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On demande un cadavre

Publié le par Yv

On demande un cadavre, Frédéric Dard, Fayard, 2006 (1ère publication, aux éditions Jacquier, sous le pseudonyme de Max Beeting)
Deux gangsters étasuniens travaillant pour un mafioso de même nationalité, Alfredo Seruti, doivent déterrer un cadavre fraîchement inhumé dans une paisible petite ville de la campagne côtière anglaise, pour récupérer un papier important pour leur employeur. Le souci est que lorsqu'ils arrivent au cercueil, eh bien, celui-ci est vide. Evaporé le macchabée ! Leur petite enquête les mène vers le sacristain, puis une jeune fille de bonne famille. Toutes leurs investigations semblent les mener sur des fausses pistes.
Roman policier sans San-Antonio, mais avec des truands à la fois maladroits, chanceux, et pas totalement antipathiques. Frédéric Dard joue sur le contraste entre les truands étasuniens et la société anglaise. Le légendaire flegme britannique est confronté à la nonchalance et à la familiarité des mafiosi, le langage policé des autochtones à l'argot nord-américain. Le livre étant largement dialogué, le contraste est saisissant dès les premières pages. Outre ces passages, Frédéric Dard décrit les lieux et les conditions atmosphériques (Royaume-Uni oblige !) dans un style beaucoup plus académique, ce qui prouve, s'il en était besoin qu'il savait aussi faire dans le roman classique.

Dans son défi , Daniel Fattore nous demande de parler de la saveur du langage de l'auteur ; j'en ai parlé un peu, mais étant donné que cette histoire se passe outre Manche, je ne peux comparer cette écriture à la gastronomie locale, loin d'être réputée pour son excellence. Alors dire de l'écriture de Dard qu'elle est bouillie ou à la menthe ne me parait pas significatif ; elle pourrait être étonnante, particulière, originale, singulière, bizarre, déconcertante ou troublante, autant de qualificatifs qui lui siéent à elle... comme à la nourriture anglaise !

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Blacksad

Publié le par Yv

Blacksad, Canales Diaz et Guardino, Dargaud
Blacksad est un chat dans un univers d'animaux. Détective privé, il enquête, dans le premier tome, sur la mort d'une ex-petite amie, dans le second, sur la disparition d'une petite fille et dans le troisième sur le passé d'un vieil ami.
Je n'ai pour le moment, lu que trois tomes, mais je sais qu'il en existe un très récent quatrième. Le dessin est magnifique : la personnalisation des animaux, qui gardent cependant leurs instincts est une réussite. Dans le premier tome, les personnages s'installent et dans le second tome, on sent qu'ils ont bien pris leur place. Dans celui-ci, intitulé Arctic-Nation, Blacksad est confronté au racisme, à la haine et au Ku Klux Klan. Le scénario est classique et efficace. Dans le troisième tome, un peu moins bon, le maccarthysme est le contexte auquel les auteurs ont mélangé la bombe atomique et les relents de la seconde guerre mondiale.
Les albums se déroulent dans les Etats-Unis des années 50/60, dans cette atmosphère à la fois légère pour ceux qui réussissent et tendue pour les laissés pour compte (les noirs notamment, dans le tome deux !). Et finalement, tendue pour tous, parce que malgré leur argent, leur renommée et leur réussite, beaucoup de personnalités ont été inquiétées par la chasse au communisme (tome trois). Une série et un personnage-chat vraiment originaux.
Florinette, entre autres, aime aussi Blacksad.

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Je suis l'ami du neveu de la fille de l'ami intime du fils du voisin de Paul Cézanne

Publié le par Yv

Je suis l'ami du neveu de la fille de l'ami intime du fils du voisin de Paul Cézanne, Serge Valetti, Ed. L'atalante, 2006
D'abord, une explication sur ce titre fabuleux. Le narrateur, enfant, a un ami, Jean. Jean a une tante Théo, celle qui rapporte les histoires sur Paul Cézanne. Théo a un papa, très ami avec un homme, Oscar Palacci. Le papa d'Oscar, prénommé Antonin est le voisin direct de Paul Cézanne. Alors, simple, non ?
Ce livre est un recueil de nouvelles théâtrales. La première qui donne son titre au livre est un monologue. On pourrait résumer ce livre par : De l'art de tourner autour d'une idée simplissime, de n'en rien dire, mais avec talent. Et puis, finalement, aux détours de phrases, l'auteur parle de la montagne Sainte Victoire, des couleurs, le bleu, le jaune, le rouge, de la naissance d'un tableau. Pas si anodin que cela !
La seconde nouvelle est un dialogue absurde de sourd entre André et Andrée qui découvre la mer. La suivante est encore plus ubuesque : un couple entre dans une administration pour demander une autorisation dont on ne sait rien sinon que c'est une autorisation, et se retrouve en butte à l'administration bête et méchante. Dans celle d'après, un enfant explique à son grand-père, le cosmos : très belle nouvelle, qui en outre, pour quelqu'un comme moi qui n'aime ni ne comprend ce thème a le don de remettre très simplement quelques notions de base en tête. La dernière ne m'a pas trop plu, mais c'est la seule du livre.
Très original, absurde, très bien écrit et vraiment réjouissant !

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Spinoza encule Hegel

Publié le par Yv

Spinoza encule Hegel, Jean-Bernard Pouy, Ed. Baleine, 1996
Dans une France post soixante huitarde ravagée, sévissent des gangs qui se font la guerre. Les gangs gauchistes anéantissent les gangs fachos et finissent par se battre entre eux. La Fraction Armée Spinoziste et son chef, Julius Puech, le narrateur, viennent d'être défiés par les Hégéliens. Ensuite, ils aimeraient également se frotter au gang Carlo Ponti mené par un des anciens leurs passé à l'ennemi.
Dans la préface, Jean-Bernard Pouy explique que ce texte n'est que la version papier d'une histoire qu'il racontait à des lycéens lui demandant de leur narrer Mai 68. Assez vite, lassé par la réalité des faits, il enjolive, brode une histoire dans laquelle les gangs évoluent sur un "terrain de jeu assez similaire à celui où devait évoluer Mad Max" (Il précise également que son texte était antérieur à ce film, bien que publié postérieurement).
C'est une lecture très particulière, dans laquelle, les femmes sont très peu présentes. Une écriture directe comme peut le laisser entendre le titre plutôt provocateur et physiquement et chronologiquement inexact, puisque, renseignements pris -merci le Petit Larousse !- Spinoza est mort environ 100 ans avant la naissance de Hegel ! Les morts pleuvent, la violence est omniprésente, mais l'amour et la tendresse sont en alerte, au cas improbable où...
Loin, très loin de ce que je lis habituellement. Un peu difficile d'entrer dans ce livre, de tout saisir au début l'histoire et de savoir où J-B Pouy veut nous emmener ; mais finalement, je ne regrette absolument pas. Petit livre de 140 pages-heureusement quand même, parce que 400 pages de carnage, je n'aurais pas résisté !- direct, franc et rapide autant en rythme qu'en temps passé à le lire. Pouy fait montre d'une imagination et d'une écriture fortes, mais, là je crois ne dire que ce qui est avéré.

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Palestine

Publié le par Yv

Palestine, Hubert Haddad, Ed. Zulma, 2007
Cham, jeune soldat israélien est enlevé par un commando palestinien. Ce commando est lui-même attaqué et détruit. Seul survit Cham, amnésique. Il est conduit chez une veuve aveugle, Asmahane, qui avec l'aide de sa fille Falastin, le fait passer pour son fils disparu et auquel il ressemble, Nessim. Dès lors, Cham-Nessim va vivre et subir "les souffrances et tensions d'une Cisjordanie occupée..."
Je suis comme beaucoup, très loin du conflit israélo-arabe : j'en ai toujours entendu parler dans les médias, à croire pour ma génération qu'il a toujours existé. A force, on n'en connait ni les origines, ni les arcanes. Ce livre ne nous aidera pas à les comprendre : ce n'est pas un traité géo-religio-politique. Dans ce roman, Hubert Haddad nous fait vivre le quotidien des Palestiniens coincés dans leurs villes, par des constructions de colons toutes proches. Ils sont contrôlés, re-contrôlés, subissent brimades et tracasseries, se font arrêter, parfois sans raison apparente, voient leurs maisons réquisitionnées ou détruites pour des motifs fallacieux. De l'autre côté, les Israéliens ne sont pas tous des conquérants et des occupants : certains refusent de servir la cause et deviennent des "refuzniks". Tous sont plutôt victimes, subissent ce qui est décidé. Bien sûr, il y a les extrémistes de tous poils, mais ceux-là, Hubert Haddad n'en parle que très peu.
Je retiens de ce livre, d'abord une grande beauté d'écriture -pas toujours facile- qui décrit des paysages lumineux, qui donnent envie d'aller les voir, de beaux personnages, malgré, pour certains, leurs cicatrices et handicaps suite à des attentats, tirs ou contrôles musclés. Je retiens aussi que cette guerre ne tient finalement pas à grand chose, puisque les Palestiniens et les Israéliens se ressemblent tellement qu'ils peuvent se faire passer les uns pour les autres. Encore une histoire de religion, de territoire et d'héritage sacré. Comme quoi, mal menée, la religion ne mène pas à ce qu'elle devrait : la fraternité et l'amour de l'Homme. Et c'est un athée convaincu et laïc pratiquant qui vous le dit !

Nina aime beaucoup aussi.

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Voulez-vous effacer/archiver ces messages ?

Publié le par Yv

Voulez-vous effacer/archiver ces messages, Fabrice Vigne, Ed. Castells, 2006, distribution : Le fond du tiroir
Neuf nouvelles se présentant comme neuf messages qu'un narrateur (différent à chaque fois) envoie à un lecteur. Un scientifique voulant prouver que les éléments chimiques peuvent avoir des émotions, un gondolier de grande surface dégoûté par sa mise en rayon, deux misanthropes, un sondé par téléphone, deux écrivains en plein questionnements (pléonasme ?) et un jeune homme-tombeur-rémunéré de ces demoiselles-futures-dames. Neuf nouvelles écrites sur une période de neuf ans.
C'est toujours un peu difficile pour moi de commenter un recueil de nouvelles : elles sont souvent inégales, on en aime certaines et d'autres pas (ou moins). Ici, j'aime plutôt bien toutes les nouvelles avec des préférences, bien sûr, notamment pour les deux dernières.

D'abord, Lorsque je m'appelais Jean  : le jeune tombeur rémunéré, qui part un peu comme une farce et se révèle être une très belle histoire dans laquelle un homme se met à nu -par lettre interposée- devant sa compagne.

Ensuite, Le produit de ses fouilles : un écrivain de retour dans sa ville natale pour un congrès se retrouve seul dans une chambre d'hôtel en plein questionnement sur sa vie d'adolescent et d'adulte. 

Trois autres nouvelles La mélancolie du sucre, "Histoire à double mélange sur la perception et le style des écris anonymes" (peut-être l'avant Échoppe enténébrée ?) et Éphéméride sous les marronniers sont très décalées voire loufoques et drôles. 
Ce ne sont pas des nouvelles avec chutes : ce sont de petites histoires, comme de petits romans. Si elles sont drôles, c'est plus l'écriture et les personnages que les situations qui le veulent. Fabrice Vigne a une belle plume qui décrit des gens normaux -ou presque ! Il est doué aussi pour partir dans des situations moins classiques. Et il est malin cet auteur, qui dans ses nouvelles, place des détails a priori insignifiants, mais que l'on retrouve tout au long des pages, prenant de l'importance et permettant une meilleure compréhension.
Les éditions Castells n'existent plus, mais Le fond du tiroir distribue le livre.

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Mon frère et son frère

Publié le par Yv

Mon frère et son frère, Hakan Lindquist, Gaïa, 2001
Jonas est fils unique. Cependant, il a eu un frère, décédé accidentellement à quinze ans, un an et demi avant la naissance de Jonas, et prénommé Paul. Paul survit à la maison, grâce à des photos, mais ses parents en parlent très peu. Jonas se pose beaucoup de questions sur ce frère et décide, à l'âge de treize ans de se lancer dans une véritable enquête pour découvrir qui était Paul et connaître le déroulement des derniers jours de sa vie.
Hakan Lindquist traite son histoire et ses personnages avec une écriture simple, sobre. La découverte de soi-même, l'adolescence, les doutes et questionnements, tout y est traité directement. Franchement, sans tabou, l'auteur aborde les thèmes de la mort et de l'homosexualité. "Un très beau texte accessible à un large public, y compris aux adolescents" (4ème de couverture). Le livre est écrit comme une véritable enquête policière. Certes, ce n'est pas un polar avec meurtres et policiers, mais l'auteur a su entretenir un climat de suspense qui tient jusqu'au bout.
Hakan Lindquist, comme son nom l'indique est né en Suède en 1958 : ce livre a été écrit en 1993, et traduit en 2001.

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Nueva Königsberg (bis)

Publié le par Yv

Nueva Königsberg, Paul Vacca


J'ai déjà écrit un article sur ce livre que j'ai trouvé formidable. Paul Vacca, l'auteur, y décrit le séjour du désormais très célèbre philosophe Jean-Baptiste Botul -créé par Frédéric Pagès et immortalisé par Bernard-Henri Levy, à son insu- au Paraguay pour y donner ses conférences sur la vie sexuelle de Kant .
Collant au plus près à l'actualité, espérant ainsi un maximum de passages et de commentaires pour exploser mes statistiques bloguesques, je me permets aujourd'hui quelques petites réflexions :
- d'abord, vous pouvez relire -ou lire- mon article sur Nueva Königsberg. Merci !
- ensuite, bien qu'inculte en philosophie, mais un minimum curieux, je m'étais renseigné avant et pendant ma lecture sur les messieurs Botul et Kant. Une analyse un peu détaillée permet de se faire assez vite une idée du personnage, notamment grâce aux titres de ses livres : Landru : précurseur du féminisme, entre autres.
- enfin, je conclurai sur une citation de l'excellent Régis Mailhot, chroniqueur au fou du roi sur France Inter : "BHL a écrit un livre sur un philosophe qui n'a jamais, jamais existé, eh bien en termes littéraires, ça s'appelle une autobiographie !"

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La centrale

Publié le par Yv

La centrale, Elisabeth Filhol, P.O.L, 2010
De missions intérimaires, en missions intérimaires, le narrateur nous plonge dans le travail au sein des centrales nucléaires françaises.
C'est un roman étonnant. Par le thème d'abord : la centrale nucléaire et son environnement -non, pas l'écologie ! L'environnement humain plutôt ! Peu de technique nous est épargnée et c'est là que j'ai un peu décroché : la fission, l'explication de Tchernobyl et toutes les manipulations des uns et des autres ne m'ont pas plu.
Par contre, tout ce qui concerne le questionnement des employés sur le fait d'aller bosser dans ces centrales dangereuses, dans des conditions pas toujours enviables est vraiment bien rendu.
Par le style ensuite : Elisabeth Filhol fait preuve d'une belle écriture : elle use de phrases très longues dans certains chapitres, de phrases très courtes dans d'autres. Elle alterne brillamment. Cela donne des rythmes différents, un vrai intérêt, plus que l'intrigue elle-même.
Pour résumer : je n'ai pas  aimé le thème  du livre, mais par contre, j'en ai vraiment apprécié le style. Heureusement d'ailleurs, parce que sans cela, j'aurais reposé le livre avant la fin. Auteure qui écrit là son premier roman, mais qui j'espère en écrira d'autres que j'ouvrirai avec grand intérêt.

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