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Mon vieux et moi

Publié le par Yv

Mon vieux et moi, Pierre Gagnon, Ed. Autrement, 2010

Le narrateur, un fonctionnaire québécois à la retraite décide d'adopter Léo, quatre-vingt-dix-neuf ans. Plutôt que de continuer à aller le voir dans sa maison de retraite, il le verra tous les jours sans faire la route.

Tout petit roman de 87 pages ; il se lit très vite. Pierre Gagnon ne fait l'impasse sur aucun des désagréments dus à l'arrivée de Léo. Mais si tout est dit sans fioriture, il n'est jamais trash, ni vulgaire ni cru. La rencontre entre Léo et son "adoptant" est belle, simple, mais confrontée aux absences de Léo, à ses dérèglements physiques et psychiques. Tous deux s'entendront bien et vivront presqu'un an dans une ambiance joyeuse et détendue. Entre eux naîtront respect et tendresse : "Sans grands discours, par des gestes et de simples intentions, cet homme m'enseigne comment vivre harmonieusement. Jamais il ne rechigne. [...] Tous les matins, il se lève avant moi et cueille le journal sur le perron. Il ne le lit pas. Il pèle son orange dessus. Je l'entends qui siffle. Une mélodie improvisée se faufile entre les dents restantes." (p.33)

Ensuite, après cette période paisible, viendront quelques moments plus difficiles : "Léo n'est plus le même. [...] Il a suffit d'une chute et il est devenu vieux, socialement vieux, avec les conséquences qui viennent avec. Comme lors d'une catastrophe naturelle, quelques secondes suffisent pour que l'amitié et le bonheur soient emportés." (p.41)

Un récit tout simple donc qui permet d'avoir une image beaucoup moins négative des vieux que celle souvent véhiculée dans les médias et dans les conversations. Pour ma part, Madame Yv travaillant avec les vieux, en maison de retraite, sans aller jusqu'à dire : "j'aime les vieux" qui est tout aussi ridicule que de dire : "je déteste les jeunes" parce que vous savez comme moi qu'il y a autant d'imbéciles chez les vieux que chez les jeunes -"Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con. Qu'on ait vingt ans qu'on soit grand-père" comme disait Brassens- je trouve que notre société ne fait pas grand cas ni de nos très vieux ni des personnels qui s'occupent d'eux, souvent mal payés et mal vus des autres exerçant les mêmes professions, mais dans des domaines plus "porteurs".

Madame Yv -encore elle ! Mais c'est qu'elle prend de plus en plus de place sur mon blog ! Mon espace intime ! Ça c'est comme dans les étagères !- a lu et approuvé ce petit texte : elle le trouve très réaliste et très beau. Merci Madame Yv !

Pour revenir à Léo, prenez le temps de passer lui faire un petit bonjour en feuilletant Mon vieux et moi.

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Rupture

Publié le par Yv

Rupture, Simon Lelic, Ed. du Masque, 2010

Une fusillade a lieu dans un collège de Londres, tuant cinq personnes : trois élèves et un professeur, la cinquième victime étant le tireur, Samuel Szajkowski, professeur d'histoire dans l'établissement, qui a retourné l'arme contre lui. L'inspectrice Lucia May recueille les déclarations des témoins dans le but d'entériner la version du tueur devenu fou. Mais elle remarque très vite que le drame est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Samuel Sjakowski semblait être harcelé par des élèves et par un collègue sans que personne n'intervienne. Lucia décide d'approfondir ses recherches et de continuer l'enquête "malgré la directive de sa hiérarchie : classer l'enquête au plus vite." (4ème de couverture)

Ce livre est un polar : il y a l'inspectrice Lucia May, les circonstances du drame qui génèrent une enquête, mais c'est plus qu'un simple polar, c'est aussi un véritable constat de l'état de délabrement de l'enseignement en Grande-Bretagne, du racisme, de l'individualisme de la société anglaise et du harcèlement dont les plus faibles sont les victimes : "Rupture est un cri de révolte qui dénonce avec originalité une crise de société tristement contemporaine" (4ème de couverture)

Très habilement écrit, les chapitres alternent entre ceux qui mettent en avant les doutes, les interrogations et les décisions de Lucia May, elle-même en proie au harcèlement d'un collègue particulièrement odieux,  et ceux qui relatent les dépositions des témoins. Ces chapitres rapportent les dires des témoins, bruts, sans interruption ; petit à petit, le lecteur comprend l'espèce de machination ou de silence énorme et assourdissant qui règne sur le collège et sur la société londonienne qui préfère cacher ce qui ne va pas plutôt que de le montrer.

Énervant à plus d'un titre, parce qu'on a très envie d'entrer dans le livre et d'aller dire franchement à certains personnages ce qu'ils sont réellement, des pleutres, des monstres, de véritables beaufs machos, et pour certains des assassins passifs. Elle est gentille Lucia et on meurt d'envie d'aller l'aider lorsqu'elle flanche, et je ne dis pas cela parce que c'est une bombe puisque l'auteur ne la décrit que très peu ; c'est d'ailleurs le personnage important du livre qui est le moins décrit physiquement. Étonnant puisque l'histoire tourne autour d'elle, mais par contre, on en sait pas mal sur son caractère et ses tourments : une enquêtrice qui mériterait de revenir dans d'autres livres de Simon Lelic !

Un bouquin très maîtrisé, qui fonde son suspense sur les relations humaines, et qui est écrit dans un style rapide : phrases courtes allant à l'essentiel (traduction : Christophe Mercier).

Vous aimez les polars qui ont du fond ? Ce livre est donc pour vous !

Je remercie vivement Anne Blondat des éditions Lattès.

Ankya a beaucoup aimé aussi.

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Le pique-nique du crocodile

Publié le par Yv

Le pique-nique du crocodile, Serge Brussolo, Ed. Librairie des Champs-Elysées, 1995

Conan Lord, cambrioleur professionnel est "recruté" par Dexton Colby, citoyen des Etats-Unis pour enquêter sur des disparitions d'enfants ayant lieu depuis des années dans sa famille. La famille Colby est sous le coup d'une malédiction : habitant le marécage des Everglades, elle croit dur comme fer qu'un crocodile fantôme capture et dévore ses enfants âgés de dix ans. "Délire paranoïaque ou machination diabolique ? Il est urgent que quelqu'un se décide à élucider cette énigme avant qu'un autre enfant ne soit victime du "crocodile" mystérieux !" (4ème de couverture)

Second tome des aventures de Conan Lord, célèbre cambrioleur ; le premier tome, que j'ai lu il y a assez longtemps, s'intitule : Conan Lord, Carnets secrets d'un cambrioleur. On y apprend, qu'en fait Conan Lord est un duo formé par Peggy et Tiny. Peggy est une jeune femme de 30 ans, dompteuse de fauves et Tiny, un jeune homme de 28 ans atteint d'une maladie qui a empêché son organisme de grandir : il a la taille et le développement d'un enfant de dix ans, mais le cerveau d'un adulte ; il s'exhibe dans les foires et autres cirques anglais des années 40/50.

Il y a longtemps que je n'avais pas lu de Brussolo et j'ai retrouvé avec joie son imagination débordante, son plaisir évident de nous trimballer dans des lieux propices aux légendes, aux maléfices, aux malédictions et aux sortilèges, bref, à toutes sortes de croyances.

Les Everglades, le climat torride, humide et poisseux, les crocodiles, les habitants tous plus bizarres les uns que les autres, tout est là pour créer une ambiance tendue. Peggy et Tiny, sont présentés par Dexton Colby comme mère et fils et comme lointains cousins anglais. Il s'insèrent dans la maison Colby et commencent leur écoute et leur enquête. Pendant ce temps, les autres convives règlent leurs comptes, s'insultent copieusement, s'envient, se détestent et s'aiment. Tout est là pour faire de ce livre un excellent roman noir.

Si vous ne connaissez pas encore Serge Brussolo, sachez qu'il écrit énormément et pour tous, adultes et jeunesse et dans tous les styles, polars, anticipation, ... A chaque fois que j'ai ouvert l'un de ses livres, j'ai été ravi de l'expérience. J'ai pour le moment une petite préférence pour Dernières lueurs avant la nuit dont je me souviens encore assez nettement bien que ma lecture date de 2000. Il sait parfaitement faire monter l'angoisse chez ses lecteurs. Un auteur français qui à mon avis, mériterait d'être plus connu, qui vaut très largement certains auteurs étrangers, ultra-atlantiquais ou nordiques -et au fil de mes billets, vous avez pu voir que j'aime beaucoup les polars du nord (pas forcément utile que vous relisiez tous mes articles, mais si l'envie vous en prend, je ne peux qu'aller dans votre sens, en plus, ça augmentera mes statistiques de visites !)

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Deux mille kilomètres avec une balle dans le coeur

Publié le par Yv

Deux mille kilomètres avec une balle dans le cœur, David Agrech, Ed. Le masque, 2010

Daniel Ferrey est un petit parieur aux courses. Il "travaille" pour son beau-frère Victor, dont on sent bien qu'il trempe dans des magouilles pas très claires. Mais Daniel non. Lui, il parie petit, gagne petit et s'en contente. Un soir, dans un abribus, il se fait tirer dessus et passe très près de la mort. Au moment de sombrer, la jeune femme photographiée sur l'affiche, dans l'abribus se matérialise et le soutient jusqu'à l'arrivée des secours. Opéré, sorti d'affaire, Daniel veut la retrouver.

Très bonne idée de bouquin, qui commence très bien. L'écriture est simple, alerte et l'histoire se déroule agréablement. Et puis, au bout de la 100ème page, je me suis demandé, d'abord où voulait m'emmener l'auteur et ensuite, si son histoire était vraiment intéressante et tenait la route sur 379 pages ! Terrible à dire, mais la réponse est : "non" ! J'ai eu peine à croire aux rencontres féminines que fait Daniel, aux liens qu'il crée avec ces femmes. J'ai eu la sensation d'une histoire vaine, sans vraiment de développement solide. Daniel se traîne tout au long du livre, n'a pas de personnalité, est falot jusqu'à la caricature. Finalement, je me serais contenté d'un livre de 200 pages -ce qui est déjà bien-, plus ramassé, plus concentré avec des personnages qui agissent plutôt que subissent. Aucun d'entre eux n'est réellement crédible, ce qui pourrait être envisageable dans un livre totalement décalé et hors réalité, mais ce n'est pas le contexte du livre.

La fin et le personnage de Yelena arrivent comme un cheveu dans la soupe. Je n'ai pas su faire le lien entre son histoire et ce que nous avait raconté l'auteur précédemment, mais je dois avouer que j'avais commencé à décrocher un peu avant et que cette irruption ne m'a pas captivé au point de relancer mon intérêt.

Cruelle déception pour ce partenariat B.O.B/Editeur, et ceci, d'autant plus que le livre est couronné du Prix du Roman d'Aventures, que je ne connais pas, certes, mais qui pouvait me promettre un meilleur moment. Ou alors, c'est moi qui suis passé totalement à côté de ce roman, ce qui est tout à fait concevable également.

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Le monde du Douanier Rousseau

Publié le par Yv

Le monde du Douanier Rousseau, Yann le Pichon, CNRS Editions, 2010

Yann le Pichon est historien de l'art, spécialiste de Henri Rousseau (1844-1910). Il est également le légataire universel du peintre. Ce livre est une réédition complétée et rajeunie, dixit l'éditeur. Du Douanier Rousseau, je ne connaissais que les scènes dans la jungle, j'ai pu parfaire ma culture en regardant tout ce qu'il a fait avant et après qui n'a absolument rien à voir. Il a peint des vues de villes, des scènes paysannes, des portraits, des natures mortes. Son oeuvre est beaucoup plus vaste que ce que l'on peut imaginer. Merci à Gilles Paris pour mon enrichissement personnel.

Rousseau, qui doit son surnom de douanier au fait qu'il travaillait à l'Octroi de Paris, est un autodidacte. Il n'a jamais maîtrisé les perpectives ni les volumes ; sa peinture "répète les "défauts" qui ne sont que les revers des médailles des enfants : excès de spontanéité, égocentrisme candide, goût accusé pour l'anecdote, simplification caricaturale des sujets, manque de maîtrise des proportions et des volumes, incapacité à rendre la perspective et la profondeur, abus des contrastes de couleurs, application laborieuse dans les détails ... Comme eux aussi [les enfants], il est mû par le sentiment d'appartenir à la nature même, et d'en être partie prenante." (p.100) Il exposera aux salons des Indépenadnts pendant des années suscitant toujours les mêmes critiques rigolardes et moqueuses d'une grande partie des journalistes ; malgré tout, certains d'entre eux, ainsi que d'autres peintres verront d'un très bon oeil la peinture de Rousseau.

Il est remarqué et fêté sur le tard par la bande du Bateau Lavoir : Picasso, Max Jacob, et surtout Guillaume Apollinaire dont il deviendra l'ami et qu'il peindra en compagnie de sa muse Marie Laurencin.

L'intérêt de ce livre est bien sûr de faire connaître la peinture du Douanier Rousseau, mais aussi de juxtaposer à ses oeuvres, celles dont il s'est inspiré et celles qu'il a inspirées. Ainsi, Yann le Pichon met face aux tableaux de Rousseau, les cartes postales, les gravures qu'il a copiées ou qu'ils l'ont influencé mais aussi les tableaux d'autres peintres très inspirés de ceux de Rousseau. Il est intéressant de voir par exemple, que le célèbre Guernica de Picasso est inspiré d'une toile de Rousseau : La guerre. Elle passe effrayante, laissant partout le désespoir, les pleurs et la ruine (1895), qui elle même est une interprétation d'une gravure de Goya, Los desastres de la guerra (1810).

Un bouquin assez exhaustif de l'oeuvre du peintre Naïf le plus célèbre de nos jours, car de son vivant, il n'a pas vécu de son art, et qui montre que cet homme doux, naïf et crédule (il ira même en prison pour avoir cru aider un jeune homme, qui en fait montait une escroquerie à son insu !) a été "l'un des principaux parrains [de trois grands mouvements de l'art moderne] : le surréalisme, le cubisme et bien entendu, l'art naïf." (note de l'éditeur)

Vous n'avez pas d'idée de cadeau pour les fêtes : en voici une.

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L'hiver des lions

Publié le par Yv

L'hiver des lions, Jan Costin Wagner, Ed. Jacqueline Chambon, 2010

Depuis la mort de sa femme, le commissaire Joentaa passe son temps au travail, notamment la nuit de Noël. Cette nuit, une jeune femme vient déclarer un viol, mais finalement s'en va sans porter plainte. Le lendemain, on retrouve le corps du médecin légiste, puis quelques jours plus tard celui d'un fabricant de mannequins, tous deux tués de la même manière. Un seul lien entre eux : ils ont participé à un talk-show télévisé.

Nouveau venu dans les polars nordiques : Jan Costin Wagner est Allemand, mais vit en Finlande, ses histoires se déroulent donc dans ce froid pays du nord. Son flic, Kimmo Joentaa fait là sa seconde enquête, la première, Le silence, est paraît-il en cours d'adaptation cinématographique.

J-C Wagner reprend ce qui fait le succès des polars froids : les paysages de neige, la lenteur, les moindres pistes suivies qu'elles donnent un résultat ou non. Un peu comme Wallander, Joentaa prend des bribes, des mots ou des attitudes des gens qu'il interroge et des gens qu'il côtoie. Des idées, des images naissent en lui, insaisissables, indicibles, mais palpables. Ensuite, l'intuition, l'écoute approfondie de ceux qui souffrent, tout cela lui permet de replacer toutes les pièces du puzzle, de faire de ces morceaux et de ses sensations une image nette des faits. Il procède donc plus par intuition, parfois en totale opposition à ce que voudraient ses chefs et collègues. " [...] c'est l'empathie du commissaire envers ceux que la perte d'un être cher a rendus inconsolables et qui vivent dans l'obsession de la mort qui va le mettre sur la voie. Rarement un roman policier aura montré un visage aussi humaniste et une si grande délicatesse de sentiments." (4ème de couverture)

Néanmoins, rien de bien nouveau : un flic solitaire, désabusé, qui pratique l'écoute et qui donne la direction de l'enquête. Mais bon, Joentaa n'est pas si solitaire que cela, puisque la jeune femme qui vient déclarer un viol est une personnalité compliquée, qui ne laisse pas insensible le flic, et vice (sans jeu de mots) versa.

Pour qui n'aime pas les polars de Mankell ou Indridason, passez votre chemin, vous n'aimerez pas non plus Wagner !  

Pour qui aime ce genre de littérature, il ne sera pas déçu : la Finlande n'est pas moins un paysage saisissant que la Suède ou l'Islande, Joentaa est un flic attachant ; ses collègues mériteraient de prendre un peu d'ampleur, mais ça viendra peut-être. J'attends la suite !

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Bashung l'Imprudent

Publié le par Yv

Bashung l'Imprudent, Bruno Lesprit et Olivier Nuc, Ed. Don Quichotte, 2010

Les deux auteurs, tous deux journalistes retracent le parcours d'Alain Bashung, mort le 14 mars 2009. Ils parlent de ses disques, de ses débuts dans le métier, de son enfance, entre Boulogne Billancourt et l'Alsace. Comment d'un garçon, plutôt timide et effacé, Bashung a pu réussir à devenir une rock star qui a plongé dans tous les abus dès les débuts de son succès pourtant tardif et chèrement acquis, quasiment sans concession, pour finir en artiste unanimement considéré comme le dernier rockeur français et comme celui qui aura toujours cherché à se renouveler.

Avant de commencer cette biographie, gentiment envoyée par Gilles Paris, j'avais déjà lu celle de Marc Besse consacrée au même Bashung. Je n'apprends rien de bien nouveau, si ce n'est tout de même que les auteurs de ce livre ont le recul important et nécessaire pour ce genre de livre qui manquait un tantinet à Marc Besse. Ils ne sont pas dans une admiration sans borne et  n'hésitent donc pas à parler des côtés négatifs du personnage : sa manière de couper court certaines relations, même si elles ont été productives, ses débordement alcooliques, ...

Le livre est bâti comme une biographie autour des disques du chanteur : ses premiers 45 tours de chanteur yé-yé et puis, très vite ceux beaucoup plus rock'n'roll. La carrière de Bashung peine à décoller et après quelques succès critiques, personne en France ne le connait réellement. Il faut attendre Gaby oh ! Gaby en 1980 pour que tout le monde entende parler de lui. Ce titre d'ailleurs sauvera sa carrière qui aurait pu s'arrêter là sans ce succès. Bis repetita quelques années plus tard avec Vertige de l'amour. Enfin, le véritable Bashung se dessinera avec l'album Novice (1989), mais surtout avec Osez Joséphine (1991). Suivront l'excellent Chatterton, le non moins superbe Fantaisie militaire, puis, L'Imprudence, plus noir, plus dur et le plus consensuel Bleu pétrole.

Le livre est un peu difficile à suivre, beaucoup d'allers/retours entre les époques, j'aurais aimé plus de linéarité. Le propos est parfois confus, mais ce n'est pas un roman et on trouve toujours des anecdotes ou des histoires autour de la fabrication des disques qui plaisent.

Et puis, comme moi, les deux auteurs ont comme albums préférés dans la discographie d'Alain Bashung Fantaisie militaire et L'imprudence, auquel personnellement je rajouterai Chatterton, donc on se retrouve forcément.

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Je m'en vais

Publié le par Yv

Je m'en vais, Jean Echenoz, Editions de Minuit, 1999

Ferrer est galeriste à Paris. Lorsqu'on fait sa connaissance, au début du livre, il dit à Suzanne, sa femme : "Je m'en vais, je te quitte. Je te laisse tout mais je pars." (p.7) On le retrouve ensuite dans sa galerie qui ne marche pas fort, passant de conquête féminine en conquête féminine. Un jour, Delahaye, un homme qui travaille avec lui, l'informe que des objets de grande valeur, rarissimes sont quelque part enfouis dans les glaces du grand nord. Ferrer décide de partir les chercher.

Lorsque j'ai dit cela, on pense que c'est un roman à suspense alors que non. C'est l'histoire d'un homme qui essaie de sortir de l'impasse, qui tente de sauver sa galerie, qui en même temps cherche sans arrêt des femmes dont il ne peut se passer. Pas une grande histoire d'aventures, ni un polar, mais les aventures d'un homme lambda. Ce qui compte, dans ce livre, qui, entre parenthèses, a reçu le Prix Goncourt 1999, c'est le style, l'écriture de Jean Echenoz. Il nous trimballe du début à la fin, il nous impose force détails n'ayant aucune importance pour le déroulement de l'histoire, tous aussi inutiles qu'indispensables pour la qualité et le ton du livre. Par exemple, lorsque Ferrer fait une attaque cardiaque, les pompiers sont appelés :" Les pompiers sont des beaux jeunes hommes calmes, rassurants et musclés, ils sont équipés de tenues bleu marine, d'accessoires en cuir et de mousquetons à leur ceinture. C'est en douceur qu'ils installèrent Ferrer sur une civière, c'est avec précision que la civière s'introduisit dans leur camion." (p.161/162) Le texte est constellé de ces détails qui lui donnent un côté détaché et ironique.

Le livre est écrit à la troisième personne du singulier, Ferrer étant le personnage principal. Parfois, on voit le monde selon Ferrer, mais l'auteur utilise aussi beaucoup le "on", qui s'il déstabilise un peu au départ augmente encore ce que j'appelais plus haut le détachement et l'ironie : on ne sait jamais vraiment si Jean Echenoz a de la sympathie voire de l'empathie pour Ferrer ou s'il se moque de lui. Pour ma part, la moquerie me semble plus présente, c'est du moins de cette manière que j'ai lu ce roman.

Parfois aussi, Jean Echenoz nous prend à témoin, nous lecteurs, par exemple, lorsqu'une jeune femme rejoint Ferrer dans des toilettes "et se mit à vouloir le griffer et le mordre puis, abandonnant toute retenue, le dégrafer tout en s'agenouillant en vue de va savoir quoi, ne fais pas l'innocent, tu sais parfaitement quoi." (p.239) Tellement d'autres écrivains auraient sauté le pas, si je puis m'exprimer ainsi, pour balancer une vulgarité ou pour décrire l'acte, car ça peut faire vendre.

Vous l'aurez compris, j'ai passé un très bon moment avec Ferrer et Jean Echenoz pour ce roman Prix Goncourt 1999 ; Jean Echenoz que j'ai découvert avec Ravel, livre dans lequel il raconte les derniers moments du compositeur,  et dont je compte bien continuer de découvrir l'oeuvre.

 

dialogues croisés

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TAG 15

Publié le par Yv

Tagué par Lystig, je me dois de vous livrer quinze noms d'écrivains :

A tout Seigneur, tout Honneur :

Victor Hugo : pour l'ensemble de son oeuvre

Puis, en vrac sans classement particulier :

Boris Vian : lectures adolescentes et jeune adulte

Pierre Desproges : mon remède anti-morosité

Henning Mankell : Je prends tout Wallander et presque tous les romans sans lui.

Voltaire : ça, c'est pour la frime ! Non, j'aime bien ses contes philosophiques

Eric Pessan : une vraie plume avec de vrais thèmes

Raymond Queneau : le plaisir des mots

Annie Ernaux : l'écriture brute

Andrée Chédid : la poésie

Luis Sepulveda : les belles histoires

Edgar Allan Poe : le mystère

Eric Orsenna : un raconteur d'histoires avec du style

Julien Gracq : une révélation tardive, mais réelle. Une claque styllistique.

Louis-Ferdinand Céline : dans un genre différent une vraie claque styllistique aussi

Ali Bécheur : pareil que pour les précédents, dans un autre genre

En voilà quinze, mais j'aurais pu en mettre tellement d'autres...

Qui veut prend ce Tag !

 

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