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chroniques

Mémoires d'un gros mytho

Publié le par Yv

Mémoires d'un gros mytho, François Rollin, Hugo Desinge, 2022 (illustré par Stéphane Trapier)

François Rollin, le génial acteur, le maître de l'humour absurde, le dieu du décalage et du non-sens -on ne sait, jamais s'il me lit, il faut que je sois à la hauteur et digne d'au moins un smiley ou un pouce levé, si tant est que Sa Grandeur daigne intervenir sur un blog somme toute modeste-, François Rollin disais-je, écrit un livre de mémoires, de ses rencontres avec les plus grandes personnalités françaises, puisque, humble et pas du genre à se faire mousser, il ne fait que citer ses amis-stars internationales qui ont intercédé auprès de lui pour qu'il trouve un moment dans son agenda surchargé pour discuter avec Sophie Marceau, Gad Elmaleh, Catherine Deneuve, Dany Boon, Isabelle Adjani, Laurent Ruquier, Fanny Ardant, Jean Gabin, Vanessa Paradis, Jean Dujardin, Florence Foresti, Christian Clavier, Carole Bouquet, Gérard Depardieu, Nathalie Baye, Arnaud Tsamère, Sophie Davant, Alain Delon, Emmanuelle Béart, Daniel Auteuil, Isabelle Huppert, Omar Sy, Marion Cotillard, Philippe Etchebest, Juliette Binoche, Fabrice Luchini et Sarah Bernhardt.

Écrire que ce livre est drôle est un euphémisme, il est hilarant, d'une hilaration -je néologise-, qui ne fait point s'esclaffer bruyamment -quoique parfois, je n'en fusse pas loin-, mais bien se tordre les boyaux, se dilater la rate, se froisser la luette -je néologise également dans les expressions. Absurde, mythomane et mégalomane, François Rollin est tout cela et l'assume. Je ne dévoilerai rien des turpitudes, étranges hobbies ou manies, des passions et des bassesses qu'il prête à ses collègues et admirateurs de sa personne, encore que je pourrais dire des trucs sur la mégalomanie de Dany Boon qui bien que maltraité, écrit la préface. Un petit truc : si vous lisez lentement, vous pourrez entendre la voix de l'auteur vous raconter ses histoires, son ton sarcastique et décalé.

Pour conclure, citons l'illustre illustrateur, Stéphane Trapier, auteur également de l'excellent Mes plus grands succès, qui illustre donc -c'est son job- magnifiquement ce délire délirant de gros mytho.

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Rien dans mon enfance

Publié le par Yv

Rien dans mon enfance ne laissait présager bon sang que tout serait toujours si compliqué, Eric Pessan, L'œil ébloui, 2022

Anaphore : une figure de style par laquelle on répète un mot ou un groupe de mots en début d'une phrase, rendue populaire en 2012 par le candidat François Hollande : "Moi Président...". Eric Pessan choisit lui-aussi l'anaphore pour son livre de réflexions, celles-ci débutent par : "Rien dans mon enfance".

Grâce à ce procédé, l'auteur, sans être nostalgique ou passéiste du genre "c'était mieux avant", évoque son enfance dans une HLM de Bordeaux et les changements voire les bouleversements que le monde à subis ou opérés depuis cinquante ans. Et effectivement, force est de constater que rien dans notre enfance dans les années 60/70 ne nous a préparé à de telles secousses. L'Internet, les guerres incessantes partout dans le monde, le dérèglement climatique, l'extrême-droite aux deuxièmes tours des élections présidentielles, les communautarismes, les toujours-plus-riches et les toujours-plus-pauvres... Enfin, ce qui fait parfois que l'on marche sur la tête, mais aussi ce qui a progressé, avancé mais qui pose question : "Rien dans mon enfance n'annonçait que le progrès qui allongeait nos espérances de vie rallongeait également nos inquiétudes." (p.10)

C'est aussi le moment pour l'auteur de se questionner sur l'âge qui avance, la création littéraire, la littérature, les grandes idées humanistes, la culture, le travail, la productivité...

"Rien dans mon enfance ne m'a préparé à l'étonnement d'avoir un jour plus de cinquante ans."

"Rien dans mon enfance ne m'a carapacé pour que j'accepte sans être affecté d'écouter chaque matin dans le poste le décompte des noyades en Méditerranée ou dans la Manche."

"Rien dans mon enfance où l'on louait la force, la combativité et l'esprit de compétition ne m'a laissé entrevoir que j'irais puiser du côté de mes faiblesses pour devenir écrivain."

"Rien dans mon enfance -Chut, Il nous entend, tu comprends, quoi que tu fasses, Il le sait, Il voit tout, Il sait tout de toi- ne m'a fait croire à l'existence d'un dieu espion de nos actes et nos pensées."

"Rien dans mon enfance ne dessinait qu'il serait dans la norme de protester confortablement assis dans son salon ou sa chambre en tapant des # sur un clavier."

Voilà pour quelques citations. Rares sont celles qui ne m'ont pas parlé ou touché, je les ai annotées, cochées, relues. Décidément, ce qu'écrit Eric Pessan me va parfaitement, en plus d'être original dans la forme. Quant au fond, je l'ai dit, c'est divers, profond, beaucoup de doutes, de questionnements, de ceux qui nous obligent à nous-mêmes nous interroger si tant est que ce ne soit pas commencé. Très bien écrit, comme d'habitude, Eric Pessan est un écrivain qui construit une œuvre littéraire variée et riche et qui raconte ses histoires, dit ses réflexions et parfois hurle ses colères, ses emportements sur ce monde qui ne va pas bien.

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Dico de la cuite

Publié le par Yv

Dico de la cuite. Abécédaire illustré, Stéphane Pajot, Editions Goater, 2021

Stéphane Pajot est journaliste à Presse Océan et collectionneur de cartes postales anciennes. Il aime aussi les bistrots, ces lieux de convivialité dans lesquels, nul n'est besoin de se torcher pour prendre du bon temps, mais bon, ça peut arriver.

Dans ce livre, il a glané des brèves parues dans la presse, récolté des mots, des expressions en rapport avec la boisson et illustré le tout avec certaines cartes postales très parlantes, parfois humoristiques, parfois publicitaires, à l'époque ou la réclame sur les alcools n'était point proscrite.

Et le lecteur de s'apercevoir que le nombre de synonymes de bourré, saoul, pompette, déchiré... est inépuisable et fait appel à des images et à une langue argotique très fleurie : aviné, blindé, bombardé, cuivré, décalaminé, démâté, décalqué, éméché, empétoulé,.... et je me suis arrêté au "e".

Un dictionnaire décalé richement illustré qui fera moins mal à la tête qu'une cuite.

En ce lendemain de second tour des présidentielles, certains auront peut-être abusé hier soir pour fêter une victoire ou plus sûrement pour oublier. Dans ce cas, attention, la cuite risque de durer cinq années, il faut donc s'armer d'un bon dictionnaire pour enrichir son vocabulaire.

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Bonne nuit, Monsieur Lénine

Publié le par Yv

Bonne nuit, Monsieur Lénine. Voyage à travers la fin de l'empire soviétique, Tiziano Terzani, Intervalles, 2022 (traduit par Marta de Tena)

"En août 1991, Tiziano Terzani navigue sur le fleuve Amour lorsqu'il apprend qu'un coup d’État vient de renverser Gorbatchev. Il se lance aussitôt dans un long périple qui le mène pendant plus de deux mois à travers la Sibérie, l'Aise centrale et le Caucase jusqu'à Moscou, capitale de ce qui est en train de devenir la nouvelle Russie. Chemin faisant, Terzani compose l'oraison funèbre du communisme soviétique et un récit de voyage inoubliable." (4ème de couverture)

Tiziano Terzani (1938-2004) était un journaliste italien qui a travaillé pour Der Spiegel. J'ai lu trois de ces livres, quatre en comptant celui-ci : Lettres contre la guerre et Un devin m'a dit, plus Un autre tour de manège non recensé. A chaque fois, ce fut un coup de cœur. Tiziano Terzani a le don et le talent de nous instruire sans nous lasser, c'est un pédagogue et un raconteur hors pair.

Cette fois-ci c'est son voyage sur le fleuve Amour, frontière entre la Russie et la Chine et donc source d'une tension terrible depuis longtemps, l'URSS ayant annexé des territoires -une habitude sans doute- qui appartenaient à la Chine. Des deux cotés du fleuve, des postes d'observation et des consignes pour ne pas le franchir. Le contexte du voyage est particulier en plein Putsch de Moscou mené par des durs du parti communiste russe refusant l'ouverture de Gorbatchev. Ce qui a fait le pays depuis 1917 vacille, mais loin de Moscou la tension n'est pas si palpable que cela. Il faut que l'information parvienne aux habitants de ces coins reculés et qu'elle les concerne directement dans leur quotidien, ce qui n'est pas flagrant.

Cela fait bizarre de lire ce livre paru en 1993 en Italie en ce moment de tension internationale extrême, de guerre, entre l'Ukraine et la Russie. Ce conflit qui nous voit complètement impuissants face à l'autocrate Poutine et ses délires d'expansion. Sans doute ce livre de Terzani permet de mieux comprendre la situation actuelle : voilà trente ans que la pays est passé du communisme au capitalisme et de l'URSS à la Russie, mais il a toujours cette volonté de puissance et d'unité -c'est un pays qui a toujours eu besoin d'un homme fort, d'un dur, très incarné depuis quelques années. C'est un pays rude, notamment dans les régions que l'auteur visite, la Sibérie peut être hostile. "La Sibérie a été le pays du Goulag. Chaque ville a sa propre collection d'histoires à frissonner d'horreur. Les chemins de fer, les ports, les routes de la région ont été construits par le travail forcé de centaines de milliers de prisonniers. Et bien que les noms officiels des lieux soient, comme partout, "Lénine", "Karl Marx", "Communisme", les gens disent "Rue des Os" ou "Allée des crânes", à cause du nombre de forçats morts pendant leur construction. C'est en Sibérie que Staline a tenté de réaliser son rêve de développement socialiste. C'est ici, afin de réveiller cette "Terre endormie", afin d'extraire les immenses richesses de cette région recouverte la moitié de l'année par une couche de glace, que Staline a envoyé des centaines de milliers de ses victimes." (p.71/72)

C'est un pays à l'histoire dense que Tiziano Terzani raconte au fur et à mesure de son avancée sur le fleuve et de ses rencontres des différents peuples assimilés de force. Pourvu qu'ils n'en soit pas de même avec les Ukrainiens. Les Russes des lointaines contrées sont souvent moins bien informés ce qui, de nos jours est peut-être moins vrai, encore faudrait-il que le pouvoir en place n'enferme pas les opposants, ne règne pas sur les médias voire ferme ceux qu'ils ne peut contrôler. Instructif et éclairant.

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L'affaire de la banque Glyn

Publié le par Yv

L'affaire de la banque Glyn, Olivier Cabiro, Vendémiaire, 2022

"Fin des années 1830, entre Florence, Londres et Paris. Une étrange équipe se constitue. Elle regroupe un dandy ruiné au jeu, un aristocrate écossais, faussaire de génie et alcoolique, le fils prodigue d'un pair de France passionnément épris d'une fille du peuple pleine de ressources, un duelliste en procès pour détournement de mineure, une Anglaise soupçonnée du meurtre de son mari, un révolutionnaire polonais en exil... Ensemble, les membres de cette singulière "ligue des faussaires européens" échafaudent un plan d'une folle ambition : une escroquerie bancaire à l'échelle internationale, prenant d'assaut simultanément les banques de Belgique, d'Allemagne et d'Italie. Le profit attendu, vertigineux, équivaut à 800 millions de nos euros actuels -de quoi ruiner le système financier de l'époque." (4ème de couverture)

Ceci n'est pas un roman mais le récit détaillé d'une escroquerie de grande envergure qui a beaucoup fait parler à l'époque. La première internationalisation de l'arnaque bancaire : "Jusqu'alors, les grands faussaires étaient des artisans ; ils produisaient un faux. Plus gros était le montant, plus forte la réussite. Avec Bourbel et Graham, on change d'époque, on change d'échelle : on entre dans la production en série." (p.24) Olivier Cabiro, très documenté, présente d'abord les personnes impliquées, d'horizons très variés, leurs liens, les raisons qui les poussent à entrer dans cette association de malfaiteurs. Puis, il explique pas à pas l'arnaque. C'est assez simple à comprendre et l'on suit comme si on lisait un roman policier. C'est passionnant bien que parfois un peu dense et répétitif, sûrement dans le but de ne pas nous perdre.

Je me suis attaché à certains individus, comme cela peut être le cas dans des romans -les femmes notamment qui n'ont que ce moyen de sortir de leur condition pas très enviable- et aux concepteurs qui font preuve d'une ingéniosité incroyable. Et il y a toute l'intendance qui nécessitera un an de préparation...

Olivier Cabiro, pour argumenter son propos, cite des extraits de lettres que certains s'envoyaient et qu'ils ont gardées et des retranscriptions d'interrogatoires et des procès. Il raconte l'époque, les principes des grandes familles qui ne voulaient pas de mariages honteux -comprenez avec une personne de basse extraction- et ce couple mémorable, machiavélique et touchant du fils d'un pair de France avec une fille du peuple très ambitieuse. Au détour d'un paragraphe, on y apprend comment est née la Légion étrangère : "Le roi des Français [Louis-Philippe] avait d'ailleurs eu l'idée, pour se débarrasser des ces gens [les révolutionnaires italiens, allemands, espagnols, portugais et polonais réfugiés en France], de les enrôler dans une troupe et de les expédier en Algérie." (p.106)

Un bouquin instructif, qui fourmille d'informations, de détails, qui décrit parfaitement son époque et les gens qui l'habitent, qu'il faut lire avec attention parce que dense, mais parfaitement digeste et intéressant.

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Penser/Classer

Publié le par Yv

Penser/Classer, Georges Perec, Seuil, 1985

Georges Perec est décédé le 3 mars 1982 et ce recueil fut le premier titre posthume de lui édité. "A l'origine de ce volume, se trouve le texte "Penser/Classer" publié dans la revue Le Genre humain peu de jours avant la disparition de Georges Perec"

Ceci étant dit, pour situer l'ouvrage, il m'est bien difficile de le résumer, puisqu'il s'agit de textes très différents, sur, bien entendu, le thème qui donne le titre, mais aussi sur l'usage du verbe habiter, sur une description des objets sur la table de travail de l'auteur... puis des considération sur l'art des listes, des énumérations, sur l'usage de et caetera ou pas...  sur le rangement d'une bibliothèque, sur ce que la lecture entraîne dans le corps. Du futile sans doute, de l'indispensable certainement, tant les livres de Perec le sont.

"Comment je pense quand je pense ? Comment je pense quand je ne pense pas ? En cet instant même, comment je pense quand je pense à comment je pense quand je pense ? "Penser/classer", par exemple, me fait penser à "passer/clamser", ou bien à "clapet sensé" ou encore à "quand c'est placé". Est-ce que cela s'appelle "penser" ? Il me vient rarement des pesnées sur l'infiniment petit ou sur le nez de Cleopâtre, sur les trous du gruyère ou sur les sources nietzschiéennes de Maurice Leblanc et de Joe Shuster ; c'est beaucoup plus de l'ordre du griffonage, du pense-bête, du lieu commun." (p.172)

N'importe qui d'autre écrirait sur ces thèmes serait ennuyeux voire carrément chiant, mais pas Perec qui à l'art d'intéresser et même davantage aux petites choses courantes, aux actes usuels, aux détails quotidiens qui un instant retiennent son attention. Ce n'est pas un roman, ni un essai, c'est un livre à part, que l'on ne lit pas d'une seule traite, qui nécessite sans doute de s'arrêter, de reprendre après une autre lecture plus classique -encore qu'on peut très bien le lire sans autre livre entamé, comme ça, juste pour le plaisir.

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Lettres d'acandidatures

Publié le par Yv

Lettres d'acandidatures et de démotivation à l'usage des naïfs et des bien "antis" du travail, Christophe Kauffman, Ed. du Basson, 2021

La lettre d'acandidature est une lettre faite pour "ne pas postuler à un emploi qu'on ne vous a jamais proposé." Ce sont vingt-neuf lettres pour vingt-neuf postes aussi variés que footballeur, Miss Belgique, pape ou carrément Dieu en passant par chauffeur de bus, roi des Belges ou gagnant de l'Eurovision... qui nous sont présentées dans cet ouvrage qui, dès son titre à rallonge, fait référence à l'une des oeuvres de Pierre Desproges (Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien-nantis) et qui continue dans les textes l'inspiration desprogienne au risque parfois d'en faire trop dans les tournures et les thèmes choisis (cf. la haine de Desproges pour les coiffeurs, ces "merlans embagousés", détestation reprise par C. Kauffman, qui en se référant à sa photo et son crâne un peu plus capillairement vide que le mien, ne doit pas les fréquenter beaucoup).

C'est souvent drôle, toujours de mauvaise foi assumée voire méchant. Mais c'est aussi souvent frappé au coin du bon sens comme disait je-ne-sais-plus-qui. Disons que dans l'outrance et l'irrévérence, Christophe Kauffman met le doigt là où ça gène. Sur les conditions de travail des boulots mal considérés -ça c'est pour ne pas dire boulots à la con- donc mal payés et dont à propos desquels il s'est pourtant dit lors des confinements qu'ils étaient utiles voire indispensables avant d'oublier aussitôt ce qu'il s'était dit dont à propos d'iceux. Sur les dépenses des collectivités, sur l'insécurité de certains jobs, sur leur inutilité voire leur nuisance -et là, je ne parle pas forcément du pape, bande de mécréants, ni du roi des Belges, bandes de révolutionnaires, mais davantage des vendeurs au porte-à-porte.

C'est aussi parfois un peu long ou répétitif s'il nous prend l'idée farfelue de lire ce livre d'un bloc, il vaut mieux donc piocher une ou deux chroniques, puis laisser reposer, et reprendre tranquillement une ou deux autres chroniques et ainsi de suite jusqu'à épuisement du stock et non pas du lecteur, qui épuisé, ne le sera point.

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Oxymore mon amour !

Publié le par Yv

Oxymore mon amour ! Dictionnaire inattendu de la langue française, Jean-Loup Chiflet, Éditions retrouvées, 2021 (Chiflet et Cie, 2011)

Si vous aimez la langue française, ses mots rares, inusités parfois désuets, ses accords pas aisés, ses figures de style, ses particularités, ses spécificités, anagrammes, pléonasmes dont il fait si souvent mention dans les médias et dans notre langage habituel... eh bien, ne cherchez plus l'ouvrage qui les répertorie, il est là, aujourd'hui -tiens pléonasme autorisé, alors que penser de "au jour d'aujourd'hui", double pléonasme- présenté sous vos yeux ébahis.

Les éditions retrouvées ont la joie et la bonne idée de rééditer ce dictionnaire qui, comme ses homologues, est instructif, mais à l'inverse d'iceux est très drôle. Et apprendre en s'amusant, y-a-t'il meilleure pédagogie ?

Je pourrais citer des pages et des pages : savez-vous que l'alouette ainsi que la mésange zinzinulent ? Que le rhinocéros barète ? Que "tranchecouiller" signifie châtrer -celui-ci, je vous l'accorde, on peut le deviner-, mais "patrociner" auriez-vous pensé que c'est défendre son point de vue ? Que l'épitochrasme est une figure qui consiste à accumuler des mots courts et expressifs "Son esprit, strict, droit, bref, sec et lourd" (Alfred de Vigny). Que certains mots n'existent qu'au pluriel... ? J'en passe et des meilleures pour user d'une expression toute faite, genre que n'aime pas l'auteur du dictionnaire -ni moi d'ailleurs-, alors que nous aimons tous deux, mais lui d'abord, parce que c'est quand même l'auteur, l'oxymore -ou oxymoron- qui donne son titre à l'ouvrage et qui consiste à coordonner deux termes contraires : "Un silence assourdissant" (Albert Camus), "l'obscure clarté" (Pierre Corneille)...

Empli de citations, de références, d'extraits des plus grands auteurs français, classiques et modernes, ce dictionnaire de JL Chiflet est un trésor à garder pas loin de soi, à ne surtout pas remiser dans une bibliothèque où il serait oublier. Il faut l'ouvrir de temps en temps, y piocher une ou deux idées, le prêter, le récupérer pour le ré-ouvrir et le laisser à la portée de tous, chacun y trouvera son bonheur

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Les villes émotionnelles

Publié le par Yv

Les villes émotionnelles, Julie Andrade et Audrey Zeilas, Intervalles, 2021

Et si l'avenir était gouverné par nos émotions ? Et si, tout, de notre vie la plus quotidienne, à nos rencontres était géré par des applications, des réseaux qui nous connaissent mieux que quiconque et qui pourraient anticiper le moindre de nos désirs ainsi que nous éviter les désagréments voire provoquer notre bonheur ?

Julie Andrade et Audrey Zeilas imaginent un catalogue de diverses utopies, parfois enviables, d'autres fois beaucoup moins qui pourraient arriver dans les mille ans à venir.

Voici un ouvrage original, qui alterne les textes courts, les images, les dessins, les études scientifiques vulgarisées, les photographies... Beaucoup de domaines sont abordés par le biais des émotions : l'art, l'architecture (les deux auteures sont architectes), notre vie quotidienne, le travail, les rencontres, notre mode de vie...

C'est un livre à feuilleter, à lire comme on veut, linéairement ou en commençant par la fin ou encore en piquant des petits bouts au hasard. C'est le lecteur qui décide au fil de ses émotions et de ses envies. Tout ne m'a pas parlé, mais des pages m'ont touché et il y a une inventivité folle. Les deux auteures semblent s'être totalement lâchées. Un peu comme quand on refait le monde après un verre ou deux, mais là tout est passé par le prisme des émotions et s'appuie sur des études sérieuses et des délires qui le sont beaucoup moins.

Un livre qui sort des habitudes et qui surprend. Une vraie bonne idée qui mérite qu'on s'y arrête quelques instants.

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