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Mort aux cons

Publié le par Yv

Mort aux cons, Carl Aderhold, Le livre de poche, 2009 (Hachette, 2007)

Un homme, un peu par hasard, découvre que supprimer les gens qui le gênent lui donne dans un premier temps une grande satisfaction, puis dans un second temps, l'envie de recommencer. Se faisant la main sur les animaux de son quartier, il passe assez vite aux humains tout en échafaudant une théorie sur les nuisibles, les cons. Une concierge bavarde, allez hop. Un voisin patibulaire qui promène ses chiens qui terrorisent tout le voisinage, un automobiliste qui colle de trop près, un mec qui sait tout sur tout et a un avis sur tout..., hop itou... etc etc

Mort aux cons, la tâche est ardue, digne des travaux d'Hercule et sans doute l'objectif est-il inatteignable. Je me dis que 400 pages ne seront pas de trop pour tenter de résoudre le problème. Les premières sont réjouissantes, le narrateur n'ayant pas encore défini le mot con, ne cherchant qu'à se débarrasser des importuns, des empêcheurs de penser et de vivre comme il l'entend. Puis, un déclic après avoir supprimé un petit chef de service : "Le con, m'écriai-je, voilà l'ennemi ! " (p.153). A noter que Carl Aderhold commencera tous les (petits) chapitres suivants, pendant un douzaine de pages, par un mot débutant par la syllabe "con", histoire de bien enfoncer le clou.

Et puis, plus j'avance, plus je me dis que l'homme est en train d'empiler des cadavres et l'auteur des banalités. Il se répète, ne fait pas avancer la cause de la chasse aux cons. Il est drôle par moments lorsque le narrateur, pur intellectuel qui n'aime ni la campagne, ni les enfants, ni les animaux, ni le travail -ce n'est pas moi qui le blâmerait sur ce dernier point-, écrit un scénario et se retrouve à parler philosophie sur un plateau de tournage de porno. Mais dans l'ensemble, je m'ennuie, ça tourne à vide et je me dis finalement que 400 pages c'est long, très long. Et de me dire que ce mec qui théorise la connerie d'autrui devrait aller faire un tour dans les télés et sur les réseaux dits sociaux -mais ça serait un véritable génocide- avant d'envisager un suicide, parce qu'il faut bien le dire, je le trouve un peu con...

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Le papier peint jaune

Publié le par Yv

Le papier peint jaune, Charlotte Perkins Gilman, Tendance négative, 2020 (traduit par Marine Boutroue et Florian Targa)

Une jeune femme en dépression post-partum est emmenée par son mari médecin, pendant trois mois, dans une maison isolée. Dans cette maison, il lui destine une chambre tout en haut, peu accueillante, barreaux aux fenêtres, plâtre qui tombe et papier peint d'un jaune douteux en partie arraché. C'est là qu'elle va passer ses journées et ses nuits et bientôt les motifs et la couleur du papier lui donnent des hallucinations, font apparaître d'étranges formes.

Écrit en 1892, ce court roman bénéficie d'une nouvelle traduction pour les éditions Tendance Négative. Je dois bien dire que ce qui m'a, de prime abord, attiré c'est l'écrin du texte. Un livre très beau que je n'ai pu qu'à peine feuilleter car il faut en couper les pages. Le texte est au début sur des pages blanches, puis de plus en plus sur des pages illustrées, un papier peint. La mise en page est elle-même très originale : parfois des pages pleines, d'autres très aérées parfois vides... C'est vraiment un bel objet et si vous allez sur le site de l'éditeur (Tendance Négative), vous pourrez voir que tous leurs ouvrages bénéficient d'un traitement particulier et original.

Le texte de Charlotte Perkins Gilman (1860-1935) flirte vers le fantastique tendance Edgar Allan Poe, et parle d'une femme séquestrée par un mari médecin qui ne comprend rien à son état de jeune maman et qui, comme beaucoup à l'époque, savait qu'il suffisait de beaucoup de repos, d'abandon de rêves d'écriture et de recentrage sur les tâches féminines -entendre tâches ménagères et de maman- pour que tout aille mieux. L'autrice a vécu la dépression post-partum et l'incompréhension et a suivi les conseils d'un médecin avant de tout balancer et d'aller mieux. Elle fut une militante et une écrivaine féministe. Ce beau livre et cette nouvelle traduction moderne et facile à lire -ce qui n'est pas toujours le cas des textes de l'époque- lui rendent hommage et la remettent en tête de gondole dans toutes les bonnes librairies.

Un petit extrait que j'aime bien pour finir (la mise en page en moins), une description sommaire du papier peint, la première fois que la jeune femme le voit :

"Il est assez fade pour égarer l’œil qui cherche à le suivre, assez marqué pour constamment irriter et susciter l'étude, et quand on suit les courbes médiocres, incertaines sur une courte distance elles se suicident soudainement s'engouffrent dans des angles révoltants, s'autodétruisent en des contradictions inouïes. La couleur est repoussante, presque révoltante un jaune asphyxié et sale étrangement décoloré par la lente course du soleil. C'est un orange à la fois cireux et criard en certains endroits une teinte corrosive et sulfureuse en d'autres." (p.28/29)

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La paresse

Publié le par Yv

La paresse, Joseph Kessel, Ed. du sonneur, 2013

Très court texte de Joseph Kessel qui, à travers ses expériences tout autour du monde, invoque la paresse qui, à ses yeux est l'une des plus grandes vertus si ce n'est la mère de toutes les vertus.

Ce texte est extrait d'un livre publié en 1929 aux éditions Kra qui s'intitule Les sept péchés capitaux.

Je n'aime pas beaucoup les livres de Joseph Kessel -on risque de me crier dessus-, mais après plusieurs tentatives, je dois me résoudre à cette négation. Oui mais, l'autre jour en cherchant des petits livres dans les rayons de ma librairie préférée, je tombe sur ce titre : La paresse. Inévitable, forcément. Après Paul Lafargue et Le droit à la paresse, je ne peux que me laisser tenter à la paresse de m'allonger ou m'asseoir pour déguster ce petit livre. Et là, je vois le nom de l'auteur et me dis tout de go que c'est un moyen de me faire mentir. Et j'ai raison, car j'ai aimé. Comment n'aurais-je point pu ? "Un mot a raison par lui-même sans que le sens intervienne. Or, quoi de plus séduisant et de plus loyal à la fois que celui de "paresse". Ne le voyez-vous point qui s'étire, avec langueur, mais aussi avec franchise. Comme ses deux syllabes se fondent miraculeusement -la première claire, sonore, la seconde, étouffée, chantante et moelleuse- dans une harmonie où la vigueur et la nonchalance sont aussi précieuses l'une que l'autre !" (p. 9)

La suite est tout aussi bien, avec un tour du monde d'exemples de paresse, bien sûr sur les rivages de l'océan Indien où cela semble aisé, mais aussi dans des zones moins évidentes comme par exemple la boue de Vladivostok. "Nous ne savons plus être paresseux. [...] Pouvoir demeurer étendu des heures sans que la satiété ne vous effleure. Goûter dans le repos du corps l'essentielle des joies. Par l'immobilité vaincre l'éphémère, les contingences, le désir toujours inefficace. Avoir le cerveau si vide ou si riche qu'il ne souffre point de l'inaction." (p.38/39)

En conclusion, soyons paresseux, mais attention, cela demande du travail, au moins celui de lire ce court texte !

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Les diaboliques de Saint-Goustan

Publié le par Yv

Les diaboliques de Saint-Goustan, Jean-Marc Perret, Palémon, 2021

Fin novembre, une femme fuyant des poursuivants fait irruption sur une petite route et est tuée par un automobiliste. Quinze jours plus tôt, Auray, Lina jeune femme, escort-girl se fait agresser au bas de son immeuble. Dans la même ville, trois hommes se rencontrent autour d'un projet commun mystérieux censé mettre en péril l'état français. Il y a le notaire Jean-Pol Forquet, le curé Tersiquel et le colonel Müller. L'adjudant Louis Kerlo reçoit à la gendarmerie un message lui indiquant que ces trois hommes préparent un gros coup. Il veut enquêter mais son supérieur l'en empêche. Malgré cela, il mène en solitaire des investigations.

Nouveau venu chez Palémon, Jean-Marc Perret signe un polar moderne et réaliste qui m'a bien plu. Deux parties assez différentes, la première avec Lina et Louis Kerlo et la seconde avec Marc Renard, enquêteur privé qui entre en scène. Très équilibré, ce roman se suit avec grand plaisir et nous fait entrevoir ce que pourrait être un complot d'envergure nationale pour faire tomber un gouvernement. Je ne cache pas que ça fait un peu flipper puisque c'est somme toute assez réaliste, surtout depuis quelque temps où les paroles se libèrent et montent en violence en agressivité. Certains en font leur fonds de commerce en vue d'une éventuelle présentation aux élections ou pour préparer le terrain à certaine qui deviendra du coup modérée aux yeux et oreilles des électeurs. Beurk...

Pas de temps mort dans le récit de JM Perret qui va de rebondissements en découvertes, qui ne ménage ni ses effets ni ses surprises. Pas mal de personnages qui cachent eux-mêmes des choses, d'autres plus lisibles, tous concourent à faire de ce roman policier, le premier d'une série si j'en juge par le numéro 1 apposé sur la tranche, un bon moment de lecture.

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A l'ombre des saules

Publié le par Yv

A l'ombre des saules, Michel Bouvier, Gilles Guillon, 2021

1900, Marquise, près de Boulogne, Gaston Dewiquet est commissaire et chargé de retrouver un anarchiste en fuite. Ses recherches le mènent à Wierre-Effroy, un village dans lequel un paysan est retrouvé assassiné d'un coup de sa fourche. Dewiquet est certain que c'est son homme l'assassin. Puis lorsqu'une banque est dévalisée, il devine que c'est toujours le même auteur. Se heurtant aux gendarmes et aux paysans locaux, son travail n'est pas aisé, d'autant plus qu'il est également appelé aux fonderies locales pour y rétablir l'ordre, la révolte gronde. Pris entre plusieurs feux, il ne sait plus où donner de la tête.

Troisième roman de Michel Bouvier chez Gilles Guillon, et dans celui-ci, le commissaire Dewiquet, héros de l'un des précédents rencontrera son homologue Riqueval héros de l'autre.

Après un début un peu long très axé sur la place de la religion à l'époque et dans la région, tout cela à travers l'esprit de Gaston Dewiquet qui doute beaucoup et s'inquiète pour son fils adoptif qui semble tourner bigot et un curé pas très franc du collier -moi, l'anticlérical, je suis à la fois agacé qu'encore une fois, la religion tienne une sigrande place dans les romans de Michel Bouvier et ravi de l'angle pris, celui du doute et du questionnement-, le roman démarre enfin et, comme à chaque fois, je me fais cueillir par la belle langue de l'auteur, travaillée, élégante au risque parfois d'en faire un peu trop et de gêner la bonne compréhension de l'histoire, mais cela s'oublie vite, emporté par l'ambiance un rien surannée, le caractère particulier du policier qui doute beaucoup de lui, de ses croyances, de ses méthodes, de son efficacité, de sa place dans le monde de Marquise...

En plus d'une enquête policière c'est l'histoire d'un homme qui tente de comprendre le monde dans lequel il vit qui change au tournant de deux siècles : on commence à parler de révolte ouvrière, de patrons qui optimisent leurs gains, des femmes qui sont encore très soumises à leurs maris mais certaines commencent à revendiquer une place dans la société, de l'église qui perd peu à peu de son poids sur les hommes (tant mieux)...

Bon roman policier et en outre, très belle couverture.

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Le message

Publié le par Yv

Le message, Andrée Chedid, Flammarion, 2000 (J'ai lu, 2002)

Dans un pays en guerre, Marie et Steph qui se connaissent depuis qu'ils ont dix ans vivent une relation faite de séparations et de réconciliation. Car s'ils sont sûrs d'une chose, c'est qu'ils s'aiment et qu'ils ne peuvent vivre l'un sans l'autre.

Leur dernière querelle, un peu vive, les a empêchés de se voir depuis plusieurs jours. Marie a reçu une lettre de Steph qui lui donne rendez vous entre midi et treize heures dans un lieu symbolique pour eux. Passée cette heure, si elle ne vient pas, il saura qu'elle le quitte. Mais Marie est victime sur le chemin d'un franc-tireur et elle s'écroule sur la route, agonisante.

Quel grand texte encore une fois d'Andrée Chedid. C'est beau, fort, puissant, poétique, violent parce que la ville dans laquelle vivent les deux amoureux est violente, quasi vidée de ses habitants qui fuient les combats et les balles. "Pour lui parler, il faut utiliser peu de mots, des mots simples, des mots essentiels, qui vont du cœur au cœur. Des mots qui se glissent, petit à petit, avec leurs consonnes, leurs voyelles dans le corps et la pensée de Marie. Des mots qui deviendront la matière de ce corps, le ferment de cette pensée, des mots à lents parcours qui traverseront le conduit auditif, atteindront la caisse du tympan, percuteront les osselets, ensuite le rocher ; des mots qui se frayeront lentement passage dans le labyrinthe de l'oreille. Des mots aimés, des mots aimants, ressentis, agrippés à l'espérance. Des mots vrais, même s'ils mentent. Des mots forgés d'amour et de promesse, même s'ils simulent. Des mots réels et fictifs. Des mots pour vivre et pour rêver." (p. 81)

Tout le texte de l'autrice est un texte qui glorifie l'amour, qui sait que c'est cela qui pourra sauver les hommes et non pas ce qu'ils produisent de pire : "Depuis l'aube des temps, les violences ne cessent de se chevaucher, la terreur de régner, l'horreur de recouvrir l'horreur. Visages en sang, visages exsangues. Hémorragies d'hommes, de femmes, d'enfants... Qu'importe le lieu ! Partout l'humanité est en cause, et ce sombre cortège n'a pas de fin." (p. 18)

Et Marie s'accroche à cette pensée que Steph va comprendre et venir la rejoindre. Elle ne veut expirer avant de le revoir, s'accroche. Toutes ses pensées vont vers lui. Et lui qui l'attend et ne comprend pas son absence, ses pensées allant vers elle. Et ce couple d'octogénaires qui préfère assister Marie plutôt que de fuir comme tous les autres, emplis d'un amour fort, toujours aussi fort qu'au début.

Un roman formidable, dans une langue tellement belle qu'il est impossible de passer à côté, comme il est impossible de ne pas lire Andrée Chedid en général. Et pour finir, cette phrase en guise d'aphorisme, tirée de la page 111 : "Comment peut-on se prendre au sérieux quand l'existence est si éphémère et qu'elle ne cesse de courir vers sa fin ?"

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Les âmes noires de Saint-Malo

Publié le par Yv

Les âmes noires de Saint-Malo, Hugo Buan, Palémon, 2021

1794, aux pires moments de la Terreur à Saint-Malo, le jeune Louis Hervelin est obligé de se réfugier, ses parents ont été fusillés pour avoir recueilli un prêtre et sa petit sœur a disparu. Dix ans plus tard, sous le Consulat, Louis, devenu le commissaire Darcourt est envoyé à Saint-Malo avec pour mission de restaurer l'ordre et d'espionner des Bretons récalcitrants soupçonnés de vouloir attenter à la vie de Napoléon. A peine arrivé, il est contraint d'enquêter sur la mort d'un homme dont il est très vite convaincu qu'elle est liée à la période de la Terreur. Ses méthodes passent assez mal auprès des autorités locales.

Hugo Buan délaisse quelques temps son commissaire Workan pour se lancer dans le roman historique avec un jeune commissaire promis à un bel avenir littéraire. Tout dans ce premier tome promet des développements passionnants dans les suivants. Je me suis régalé de bout en bout en ne reprenant qu'à peine mon souffle entre les chapitres. La période est propice aux manipulations, aux compromissions, aux jalousies, aux peurs. La Bretagne et particulièrement Saint-Malo et Saint-Sevran et leurs habitants taiseux et besogneux rajoutent une dose de tension, surtout lorsque Louis arrive accompagné de Joseph Tocagombo, mulâtre de l'île Bourbon, son ordonnance pendant la guerre, devenu lui aussi policier, et qu'il commence à fureter partout, à ne pas prendre de gants pour interroger tel ou tel habitant qu'il soit notable ou pas.

Dans le même temps qu'il poursuit son enquête sur l'assassinat, Louis tente de comprendre ce qui a pu se passer dix ans plus tôt pour ses parents et si sa sœur est toujours en vie et si oui, où. Cette partie-là ne sera pas résolue dans ce tome, d'où mon idée que la série va se continuer et j'en suis fort ravi presque impatient. L'écriture de Hugo Buan, moins drôle que dans la série avec Lucien Workan, ne se départit pas totalement de l'humour de l'auteur et reste vive, tout cela donnant un roman policier historique excellent.

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Les morts de la Saint-Jean

Publié le par Yv

Les morts de la Saint-Jean, Henning Mankell, Seuil 2001 (traduit par Anna Gibson)

Juin 1996, la nuit de la Saint-Jean, trois jeunes gens partis dans une clairière faire la fête sont tués. Leurs corps disparaissent, leurs voitures aussi. Seule la maman de l'une des jeunes femmes, inquiète, fait le siège de la police d'Ystad pour que les flics commencent des recherches.

Août 1996, Kalle Svedberg, l'un des flics de l'équipe de Wallander est retrouvé assassiné dans son appartement. C'est la stupéfaction, Svedberg, policier discret ne semblait pas avoir d'ennemis. Bientôt Wallander est persuadé que la mort de son collègue est liée à la disparition des trois jeunes gens, ce qui monterait à quatre le nombre de victimes du terrible tueur qui traîne dans les rues d'Ystad.

Depuis quelques mois, je reprends la série des enquêtes de Wallander dans l'ordre de leur écriture par Henning Mankell. Persuadé que ma relecture serait passionnante, je me trompais sur un point. Ce tome n'est pas une relecture puisque rien, contrairement aux autres ne me disait que je l'avais déjà lu. C'est donc une découverte que cette enquête éprouvante pour Wallander, son équipe et ses lecteurs. Kurt ne va pas bien, sa santé n'est pas au top, il a du mal à se remettre du décès de son père et de sa séparation d'avec Baiba et son rythme de travail, imposé par ces nouveaux meurtres ne va pas lui permettre de prendre soin de lui. Comme toujours, dans les polars d'Henning Mankell, les enquêteurs partent de rien : aucun indice, aucune trace. Ici, juste l'inquiétude d'une mère puis, évidemment, ensuite, l'assassinat de Svedberg. Le travail est harassant, long, souvent ingrat, il ne faut rien négliger, même le plus petit indice qui pourrait être important. Donc les flics contrôlent, recontrôlent, réveillent les témoins, ne dorment que peu, fouillent les vies des moindres personnes en lien avec les victimes. La pression est forte, celle de l'opinion publique, des journalistes et de la hiérarchie. Kurt Wallander n'est pas vraiment diplomate et parfois, la fatigue aidant, ses mots et ses actions le débordent.

Moi qui ne suis pas fan des gros bouquins, j'avale sans rechigner et même avec un plaisir évident les presque 600 pages de ce tome, dans lequel, Henning Mankell, parle de la société qui change à l'approche du nouveau millénaire (écrit en 1996/1997), qui devient plus individualiste, qui paupérise les plus pauvres et enrichit les plus riches, qui voit une nouvelle forme de violence apparaître contre des moyens policiers qui baissent ou qui ne sont plus adaptés. La Suède change, ce pays envié et souvent montré comme modèle ne l'est plus.

Et les héros de Mankell sont très humains : ils évoluent au fil des romans, ils vivent comme vous et moi. Wallander, mon flic de fiction préféré n'est pas un sur-homme, il doute, se décourage, est en proie à des soucis de santé. Il est très seul, n'a quasiment pas d'amis, absorbé par son travail. Comme toujours, bien sûr, il parviendra à trouver le coupable, mais à quel prix ?

Excellent, passionnant !

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