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Le dissident chinois

Publié le par Yv

Le dissident chinois, Nell Freudenberger, Ed. La table ronde, 2010
"Yuan Zhao, célèbre artiste dissident [chinois], est invité à passer une année à Los Angeles. Il enseigne à l'école des filles de St Anselm's et est hébergé par les Travers, une famille d'intellectuels aisés."  Il va apprendre à connaître cette famille, les enfants, très différents des enfants chinois, le couple, Cece et Gordon Travers, en déroute et l'oncle Phil, amoureux de sa belle-sœur Cece. "De son côté, Yuan Zhao [semble cacher] son jeu." 
Premier roman de Nell Freudenberger, écrivain étasunienne, qui décrit par l'intermédiaire de ses personnages, deux cultures totalement opposées. Je suis assez troublé parce que j'ai trouvé le livre un peu long, dense, mais que dans le même temps il ne m'est jamais venu à l'esprit de passer des pages : une sorte d'attirance pour l'ambiance et l’intrigue. Et pourtant, par moments, c'est vraiment long : j'avais l'impression que je ne finirai jamais ce livre. 
Les personnages sont caricaturaux, notamment les adolescents -ils oscillent entre la déprime et la rébellion ;  bien évidemment la jeune fille blonde, jolie et meneuse de bande du collège, arrogante et sûre d'elle et de son argent (ou celui de ses parents) est présente : un grand classique des livres et films étasuniens pour adolescent(e)s !- ; leurs parents ne sont pas en reste entre père psychologue et mère "desperate housewife", ni même le dissident, trop poli et discret pour être véritablement honnête. De fait, l'opposition entre la culture des Etats-Unis et celle de la Chine souffre également de stéréotype, même si celle qui "domine" réellement cette histoire en fin de compte, n'est pas forcément la plus répandue.
Le véritable intérêt du livre tient dans la description du mouvement culturel chinois des années 80/90 et dans l'intrigue un peu ténue, certes, mais qui tient jusqu'au bout des 445 pages. Ca peut suffire. A priori ça m'a suffit pour aller au bout.
Voilà donc ce qui arrive de temps en temps : un livre que je n'ai ni adoré ni détesté. Un premier roman intéressant cependant qui suffit à ce que l'on s'intéresse à l'auteure.
Merci pour cet envoi mi-figue mi-raisin à B.O.B et à l'éditeur : La table ronde.

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Purgatoire

Publié le par Yv

Purgatoire, Chabouté, Vents d'Ouest, 2003/2005
Benjamin Tartouche est un jeune homme à qui l'avenir semble sourire : une grande maison en héritage d'une vieille tante inconnue, du nouveau matériel performant et des clients pour se lancer dans le monde du travail. Jusqu'au jour où la maison brûle. L'assureur fait traîner les choses dans l'espoir de n'avoir rien à débourser. Benjamin vit alors dans la rue. Il se fait renverser par une voiture. Il est mort... "et c'est là que [ses] ennuis ont vraiment commencé..." (4ème de couverture).
J'aime bien Chabouté. Jusqu'ici j'ai lu des BD en noir et blanc avec très peu de textes (Tout seul, Sorcières, La bête, Pleine lune, Construire un feu). Dans Purgatoire, la couleur est là, dans les tons bruns, marrons. Le texte est présent, mais point trop tout de même : on est loin des BD bavardes. Le dessin est précis, réaliste. C'est par lui qu'on voit les réactions et les sentiments des personnages qui remplissent les cases. Peu de paysages, et ceci d'autant plus que cette fois, l'univers est  urbain : plus d'arbres et de grands espaces, contrairement aux autres titres de l'auteur.
L'histoire que raconte cette trilogie est plaisante, elle tient bien la route grâce à quelques retournements de situation jusqu'à la fin. Elle n'est pas manichéenne : les bons, Tartouche en tête, ont quelques souvenirs pas très glorieux, et les méchants ne réagissent pas toujours caricaturalement.
Que dire d'autre sinon que j'aime vraiment cette bande dessinée comme quasiment toutes les autres de Christophe Chabouté ? Ah si, encore une chose : merci Père Noël, puisque je l'ai trouvée dans mes chaussons, sous le sapin enguirlandé !

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Guide de l'incendiaire des maisons d'écrivains en Nouvelle-Angleterre

Publié le par Yv

Guide de l'incendiaire des maisons d'écrivains en Nouvelle-Angleterre, Brock Clarke, Albin Michel, 2009
Un jeune homme se retrouve en prison après avoir accidentellement mis le feu à la maison d'Emily Dickinson, écrivain, et tué deux personnes qui s'y trouvaient.
Beau titre. Alléchant. Belle entrée en matière. Le roman commence plutôt bien : thème intéressant, humour très présent. Et puis, finalement, on tourne en rond. C'est bavard, ennuyeux. J'ai passé plus de la moitié des pages pour aller à la fin rapidement. Le même roman en plus condensé, mettons 200 pages au lieu de 429, aurait évité les répétitions et les digressions plus ou moins intéressantes. Cela m'aurait permis d'arriver à l'issue du livre sans passer de pages.
Ou alors, cela vient de moi, qui n'apprécie pas cette forme diluée et sans vraiment de fond.

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Instructions pour sauver le monde

Publié le par Yv

Instructions pour sauver le monde, Rosa Montero, Métailié, 2010
Matias est chaffeur de taxi, inconsolable depuis la mort de sa femme Rita. Daniel est médecin aux urgences, désabusé, blasé, et s'approchant dangereusement de la phase d'incompétence professionnelle ; il vit avec sa femme, Marina, mais ils ne se supportent plus. Daniel se réfugie dans un monde virtuel, celui de Second Life. Fatma est une jeune prostituée émigrée du Sierra Léone, magnifiquement belle, qui garde toujours près d'elle un petit lézard, son talisman de bonheur. Cerveau est une vieille femme qui s'alcoolise régulièrement et méthodiquement, la nuit. Tous quatre se rencontreront au fil des pages, se raconteront chacun l'un à l'autre et se découvriront.
Comme Keisha, j'ai eu la chance de lire ce livre en avant-première. Je parle de chance, car c'en est vraiment une. C'est une histoire à la fois "sombre et lumineuse" (Keisha). Une de celles qui peut réconcilier les tenants de cette idée que le livre ne peut être bon que s'il ne raconte des histoires tristes et noires et les autres, ceux qui préfèrent les belles histoires heureuses. Ici, tout se mélange, la noirceur, l'horreur parfois, la mélancolie, mais aussi l'optimisme, le bonheur -ou tout du moins sa recherche. On oscille toujours entre les situations glauques et tragiques et l'espoir qu'elles peuvent faire naître. Personne n'y est tout blanc ou tout noir : de vrais personnages, humains, aimables et détestables.
Un beau texte -malgré deux ou trois phrases absconses : sur 268 pages, c'est peu !- ; "qui nous montre que la vie est belle, folle et douloureuse. Une fable pour adulte qui invite à profiter de la beauté, maîtriser la douleur et rire de cette incoyable folie". (4ème de couverture)

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Les brouillards de la butte

Publié le par Yv

Les brouillards de la butte, Patrick Pécherot, Gallimard, 2001
Quatre copains de Montmartre, vaguement anars, vivant de petits boulots, s'associent pour cambrioler les maisons des bourgeois. Une nuit, ils dévalisent la maison du comte de Klercq et trouvent dans le coffre fort, en lieu et place de billets, un cadavre.
Roman policier se déroulant exclusivement dans le Paris de l'après première guerre -l'action se déroule en 1926-, on pourrait se croire dans une bande dessinée de Tardi, ou dans un livre de Léo Malet dont Pécherot revendique d'ailleurs l'héritage pour ce livre. Seulement voilà, malgré ces références, j'ai eu un peu de peine à aller au bout : peu d'entrain pour l'intrigue et les personnages, assez fades malgré leurs pedigrees qui laissaient augurer beaucoup mieux. L'auteur nous fait rencontrer André Breton, la Goulue, nous abreuve de noms et de faits qui se sont déroulés dans cette période, comme s'il voulait à tout prix "caser" toutes ses références dans un minimum de pages. C'est parfois trop !
Ce roman n'est jamais désagréable, mais il est loin de m'avoir "scotché".

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Yanvalou pour Charlie

Publié le par Yv

Yanvalou pour Charlie, Lyonel Trouillot, Actes sud, 2009
Mathurin D. Saint-Fort est un avocat d'affaires très ambitieux et très en vue de Port-au-Prince. Son désir premier est d'oublier ses origines de petit villageois pauvre et surtout de faire en sorte qu'elles ne soient pas dévoilées dans le milieu dans lequel il évolue désormais, car ses nouvelles connaissances pourraient ne pas les lui pardonner. Tout va bien pour lui, jusqu'à ce que débarque au cabinet et dans sa vie "Charlie, un adolescent en cavale [...] qui vient lui demander son aide au nom des attachements à leur même village natal." (4ème de couverture)
Je n'aime pas forcément beaucoup les livres Actes sud, à cause de leur mise en page souvent dense. Point de ceci dans ce livre. C'est clair et aéré. Heureusement, car le récit est lui, dense et profond. Lyonel Trouillot raconte son pays, les différences entre les quartiers pauvres et les quartiers riches qui se côtoient sans jamais -ou presque- se voir ou se rencontrer.  A travers Mathurin et Charlie, c'est toute la difficulté de vivre en Haïti qui est décrite : comment vivre ou survivre lorsqu'on n'a pas de travail, pas d'argent, aucun moyen de s'en sortir si ce n'est en volant ou mendiant ; comment vivre en oubliant ses racines et en espérant qu'elles ne soient jamais révélées, par peur de retomber ? La description des bas quartiers de Port-au-Prince est dure, la vie doit y être sordide, particulièrement difficile, voire insurmontable ; c'est du moins l'idée que j'en ai après avoir lu ce livre. Parfois, un roman décrit mieux un pays que ne le pourrait faire un documentaire filmé. Je savais Haïti très pauvre, je me doutais des conditions de vie des plus pauvres Haïtiens, mais j'étais encore en dessous de la vérité. 
Ce livre a, outre le mérite d'être un beau roman sur l'amitié, sur la fidélité à ses principes et à ses origines, celui d'ouvrir les yeux des lecteurs sur ce pays et ses habitants.
NB : Le Yanvalou est une danse dédiée à une divinité vaudou, parle des origines, un "salut à la terre ancestrale"

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Le goût des abricots secs

Publié le par Yv

Le goût des abricots secs, Gilles D. Perez, Le rouergue, 2008
Un vieil homme et un jeune homme restent les deux derniers habitants d'une résidence. Entre promenades, visites de l'un chez l'autre et vice versa, chacun se raconte et raconte sa vie, avec sa femme pianiste pour le vieil homme et avec Véra, pour le jeune homme. Ce livre "est un récit d'amour et d'exil, bercé par la musique de Schumann." (4ème de couverture)
Ce livre avait tout pour me séduire : le thème, l'écriture plutôt simple, fluide et le titre. Malgré tout cela, je n'ai pas réussi à aller au bout de ma lecture. Tant pis ! Parfois, on ne sait pourquoi, on n'entre pas dans un bouquin, sans qu'on puisse le juger mauvais. Et bien voilà, c'est le cas cette fois-ci.

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Country blues

Publié le par Yv

Country blues, Claude Bathany, Métailié, 2010
Dans une ferme délabrée des monts d'Arrée, vivent les membres de la famille Argol, tous plus givrés ou désorientés les uns que les autres : "Dany, play-boy rivé à ses vaches, Cécile, lesbienne passionnée d'armes, Jean-Bruno, boxeur agoraphobe, et Lucas, marionnettiste schizophrène" (4ème de couverture), tous frères et sœurs, auxquels, il faut ajouter leur mère atteinte de la maladie d'Alzheimer. Dans leur petit monde, survient Flora, "jeune et mystérieuse zonarde". Alors, de petits bouts de révélations et petits bouts de révélations, le passé de ce village des monts d'Arrée se dévoile. Et la seule chose que je puisse en dire sans trop éclairer  votre lanterne, c'est qu'il est très noir et très glauque.
Je vais être clair tout de suite : j'ai adoré ! Voilà, c'est dit ! Si l'on peut considérer que l'intrigue a déjà pu être lue ou vue ailleurs (un serial killer, des suicides suspects, ...), la manière de la raconter est pour moi très originale.Tous les protagonistes deviennent narrateurs à tour de rôle : les membres de la famille Argol et ceux de l'autre famille importante du livre, les Moullec. Chaque chapitre commence par le récit d'un événement présent par l'un des Argol. Le chapitre qui suit revient sur cet événement, mais par la bouche d'un autre Argol ; il décrit à son tour ce qu'il a vu ou vécu, ajoutant par rapport à son frère ou sa soeur des détails qui lui sont propres. Ce qui nous permet de nous faire une idée plus large de cet événement. Un peu comme si un cinéaste filmait une situation sous des angles différents avec plusieurs caméras et nous présentait ensuite les films consécutivement, sans montage. Une vision grand angle de la vie des Argol. Les Moullec eux, racontent plutôt les faits passés, de la même manière. On comprend donc à la fois la vie terne et peu enviable de ces familles et le secret qui les lie, par touches impressionnistes, tout au long du livre, le suspense tenant bon jusqu'aux dernières lignes.
Claude Bathany use donc d'un stratagème vraiment plaisant. J'aime bien son écriture, qui varie en fonction du narrateur, plus ou moins argotique pour les Argol, nettement plus léchée pour Vincent Moullec (officier de gendarmerie). Son roman est vraiment noir et glauque, quelques pointes d'humour sont les bienvenues. La Bretagne est pluvieuse, la terre omniprésente, boueuse, les hommes sont parfois répugnants, parfois attachants, de vrais losers, la musique est présente en fond de tableau, elle-même pesante, lourde : du blues, sûrement. Du blues de la campagne bretonne. Allez faire un tour dans cette Bretagne blues, vous ne le regretterez pas !

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Le vieux qui lisait des romans d'amour

Publié le par Yv

Le vieux qui lisait des romans d'amour, Luis Sepulveda, Métailié, 1992
El Idilio est un village d'Amazonie dans lequel arrive un jour en pirogue, le cadavre d'un "gringo" blond. Le maire, surnommé "La Limace" accuse les Indiens (les "Shuars") de l'avoir tué. Heureusement pour eux, le vieil Antonio José Bolivar Proano affirme qu'il a été tué par un félin. Un peu plus tard, un second cadavre apparait tué de la même manière. S'ouvre alors une chasse au félin tueur, emmenée par La limace et le vieil Antonio. Entre temps, Antonio aura raconté sa jeunesse, son mariage avec Dolores Encarnacion del Santisimo Sacramento Estupinan Otavalo (ça en jette, un nom pareil !) et sa vie avec les Shuars.
Lorsque j'ai lu et chroniqué mon premier Sepulveda (L'ombre de ce que nous avons été), j'ai eu quelques remarques du style : "comment, tu n'as pas encore lu Le vieux qui lisait des romans d'amour ?" J'ai donc filé vite et droit vers la bibliothèque municipale et l'ai emprunté. Et je reconnais bien volontiers et humblement que j'étais passé à côté d'un très bon roman et d'un auteur intéressant avec une imagination fertile. Il crée des situations et des personnages attirants qui nous entraînent dans leur monde. Par moments, dans ce roman, je me suis cru au temps de Christophe Colomb, par d'autres revenus en des temps plus modernes. On ne sait plus trop à quelle époque on est et ce sentiment est étrangement très agréable. Sepulveda est un vrai raconteur d'histoires qui sait, en outre, placer adroitement des arguments bien sentis sur la démocratie, le respect de la nature et des animaux, la tolérance entre les peuples et l'acceptation des différences.

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