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Un juif pour l'exemple

Publié le par Yv

Un juif pour l'exemple, Jacques Chessex, Grasset, 2009
1942, en Suisse, dans la petite ville de Payerne, célèbre pour ses charcuteries  -l'emblème en est un cochon rose et souriant- sévit une petite clique de pro-nazis, emmenés par Fernand Ischi et "coachés" par le pasteur Lugrin. Cette fine équipe veut faire un exemple en tuant un juif local. Une victime expiatoire. Ce sera Arthur Bloch, marchand de bestiaux.
A nouveau tiré d'un fait réel (comme Le vampire de Ropraz), mais cette fois-ci vécu par l'auteur, puisqu'il vivait à Payerne et avait aux alentours de 8 ans. Jacques Chessex reprend les mêmes recettes que pour Le vampire de Ropraz : un style direct, âpre, cru et franc. Tout est dit. Rien n'est épargné au lecteur, pas même les détails les plus sordides. L'atmosphère est lourde, tendue, opaque. Le ton est résolument pessimiste. Le fait est que relater ces fait divers puants et détestables engendre peu la joie et la bonne humeur. La fin du livre m'a un peu moins plu, Chessex invoquant Dieu, lui demandant pardon : ce n'est pas trop mon truc, mais ça ne rend pas moins fort et prenant ce petit livre de 100 pages.
Après la lecture de deux livres de Chessex, je me demande s'il n'est pas quelque peu misanthrope, rigide et coincé par sa religion protestante. Je ressors de ces lectures un  peu abasourdi, mais avec la conviction d'avoir lu deux livres hors du commun. C'est d'ailleurs ce qui est intéressant : à partir de faits divers, Chessex réussit à faire des livres passionnants, là où d'autres ne feraient que de larmoyantes chroniques.

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Le vampire de Ropraz

Publié le par Yv

Le vampire de Ropraz, Jacques Chessex, Grasset, 2007
En 1903, dans le pays de Vaud, trois sépultures sont profanées. Les jeunes filles enterrées sont violées et en partie dévorées. La panique s'empare de toute la région : retour des superstitions, hantise du vampirisme.
A partir d'un fait divers, Jacques Chessex écrit ce très court roman, direct, cru, avec peu de concessions pour  les habitants du Pays de Vaud, leurs croyances, leurs pratiques sexuelles, leur rusticité  ainsi que celle des lieux. Il décrit par le menu les petites mesquineries de chacun, les dénonciations, les peurs et les débordements qu'elles engendrent et finalement, la colère et un certain soulagement lorsqu'un coupable (?) tout désigné est arrêté et qu'il devient le bouc émissaire et le vampire qui arrange tout le monde. Le roman est glauque, noir, très noir, et très pessimiste, mais lorsqu'on l'a commencé on a qu'une seule envie c'est d'arriver au bout et d'en connaître le dénouement. Ce qui se fait relativement vite tellement la lecture en est rapide. Le style de l'auteur et sa façon assez froide et détachée de décrire son petit monde vaudois favorisent aussi cette rapidité. Et puis, il ne fait qu'un tout petit peu plus de 100 pages.

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L'absolue perfection du crime

Publié le par Yv

L'absolue perfection du crime, Tanguy Viel, Ed. de Minuit, 2001
Marin, Andrei, Pierre, c'étaient tous des caïds.
Et dans ce monde de traîtres, leur disait l'oncle, pour que "la famille" survive, il faut frapper toujours plus fort. Alors quand Marin est sorti de prison, lui, le neveu préféré, il a dit : le hold-up du casino, ça nous remettrait à flot.

Voilà pour la quatrième de couverture qui met en appétit, d'abord pour l'histoire et ensuite pour le style de l'auteur.
J'ai beaucoup entendu parler de Tanguy Viel pour son dernier roman Paris-Brest, mais celui-ci n'étant pas disponible à la bibliothèque, j'ai emprunté L'absolue perfection du crime, histoire de me faire une idée de cet écrivain. L'histoire est assez banale, des caïds, un peu paumés, "border line", montent un coup dont on sent bien qu'il ne réussira pas.
Ce qui est fort dans ce livre, c'est le style de l'auteur, mi-parlé-mi-écrit. Des phrases tantôt longues, tantôt très longues traitant de plusieurs thèmes, qui auraient pu être découpées en plusieurs phrases -parfois, au début du livre, on peut s'y perdre-, mais qui donnent un rythme et qui collent parfaitement aux personnages. Elles décrivent tellement bien ces caïds que, malgré ma petite difficulté du départ pour entrer dans le roman -très courte et très surmontable-, j'en suis arrivé à la conclusion, qu'il ne pouvait pas être écrit différemment.
Résultat de mon test de lecture de Tanguy Viel ? Eh bien, très concluant ; un écrivain doué dont je vais m'empresser de lire la production.

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La belle de Joza

Publié le par Yv

La belle de Joza, Kveta Legatova, Ed. Noir sur blanc, 2008
Tchécoslovaquie, pendant la guerre, Eliska, jeune femme médecin promise à un brillant avenir est traquée par la Gestapo. Elle est obligée de s'enfuir en liant son destin à un homme laid et frustre, Joza, qu'elle a remis sur pied. Elle l'épouse, et vit avec lui en Moravie, dans un hameau de montagne, elle, la citadine habituée à une vie intellectuelle et brillante. Pour sauver sa vie, elle renonce provisoirement à ses rêves.
Histoire simple de deux personnes qu'absolument  tout oppose et qui vont devoir vivre ensemble. Déjà écrite et déjà lue pensez-vous ? Et bien , vous avez raison. Seulement, pas de cette manière. Tout le talent de Kveta Legatova réside dans l'écriture de cette histoire toute simple en y mettant une dose de suspense et en faisant de ses personnages, des êtres que l'on a envie de voir évoluer. Ces deux-là vont vivre des moments intenses pendant une période étrangement tranquille compte tenu des événements qui se déroulent à quelques kilomètres seulement. Les montagnes les préservent de la fureur et des tueries qui  finiront par arriver et détruire tout sur leur passage. Une belle découverte que cette auteure de 90 ans cette année, et qui, avec ce livre fait partie de la sélection du prix Inter C-E.

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Les Naufragés de l'île Tromelin

Publié le par Yv

Les Naufragés de l'île Tromelin, Irène frain, Ed. Michel Lafon, 2009
Ce livre est basé sur des faits réels, mis au jour par Max Guérout. En 1761, L'Utile, bateau français, échoue sur un bloc de corail au large de Madagascar. Cette île non répertoriée, toute petite sera un lieu de cohabitation entre les Blancs de l'équipage et les Noirs, esclaves achetés en toute illégalité par le Capitaine Lafargue. Se nourrir, trouver de l'eau et construire un bateau pour s'échapper, Blancs et Noirs y travaillent ensemble. Mais au moment de partir, 57 jours après le naufrage, il n'y a de place sur ce bateau que pour les Blancs. On promet alors de revenir chercher les Noirs très vite. Ce qui sera fait, mais ... quinze ans plus tard ! En 1776, il ne restera que 8 survivants dont un bébé.
Oscillant entre récit et roman -c'est du moins l'impression qu'il donne- ce livre relate donc des faits réels. J'ai mis du temps à entrer dedans (environ 60/70 pages). Ensuite, tout se déroule comme prévu. Pas de surprise, puisque l'on connait l'histoire avant. Je ne sais pas si Irène Frain s'est cantonnée aux faits connus ou si elle a "brodé" dessus. Dans le premier cas, on comprend alors le manque d'épaisseur de beaucoup de personnages, par manque d'information,  et dans le second, on aurait aimé plus de présence, des Noirs notamment et de quelques autres individus décrits succinctement. On suit surtout les pensées, évolutions et l'éveil à l'Humanité des trois personnages principaux : Herga, le médecin et Heraudic, l'écrivain du bateau qui ont écrit chacun une version du naufrage et du sauvetage, et surtout Castellan, le second du bateau ayant pris d'autorité le commandement après le naufrage du bateau et du Capitaine Lafargue.
La lecture n'est pas désagréable, mais pas exaltante non plus. Certes, on a envie d'aller au bout assez vite pour connaître les raisons de l'abandon des esclaves, même si on les pressent aisément. Je garderai une sensation assez forte de l'histoire. De la manière de la raconter, un peu moins. L'auteure survole un peu trop son sujet et le style ne me convient pas même si je concède qu'Irène Frain écrit très bien, classiquement et que son livre peut plaire à bon nombre de lecteurs. Le style qu'elle emploie pour le chapitre concernant le sauvetage des Noirs, plus rapide, avec des phrases plus courtes me sied par contre tout à fait, mais il ne dure qu'un chapitre et tranche avec le reste du livre.

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Histoire de Tönle

Publié le par Yv

Histoire de Tönle, Mario Rigoni Stern, Ed. Verdier poche, 1998
Tönle (prononcer Ténle) est berger, sur le plateau d'Asiago, à la frontière de l'Italie et de l'Autriche-Hongrie. Il est né dans les années 1830/1840. Pour survire, il est contrebandier, mais se fait prendre par les douaniers. Il se défend, s'enfuit. Il est condamné à la prison par contumace et ne peut plus revenir chez lui. Il vit de petits travaux dans divers pays, revient chez lui à la mauvaise saison, en cachette des autorités. Une amnistie, en 1904, lui permet de rentrer officiellement au pays. Et là, il redevient berger, et le reste jusqu'à la fin de sa vie même aux plus forts des batailles de la guerre 14/18.
C'est un petit roman attrayant à plus d'un titre. D'abord Tönle est un personnage fort, romanesque bien que taiseux et pudique. Ensuite, la frontière et la difficulté de vivre dans ses environs, surtout aux moments de conflits est omniprésente : peut-être cela parlera-t-il plus à des Alsaciens qu'à moi qui suis de Bretagne ? Et enfin, ce livre a le mérite de parler de la première guerre mondiale, mais d'un côté que je ne connaissais pas : les Italiens contre les Autrichiens. Dans ce qu'on lit communément chez nous, il est question des tranchées et des combats entre Français et Allemands. Ici, point de tranchées (montagnes obligent !) et point de Français. Un point de vue différent et intéressant. Cependant, malgré la relative modestie du livre (132 pages), il y a des longueurs et notamment les passages décrivant les marches et les balades de Tönle parce que l'auteur cite beaucoup de noms de lieux que je ne connais pas et qu'il est parfois difficile de suivre, d'autant plus que Tönle marche beaucoup et vite ! Mais cet écueil est surmontable et restent les premières impressions dont j'ai parlé plus haut.

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Au gré des îles et des fantasmes

Publié le par Yv

Au gré des îles et des fantasmes, Patricia Chauvin-Glonneau, Ed. Siloë, 2006
Encore un petit recueil de nouvelles et récits courts. Rencontres. Para-normal. Extra-ordinaire. Les personnages ne sont donc pas tous réels, mais l'auteur, d'autres personnages des récits et nous-mêmes parvenons à les voir. Joliment écrites, ces histoires nous entraînent dans un monde un peu parallèle, un peu "normal". De quoi se dépayser.
L'attente : une veuve d'un artiste souhaite le faire renaître.
L'affaire K., dans laquelle un marin fait une rencontre inespérée.
L'île baleine : une île maudite, inhabitée et trois femmes en noir porteuses de mauvaises nouvelles.
La belle dame du pic rouge, ou comment un artiste peut tomber amoureux d'une disparue. Ces deux dernières étant mes préférées.
Il y a aussi trois autres nouvelles.

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Pendant qu'il te regarde tu es la Vierge Marie

Publié le par Yv

Pendant qu'il te regarde tu es la Vierge Marie, Gudrun Eva Minervudottir, Zulma, 2008
Recueil de nouvelles, qui, comme son nom ne l'indique pas, n'a rien de religieux. C'est islandais et ce n'est pas un policier ! Les nouvelles sont courtes. Elles parlent de rencontres, de séparations. L'univers de l'auteure -dont c'est le premier opus traduit et édité en français- est très personnel, onirique, surréaliste, poétique. Les titres des nouvelles sont eux-mêmes originaux : Le bouquet de mariée était plein de pucerons, J'aimerais drôlement savoir à quoi ressemble ta maman, et mon préféré : Parce que je t'ai embrassé ce matin au moment où tu refermais la conscience derrière toi, sans oublier celui qui donne le titre générique du livre. Cet échantillon de titres donne à peu près la teneur du livre. Une belle lecture, dont je suis ressorti en me disant que je n'avais sans doute pas tout compris, mais que ce n'était pas le plus important, tellement l'auteure nous plonge dans son monde à elle. Je ne vous cacherai pas que j'ai choisi ce livre parce que le titre, le nom de l'auteure et l'éditeur m'ont attirés. Bonne pioche !

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Le cadavre dans la voiture rouge

Publié le par Yv

Le cadavre dans la voiture rouge, Olafur Haukur Simonarson, Presses Universitaires de Caen, 1997
Avec un nom pareil, il s'agit bien sûr d'un roman noir islandais.
Jonas, divorcé et chômeur accepte un poste de professeur dans une bourgade du nord de l'Islande, Litla Sand. Il pense s'y refaire une vie paisible. Malheureusement, il tombe dans un tel panier de crabes -bien qu'à Litla Sand, port de pêche, les bateaux rapportent en majorité flétans et morues- que ses espoirs de tranquillité sont vite réduits à néant. Le bourg est tenu par une clique de personnages tous moins recommandables les uns que les autres.
Simonarson a écrit un roman de type roman noir américain des années 50, avec tous les codes y afférents. Le loser, la belle fille, les méchants tenant la ville, ... Tout cela dans un paysage typiquement islandais, avec des noms imprononçables, quarante ans plus tard. Pour qui aime le genre, point de déception. Pour ma part, je ne suis pas un fan absolu de cette littérature -mais je ne déteste pas non plus . J'ai passé un moment de lecture très agréable, mais il m'a manqué ce petit quelque chose de plus. Peut-être l'exotisme lié aux polars nordiques même si le nombre d'enquêteurs venus du froid explose depuis un moment et amoindrit cet aspect ? Ce livre, choisi au hasard parce que le nom de l'auteur et le titre m'attiraient,  reste donc plutôt de bonne facture, mais il n'atteint pas pour moi, ceux d'Indridason ou encore Mankell.

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