L'automne des chimères

L'automne des chimères, Yasmina Khadra, Ed. Baleine, 1998
"Le commissaire Llob, après avoir enterré un ami d'enfance égorgé en plein soleil dans son jardin, est convoqué par sa hiérarchie pour avoir eu le tort d'écrire un livre. La guerre civile fait rage. Colère, amertume et terreur se mêlent tandis qu'au cœur des villes, dans le silence des maquis ou sur les plages en pleine foule se terre la bête immonde de l'intégrisme. Prête à frapper. Prête à tout ; un jouet dans la main des puissants..." (4ème de couverture)
Fort de ma lecture de L'attentat de Yasmina Khadra, j'ai pris cette enquête du commissaire Llob. Ce que je ne savais pas, c'est qu'il est préférable d'avoir lu les trois épisodes précédents (Le dingue au bistouri, Morituri, La part du mort) avant celui-ci ; j'ai eu du mal à me retrouver dans le foisonnement des personnages. En effet, le commissaire est à un tournant de sa vie : il profite de sa mise à pied pour faire le point, et revoit beaucoup de gens qu'il a croisés dans son existence, de sa jeunesse jusqu'à son âge actuel. Par moment, j'étais donc un peu perdu, et j'avoue que j'ai eu la tentation d'abandonner. Mais on ne laisse pas tomber un livre de Y. Khadra ! Je me suis donc motivé et je dois dire que mise à part la réserve précédente, j'ai vraiment apprécié ce livre. Il est une dénonciation de l'intégrisme, de la corruption en Algérie ; pendant les années 90, les intégristes ont tué, massacré, égorgé, provoqué une véritable guerre civile. Mais Yasmina Khadra révèle également que la classe dirigeante de l'époque était corrompue, qu'elle profitait des ces intégristes et de la terreur qu'ils inspiraient pour asseoir son pouvoir et en abuser. L'honnêteté n'avait pas cours dans les hautes sphères de la société algérienne.
L'auteur fait preuve d'un vrai et profond respect et d'un attachement pour les Algériens "d'en bas", comme dirait l'autre, les citoyens lambda, qui eux, vivent et subissent les uns et les autres. Pour Y. Khadra, l'Algérie s'en sortira grâce à son peuple.
L'écriture est belle et dit crûment et franchement la façon de penser des divers protagonistes ; elle va à l'essentiel. Khadra a aussi le mérite de ne pas dénoncer simplement en mettant d'un côté les méchants et de l'autre les gentils, même s'il prend position de manière claire et non équivoque. Il argumente, expose son point de vue et évite les clichés du genre : "la guerre c'est mal", "les intégristes c'est pas bien" ou encore "les politiciens" sont tous pourris.
Je regrette d'être passé un peu à côté de ce livre, et pour lui rendre tout son intérêt, je dois me plonger dans les enquêtes précédentes du commissaire Llob.
Nanne écrit également son avis.