couper des siens, hésite très longtemps entre continuer son enquête et retourner vivre, plein d'usage et raison, auprès de sa famille le reste de son âge (que Joachim, veuille bien me pardonner ce détournement). Donc de retournements, en aventures et d'aventures en retournements, Milo persiste, et nous aussi. On se prend à vouloir connaître le dénouement de son histoire tortueuse.

L'auteur nous balade tout au long de son livre. On ne s'ennuie pas une seconde malgré le nombre élevé de pages : 572 en version Pocket. Des rebondissements à tour de bras, et un lecteur finement déboussolé et accroché jusqu'à la toute fin du livre.

Mon petit bémol pourrait venir du style littéraire, certaines phrases étant parfois bizarrement construites ; des mots qui se suivent pas forcément dans le bon sens, mais bon, on ne lit pas des romans d'espionnage pour retrouver de belles phrases, de grandes envolées. Donc, si on laisse de côté cet aspect peut-être dû à la traduction, on se retrouve avec un roman bien construit et assez efficace.

En lisant d'autres billets sur ce livre, j'ai cru comprendre qu'il était le début d'une trilogie autour de Milo Weaver et il paraîtrait, -eh oui, mesdames !-, il paraîtrait que George Clooney soi-même aurait acheté les droits cinématographiques et pourrait même jouer le rôle titre. Alors tentées ?

Les autres articles sont à lire, notamment chez Zarline, Armande,...

Voir les commentaires

L'automne des chimères

Publié le par Yv

L'automne des chimères, Yasmina Khadra, Ed. Baleine, 1998

"Le commissaire Llob, après avoir enterré un ami d'enfance égorgé en plein soleil dans son jardin, est convoqué par sa hiérarchie pour avoir eu le tort d'écrire un livre. La guerre civile fait rage. Colère, amertume et terreur se mêlent tandis qu'au cœur des villes, dans le silence des maquis ou sur les plages en pleine foule se terre la bête immonde de l'intégrisme. Prête à frapper. Prête à tout ; un jouet dans la main des puissants..." (4ème de couverture)

Fort de ma lecture de L'attentat de Yasmina Khadra, j'ai pris cette enquête du commissaire Llob. Ce que je ne savais pas, c'est qu'il est préférable d'avoir lu les trois épisodes précédents (Le dingue au bistouri, Morituri, La part du mort) avant celui-ci ; j'ai eu du mal à me retrouver dans le foisonnement des personnages. En effet, le commissaire est à un tournant de sa vie : il profite de sa mise à pied pour faire le point, et revoit beaucoup de gens qu'il a croisés dans son existence, de sa jeunesse jusqu'à son âge actuel. Par moment, j'étais donc un peu perdu, et j'avoue que j'ai eu la tentation d'abandonner. Mais on ne laisse pas tomber un livre de Y. Khadra ! Je me suis donc motivé et je dois dire que mise à part la réserve précédente, j'ai vraiment apprécié ce livre. Il est une dénonciation de l'intégrisme, de la corruption en Algérie ; pendant les années 90, les intégristes ont tué, massacré, égorgé, provoqué une véritable guerre civile. Mais Yasmina Khadra révèle également que la classe dirigeante de l'époque était corrompue, qu'elle profitait des ces intégristes et de la terreur qu'ils inspiraient pour asseoir son pouvoir et en abuser. L'honnêteté n'avait pas cours dans les hautes sphères de la société algérienne.

L'auteur fait preuve d'un vrai et profond respect et d'un attachement pour les Algériens "d'en bas", comme dirait l'autre, les citoyens lambda, qui eux, vivent et subissent les uns et les autres. Pour Y. Khadra, l'Algérie s'en sortira grâce à son peuple.

L'écriture est belle et dit crûment et franchement la façon de penser des divers protagonistes ; elle va à l'essentiel. Khadra a aussi le mérite de ne pas dénoncer simplement en mettant d'un côté les méchants et de l'autre les gentils, même s'il prend position de manière claire et non équivoque. Il argumente, expose son point de vue et évite les clichés du genre : "la guerre c'est mal", "les intégristes c'est pas bien" ou encore "les politiciens" sont tous pourris.

Je regrette d'être passé un peu à côté de ce livre, et pour lui rendre tout son intérêt, je dois me plonger dans les enquêtes précédentes du commissaire Llob.

Nanne écrit également son avis.

Voir les commentaires

L'annulaire

Publié le par Yv

L'annulaire, Yoko Ogawa, Actes sud, 1999

A la suite d'un très léger accident du travail dans lequel elle perd un bout de son annulaire, la narratrice, une jeune femme, est embauchée dans un laboratoire de spécimens. Assistante de M. Deshimaru, elle accueille les clients qui veulent faire conserver des souvenirs. Plus qu'un taxidermiste, M. Deshimaru analyse et enferme ces souvenirs très variés.

Très difficile de résumer et de dire ce que j'ai pensé de ce très court roman (95 pages). Il est à la fois fascinant, étonnant et envoûtant. Yoko Ogawa suggère plus qu'elle ne dit franchement les choses, ce qui donne une ambiance mystérieuse. On sent que la narratrice est attirée, envoûtée par M. Deshimaru, qu'elle est sans résistance face à cet homme qui lui impose plus qu'une simple relation de travail. Deshimaru est une espèce de Diable attirant auquel nul ne résiste.

L'écriture très onirique favorise une ambiance trouble, voilée. Je ne suis pas sûr d'avoir trouvé toutes les clefs pour entrer totalement dans le monde de Yoko Ogawa. Parfois, j'ai eu un peu de mal à suivre, mais toujours, je me suis récupéré un peu plus loin dans le texte et comme c'est un livre court, j'ai réussi à aller au bout sans encombre. J'ai même hésité à en faire un billet, parce que je n'étais pas vraiment sûr de parvenir à obtenir un contenu assez conséquent. Donc, si vous n'avez pas assez d'informations sur ce livre, vous pouvez voir ce qu'en disent entre autres, Marie et Leiloona.

Voir les commentaires

Comme la grenouille sur son nénuphar

Publié le par Yv

Comme la grenouille sur son nénuphar, Tom Robbins, Ed. Gallmeister, 2009

"Gwendolyn est une jeune trader de Seattle dont les ambitions d'ascension sociale s'écroulent avec les marchés financiers la veille de Pâques. Pour Gwen commence le pire week-end de son existence : alors qu'elle se voit privée d'avenir, le singe kleptomane de son petit ami s'enfuit, un ancien broker [Larry Diamond] de retour d'un voyage à Tombouctou -où il a appris pourquoi les grenouilles disparaissaient de la surface de la Terre- s'insinue dans sa vie, sa meilleure amie se volatilise à son tour, tandis qu'un étrange médecin japonais présente un remède miracle contre le cancer. Au milieu de tout ce désordre, Gwen devra peu à peu choisir entre la poursuite du rêve américain et l'aventure de la liberté." (4ème de couverture)

Tom Robbins est présenté comme un grand écrivain des Etats-Unis ; j'avoue ma profonde inculture à son sujet, mais je suis loin, très loin d'être un spécialiste de la littérature de ce pays. D'où mon attirance pour les partenariats B.O.B/éditeurs qui me permettent de faire des découvertes d'auteurs et d'éditeurs et donc d'étendre ma culture littéraire. Parfois, ça marche. Parfois, ça ne marche pas. Là, ça colle extrêmement bien. Les éditions Gallmeister m'ont fait parvenir un beau bouquin à la mise en page soignée (grand merci !), certes gros (425 pages, dont les 5 dernières consacrées à la biographie de l'auteur) et écrit petit, ce qui demande un temps de lecture assez long, mais vraiment plaisant.

Petite note avant mon propos sur le contenu du livre : il a été écrit en 1994, mais il aurait pu l'être, à quelques détails techniques près, en 2009, juste après la fameuse crise du capitalisme mondial. Une prémonition de Tom Robbins ou une répétition de l'histoire ? En tout cas, un livre d'actualité.

Tom Robbins opte pour le tutoiement de son héroïne, ce qui donne un point de vue extérieur et pose un jugement sur ses faits et gestes. L'auteur ne se prive pas de mettre Gwen dans des situations cocasses, délicates, imprévues, dans lesquelles elle se rend ridicule. Elle en devient drôle à son insu. C'est un livre que l'on lit le sourire aux lèvres avec beaucoup d'accès de rire. Cette ambiance joyeuse n'empêche pas Tom Robbins d'aborder les grands thèmes sérieux : l'amour, la mort, la maladie, le sens de la vie ; un livre profond sous ses airs potaches. Le héros de Robbins a des convictions, des avis, et il les exprime dans des phrases longues, pleines de sens ; Cathulu dit même "il y a plus d'imagination dans une phrase de Tom Robbins que dans l'oeuvre complète de n'importe quel écrivaillon français". Pour la paraphraser, je dirais : "il y a plus d'imagination dans une phrase de Tom Robbins que dans un bouquin entier de quasiment n'importe quel autre écrivain."

Un parti pris intéressant est celui qui donne au personnage masculin, Larry Diamond, des qualités plutôt féminines : l'écoute, le détachement du monde matériel, la sensibilité, pendant que Gwen endosse des "prérogatives" masculines : ambition démesurée, solide et déterminée, matérialisme à -presque- toute épreuve, précipitation et manque de réflexion et incrédulité totale face aux phénomènes inexpliqués et inexplicables. J'en vois sourire quelques unes ! Enfin un homme qui reconnait nos qualités ! Bien obligé, mesdames, vous êtes plus nombreuses que nous à lire et donc à écrire des blogs et à les consulter ; si je veux que mes visites et les commentaires augmentent, je dois faire des concessions ! Allez, sans rancune, laissez-moi vos commentaires !

D'autres avis parfois enthousiastes : PapillonAlex, parfois plus mitigés : Aifelle, ...

Voir les commentaires