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poesie

Le héron de Bondoufle

Publié le par Yv

Le héron de Bondoufle et autres transports animaux, Elia Sikander, Ed. Y, 2022

Au gré des voyages en automobile, l'on croise ou l'on suit des transports d'animaux, l'on observe des oiseaux au bord des routes, dans les champs. Ce sont eux qu'Elia Sikander met dans des poésies tantôt drôles, tantôt tragiques, qui racontent le traitement des hommes envers les animaux.

C'est assez original de situer son recueil sur les routes, parler du trafic, des véhicules, des chauffeurs, des passagers. J'avoue avoir bien aimé bien que peu ouvert à la poésie. Les textes d'Elia Sikander sont pour la plus grande partie, très accessibles :

"Groins égarés

Semaine riche, à la radio,

info du midi.

Les petits gorets échappés le matin

de leur véhicule accidenté

semaient encore la panique sur

l'autoroute.

On attendait de les rattraper tous.

Pour les gorets déserteurs...

Clémence !"

Celui que j'ai préféré, Non, vous ne rêvez pas..., où il est question d' "Arrivage de cuisses de poulets", je ne peux pas le citer, trop long, je vous laisse le soin de trouver le livre dans une bonne librairie, et pour finir en beauté, je cite un court texte

"Chevaux helvètes

Van de luxe, Georges V ou Ritz

pour ces Juments ou Étalons Suisses."

 

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La geste permanente de Gentil-Cœur

Publié le par Yv

La geste permanente de Gentil-Cœur, Fanny Chiarello, Ed. de l'Attente, 2021

"Une jeune joggeuse croisée dans le bassin minier du Pas-de-Calais a inspiré un roman et cette chanson de geste. Images, vers de 11 pieds, assonances et allitérations, mais rien d'épique dans le propos puisqu'on y découvre comment, pendant un mois, tous les jours nombres premiers, la narratrice est allée jusqu'au parc de la jeune athlète sur un vélo en fin de carrière, observant la vie des oiseaux d'eau, subissant la météo, variant ses pique-niques, se trouvant de nouveaux spots de pipi nature et chantant cajun. Ce road-trip entraînant s'amuse à faire un parallèle entre le nord de la France et le sud des États-Unis. La rencontre se produira-t-elle ?" (1ère de couverture)

Quasiment tout du long accompagné de Iko Iko ("jock-a-mo fee-no ai na-né/jock-a-mo fee na-né"), chanson qui reste bien en tête, longtemps, j'ai parcouru les allées du parc Jean-Guimier de Sallaumines au rythme de Fanny Chiarello. Vers de 11 pieds, hendécasyllabe me suis-je laissé susurrer à l'oreille, donc des phrases qui, possiblement, ne se terminent pas à la fin de la ligne mais à la suivante. Mais quelles phrases puisqu'aucune ponctuation, aucune majuscule sauf aux noms propres. Jeux de sons, jeux de mots, Fanny Chiarello fait dans le plus prosaïque mais aussi dans la contemplation.

Long poème en prose, longues chevauchées sur un vieux vélo, à la recherche ou l'attente d'une jeune joggeuse croisée à deux reprises. C'est surprenant, parfois déroutant et franchement j'adore ça. Combien de livres ouvre-t-on et lit-on sans ce petit truc en plus qui surprend, qui titille, qui lutine la zone de confort sise dans le cerveau en lui disant qu'il faut se bouger un peu ? Même si je tente de lire régulièrement ce genre d'ouvrages, parfois ça marche, parfois ça marche pas. Là, ça marche formidablement.

J'ai parfois pensé à Tentative d'épuisement d'un lieu parisien de Perec, Paris en moins, parc en sus, dans la description du rien, toute comparaison gardée, mais plaisir de lecture comparable :

"un homme passe avec des chiens puis un chien

avec un homme puis un mec avec un

sac plastique puis un type qui court bras

et buste tendus vers le sol comme s'il

allait faire une roulade avant mais non

et d'un esprit plus aventureux que les

quatre femmes évoquées hier quoique

guère plus rapide il quitte le parc pour

le vaste monde et après lui c'est tout pour

l'activité si nous faisons fi des pies" (p.72)

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A nu Paris

Publié le par Yv

A nu Paris, Igor Quézel-Perron, (illustré par Louise Hourcade),  Envolume, 2019....

Le narrateur de ces courtes et très courtes nouvelles est un homme qui vit à Paris, seul avec son chien : "Au numéro 1 de ma rue, je vis seul. Les murs sont hauts, pour ne pas tomber." (p.17). Il flâne dans les rues de la ville,  baguenaude, lève les yeux, contemple. Il rencontre aussi parfois des gens, dont Lola sa voisine du dessus dont le charme ne le laisse pas insensible et sans doute vice-versa. Il parle à son chien, qui lui répond à sa manière. Il sort au théâtre, à l'opéra, au restaurant. De toutes ces balades et sorties, il s'inspire pour écrire ses textes, puisqu'il parle à la première personne. Louise Hourcade les illustre.

Les nouvelles se suivent et se ressemblent parfois -certaines en perdent ainsi quelque intérêt et sonnent un peu creux. Puis, avançant dans sa promenade, le narrateur se fait moins insouciant, les nouvelles moins légères, l'humour moins présent plus désespéré mais le sens de la formule poétique d'Igor Quézel-Perron, de la phrase décalée qui fait sourire et qui n'a pas besoin de beaucoup pour être explicite est lui toujours à chaque page : "La poissonnerie et l'église sont fermées. Dieu et le cabillauds sont seuls désormais.[...] Mon chien commence à grimper sur les murs. Qui suis-je, pour le juger ? Il se prend pour une araignée. Le psy me dit que je ne sais pas bien lui parler. Nous avons des problèmes. La nuit, il ronfle. Je range mal mes souliers." (p. 30)

Malgré des phrases courtes, l'auteur donne un rythme lent à ses histoires, celui de la contemplation, de la flânerie. J'aime beaucoup cette écriture à la fois poétique et ramassée. Elle a un côté naïf et simple souligné par les dessins colorés de Louise Hourcade. Oh, Igor Quézel-Perron ne pose pas de question existentielle, il ne surfe pas sur les sujets d'actualité et rate ainsi la cible des lecteurs -et des critiques- qui ne jurent que par le réel et le sensationnel ; de même il est loin des lecteurs -et des critiques- pressés qui veulent avoir fini avant d'avoir commencé. Ses récits sont intemporels, lents, un brin nostalgiques, emplis d'émotions. 

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Pierre Soulages. Présences d'outrenoir

Publié le par Yv

Pierre Soulages. Présences d'outrenoir, Bruno Duborgel, Le Réalgar, 2019.....

Peinture, 56 cm x 39 cm, 08/07/2013 (collection particulière). C'est la couverture du livre et c'est aussi son sujet : le tableau qui inspire toutes les lignes à Bruno Duborgel.

Rien de tel, avant de marquer une pause estivale, que de parler de poésie, si en plus cette poésie est inspirée par l'oeuvre de Pierres Soulages, c'est encore mieux. J'ai visité le musée Soulages de Rodez il y a quelques années et j'ai été conquis, je n'en reviens toujours pas qu'on puisse faire autant de lumière avec du noir. Bruno Duborgel l'écrit formidablement. Il parle aussi de la manière de regarder ces toiles et je me suis revu tournant autour des tableaux : "Le regard du spectateur, si mobilisé soit-il, prioritairement, par la contemplation frontale des états de surface du tableau, aime aussi, cependant s'attarder parfois à l'examen des côtés, à gauche et à droite, de la peinture ; il suit alors la tranche des sillons et des arêtes, la ligne de crête de leur découpe, la coupe en quelque sorte de leurs courbes de niveaux, l'épaisseur crantée et crénelée de cet admirable et matériel relief pictural" (p.27)

Les textes sont courts, beaux, poétiques, d'une admiration non feinte pour le peintre et la magie de ses tableaux et plus particulièrement celui de la couverture du livre. Très travaillés, parfois avec références culturelles, picturales, littéraires.

"Une telle peinture, loin de réduire ses effets au choc premier qu'elle déclenche en nous, donne avenir, prolongements, retentissements imprévus à ce choc ; elle nous engage dans la longue durée d'un cheminement interrogatif, d'une délectation et d'une méditation toujours relancées." (p.23)

Un beau et court livre qui permet de se revoir au musée ou d'entrer dans l'outrenoir de Pierre Soulages. Ah, si j'avais un petit, voire tout petit tableau, pour moi aussi me délecter et méditer. Je sais déjà où l'accrocher. Je peux rêver ...

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Max Jacob dans tous ses états

Publié le par Yv

Max Jacob dans tous ses états, Linda Lachgar, Ed. du Canoë, 2019..... 

Ce petit livre contient, outre une discussion imaginaire entre Max Jacob et Mademoiselle Infrarouge, autrement dit Linda Lachgar, 15 croquis de Max Jacob et un récit  inédit de Pierre Colle sur le poète corrigé par Max Jacob lui-même. 

Cette courte discussion entre Max Jacob et Linda Lachgar, grande admiratrice et spécialiste du poète, elle-même poète, aborde tous les thèmes chers à Max Jacob : l'homosexualité, le judaïsme et sa conversion au catholicisme au point de vivre une vie monacale, rattaché à l'abbaye de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire sur les dernières années de sa vie (merci Wikipédia). Il parle aussi de ses amitiés avec Picasso, Apollinaire, de peinture, de poésie, du surréalisme dont il fut un des précurseurs sans pour autant y adhérer. Il aime vivre et flâner à Paris mais aime aussi sa Bretagne natale (Quimper, en 1876, il meurt déporté à Drancy en 1944).

Linda Lachgar lui fait dire tout cela de manière élégante, vacharde, humoristique, cultivée, charmante, tout ce qui devait faire sa personnalité. Il fait le cabot, aime qu'on l'aime, dit du bien -mais pas seulement- de lui. Ce sont de courts dialogues, parfois de simples phrases :

- "A une lointaine époque, Picasso et moi avons partagé le même lit, mais pas aux mêmes heures. Dommage !"

- "Pisser dans la rue va devenir un acte surréaliste, savoir chiner aux puces aussi."

- "Je suis très attaché à ma célébrité !"

Pour continuer à découvrir ce poète, peintre, romancier et critique sans doute pas assez connu, après un autre livre de la même auteure déjà à lui consacré : Arrestation et mort de Max Jacob.

Ce 5 mars 2019 est le 75ème anniversaire de la mort de Max Jacob, une occasion saisie par Linda Lachgar et les éditions du Canoë pour lui rendre un bel hommage.

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Bilan 2016 (suite)

Publié le par Yv

Bilan 2016 suite

Parmi tous les livres lus cette année qui fut riche, certains ont raté de peu -voire très peu- la plus haute marche, celle des coups de coeur, mais ils méritent d'être cités dans un bilan annuel, car ce furent de belles surprises ou des confirmations :

 

- L'infiltré de La Havane, de Nikos Maurice, chez La Différence

- Le géant, de Stefan aus dem Siepen, chez Ecriture

- Le carré des Allemands, de Jacques Richard, chez La Différence

- Halabeoji, de Martine Prost, chez L'Asiathèque

- L'été Diabolik, de Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse, chez Dargaud

- La femme qui valait trois milliards, de Boris Dokmak, chez La mécanique générale

- Rouge écarlate, de Jacques Bablon, chez Jigal

- Une vie entière, de Robert Seethaler, chez Sabine Wespieser

- Maudits soient les artistes, de Maurice Gouiran, chez Jigal

- Ping-pong, de Park Min-Kyu, chez Intervalles

- Rien n'est crucial, de Pablo Gutiérrez, chez Christophe Lucquin

- Gauguin mort ou vif, de Marie Devois, chez Cohen&Cohen

- Spiridon superstar, de Philippe Jaenada, chez Prisma

- L'origine du crime, de Sébastien Lepetit, chez Flamant noir

- Police, de Hugo Boris, chez Grasset

- Spada, de Bogdan Teodorescu, chez Agullo

- Le dernier amour du lieutenant Petrescu, de Vladimir Lortchenkov, chez Agullo

- Par le temps qui court, de Michel Butor, chez La Différence

- La tête de l'Anglaise, de Pierre d'Ovidio, chez Jigal

- La déesse des marguerites et des boutons d'or, de Martin Millar, chez Intervalles

- La lettre et le peigne, de Nils Barrellon, chez Jigal

- La forêt des renards pendus, de Nicolas Dumontheuil, chez Futuropolis

- La trêve, de Saïdeh Pakravan, chez Belfond

- Ad unum, de Dider Fossey, chez Flamant noir

- La toubabesse, de Louis-Ferdinand Despreez, chez La Différence

- L'affaire de l'homme à l'escarpin, de Jean-Christophe Portes, chez City

- Au piano, de Jean Echenoz, chez Minuit

- Rouge comme la neige, de Christian de Metter, chez Casterman

Et voilà, 28 titres excellents pour finir mon bilan annuel. Quelques éditeurs qui reviennent plusieurs fois : de nouveau Flamant noir (2) et Intervalles (2), mais aussi Jigal(4), Agullo (2) et La Différence (4). D'autres sont cités une seule fois : Grasset, Dargaud, Futuropolis, Belfond, Prisma, Cohen&Cohen, Sabine Wespieser, Ecriture, L'Asiathèque, Christophe Lucquin, La mécanique générale (maison de poche de Ring éditions que j'évite depuis à cause d'une ligne éditoriale qui ne me plaît pas beaucoup, voir ici), City éditions, Minuit et Casterman. De belles découvertes encore une fois, des auteurs et des styles très variés, du polar, du roman, de la poésie, de la BD. 

Si avec mes deux articles, vous ne savez pas quoi lire de bon, je ne sais plus quoi faire... Ou alors, je fais un bilan des livres qui me sont tombés des mains... (cf. mes articles intitulés ça coince !)

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Par le temps qui court

Publié le par Yv

Par le temps qui court, Michel Butor, La Différence, 2016.....

Recueil de poésies de Michel Butor, choisies par lui-même et préfacé par Jean-Michel Maulpoix, spécialiste de l'écriture lyrique et par Mireille Calle-Gruber qui a dirigé les Œuvres complètes de Michel Butor à La Différence ; tous deux sont écrivains et professeurs à la Sorbonne Nouvelle. Michel Butor, décédé le 24 août dernier est un des grands écrivains français de notre temps. Discret, il eut le Prix Renaudot pour La modification, mais écrivit beaucoup de poésie, d'essais sur la littérature qu'il enseigna aux États-Unis, en France et en Suisse. Les éditions de La Différence ont publié entre 2006 et 2010 ses œuvres complètes en 12 volumes.

Michel Butor ne se cantonna pas dans un genre qui eût pu faire son succès suite à son Prix Renaudot en 1957, il publia alors des essais, de la poésie, des récits de rêves, de voyage, un livre de collages (Mobile), des textes pour des pièces musicales, ... Éclectisme et expérimentation furent alors ses modes d'écriture. Dans ce court recueil de sa poésie, on sent bien son envie de jouer avec les codes, avec les mots, les genres, les formes. De la poésie littéraire, historique, descriptive, plus classique et/ou jouant avec les formes -certes, on est loin des Caligrammes, mais l'exercice ayant été fort bien fait par Apollinaire, on imagine que Butor ne voulait même pas le copier, tout au plus lui rendre un hommage.

Je ne suis ni très amateur de la poésie, ni très habile à dire ce que j'en pense, c'est un genre auquel parfois je suis hermétique, je me disais cela en commençant ce livre, jusqu'à ce qu juste après ma réflexion, je tombe sur ça :

"Les rayons s'allongent

les couleurs s'échauffent

tandis que le fond de l'air

commence à fraîchir

une prune trop mûre

s'écrase en tombant sur un rocher

 

A son parfum

succède celui d'une rose qui vous surprend

comme un hélicoptère

qui viendrait vous observer

mais le silence

n'est en rien troublé

 

Ponctué

par de lointains aboiements

ourlé

par les répercussions des cloches

brodé

par la dernière mouche de la journée

 

Une dame se souvient

d'une chanson de son enfance

elle s'essaie à la chanter

une autre la joint 

mais toutes les deux

déraillent au milieu d'un couplet

 

Qui s'achève

par des éclats de rire

s'estompant

comme les collines de l'autre côté

de l'autre côté des arbres tremblants" (Sérénade)

 

Que vouliez-vous que je fasse ? J'ai continué, et suis tombé sur d'autres poésies aussi belles, légères lorsqu'elles parlent par exemple de la main qui écrit et qu'elles décrivent tous les mouvements d'icelle, des textes en prose profonds lorsqu'ils parlent par exemple de la colonisation (La ligne de partage des sangs, p.57 : un poème à lire, écouter et méditer dont je vais citer une seule strophe : 

"Tu ne peux pas manger ici car tu y étais avant nous ; et tu risquerais de nous couper l'appétit en nous faisant imaginer une prochaine vague de conquérants plus feutrés, plus sournois que nous, qui nous parqueraient ou nous excluraient, nous interdisant nos maisonnettes à l'anglaise et le culte de nos stars pour nous imposer d'autres rites." 

Ce qui précède est magnifique et ce qui suit formidable, vous comprendrez donc que je vous recommande (très) fortement la lecture des poésies de Michel Butor (et le reste aussi, Improvisations sur Michel Butor, par exemple). Au fil des pages, le poète se fait observateur politique, mais un observateur qui s'engage, qui accuse. Il observe aussi la société, ses bouleversements, le monde qui change... Il pratique également aisément l'ironie et l'auto-dérision, ce qui donne à son oeuvre une aura et une portée toute particulières.

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Petites pièces d'amour

Publié le par Yv

Petites pièces d'amour, Habashli Kunzeï, Éd. Envolume, 2016....

"S’il n’est de plaisirs que d’instants, le haïku en est le bon interprète. Dans ce recueil, Habashli Kunzeï prend alternativement les voix de l’homme et de la femme pour explorer toutes les étapes de la rencontre amoureuse et sensuelle : émois, jouissances, mélancolies… Toujours juste, parfois exubérante, sa plume invite le lecteur comme la lectrice à passer à l’acte." (4ème de couverture)

Loin, très loin d'être spécialiste voire même simple amateur de poésie, je ne suis pas le plus qualifié pour parler d'un recueil de haïkus, cette forme japonaise de la poésie. Enfin, renseignement pris sur divers sites, je m'aperçois que le haïku décrit une émotion, une sensation, une sorte d'instantané. En cela, ceux de Habashli Kunzeï en sont dignes. Courts, évidemment, le genre le veut, ils se lisent comme si c'était un mot qu'on laissait le matin en partant au travail, un mot sur la table du petit déjeuner pour l'autre qui part plus tard, ou sur l'oreiller pour celle ou celui qui dort encore et qui le lira sourire aux lèvres en s'éveillant et en repensant au moment qui l'a inspiré. Ils sont aussi le résultat d'une vision, d'une rencontre parfois brève, juste une pensée, un fantasme :

Cette femme je la veux

En robe blanche

Face à l'autel

Ou lorsque la rencontre est déjà faite et la glace rompue :

Profitant du miroir

De la salle de bains

Je t'épie

Sous titré, Haïkus tendres et érotiques, ce livre explore l'espoir, la rencontre, la séduction, les fantasmes et la jouissance... L'exubérance également lorsque le désir est à son comble. La mélancolie itou, lorsque le plaisir est passé et que la rencontre, consommée n'est pas appelée à être renouvelée :

Dites-moi

Combien de nuits

Encore à vivre ?

Beau recueil à la couverture rouge, petit format, préfacé par Shan Sa. Qui finit avec ce haïku :

Jouir

Et demain ?

Jouir

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L'intégrale illustrée

Publié le par Yv

L'intégrale illustrée, Edgar Allan Poe, Éd. Archipoche, Collection La bibliothèque des classiques, 2015.....

Ouvrage qui regroupe les romans : Aventures d'Arthur Gordon Pym, Le journal de Julius Rodman, les contes et nouvelles : Histoires extraordinaires, Contes inédits, Histoires grotesques et sérieuses, le théâtre : Politien, l'essai : Eurêka et la poésie d'Edgar Allan Poe. 780 pages d'un gros et beau volume, traduit par Charles Baudelaire, Emile Hennequin, William Little Hughes, Félis Rabbe, Stéphane Mallarmé, Gabriel Mourey. Illustré par Harry Clarke, Arthur McDormick et Gustave Doré

Autant vous le dire tout de suite, je vous parle ici d'un livre que je n'ai pas encore fini. Mais je sais qu'il est bien puisque Edgar Allan Poe, c'est bien, c'est même encore mieux que bien. Qui ne connaît pas au moins de lui les Histoires extraordinaires : La lettre volée, Le scarabée d'or, m>Double assassinat dans la rue Morgue ? Je les ai lues, adolescent, en même temps que je m'empiffrais de séries Les six compagnons, ou des romans de Jules Verne, et que je commençais tout juste à lire les romans de Victor Hugo, Les Misérables mon premier Hugo. Mais autant, j'ai arrêté la série française avec six copains, autant j'ai continué à lire et relire Jules Verne, Victor Hugo et Edgar Allan Poe.

On ne présente plus Edgar Allan Poe, écrivain américain du 19° siècle (1809/1849), célèbre pour ses contes et ses Histoires extraordinaires, les plus marquantes pour moi furent Double assassinat dans la rue Morgue et Le scarabée d'or . On dit souvent de lui qu'il est le précurseur du roman policier, de la science fiction ou de l'anticipation. Je ne sais pas si c'est la réalité, mais il est sans doute celui que j'ai lu en premier dans quasiment tous ces genres, et celui qui m'a donné envie de continuer à lire de l'aventure. D'ailleurs les meilleurs ne s'y sont pas trompés puisque Charles Baudelaire le traduisit ainsi que Stéphane Mallarmé pour la poésie.

C'est un livre que je ne vais pas dévorer en entier, je vais piquer dedans, une histoire entre deux autres lectures, je ne vous cacherai pas qu'à peine reçu, je l'ai déjà commencé -et c'est toujours aussi excellent- et qu'il traîne dans un endroit où je peux le reprendre rapidement, à la maison, car ses dimensions m'empêchent de l'emporter en dehors. C'est un ouvrage fait pour rester dans une bibliothèque : belle couverture, tranche supérieure dorée, feuilles fines et écriture dense. Enfin, quand je dis "rester", non, pas exactement, il doit en être sorti pour le montrer, le lire et le faire lire. Vade retro les bouquins qu'on expose sans jamais les ouvrir !

Une belle idée cadeau pour les amateurs de lectures ou l'énigme, le mystère et l'intrigue ont la part belle. En plus, il ne coûte que 32€

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