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D'acier

Publié le par Yv

D'acier, Silvia Avallone, Ed. Liana Levi, 2011

Francesca et Anna ont bientôt quatorze ans. Eté 2001, elles enflamment Piombino, petite ville de Toscane, loin des clichés habituels qui vit autour de son usine d'acier. Barres d'immeubles, plage, mecs shootés et bourrés, pères violents ou démissionnaires, voici ce qui rythme la vie de la ville et des deux jeunes filles. Elles deux se connaissent depuis qu'elles sont toutes petites et sont inséparables. Leur beauté, les changements de leurs corps cet été-là changera la donne de tout le quartier.

Je suis bien embêté pour dire si ce livre m'a plus ou non. J'ai aimé les personnages, intéressants, les descriptions de la ville, de la vie à l'usine, des ouvriers qui veulent oublier l'aciérie le weekend, bien vues. Les femmes sont seules, délaissées par des maris qui ne pensent qu'aux autres femmes, à l'alcool, aux copains. Ils sont buveurs, dragueurs, violents ; leurs femmes sont là uniquement pour leur préparer à manger, faire le ménage et accessoirement occuper un moment leur libido. C'est dire si l'homme n'a pas le beau rôle dans ce roman. En plus de son côté macho excessif, il est abruti par son travail :

"Enrico, en tournant la clé de contact de sa Uno blanche, ne pensait à rien. Sinon au trajet qu'il allait faire, trois feux et deux ronds-points. Se garer dans le grand parking, devant l'entrée de la via della Resistenza, pointer à la machine, se changer dans les vestiaires, arriver à destination : la cokerie.

Il y avait quelque chose d'immobile dans son regard, comme celui d'un animal qui fixe la gorge de sa proie. La nature dans son accomplissement quotidien : la fatigue de l'acier, les mains fermes sur le volant. S'il fallait pelleter, il pelletait. Si on le mettait au contrôle, il contrôlait. Noter les températures dans le carnet, enfoncer la pelle dan le charbon et la soulever : pour lui, tout était pareil." (p.69/70)

Les femmes subissent. Lorsqu'elles sont jeunes et jolies, comme Francesca et Anna, elles plaisent aux hommes et en jouent alors. Mais dès que l'un d'entre eux lui a mis le grappin dessus, plus possible de vivre comme avant, même lorsqu'elles sont très jeunes. C'est d'ailleurs un point qui me gêne et m'effraie un peu dans ce roman : l'extrême jeunesse de ces jeunes filles. Elles se comportent -et les hommes et les autres femmes les voient- comme des jeunes femmes, alors qu'elles ne sont qu'à l'approche de leur quatorze ans ! Je dois être totalement déphasé, ou carrément hors mode.

Une autre critique négative est qu'on trouve dans ce livre quelques lourds clichés sur tous les garçons machos, sur les filles les plus belles, celles que toutes les autres filles -qui, elles sont toutes des "boudins" selon Silvia Avallone -détestent. Que de personnages et de situations stéréotypées ! J'ai parfois eu l'impression de revenir dans la cour du collège, quelques 30 ans en arrière...

Pour finir, et malgré des rebondissements que l'auteur sait amener en les anticipant ou les retardant, j'ai eu du mal à me faire à l'écriture et à la narration : des parties vraiment très bien sont entrecoupées de détails totalement inintéressants et oiseux qui coupent l'élan du lecteur. Le style de l'auteur ne permet pas de se familiariser aisément avec tous ses personnages : j'ai eu beaucoup de mal à lier les personnages entre eux, et j'ai confondu les pères, les mères, les frères et les sœurs ("oh oh, ce serait le bonheur !")

A propos de ce roman, j'ai lu qu'on parlait de "Zola du XXIème siècle !" On s'emporte, on s'emporte. C'est un roman social, certes, mais, malgré une idée forte et avec des personnages très présents, Silvia Avallone écrit un roman prometteur mais empreint de grosses maladresses qui personnellement me laisse un peu sur ma faim.

Sélection du Prix des lecteurs de l'Express.

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Les amours de voyage

Publié le par Yv

Les amours de voyage, Yaël König, Ed. Yago, 2011

Recueil de récits d'amours de voyages. Des amours qui durent, des amours qui ne vivent qu'un bref moment. Quinze histoires vraies, racontées par ceux et celles qui les ont vécues. Avant cela, "Yaël König revient sur l'importance de ce thème dans la littérature et évoque Gauguin, Stevenson, Loti, Isabelle Eberhardt, Cendrars, Monfreid, Chatwin, Bouvier..." (4ème de couverture)

De cette auteure, j'ai déjà lu et apprécié, très récemment, Pizzicato. C'est probablement la raison pour laquelle Gilles Paris m'a envoyé son dernier livre. Pas vraiment emballé par le thème, je l'ai ouvert à la faveur de ma très bonne opinion du roman précédent de l'auteure cité juste au-dessus et parce que les éditions Yago font des livres soignés, aux belles couvertures et que ceux que j'ai déjà lus m'ont tous plu. Celui-ci ne déroge pas à la règle : la couverture est jolie, la mise en page claire et le contenu original. Dans son introduction d'une quarantaine de pages, l'auteure fait le point sur les célébrités connues pour leurs voyages, sur celles qui ont trouvé l'amour loin de chez elles. On y croise celles dont j'ai donné les noms plus haut, mais aussi, Gérard de Nerval, Bernardin de Saint-Pierre et d'autres que je ne connais pas. Yaël König écrit : "L'initiation amoureuse et le voyage sont la même expérience de la nouveauté, du frisson, de l'attente, de l'angoisse. Va-t-on "trouver" ? Va-t-on être accepté ? L'amoureux, tout comme le voyageur, part du connu pour aller vers l'inconnu, porté par cette exaltation propre aux découvertes essentielles. L'émerveillement, focalisé sur un être ou un panorama neufs, résonne des mêmes notes excitantes." (p.10) 

Ensuite, place aux histoires d'amour. Tour à tour drôles, passionnelles, violentes, elles ont les caractéristiques de ce qu'elles décrivent, l'amour. En prime, puisqu'il s'agit de lier amours et voyages, à chaque fois, le lecteur fait un beau séjour dans des pays, parfois très éloignés et parfois plus proches. Ce n'est pas un guide des pays visités, certes non, mais quasiment à chaque fois, l'auteur décrit les paysages, les habitants, les lieux.

Vous aimez l'amour ? Vous aimez les voyages ? Vous aimez l'amour et les voyages ? Vous aimerez lire Les amours de voyage (à lire avec une voix "publicitaire" SVP). Personnellement, j'ai une petite préférence pour la première nouvelle, Les jumeaux du Sikkim, de Tamara Hirsch qui raconte très joliment comment, lors d'un voyage au Sikkim -Etat de l'Himalaya dont je n'avais jamais entendu parler, comme quoi, on peut s'instruire en lisant même des histoires d'amour-, elle s'est perdue en montagne et y a croisé un homme perdu, lui aussi. Non seulement la barrière de la langue n'a pas suffi à les éloigner, mais en plus, elle permet de continuer l'histoire après le retour de T. Hirsch chez elle. Mais je ne vous en dit pas plus pour ne pas révéler la chute, très belle. L'autre nouvelle à avoir également mes faveurs s'intitule Aller-retour au centre de moi-même, de Clément N, une rencontre amicale plus qu'amoureuse sur laquelle je ne m'étendrai pas non plus, pour vous laisser le plaisir de la découverte. Les autres histoires dont je ne parle pas -parce que je serais trop long et je risquerais d'en dire trop, et après vous me diriez ; "Oh, Yv il est pas cool, il raconte tout et puis y'a plus de suspens !" Comme je suis un rien cabot, un rien flagorneur et que je préfère vos louanges à vos reproches et réprimandes, je préfère ne rien dire- bon revenons à nos amours de voyage ; que disais-je avant de m'interrompre moi-même ? Ah oui, les autres histoires dont je ne parle pas -voilà, j'ai repris le fil- ne sont pas en reste de découvertes, d'originalité, de personnages un peu "barrés" parfois, et de coup de foudre pour une autre personne ou pour un pays.

Pour résumer, je dirais qu'on est loin du roman du siècle, mais que ce recueil vaut tous les jours nettement plus que les histoires mièvres et racoleuses dont on nous rebat les oreilles. Ici, vous avez la sincérité, la réalité et le dépaysement ! Pas mal pour un seul livre. Et pour le même prix, vous avez des notes biographiques de grands voyageurs célèbres en première partie. Pour finir un lien vers le site des éditions Yago qui méritent d'être découvertes : j'ai lu édités chez Yago, Pizzicato et Point de non-retour en plus de Les amours de voyage. Tous bons voire très bons.

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Semaine littéraire

Publié le par Yv

Fin d'une semaine littéraire :

- premièrement, le jury du Prix des lecteurs de l'Express s'est réuni ce mardi. Aller-TGV-Paris, visite de la rédaction du journal, apéro-champagne -siouplait !-, déjeuner-délibération -ouh, qu'ils étaient bons les vins ! Et le reste aussi. Bien entendu, même sous la torture -enfin, pas trop dure quand même !- je ne dévoilerai pas ici le nom du vainqueur. Je pourrais vous dire que le (la) lauréat(e) fait partie de mes favoris. Ou non. Je pourrais vous dire que c'est un livre français. Ou non. Que c'est une auteure. Ou un auteur. Rien. Vous ne saurez rien. Nada ! Lisez le blog consacré au Prix, et vous aurez en temps voulu le bon renseignement. Ah, quel pied de laisser flotter du suspense insoutenable ! Organisation sans faute, discussions et débats de bon niveau et respectueux. Présidente du Jury, Maylis de Kérangal, très sympathique et à fond dans la discussion. Le jury est exceptionnel -c'est normal me direz-vous, surtout si vous êtes allés au susnommé site de l'Express sur lequel vous voyez nos bobines- qui a même prolongé la conversation au café du coin (2.20€ le café à Paris, il n'y a pas que les membres du jury qui ont tiré profit de la prolongation). Puis métro et retour-TGV-Nantes.

PS : j'ai aussi, à cette occasion pu mettre un visage et une voix sur Flora du blog Attrape-livres qui est aussi jurée, et en plus, on avait quasiment les mêmes choix !

- deuxièmement et secundo : j'ai assisté ce mercredi à une rencontre littéraire organisée par la librairie proche de chez moi avec Richard Bohringer. Fidèle à lui-même, manifestement heureux d'être parmi ses lecteurs, il répond aux questions, les devance même parfois en se lançant dans des digressions extrêmement intéressantes, drôles, politiques, révolutionnaires. Belle, très belle rencontre avec un homme chaleureux et humain. J'aurais tellement aimé prolongé là-aussi la conversation au café du coin qui à défaut d'être le bar Au bout du monde aurait pu faire office de. Et puis, bien sûr, à l'issue, les dédicaces.

- troisièmement mais malheureusement raté : je devais aller aujourd'hui à la rencontre de Stéphane Pajot, auteur du très bon Carnaval infernal, mais des obligations familiales m'en empêchent (faites des gosses !) J'espère une autre signature pour enfin le rencontrer !

Voilà donc ma semaine littéraire que je vous raconte en écoutant le dernier et excellent -comme toujours- album de Camille Bazbaz, La chose. Histoires d'amour : les sentiments et le physique, mais écoutables par des oreilles chastes, je vous rassure. Et des mélodies particulièrement jolies et "retenables". 

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Churchill à Yalta. La Pologne trahie

Publié le par Yv

Churchill à Yalta. La Pologne trahie, Michael Dobbs, Ed. ZdL, 2011

Yalta, Crimée, le 03 février 1945, commence la fameuse conférence pendant laquelle Franklin Roosevelt, Joseph Staline et Winston Churchill vont régler le sort du monde qui s'apprête à fêter la défaite du nazisme. Michael Dobbs s'attache à Churchill qui tente de s'opposer à Staline pour tenter de sauver la Pologne, et par conséquence, le reste de l'Europe.

L'éditrice, Zofia de Lannurien (d'où les éditions ZdL) parle d'un "roman de fiction documentarisé", c'est à dire que sur la base de documents officiels, avec des personnes réelles, l'auteur bâtit un livre dans lequel, il extrapole et dans lequel il ajoute des personnages fictifs, tel le plombier polonais Marian Nowak. Dans le même genre, j'ai lu récemment L'homme qui aimait les chiens de Léonardo Padura (dès que je peux je le replace, tellement ce roman est formidable).

Avant même de débuter, la conférence de Yalta part sur de mauvaises bases : Staline refuse de sortir de Russie et oblige Churchill et surtout Roosevelt, très malade et en fauteuil (il mourra en avril 1945) à parcourir de nombreux kilomètres. Sur place, les palais des délégations anglaise et étasunienne sont sur écoute, et Staline mène le bal face à un Roosevelt affaibli qui ne rêve qu'à une seule chose : créer l'ONU avec l'appui du dirigeant russe. Pour cela, il accédera à beaucoup de ses requêtes, Churchill se battant seul pour contrer Staline. Celui-ci est d'ailleurs très habile et sait jouer de la faiblesse du président. De plus, ses troupes étant aux portes de Berlin, il est là, en position de force.

Dans le même temps, un plombier polonais, Marian Nowak, par l'intermédiaire du valet de Churchill prend contact avec celui-ci. Ce plombier est fictif, et par lui, l'auteur nous dit toutes les horreurs qu'ont vécu les Polonais. Écrasés, tués, mis véritablement en esclavage par les nazis, les femmes et jeunes filles seront violées, les hommes torturés. Ils seront libérés par l'armée russe qui leur prodiguera les mêmes atrocités, voire pire ! Pendant ce temps, à Yalta, Staline justifie l'avancée de ses troupes et les crimes qu'elles perpétuent. Les pages 200 à 202 racontent comment un homme voit sa femme et sa fille de 16 ans se faire violer, comment tentant de se rebeller, on le sort et on lui tire dessus, et lui, hurle "cassé en deux, tenant à pleines mains la plaie béante où, quelques instants auparavant, se trouvait encore ce qui faisait de lui un homme." ; et pendant qu'il crie, à l'intérieur de sa maison, les soldats russes violent également sa petite fille de 10 ans !

Chaque chapitre de ce roman concerne une journée de la conférence qui en a eu huit. En parallèle, on assiste aux débats, aux joutes verbales avec de belles réparties :

"Staline, pourtant n'en avait pas fini avec Churchill :

- Des rumeurs courent en Suisse, monsieur Churchill, sur un éventuel accord que vous souhaiteriez passer avec l'Allemagne. Une paix séparée, quand ils seront débarrassés de Hitler.

- Je dois vous dire, maréchal Staline, que ce n'est pas dans mes habitudes de passer des accords avec Hitler. Mais, si je devais l'envisager, soyez assuré que je viendrai (sic) vous consulter en priorité, afin de bénéficier de votre expérience considérable en la matière." (p.282)

Ce bouquin passionnant se finit (juste avant l'épilogue et la postface) par ces phrases terribles qui résument la situation :

"Nowak. Okulicki. [noms de deux Résistants polonais] Ainsi que des dizaines de milliers d'autres. De façon systématique, les Russes achevaient la tâche commencée par les nazis et balayaient toute trace de résistance polonaise." (p.320)

J'aimerais tant vous faire passer tout ce que j'ai ressenti en lisant ce roman : il est pour moi aussi fort que celui de L. Padura dont j'ai parlé plus haut et c'est un compliment, puisqu'il fait partie de ce que j'ai lu de mieux dernièrement ! Et pour finir, je ne peux que vous inciter, d'abord à lire ce livre (vous ne le regretterez pas) et ensuite à ne pas sauter la préface -ni la postface et les remerciements- dans laquelle M. Dobbs explique son travail de romancier par rapport à celui d'un historien. Il n'amoindrit pas leurs travaux mais explique qu'un roman "documentarisé" peut expliquer plus de choses et est surtout à la portée du plus grand nombre. L'historien s'attache aux faits, et le romancier plutôt aux personnes et à leurs vies qui parfois expliquent leurs actes. Ça me va ! Personnellement, je préfère un bon roman, bien construit, bien documenté à un ouvrage plus austère bien que sûrement plus précis et plus fin.

Merci à Gilles Paris.

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Amour

Publié le par Yv

Amour, Hanne Orstavik, Les Allusifs, 2011

Aujourd'hui c'est la veille des 9 ans de Jon. Il espère que sa maman, Vibeke, lui fera un gâteau. En attendant, il sort vendre des billets de loterie. Vibeke, elle, sort faire un tour à la fête foraine. Lui, rêve de train électrique. Elle, de trouver l'homme de sa vie. Tout juste installés dans cette petite ville du nord de la Norvège, ils ne comptent encore que très peu de connaissances.

"Rarement une histoire aura fait l'objet d'une telle introspection, de l'autopsie aussi rigoureuse d'une mère et d'un enfant qui se perdent" (4ème de couverture) Après avoir recopié cette phrase, je pourrais m'arrêter là et ne rien ajouter, tellement à elle seule elle résume ce petit (134 pages) livre. Mais, bon, ce ne serait pas très correct de ma part, et puis " ça l'fait pas" un article de 2 lignes, c'est pas sérieux, alors je vais tenter de remplir mon billet. 

Jon attend sa maman. Il attend qu'elle s'occupe de lui : lorsqu'il est le narrateur, il parle de sa mère. Vibeke ne parle jamais de Jon, n'y pense même pas tout au long de cette nuit : "Elle [Vibeke] regarde autour d'elle, elle ne le [l'homme avec qui elle sort ce soir] voit nulle part. Elle voit un couple qui se dispute, la bouche de la fille est en mouvement perpétuel, de temps en temps l'homme dit quelque chose, quelque chose de bref qui ne fait que relancer la fille. Elle décide de regarder ailleurs. Rien ne doit gâcher sa joie et le grand silence qui l'envahit." (p.94). Elle n'éprouve rien, aucun scrupule d'avoir laissé son fils seul, voulant garder "sa joie" d'être là. Jon, lui attend son gâteau et rêve du train électrique qu'il veut pour ses neuf ans. Il erre seul, dans la ville totalement enneigée.

Hanne Orstavik ne juge pas ses personnages, elle se contente de raconter leur soirée, d'entrer dans leurs esprits pour nous transmettre leurs pensées, leurs désirs, leurs rêves. Ils vivent ensemble, l'un à côté de l'autre, et comme le dit, la phrase de la 4ème de couverture ils "se perdent". Définitivement, serais-je tenté d'ajouter.

Avec une économie de moyens, des phrases courtes, sèches, des descriptions de gestes banals, Hanne Orstavik parvient à captiver son lecteur : "Elle détache sa ceinture de sécurité et la lâche, elle s'enroule. Elle trouve la poignée de la portière et tire le petit levier en plastique noir. La porte produit un clic en s'ouvrant, le froid se dresse contre son mollet et sa cuisse. Elle ouvre la porte en grand et lance les jambes dehors, la voiture étant un peu plus haute elle doit se laisser tomber vers le sol. Elle se penche ensuite à l'intérieur pour ramasser son sac, qui était à ses pieds. Il regarde la route devant la voiture." (p.124). Même ses descriptions de lieux sont sèches, mais très facilement imaginables : "Il y a plusieurs portes dans le petit couloir là-haut. Elle en ouvre une, allume le plafonnier et laisse passer Jon devant elle. Elle doit partager sa chambre avec quelqu'un, se dit-il, parce qu'il y a deux lits. La fenêtre est juste en face de la porte. Elle donne sur l'arrière de la maison, sur la forêt. Il s'y rend. Elle est encadrée de rideaux à motifs. Il regarde dehors." (p.34/35)

Double narrateur, un coup Jon, un coup Vibeke, toujours à la troisième personne du singulier, sans prévenir, l'auteure alterne. A la faveur d'un nouveau paragraphe, on passe dans la nuit de Jon, puis dans le suivant, on revient à celle de Vibeke. Jamais perdu, le lecteur suit ainsi, parallèlement les pérégrinations et pensées de la mère et du fils.

Je m'aperçois que j'ai cité pas mal le texte, je pourrais en citer encore de plein passages, mais si je continue, je vais finir par reproduire le livre en entier. Donc, le mieux, si vous aimez les textes âpres, sans artifices, un peu à la manière d'Agota Kristof, de Annie Ernaux -si elle avait ne serait-ce qu'un centième de la virtuosité de ces auteures, j'aurais même pu mettre dans le lot Christine Angot qui a une écriture de ce genre, mais tellement plus maladroite, moins attirante et moins talentueuse- c'est que vous ouvriez ce roman de Hanne Orstavik, considérée comme "l'une des voix les plus importantes de la littérature norvégienne." (4ème de couverture)

PS : suite à un incident technique (en fait, je ne suis pas très doué avec l'objet informatique), ce billet est paru très brièvement hier. Le voici là, dans son affichage prévu initialement. Cette précision pour ceux qui y verraient un doublon et qui pourraient croire que je recycle. En ces temps où le recyclage est de mise, je fais encore mon fanfaron, je fais de l'original !

 

dialogues croisés

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Le psychopompe

Publié le par Yv

Le psychopompe, Dominique Maisons, Ed. Les nouveaux auteurs, 2011

Alfortville, hiver 2011, Alice, jeune professeure rentre chez elle. Elle est agressée par un vagabond qui ressemble trait pour trait à son mari, mort deux mois plus tôt. Totalement effrayée, elle va porter plainte et là, Victor Bellanger, flic à la marge, qui file un mauvais coton écoute son histoire. Commence alors pour tous les deux une recherche de la vérité qui les mènera vers des domaines qu'ils n'imaginent même pas.

Thriller absolument haletant, qui tient quasiment son lecteur de bout en bout. Mais avant de développer ce thème, j'aimerais faire ici état de mes quelques réserves sur le contenant :

- d'abord, le bandeau "gagnant prix VSD du polar 2011" qui peut faire vendre -qui moi personnellement aurait tendance à m'agacer surtout lorsqu'on sait que les éditions Les Nouveaux auteurs sont liées aux éditions Prisma qui éditent ... VSD. J'imagine qu'il a eu droit à un bel article dans le magazine !

- ensuite, le nombre incalculable de coquilles et de fautes " il s'en rappelle" (p.256), "je [...] me débattus" (p.393), "si cette deuxième hypothèse s'avère exacte" (p.404) et il y en a d'autres, et le nombre impressionnant de tirets de fin de ligne pour couper un mot, placés n'importe comment sans tenir compte de la règle (j'en ai compté une quinzaine mais j'en ai sans doute oublié !).

Pas rédhibitoire, mais le travail de correction et de mise en pages est très perfectible chez Prisma !

Venons-en maintenant au contenu. Heureusement, lui est de qualité : 562 pages qui passionnent -bon, j'ai bien eu un petit moment de vide vers le milieu, comme souvent lorsque je m’attelle à des pavés, mais rien qui empêche d'aller au bout. Néanmoins, pour moi, on pourrait faire une petite coupe, supprimer quelques détails pour alléger le volumineux bouquin.

Maintenant, une petite explication sur le titre, ce mot qui est très très laid existe vraiment : le psychopompe, en grec ancien -ça le fait, non ? Citer du grec ancien pour une simple blogueur, c'est quand même assez classe !- le psychopompe, disais-je, est le conducteur des âmes des morts.

C'est pourquoi, Dominique Maisons base son thriller sur le vaudou, ou plutôt sur l'ancêtre du vaudou "connu", le vodun. Né au Dahomey (le Bénin actuel), le vodun vénère un seul dieu, le dieu serpent. Évidemment, il est l'objet de beaucoup de fantasmes de notre part à nous Occidentaux prosaïques. Dominique Maisons est soit un spécialiste, soit il s'est documenté parce qu'il explique en long en large et en travers cette religion -on peut même parfois avoir l'impression d'être à un cours magistral. Pour donner un peu plus de fantastique, de surnaturel à son roman, et pour coller parfaitement au titre du livre, le vodun est là mâtiné d'Expérience de Mort Imminente (EMI). Si vous êtes totalement allergique à tout ce qui n'est pas scientifique, prouvé et absolument imparable, passez votre chemin, ce livre n'est pas pour vous ! Mais si vous aimez les ambiances ésotériques, surnaturelles, extra-ordinaires et sidérantes, restez-là et prenez le temps -il en faut, le livre est gros- d'ouvrir Le psychopompe.

"Le culte vaudou répandu de par le globe, avec ses oripeaux et ses diableries empruntées au catholicisme spectaculaire des missionnaires, était à l'origine un culte rendu au principe essentiel de la vie, à l'étincelle de conscience qui anime la chair et la rend humaine, et dont la présence différencie l'homme de la matière. En traversant les plaines et les océans, ce culte s'était travesti, édulcoré, oublié, perdu pour n'en garder que le nom et une partie des rituels. Cette dégénérescence s'était produite d'autant plus inéluctablement que ses sectateurs originels gardaient leur culte secret et que son expansion s'est faite contre leur gré, sous le joug des luttes ethniques et de l'esclavage transatlantique qui ont bouleversé la région d'Allada." (p.347/348)

Très efficace donc ce premier roman, en plus d'être instructif et dépaysant. Bien construit également, pas linéaire il tient en haleine le lecteur avec de courts chapitres qui alternent les actions des uns et des autres et la lettre testament de la maman d'Alice qui explique ses recherches concernant le passage des âmes. Ces chapitres, en italique sont très forts : ils expliquent la totalité de l'intrigue, bribes par bribes. Ce sont eux qui donnent l'armature du roman, qui nous plongent dans des mondes parallèles excitants et totalement irrationnels. Bien écrit, la lecture est plaisante, sauf pour mes remarques de début de billet. Son efficacité dramatique empêche par contre un développement plus large des personnages. Ils pâtissent d'une action constante et d'une description quasi exhaustive du vodun. Je me dois de dire cependant que les méchants eux, sont très glauques -quelques scènes sont dures et violentes !

Franchement, je me suis laissé embarquer dans l'histoire dont je n'ai pas beaucoup parlé parce qu'elle est très difficile à résumer sans trop en dire, je vous laisse les surprises et notamment la plus grosse, celle de la fin, totalement imprévisible. Très bon moment de lecture, avec un auteur qui signe là une entrée fracassante dans le thriller ; pour les amateurs du genre, écrivain à suivre !

Merci à l'éditeur et à Les agents littéraires

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La fille du templier

Publié le par Yv

La fille du templier, Jean-Michel Thibaux, Presses de la cité, 2011

Mai 1147, beaucoup de chevaliers et de templiers sont en Terre sainte, partis pour les croisades. En Provence, les guerres baussenques (entre Catalans et Provençaux) se terminent par la victoire de Raymond Berenger comte de Barcelone. La trêve est signée par les femmes de la cour, qui en échange de la paix sont dépossédées de leurs terres. Ainsi,  Stéphanie de Baux, Aubeline, la fille du très respecté templier Othon et sa servante muette Bérarde se retrouvent à la cour d'amour de Provence, menée et dirigée par la douce Bertrane de Signes.

Roman d'aventures médiévales foisonnant. On y croise des personnages ayant vraiment vécu et d'autres purement fictionnels. Les intrigues sont diverses et trop nombreuses pour que je puisse en faire état ici. Beaucoup de personnages pour plusieurs intrigues, mais pas de quoi se perdre, car chacun est clairement identifié et, au risque d'être caricatural fait ce qu'on attend de lui. Pas ou peu de surprises dans ce roman, mais des aventures plaisantes et distrayantes.

Ce qui gâche la lecture ce sont les longues digressions inutiles emplies de prières : un vrai missel ! On sait qu'à cette époque, la religion était très présente et très forte, mais l'auteur peut en faire état sans nous asséner des prières à toutes les fins de chapitre ou presque. Athée convaincu -presqu'anticlérical, d'où ma grande intolérance et ma subjectivité-, j'avoue mon agacement devant tant de dévotions. L'autre reproche que je ferais à ce bouquin c'est d'y dresser le portrait d'une Provence totalement en marge de la société médiévale dure, inégalitaire et très violente. Là, on a l'impression qu'à la cour d'amour de Bertrane, il n'y a qu'amour, joie et volupté. Les paysans sont contents d'aller travailler : ils chantent au labeur, se prosternent de joie lorsque leur maîtresse passe entre eux. Elle-même et les chevaliers ne sont pas en reste, ne refusant pas d'aller "donner la main" à un paysan dans le besoin. Jean-Michel Thibaux donne à la Provence des qualités essentiellement féminines à l'époque et celles dont se réclame l'Eglise -même si justement à l'époque nombre de ses représentants s'asseyaient un peu dessus, si vous me passez l'expression, alors que maintenant...- : la bonté, l'entraide, l'amour de son prochain, ... Peu crédible cette gentillesse dégoulinante quasi omniprésente en Provence au XII° siècle !

D'aucun pourront m'objecter qu'il y a les méchants, les chevaliers qui tuent et qui pillent. Certes, je vous l'accorde, mais ils sont peu présents et ne sont là que pour faire contraste.

A part cela -qui pollue quand même pas mal le livre- eh bien, les aventures d'Aubeline et de Bérarde sont plutôt plaisantes : elles auraient méritées d'être plus concentrées (300 pages au lieu des 410 écrites !). D'ailleurs, j'ai repéré une phrase de l'auteur qui résume un peu le propos, même si je sais que ce n'est pas bien de sortir une seule phrase de son contexte, mais bon, je me fais un petit plaisir : "Constate-le, j'ai la logorrhée facile et je disserte, je palabre, je pérore, je philosophe assez bien pour ne rien dire."(p.175). C'est juste ce qui résume mon avis :  trop de longueurs et de digressions qui rallongent un récit qui n'en a pas besoin : les aventures des protagonistes sont largement suffisantes pour tenir le lecteur. Dites M. Thibaux, vous pourriez pas faire un peu plus court ?

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Un traître à notre goût

Publié le par Yv

Un traître à notre goût, John le Carré, Seuil, 2011

Deux jeunes amoureux britanniques, Perry et Gail,  passent des vacances à Antigua, île des Caraïbes. Ils y font la connaissance d'un Russe expansif, Dima, riche amateur de tennis, comme Perry. Ils jouent une partie, et là, Dima propose à Perry un marché qui le mènera, lui et Gail, plus loin que ce qu'ils n'auraient jamais pu imaginer. Entre mafia russe, espionnage, blanchiment d'argent, corruption, ...

Je me souviens avoir lu, il y a très longtemps un roman de John le Carré, mais lequel, je crains un oubli total du titre. Depuis, rien. Il m'a donc fallu attendre la sélection du Prix des lecteurs de l'Express pour m'y remettre. Très agréablement d'ailleurs. John le Carré dont on dit qu'il est THE spécialiste du roman d'espionnage le prouve ici. Il sait installer ses personnages lambda au cœur d'une action et d'une intrigue qui les dépassent. Doucement, mais sûrement, il tisse la toile pour y prendre le lecteur. Au début du roman il ménage ses effets, et construit l'intrigue en nous baladant. Un coup en avant. Un coup en arrière. On commence à cerner un peu mieux le problème vers la centième page. Il joue de l'anticipation ou du retardement des situations pour mieux perdre et mieux récupérer ses lecteurs. C'est magistralement fait. Ensuite, la narration est plus linéaire, plus classique, mais pas moins captivante, même s'il y a un petit "ventre mou" au milieu du livre. En effet, j'ai senti un flottement, un immobilisme pendant plusieurs pages, qui s'il ne plombe pas la bonne impression générale du livre, en alourdit un tout petit peu la lecture.

L'auteur met beaucoup de sympathie dans quasiment tous ses personnages Perry, Gail, Dima et sa famille : même les espions anglais, plus retors sont sympathiques. Evidemment, ce n'est pas le cas, des méchants de la mafia et de leurs complices, mais c'est aussi le genre qui veut un peu de stéréotypes. Peut-être pourrait-on lui reprocher de faire de simples citoyens de vrais espions entraînés, mais en suivant l'histoire page après page, c'est assez crédible. Sans être une étude psychologique, ses héros sont assez fouillés, tous embêtés dans leur vie privée par des soucis plus ou moins graves, ce qui rend humain et proche de nous les espions, qui souvent, dans les romans ou les films sont des êtres inaccessibles, une sorte de superman. Là, point ! Simplement des hommes et des femmes au métier pas banal, mais aux vies privées qui le sont beaucoup plus.

John le Carré se montre assez critique envers la classe politique -ou envers certains hommes politiques- qui accepte toute compromission, pourvu que ça lui rapporte financièrement certes, mais aussi pour l'avancée de sa carrière :

""- Comment on fait pour sauver l'Angleterre ? Et de quoi ? D'accord, d'elle-même. mais de quelle partie d'elle-même ?"

Ce fut au tour d'Hector de se montrer pensif.

"Vous allez devoir vous contenter de notre parole.

- La parole de votre Service ?

- Dans l'immédiat, oui.

- Et elle a quelle valeur ? Les gentlemen qui mentent pour le bien de leur pays, c'est bien vous, non ?

- Ça, c'est les diplomates. Nous, on n'est pas des gentlemen.

- Alors vous mentez pour sauver votre peau.

- Encore raté. Ça, c'est les hommes politiques. Rien à voir."" (p.153)

Certains élus, très proches du pouvoir sont totalement corrompus, mais très puissants, très en vue. C'est là que l'intrigue prend de l'épaisseur, puisque Hector, un des responsables des Services Secrets britanniques aura fort à faire pour tenter de faire la lumière sur toute cette histoire.

Schtroumpf grognon comme je suis, j'ai bien encore un bémol -il faut bien que je fasse honneur à ma réputation- sur les arcanes du blanchiment d'argent qui resteront pour moi totalement absconses. Malgré les explications de J. le Carré, j'avoue être passé à côté des détails ; que voulez-vous, je ne suis pas un homme d'argent !

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L'homme à la carabine

Publié le par Yv

L'homme à la carabine, Patrick Pécherot, Gallimard, 2011

Région parisienne, 1912, la bande à Bonnot fait ses derniers coups. Bourbourre, le flic les traque un à un et finira par les stopper. Patrick Pécherot remonte le cours du temps, en s'arrêtant plus particulièrement sur le plus jeune de la bande, André Soudy, tuberculeux. Un pauvre gamin livré à lui-même assez tôt, commis d'épicerie, qui se révolte contre les conditions de travail, contre la paie de misère et la vie que lui impose son salaire. Puis un jour, il entre dans la bande à Bonnot, par le biais de l'anarchie.

Roman foisonnant dans lequel on croise, outre tous les membres de la bande, deux Léo, Ferré et Malet, Brassens, Aragon, Arletty, Boris Vian,... Dans ce roman, sous titré Esquisse, P. Pécherot tente le portrait d'un jeune homme mal dans son époque, mal dans sa peau de pauvre de traîne-misère, qui ne rêve que d'anarchie, de copains, de copines, d'actions étincelantes, mais qui ne récolte que tuberculose, mauvais coups et coups perdants. André Soudy est un "perdant magnifique".

La construction de ce roman est étonnante : des parties racontant les faits, d'autres les interrogatoires de Soudy, d'autres sa jeunesse, toutes mises en parallèle. Il n'est pas toujours aisé de se retrouver entre elles et entre tous les protagonistes au moins au début. Une fois bien lancé dans la lecture, ça va mieux, même si la profusion des personnages peut perturber encore jusqu'à la fin.

L'écriture est plutôt rapide, des phrases courtes, des mots du peuple -P. Pécherot disait dans une interviouve que ce n'était pas de l'argot, mais plutôt des mots qu'il avait entendu dans sa jeunesse et qui pouvaient d'ailleurs être totalement anachroniques. Mais il y a aussi des passages plus classiques joliment écrits : "Prenez le tram à l'Opéra, passé la porte des Lilas, il vous mènera jusqu'à Romainville. Après les fortifications, vous longerez les carrières de gypse. Les cratères et le blanc crayeux comme une Voie lactée évoquent un décor de Méliès mais vous n'êtes pas sur la Lune, vous arrivez place Carnot. Descendez, à présent. Vous êtes rue de Bagnolet. Suivez-la. C'est une rue tranquille, avec ses maisonnettes et de petits immeubles. Le n°16 jouxte les établissements Renaud, meubles neufs et d'occasion. On y voit un pavillon à étages, d'assez belle allure. Poussez la grille, entrez dans le jardin. Il ressemble à ceux qu'on dit de curé mais vous n'y rencontrerez nul ecclésiastique. Quoique strictement végétariens, ceux qui vivent ici en font leur ordinaire." (p.41)

Le livre de Pécherot est donc un mélange, "un puzzle" disait son interviouveur. Très intéressant par la période qu'il raconte, par la bande qu'il décrit, leurs croyances et leurs méfaits : "- Ils ont retrouvé la bagnole. Tout de même, on avait encore jamais vu ça. Le hold-up en auto, c'est de l'inédit. Je sais même pas si en Amérique ils y ont pensé. Pourtant, ils en ont des gangsters en Amérique. Et des autos aussi. Eh bien, le premier hold-up à moteur, il a eu lieu chez nous. A Paris. Rue Ordener. C'est historique..." (p.82)

Cependant, je suis partagé et franchement j'ai du mal à dire vraiment ce que je pense de ce livre : j'ai bien aimé, notamment l'écriture de P. Pécherot, mais me reste une réticence que je ne réussis pas à bien définir. Peut-être la construction volontairement labyrinthique (Cathe dixit !). L'autre hypothèse serait que l'auteur nous amène à éprouver une certaine sympathie pour ces hommes, ces anarchistes que rien n'arrêtait. Mais malgré tout, ils furent quand même des malfrats aux mains pleines de sang - sauf Soudy qui bien qu'on l'appelât L'homme à la carabine, n'a jamais tiré sur personne. Le malaise ou ma part d'incompréhension ou ma réticence, appelez-ça comme vous voulez, vient sans doute de cette situation.

Globalement, je peux adjoindre à ce roman (sélectionné pour Le Prix des Lecteurs de l'Express), sans hésiter l'adjectif "bon", avec une petite pointe de regret de ne pouvoir le qualifier de très bon, probablement parce que je suis passé un petit peu à côté.

Flora a lu aussi.

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