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On est toujours trop bon avec les femmes

Publié le par Yv

On est toujours trop bon avec les femmes, Raymond Queneau, Gallimard, 1947
Dans ce livre originellement écrit sous le pseudonyme de Sally Mara et traduit soit-disant par Michel Presle, Raymond Queneau nous livre une partie de l'insurrection nationaliste irlandaise à Dublin, en 1916. Sept nationalistes investissent un bureau de poste, le vident de ses occupants et s'apprêtent à soutenir le siège. Une employée anglaise, Gertie Girdle est restée bloquée dans les lavatories et va devenir un souci pour les assiégeants. Réussiront-ils à se conduire en gentlemen ?
Du Raymond Queneau tout craché, humour british -et irish, voire même "Dublinese", précision adjectivale apportée à la demande d'un commentaire d'un lecteur irlandais (voir les commentaires de Sean du 09/04/2010)- en prime. Ceux qui adorent ne seront pas dépaysés, sauf peut-être à aborder le côté sensuel et érotique de l'écriture de l'auteur. Il y déforme toujours les mots, notamment bien sûr ceux d'origine anglaise : par exemple, il écrit du ouisqui, comme dans un autre livre il écrit ouiquende, sans guillemets, bien entendu. Il en invente d'autres et se plait à placer des anachronismes.  J'adore l'écriture quenauenne, j'en redemande même : je la trouve érudite parfois, drôle souvent, décalée et tellement indémodable. Un vrai plaisir comme à chaque fois avec lui que j'aime à nommer l'un de mes auteurs favoris. Et quel titre, mesdames, excusez du peu ! Pour une fois que l'on peut exprimer notre misogynie naturelle sous couvert de la littérature. Allez, sans rancune ?

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Mouchons nos morveux

Publié le par Yv

Mouchons nos morveux, Jean-Louis Fournier, Ed. JC Lattès, 2001
Livre sous titré : conseils aux parents qui ne veulent plus se laisser marcher sur les pieds. En à peine 200 pages illustrées par Gilles Gay, Jean-Louis Fournier nous donne des conseils pour ne plus se laisser emm..... par ses enfants. Les chapitres vont de : reproduisons-nous avec modération, à : comment abandonner ses enfants. C'est drôle, méchant, politiquement très incorrect. Je retrouve dans ces textes une partie des propos de Desproges envers la jeunesse qu'il n'aimait pas beaucoup -dans ses textes, évidemment ! Un petit moment de lecture pendant lequel on peut se laisser aller à sa méchanceté naturelle. Après deux lectures sur la maladie et la mort, je me devais bien ça ! Que mes enfants me pardonnent !

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Croquemort, une anthropologie des émotions

Publié le par Yv

Croquemort, Julien Bernard, Métailié, 2009


Julien Bernard, jeune étudiant en sociologie se fait embaucher pour payer ses études dans une entreprise de pompes funèbres. Sa thèse doit porter sur les émotions dans les médias. Assez vite, il se rend compte que parler des émotions dans le rapport à la mort l'intéresse plus. C'est ainsi qu'il intitule sa thèse Croquemort, une anthropologie des émotions. Son travail reprend de manière exhaustive les rôles et services des pompes funèbres, leur mise en place et en dernière partie la place des émotions dans ce travail.
Je n'ai pas pour habitude de lire des travaux de sociologie et puis, après un livre sur la maladie d'Alzheimer (Histoire de l'oubli), enchaîner sur ce genre de lecture pourrait faire penser à un côté morbide. Ceci étant dit, la lecture est plutôt facile et pleine d'enseignements sur le métier de "croquemort" : le travail proprement dit, les à-côtés comme les émotions et la manière d'aborder les rituels, rites, habitudes diverses et variées en fonction des familles, des lieux, ...
Ce n'est pas gai et je ne pense pas que mon petit article soit propice à de multiples commentaires ni à de nombreuses tentations de découvrir cette lecture. C'est dommage, parce qu'elle permet d'avoir une idée plus précise d'une profession "taboue" et de la difficulté de l'exercer. Une lecture enrichissante, intéressante sur un métier qui recrute !

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Histoire de l'oubli

Publié le par Yv

Histoire de l'oubli, Stefan Merril Block, Ed. Albin Michel, 2009
Seth est un adolescent surdoué qui voit sa mère tomber malade, tout oublier jusqu'à l'oublier lui-même. Elle est atteinte d'une forme de la maladie d'Alzheimer dite familiale. Seth entame alors une vraie enquête pour connaître la famille de sa mère que celle-ci lui a toujours cachée. Dans le même temps, Abel, vieil ermite bossu attend, dans sa maison délabrée, au fin fond du Texas, le retour de sa fille.
J'ai emprunté ce livre suite à l'article de Kathel (qui finit avec une petite interview de l'auteur), à la fois intéressé et intrigué sur la manière dont ce jeune auteur (Stefan Merril Block a 26 ans) pouvait parler d'une maladie autant décrite depuis quelques années. Le début est un peu mou -enfin pour moi !-, mais assez vite, on entre dans le vif du sujet et le roman, construit comme un polar, prend de l'ampleur. Alors, certes, il n'est pas question de comparer ce livre à un roman policier -si ce n'est pour la construction- mais on se laisse guider par la volonté de Seth pour retrouver ses origines et on suit avec intérêt ce qu'il faut bien appeler son enquête personnelle.
Que ceux qui n'aiment pas les récits sur les maladies ne s'effraient pas : ce n'est pas Urgences ! La maladie est là, bien présente, mais ni pesante ni angoissante. L'auteur brosse le portrait de beaux personnages, touchants, sensibles et maladroits. Aucun n'est vraiment à sa place, ni l'adolescent -mais c'est de son âge, me direz-vous !-, ni ses parents, ni Abel, le vieil ermite.
Un récit prenant sur un thème pourtant pas très folichon au départ. Je vous rappelle le titre -on ne sait jamais, Alzheimer ...- : Histoire de l'oubli. Si vous tombez dessus, ça vaut le coup de s'y arrêter.

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Maîtres et serviteurs

Publié le par Yv

Maîtres et serviteurs, Pierre Michon, Ed. Verdier, 1990 (131p)
Pierre Michon écrit, à sa manière, une partie de la vie de trois peintres connus ou moins connus : Goya, Watteau et Lorentino d'Angelo, disciple de Piero della Fransesca.  J'écris "à sa manière", car il prend des libertés, indique même dans ses récits que plusieurs interprétations sont possibles et que, notamment sur la vie de Lorentino d'Angelo, il imagine ce qui aurait pu arriver, puisque personne n'a relaté la vie de ce peintre. Ce qui est intéressant dans ce livre, c'est que si vous n'êtes calés ni en peinture ni sur les peintres en question, on a envie d'en connaître un peu plus à l'issue de cette lecture. Et puis, surtout, Pierre Michon a une écriture unique : les phrases sont longues, riches en vocabulaire et en figures de style. Une vraie belle écriture assez classique, dans laquelle, je vous préviens, on se plonge avec risque de ne pas s'en sortir. Une fois entré dans les histoires -un peu moins dans la seconde, celle qui concerne Watteau- on se sent "hypnotisé" par le style, les mots, le déroulement et le français parfait de Michon. Je ne connaissais pas du tout cet écrivain dont j'avais entendu dire énormément de bien. Résultat : je viens de réserver à la bibliothèque municipale son dernier ouvrage, Les onze, dont je vous parlerai dès qu'il sera d'abord en ma possession et ensuite, bien sûr, lu.
Très franchement une des plus belles écritures que j'ai lues récemment, et même moins récemment d'ailleurs !

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Mon voisin

Publié le par Yv

Mon voisin, Milena Agus, Ed. Liana Levi, 2009 (52p)
Sous le soleil accablant italien, une femme suicidaire retrouve un semblant d'espoir en rencontrant son voisin.
Résumé volontairement très court, car le livre l'est aussi, très court : 52 pages d'un livre petit format à la mise en page très aérée, c'est vous dire s'il est léger ! Une lecture d'une demi-heure, certes agréable mais qui ne restera pas dans les annales de la littérature ni dans les circonvolutions de mon cerveau. Et puis, 3€ pour 30 minutes de lecture, même plaisantes mais sans plus, je trouve cela un peu gonflé. Alors, faites comme moi, empruntez-le, ne l'achetez pas !

 

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Poison vert

Publié le par Yv

Poison vert, Patric Nottret, Ed. Robert Laffont, 2002 (367p)
Une unité spécialisée dans les enquêtes liées à l'environnement, la FREDE, travaille sur le meurtre d'un homme retrouvé dans un bois avec sur lui cinq feuilles vertes inconnues. Pierre Sénéchal, inspecteur dans cette unité, est mis sur l'affaire.
Si l'idée de départ est bonne, le rendu l'est beaucoup moins. D'abord, l'intrigue est confuse, ça part dans tous les sens ; je m'y suis perdu ! Ensuite, j'ai trouvé le livre bavard, plat, maladroit et plein de répétitions, l'auteur se plaisant à décrire deux ou trois fois la même situation (de quoi faire un gros livre ?). Et puis cette manière de répéter et répéter encore que l'inspecteur Sénéchal est drôle, sarcastique, insolent ; certes, ça pourrait, dans ces conditions, en faire un personnage  intéressant, mais l'habileté de l'écriture, me semble-t-il, consiste à ne pas le dire sans cesse mais à le faire comprendre au lecteur à travers la description et les dialogues du livre. Patric Nottret se croit obligé de nous asséner les traits de caractère de ses personnages : à nous d'y croire après. Pas bon pour moi, si je dois croire à un personnage, c'est en me l'imaginant par ma lecture. 
Bref, livre très moyen et maladroit (je l'ai déjà dit, mais je pense que c'est l'adjectif qui le décrit le mieux !). Énorme déception !

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La cascade aux miroirs

Publié le par Yv

La cascade aux miroirs, André Bucher, Denoël, 2009
Lors d'un incendie, un pompier volontaire, Sam Démon, qui vit seul avec sa mère dans la vallée du Jabron, décide d'usurper l'identité d'un homme mort brûlé. Étonnamment, Sam ressemble à Pascal Delattre, l'homme dans la vie duquel il se coule. Parallèlement, Elise, la mère de Sam se rapproche du gouffre de la folie au bord duquel elle se promène depuis très longtemps.
J'ai lu mon premier livre d'André Bucher, il y a un peu plus d'un an : Déneiger le ciel. J'avais alors décrit son écriture comme belle et poétique. Je peux renouveler les qualificatifs pour celui-ci. Et quels titres ! Bucher est un auteur à part, puisqu'il est agriculteur biologique depuis de nombreuses années ; il écrit là son cinquième roman. Je reconnais sans peine dans La cascade aux miroirs l'atmosphère de son roman précédent : ouatée, intimiste, très proche d'une nature qu'il décrit admirablement bien. Par moments, on peut se perdre dans les méandres des cerveaux des personnages en proie au doute et au questionnement. C'est aussi la manière d'écrire de l'auteur qui peut nous éloigner du récit, mais il y a toujours une phrase ou un mot auxquels se raccrocher, et l'on a eu plaisir à lire des beaux paragraphes.
Je ne résiste pas, pour conclure, au plaisir de citer André Bucher qui dit à Sam, non lecteur, comment aborder un texte : je trouve que ce petit extrait sied parfaitement aux textes de Bucher  : "Ne t'arrête pas pour penser à des mots quand tu t'arrêtes. Arrête seulement pour mieux voir l'image que ces mots dessinent et laisse tomber ton esprit pendant que tu accomplis ce travail en toi. "(p.72).
 

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Orages meurtriers

Publié le par Yv

Orages meurtriers, Frank Muir, Payot Suspense, 2009 (299p)
St Andrews, en Ecosse, petite ville où tout le monde se connait, un tueur en série sévit. Il tue exclusivement des hommes au comportement violent envers leurs femmes, par une baguette de bambou enfoncée dans l’œil gauche. Lorsque la sixième victime est découverte, l'inspecteur Andy Gilchrist est débarqué de l'affaire par son supérieur Mark Patterson qui l'exècre au plus haut point. Andy continue son enquête seul.
L'intrigue n'est pas particulièrement originale, ni les raisons qui poussent le tueur en série à agir, ni même la manière dont se déroule l'enquête, à savoir un flic écarté qui continue à fouiner pour son propre compte. Comme beaucoup de flics en ce moment, Gilchrist est un peu désabusé, a raté sa vie personnelle -il a divorcé et ne voit plus ses grands enfants que très rarement-, et s'essaie à d'autres relations qui capotent toutes. Il est englué dans sa propre histoire qui rejaillit sur son enquête et bien sûr sur sa personnalité. On peut aussi regretter que l'Ecosse et St Andrews soient trop peu présentes : l'atmosphère aurait pu être plus lourde avec le climat écossais en toile de fond. Malgré ces quelques poncifs, j'ai suivi les investigations d'Andy avec intérêt. Il dénouera bien sûr le sac de nœuds -bien serrés- sans que forcément nous-même l'on soupçonne le véritable coupable.
Je crois que c'est la première enquête d'Andy Gilchrist : les personnages se forgent, l'équipe se construit et j'ai eu l'agréable impression d'assister à cette construction. Je retrouverais bien volontiers Andy et son équipe dans d'autres affaires, histoire de savoir s'ils ont pris de l'épaisseur.
 

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