Et revoilà JP Nataf avec son dernier album intitulé Clair. Alors pour qui ne connait pas ce chanteur, je rappelle qu'il était le chanteur du groupe Les Innocents, très connus dans les années 90.
Entendu plusieurs fois, notamment sur FIP ou Inter, j'ai emprunté le CD à la Bibliothèque Municipale et bien m'en a pris. Très belles mélodies, une voix douce et très agréable, des textes pas toujours très accessibles à des terre-à-terre comme moi, mais il s'en dégage une jolie poésie. De la nostalgie, un peu de mélancolie, dues peut-être aux mélodies et à la voix du chanteur. C'est un album doux que l'on écoute ou paisiblement ou fort : les deux idées sont à essayer et passent bien.
J'aime les douze chansons, il m'est donc difficile de choisir un titre en écoute. Néanmoins, j'avoue une petite préférence pour Après toi, que voici, que voilà, suivie de près par Seul Alone, une longue chanson de près de dix minutes. (Je suis prêt à tout pour vous retenir longtemps sur mon blog ! Pendant que vous êtes à écouter cette chanson n'hésitez pas, visitez !)
La malédiction du Lamantin, Moussa Konaté, Fayard, 2009
La communauté des Bozos, peuple d'Afrique vivant principalement au Mali, est en émoi : leur Dieu protecteur, le Lamantin, génie du fleuve veut se venger. Et en effet, le chef des Bozos et sa femme meurent lors d'un orage terrible qui arrose et inonde Bamako. Les villageois voient dans ces éléments déchaînés et dans les morts la patte divine de Maa, le Lamantin. Pour eux, ces morts sont surnaturelles. Le commissaire Habib et son adjoint Sosso, eux, n'y croient pas, mais leur enquête est bien perturbée par les croyances et le pouvoir des sages de l'éthnie Bozo.
Après L'empreinte du renard, livre dans lequel les deux policiers enquêtaient dans la communauté dogon, les voici donc confrontés cette fois-ci à la tribu Bozo, à ses fortes croyances ancestrales, mâtinées d'Islam, puisqu'elle est en majorité musulmane. Le meurtre, puisque c'est bien de cela dont il s'agit, est déroutant, très empreint de certains rites bozos. Habib et Sosso vont avoir du mal à enquêter sereinement tellement l'influence des communautés est forte dans ce pays.
Fidèle à son précédent polar, Moussa Konaté nous plonge directement au coeur du Mali : on y apprend énormément de choses sur ce pays, sur les éthnies qui le composent, sur la difficulté de bien vivre ensemble en acceptant les pratiques et croyances des autres. La difficulté aussi pour un commissaire local, formé à l'école des blancs de se faire respecter totalement. Oh, certes, le commissaire Habib est connu honorablement et son travail est salué, dès lors qu'il ne gène pas les combines et arrangements locaux, ni même les us et coutumes du coin.
L'intrigue est crédible et tient la route, mais encore une fois, comme dans le roman précédent, le contexte est formidablement plus intéressant ; Le Mali et les peuples qui le composent donnent une densité au roman, aux personnages. C'est loin, très loin des polars européens ou américains, et c'est tant mieux. Une vraie bouffée d'air orageux, chaud et humide. Un peu de poussière des pistes en plus.
Le parapluie de Saint Pierre, Kalman Mikszath, Ed. Viviane Hamy, 1994 (réédition 2007)
Kalman Mikszakh est un auteur, journaliste et homme politique hongrois, né en 1847 et mort en 1910. Ce livre est donc paru fin 19ème début 20ème. Traduit en français seulement en 1994, l'auteur est un quasi inconnu chez nous alors qu'il est très populaire en Hongrie, d'après l'éditeur.
"Mais qu'est-ce donc que ce parapluie miraculeux qui sauve une orpheline de la pleurésie, qui réveille un mort, garde un curé de la ruine, un village de l'abandon, un vieux garçon du célibat ? Tout simplement le trésor de Glogova -un village du fin fond de la province hongroise qui semblait quitté de tous et de Dieu même- la relique que saint Pierre a envoyée aux Glogovains pour les sortir du désespoir et les préserver de la misère." (4ème de couverture)
Passé un temps d'adaptation à l'écriture du 19ème -il y a longtemps que je n'ai pas lu de livres de cette époque-, aux noms des personnages et des lieux encore plus imprononçables que ceux des polars nordiques -c'est peu dire !- l'histoire se révèle plaisante, et drôle. A partir d'un fait improbable : un parapluie miraculeux vénéré et déifié par toute une population, l'auteur construit un conte malicieux. Il brosse des portraits des bourgeois, des paysans, des curés, des riches, des pauvres. Certains, les nantis surtout, en prennent pour leur grade, entre opportunisme, attrait pour le gain facile (si possible au détriment des autres), accès aux charges les plus enviables -tiens, tiens, tiens, ça me rappelle quelques personnes dont on parle assidûment en ce moment, entre cigares gratuits, appartement(s) de fonction, salaires à peine mérités pour des travaux même pas utiles, conflits d'intérêts entre mari et femme ; ça ne vous dis rien ?
Bon passons donc sur le côté, malheureusement toujours actuel de la description des dirigeants, pour nous intéresser à l'écriture du livre. Le style est un peu daté certes, mais K. Mikszath use d'une langue facile, directe ; il glisse énormément d'humour, d'ironie dans ses propos ce qui rend cette lecture vraiment très joyeuse. On pourra trouver ça et là quelques saillies un rien misogynes, et quelques autres reprenant des lieux communs sur les juifs (attirés par l'argent, qui réussissent dans le commerce), pas vraiment antisémites mais rien de bien étonnant ou de grave pour l'époque. Un petit extrait qui m'a fait gentiment sourire : "Il s'était déshabillé, couché, mais ne s'endormait pas. Son déshabillage (soyez sans crainte) ne sera pas détaillé, car c'est une opération scandaleuse selon les critères humains. Pourquoi ? Allez savoir ! C'est laid, par conséquent indescriptible. Le déshabillage féminin a de la poésie ; s'il est bien décrit, le lecteur hume le doux parfum enivrant du corps féminin au lieu de l'odeur de l'encre d'imprimerie. Mais le déshabillage d'un homme, pouah ! je n'oserais même pas le mentionner. On peut écrire une ode à une jupe, voire un dithyrambe, en revanche le seul mot de pantalon est "innommable". Pourquoi ? Dieu seul le sait. Quest-ce-que ça prouve ? Que l'homme est moins esthétique que la femme ? Cela ne prouve probablement rien d'autre que le fait que celui qui a inventé le convenable et l'inconvenant était un âne bâté"
Ce conte bénéficie en plus d'un petit brin de suspense et le tour est joué, le lecteur auquel l'auteur s'adresse parfois personnellement est ferré et ne peut plus qu'aller au bout de cette histoire que je recommande à tous.
Les éditions Elyzad, basées à Tunis, ont aussi une collection poche (livres plus abordables, 8.50€). De belles jaquettes, comme celle-ci ou d'autres à voir sur leur site, ici, des objets-livres de belle qualité et pour la collection poche un petit format très pratique. Un éditeur avec un catalogue riche à découvrir.
Venons-en maintenant au sujet du livre.
Salim est un jeune garçon vivant dans un village reculé d'Algérie, au début des années 50. Son avenir, probablement paysan ou gardien de chèvres. Mais Salim, qui va à l'école française est un élève particulièrement brillant. Un an d'avance, il rejoint en classe son frère Elgoum, qui lui a un an de retard. Il "s'éveille aux autres, à ses désirs, ses révoltes, à ce déchirement qui le gagne inexorablement." (4ème de couverture) Le livre débute dans les années 50 et se finit au lendemain de l'Indépendance de l'Algérie, le 19 mars 1962. Salim nous livre les journées d'un jeune garçon, puis d'un jeune homme pendant les "zévénements".
C'est donc un roman d'apprentissage d'un garçon dans un pays en guerre. Guerre évidemment omniprésente, mais vue d'abord par les yeux de ce jeune garçon grandissant s'ouvrant à la vie de son pays. Puis, la vision des événements varie au fur et à mesure que Salim grandit et qu'il prend conscience des injustices et des inégalités entre Arabes et Français. Là-bas, à cette époque, même le plus pauvre des Français est plus riche que l'énorme majorité des Arabes.
Salim est tiraillé entre les maquisards qui défendent l'indépendance et son attirance pour Françoise, fille d'un capitaine de l'armée française, qui l'a subjugué, notamment par son regard bleu : "Je n'aurais jamais dû lever la tête. Je n'aurais pas reçu de plein fouet la charge magnétique de son regard. Déjà je ne parviens plus à me détacher de ses yeux, deux immenses lacs bleus où miroite la lueur espiègle du sourire" (p.15/16)
Je crains toujours d'entamer un roman dans lequel le narrateur est un enfant, parce que l'auteur peut parfois céder à la facilité de langage et d'analyse des situations. Djilali Bencheikh évite les deux écueils : son livre est très bien écrit, émaillé de mots algériens ou de mots français orthographiés à la diction algérienne de paysans reculés, ("zévénements" pour les événements "coolidge" pour le collège, "la péro" pour... allez, je vous laisse deviner et si vous gagnez, j'en prends un à votre santé, ...). Le texte est souvent drôle, touchant et sensible, à la fois gai et grave.
D. Bencheikh n'est pas manichéen : les bons Arabes et les mauvais Français. Je lui en sais gré, parce que, comme pour beaucoup de quarantenaires, mon papa a fait cette guerre d'Algérie et je suis persuadé qu'il ne s'est pas laissé aller à des exactions, des viols ou des meurtres gratuits ; il a d'ailleurs appris a aimer ce pays et ses habitants pendant l'année qu'il a passée vers Oran. Certes, on sent que l'auteur a une opinion et des souvenirs de cette époque (il est né dans les années 40), mais il sait nous faire partager les doutes et les tiraillements qui ont dû être les siens et ceux de nombreux autres Algériens pendant cette période. A une époque où l'on commémore "notre appel à la Résistance", celui du 18 juin 1940, c'est une bonne idée d'aller dans un autre pays, qui quelques années après le nôtre a résisté à l'envahisseur, tout aussi peu enclin à partir.
Ce livre a reçu le Prix Maghreb 2007 de l'Association des Écrivains de langue française.
Un très amical merci à Elisabeth Daldoul des éditions Elyzad.
Hiver, Mons Kallentoft, Ed. Le serpent à plumes, 2009
Cette année, l'hiver est rude en Suède. L'un des pires connus en ce pays. Un matin, les policiers d'une petite ville découvrent le cadavre d'un gros homme, nu, gelé et pendu à un arbre, dans une forêt. Est-ce un meurtre, un suicide ? L'identification du cadavre demande du temps, l'enquête piétine, puis, part dans diverses directions : meurtre rituel, vengeance, crime gratuit ? Malin Fors, commissaire à la brigade criminelle, et ses collègues s'embarquent pour de longues investigations.
Nouveau polar venu du froid. Et pour moi arrivé par la poste, puisque Lystig en a fait un livre voyageur. Le froid est ici un élément incontournable du livre : tout le temps de l'enquête, les rues, la forêt sont gelées, les températures frisant le - 34° la nuit. Aucun moyen de se réchauffer au dehors. Le froid gèle aussi le temps : les jours, les heures et les minutes. A l'instar d'un Kurt Wallander, chez Mankell, l'enquête est lente, toutes les pistes sont étudiées, même celles qui finalement ne mènent à rien. On sent d'ailleurs l'influence de Mankell chez Kallentoft. Peut-être un peu trop, mais je ne boude pas le plaisir que j'ai pris, d'une part à suivre les recherches de Malin Fors et d'autre part à la voir évoluer dans sa vie privée, seule avec sa fille adolescente et pas forcément adaptée à la vie en société. Un point commun supplémentaire est la qualité et la complexité de tous les personnages : les suspects, comme "l'héroïne" Malin Fors, son entourage et ses collègues sont très présents et finement décrits.
Le livre est un peu déroutant au départ, parce qu'un personnage soliloque en aparté, s'adresse à Malin, et l'on comprend assez vite qu'il s'agit du mort qui lui parle d'un "au-delà". Bien sûr, elle ne l'entend pas, mais régulièrement, il revient donner son avis. Et puis, parfois, des paragraphes qu'on ne sait pas toujours à qui attribuer s'intercalent, des réflexions personnelles, des rêves, ... Une fois habitué à cette narration particulière, le récit est aisé, limpide. L'enquête se suit facilement ; le dénouement et l'explication interviennent assez brutalement, n'étonnent pas et sont très crédibles.
J'ai cru comprendre que Mons Kallentoft allait décliner toutes les saisons, les trois qui restent sont a priori plus accueillantes. Mais, si l'hiver donne une densité au récit, qu'en sera-t-il de l'été (déjà publié), de l'automne et de l'hiver ?
"Mon corps est un carcan : je suis prisonnier d'une gangue de chairs et d'os. Je bataille pour marcher, pour parler, pour écrire, pour mouvoir des muscles qui m'écharpent à chaque moment." Guillaume de Fonclare est atteint d'une maladie orpheline, dégénérative, qui le prive peu à peu de l'usage de ses membres et lui provoque des douleurs sans nom. Depuis 2006, il est le directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne, dans la Somme.
Ce livre est un récit. Le récit de ses douleurs, de ses pensées, de ses craintes quant à son devenir et à la progression de la maladie. Il est aussi un message d'amour à ses amis, sa femme et ses enfants, ses collègues. Guillaume de Fonclare écrit aussi sur les hommes qui sont tombés pendant la guerre de 14/18. Il dit comment le fait de parler d'eux, de s'occuper d'eux et de leur histoire lui apporte du réconfort.
C'est un témoignage fort et bouleversant parce que le lecteur est dans la tête de la personne qui se voit diminuer physiquement petit à petit. Les mots sont directs, choisis et francs.
Cependant, malgré les énormes qualités de ce texte, je suis resté un peu sur ma faim. Je n'ai pas compris -et c'est sans doute ma faute- le besoin de se référer sans arrêt aux morts de 14/18. Ou, pour être franc, je l'ai bien compris, mais je trouve que Guillaume de Fonclare insiste beaucoup trop, au point que je décroche au passage. J'aurais aimé un texte encore plus ramassé qui aurait, pour moi, gagné en puissance et en force.
J'ai longuement hésité avant de proposer mon billet un peu négatif sur ce livre, tellement ce que j'ai lu de la critique était bon, voire excellent. Mais ce qui me retenait surtout, c'est bien sûr l'état de santé de l'auteur, sa souffrance et sa situation physique. C'était même la raison principale, parce qu'être à rebours des opinions, des avis et des critiques, non seulement ne m'effraie pas, mais au contraire me fait doucement sourire et me plait assez. Et puis, je me suis dit : "aurais-je hésité avec le même genre de livre écrit par un "valide" ? La réponse étant bien sûr négative, je me suis attablé devant le clavier et me suis lancé dans l'écriture de ma chronique. Repensant à mes hésitations, je suis même un peu honteux de les avoir eues.
M. de Fonclare, je suis doublement désolé. D'abord, d'avoir eu ne-serait-ce-que l'idée de ne pas publier cet article, en tenant seulement compte votre maladie, alors, que vous dites si bien dans votre livre combien le regard et l'attitude des gens envers vous sont importants, et que vous appréciez les rares personnes qui ne changent rien à leur façon de vous parler ou d'être avec vous. Ensuite de ne pas avoir totalement adhéré à vos propos. Mais je suis ravi d'avoir raison retrouvée et de publier ici mon avis libre et sincère.
"Été 1816. La frégate La Méduse s'échoue au large des côtes africaines. Sur les cent quarante-sept passagers qui vont alors dériver sur un radeau de fortune, seuls quinze survivront à ce véritable enfer" (4ème de couverture). Géricault en tirera son célèbre tableau : Le radeau de la Méduse. L'un des survivants est recueilli par une tribu africaine et fait une découverte qui pourrait changer le cours du monde. "De retour en France, devenu éditeur au Palais Royal, il couche son secret sur un manuscrit qu'il fait disparaître, puis publie le récit du naufrage." (4ème de couverture)
De nos jours. Un sous-marin nucléaire français disparait de tous les écrans. Un groupe terroriste, baptisé Jéricho revendique l'acte et menace la France. Dans le même temps, un gang de saucissonneur de banquiers et un tueur psychopathe agissent à Paris. Le lieutenant Lazare se retrouve à la recherche du tueur.
Autant le dire tout de suite, ça commence mal : les deux premiers chapitres -très courts- sont obtus et je me suis demandé sur quel livre mal ficelé et accrocheur j'étais tombé. Et puis, la suite dément mes propos précédents. Le complot, la traque, le rythme et le suspense se mettent en place doucement mais sûrement. Ensuite, difficile de décrocher. Je me suis longtemps demandé comment l'auteur allait réussir à relier toutes les histoires ensemble, mais tout colle parfaitement. Josef Ladik met en scène un tueur psychopathe, des flics, des terroristes, des barbouzes et des mercenaires, sans que jamais l'on soit perdu entre eux tous. En outre, il inclut le journal d'Alexandre Corréard, un survivant du naufrage de La Méduse et découvreur du fameux secret, ajoutant ainsi une note historique et un brin fantastique dans cette histoire.
Un seul personnage, Alexandra, une "traqueuse" (explication dans le livre) ne m'a pas vraiment convaincu, mais le reste est crédible. Hormis l'histoire elle-même, j'en suis à me demander ce qui est de l'ordre de la fiction ou du réel. Quelles sont les organisations gouvernementales, les fonctions des personnages qui existent vraiment ? C'est assez troublant de se dire que tout ce qu'a décrit l'auteur est vraisemblable. Ca peut même faire froid dans le dos. Josef Ladik exerce sous sa véritable identité la profession de juge d'instruction ; qu'a-t-il tiré de son expérience professionnelle ? Qu'a-t-il inventé ?
Toujours est-il qu'après un début bien peu prometteur, eh bien, je me suis laissé happé par cette histoire et par cette ambiance "terroristo-espionno-policio-thrilleuse".
Quant à "réfléchir sur des questions philosophiques ou sociales" (4ème de couverture), j'avoue l'avoir totalement omis, pressé que j'étais par l'envie de connaître le dénouement.
Ce matin, les enfants à l'école, madame qui se repose pour cause de travail de nuit, je dispose d'un peu de temps. Alors, j'allume l'ordinateur, je vais sur over-blog, et puis, je lis les commentaires et j'y réponds. Suis allé visiter d'autres blogs, et l'envie m'a tenaillé, soudainement, d'aller voir les statistiques du mien ; envie que je n'ai que très rarement. Mais qu'est-ce-qui m'a pris, bon sang ?
Je vous passe les détails du nombre de visiteurs et de pages vues, de peur de vous faire pleurer de jalousie ou de rire (bon d'accord, surtout de rire, si je compare le nombre de commentaires que je peux avoir par rapport à d'autres blogueuses(eurs)).
Je tombe donc, par hasard, sur la page intitulée : "mot-clef", qui, si j'ai bien compris me désigne les mots-clefs qu'ont tapés les internautes pour arriver jusque chez moi. Et là, surprise, je peux lire : "funk française" : alors, certes, j'ai brièvement parlé de l'album d'Arthur H, en citant ces deux termes dans mon court article, mais de là à pouvoir arriver jusque sur mon blog en ayant tapé ces deux mots, j'en suis tout ébahi.
Mais, attendez, ne partez pas tout de suite, parce que bien sûr le meilleur est à suivre. Mais avant que ce meilleur n'arrive, je vous fais part d'une autre requête permettant aux internautes de lire mon blog : "image de malade psychiatriques" (la faute d'orthographe est authentique et pas de mon fait, mais ma rigueur éditorialiste m'empêche de la corriger même s'il m'en coûte). Alors là, je donne ma langue au chat (à celui de Geluck bien sûr, puisque mon article consacré à cet illustre félin est toujours le plus demandé, sous toutes ses formes: "le chat", "le chat geluck", "chat", "geluck le chat", ... et je passe toutes les combinaisons possibles). Pas souvenance d'avoir publié des photos de malades psychiatriques ou pas.
Bon alors, et si je revenais à ce que j'ai appelé le meilleur, au lieu de vous faire languir, parce que je sais, que vous vous languissez ; si, si , dites-le moi, s'il vous plait, que vous vous languissez, ça me fera plaisir. Pleaeaease*.
Bon, puisque vous insistez et que vous venez gentiment de me dire, sans aucune contrainte ni demande expresse de qui que ce soit, que vous vous languissiez, je me dois de vous indiquer la meilleure requête amenant vers mon blog : "faire l'amour debout". Et, oui, vous lisez bien, "faire l'amour debout". Bon, là, maintenant, c'est bon, si j'ai droit à des commentaires salaces ou déplacés, ou des requêtes étonnantes, je l'aurais bien cherché. On n'a pas idée d'écrire deux fois : "faire l'amour debout". Trois fois ? Comment cela trois fois ? Ah oui ?
Que M. Google, puisque le lien vient par lui, m'explique comment en tapant ces quatre mots, on peut arriver sur mes pages. Il ne me semble pas avoir écrit, avant cet article "hot"*, de billets explicitement ou implicitement sexuels. Moi, un garçon propre sur lui, père de famille de surcroit, président de la fédération de parents d'élèves du collège de mon fils, éduqué dans les principes chrétiens de mes parents -qui m'ont fui depuis, ou que j'ai fuis. Pas les parents, mais les principes et les croyances religieuses-, comment ai-je pu en arriver là ? Ecrire des articles cochons sur un blog ! S'il te plait, maman, ne lis pas cet article !
Marc Lecas est un homme d'une soixantaine d'années qui mène une double vie. D'un côté, il est marié-divorcé-remarié, a des amis. De l'autre côté, il n'aspire qu'à une seule chose : devenir transparent, insignifiant, quelqu'un que personne ne voit et dont personne ne se souvient. Marc tend vers un véritable suicide social. Un jour cependant, sur un coup de tête, il demande à sa fille Anne, internée en psychiatrie, si elle veut partir avec lui. Et les voilà donc tous les deux partis sur les routes, avec Boudu, le chat amorphe, sorte d'image féline de ce que voudrait devenir Marc. Mais Anne est une forte fille, au caractère très tranché et au comportement imprévisible, et la vie à deux devient vite difficile.
Ultime livre de Pascal Garnier, décédé le 5 mars dernier. Différent tout en gardant la même trame : des êtres "normaux" qui se rencontrent ou qui vivent ensemble jusqu'à une explosion ou un effondrement. On sent bien qu'à continuer leur périple, Marc et Anne vont droit dans le mur, mais on sait aussi qu'ils en sont conscients et que rien ne les détournera de ce mur.
J'aime la description du suicide social de Marc, sa descente vers l'absence de personnalité. On a tous -enfin, j'imagine, rassurez-moi, on a bien tous ?- des moments ou l'on décroche totalement de ce qui se passe autour de nous, où l'on se pose des questions existentielles (A quoi bon tout cela ? Qui'est-ce que je vais faire chez ces gens ? Pourquoi se donner tant de mal ? ...). Eh bien, Marc c'est cela, mais porté au paroxysme. Certaines scènes de régression, en début de livre (par exemple, Marc à quatre pattes à scruter le tapis avec une loupe) sont irrésistibles, non pas de rire, mais de décalage et de sensibilité.
J'ai croisé dans mes lectures des personnages sans personnalité, mais c'est la première fois que je lis que l'un d'entre eux veut perdre sa personnalité pour devenir anonyme pour tous. Cela va à contresens de la société qui veut au contraire que chacun puisse avoir son quart d'heure de célébrité. Encore une fois Pascal Garnier fait mouche avec ses personnages qui pètent un câble contre toute attente.
Jusqu'ici, j'avais une petite préférence pourL'A 26 du même auteur ; Le grand loin le rejoint largement sur le podium. Dernier détail, mais qui a son importance pour moi, le livre est dédié à Samuel Hall, personnage misanthrope (un peu comme Marc) d'une chanson d'Alain Bashung, et la citation de début de livre : "On est loin des amours de loin. On est loin." est également tirée d'une chanson d'Alain Bashung, comme sur le précédent roman de Pascal Garnier, Lune captive dans un œil mort ; il devait être fan, ce qui nous fait un point commun.