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Monsieur et madame ont un fils...

Publié le par Yv

Monsieur et madame ont un fils..., Arnaud Demanche et Stéphane Rose, Éd. La Musardine, 2014

 

On connaît tous les blagues Monsieur et madame ont un fils (ou une fille), comment s'appelle-t-il (elle) ? D'ailleurs sur la couverture, vous pouvez lire l'un des plus connus. Arnaud Demanche (non, je ne dirai rien sur son nom même s'il travaille pour La Musardine et qu'il s'est bien marré à faire des jeux de mots avec des noms et des prénoms) et Stéphane Rose s'amusent à en trouver de nouveaux, spécial sexe, bien sûr, d'abord parce que nous sommes à La Musardine et ensuite, parce qu'il ne faut jouer les prudes, ce sont ceux qui font le plus rire.

 

Dans ce livre qui se lit, se feuillette, se relit et se re-feuillette parce que si vous êtes comme moi, une blague qu'on me raconte est parfois très vite oubliée, il y a  :

- les inévitables : "Monsieur et madame Peticou-Vitefay ont un fils. Commente s'appelle-t-il ? Justin" (p.38),

 - les "qui pourraient exister" : "Monsieur et madame Couvert ont une fille, comment s'appelle--t-elle , Armelle (p.11),

- celles qui me plaisent le plus, les familles aux noms totalement impossibles, je vous les fais courtes :

- "Monsieur  et madame Nouhavan-Debaiser (une fille) ? Marion

- Monsieur et madame Préservatifé-Illakraké (un fils) ? Jean-Philémon

- Monsieur et madame Lapran-Chuimorte (un fils et une fille ) ? Simon, Marie"

Voilà donc un petit recueil qui nous fera briller en dîners avec des blagues potaches, drôles, j'ai beaucoup ri. Il y a aussi des affiches de films avec noms des réalisateurs et des acteurs, des lettres. On sent que les deux auteurs se sont fait plaisir. 

Un bouquin au format qui se glisse dans les poches pour réviser avant de descendre de la voiture et d'arriver en soirée. 

Je ne suis pas spécialiste du genre, mais il y a deux Monsieur/ Madame que je connais depuis longtemps et que j'ai retenus et qui en plus me font toujours rire, et qui ne sont pas dans le bouquin, c'est bête je sais, mais que voulez-vous, à mon âge, on ne se refait plus comme on dit. L'une des deux n'est pas spécial cul, l'autre un peu :

- Monsieur et madame Avecsameule ont un fils. Comment s'appelle-t-il ? Alphonse

- Monsieur et Madame Q ont un fils. Comment s'appelle-t-il ? Paulo.

Voilà pour ma contribution, minime, mais j'espère qu'elle vous fera au moins sourire.

Ah, j'oubliais, la meilleure du livre : 

"Monsieur et madame Strauss-Kahn ont un fils. Comment s'appelle-t-il ? Dominique" (p.52). (Évidemment !)

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L'assassinat d'Hicabi Bey

Publié le par Yv

L'assassinat d'Hicabi Bey, Alper Canigüz, Éd. Mirobole, 2014 (traduit par Celin Vuraler)...

 

Le jour où Hicabi Bey, policier retraité, est assassiné, Alper Kamu, un enfant de cinq ans est témoin de la fuite d'une personne. Alper Kamu est un enfant étonnant, qui, à son âge a des raisonnements d'adulte, mais continue à jouer avec les garçons de sa rue à Istanbul. Il décide de mener l'enquête et de faire la lumière sur le meurtre de son étrange voisin. 

 

Dans mon mini résumé, j'ai déjà placé deux adjectifs : étonnant et étrange. J'aurais pu en mettre davantage encore : curieux, décalé, loufoque, cinglé, ... tant ce bouquin est tout cela. Le décalage vient du personnage principal, Alper Kamu (toute ressemblance avec un nom connu est forcément délibérée), cinq ans qui s'exprime et raisonne comme un adulte -et parfois même mieux-, raconte l'histoire de son point de vue d'enfant qu'on qualifierait chez nous de précoce, mais reste à sa hauteur de petit garçon et garde ses préoccupations de gamin dur et prompt à la bagarre, paré pour la débrouille nécessaire dans les rues d'Istanbul, notamment dans certains quartiers dans lesquels il ne fait pas bon sortir si l'on exhibe des signes extérieurs de richesse. Certaines scène font penser à une nouvelle Guerre des boutons, urbaine version turque et polar : chamailleries, castagnes, jeux de ballons et autres, on entend presque le fameux : "Si j'aurais su, j'aurais pas venu" qui, je le rappelle n'existe que dans le film d'Yves Robert et pas dans le livre. 

Cette parenthèse fermée, on suit agréablement Alper dans sa quête de la vérité, on sourit beaucoup et on rit. Alper ne sort pas sans son pistolet en plastique qui tire des balles de la même matière, et il fait bien, lorsqu'on se mêle de ce qui est brûlant on peut en avoir besoin : "Serrant encore très fort mon pistolet dans la main, je me suis affaissé et j'ai commencé à rire. Je vivais les jours les plus intenses de ma vie. J'étais entouré d'ennemis qu'il fallait combattre et de femmes qui voulaient être aimées. Certes, mon pistolet était en plastique. Mes femmes aussi. Mais c'était toujours mieux que rien." (p.116) Il croise des personnages peu recommandables, des gens dans la misère, d'autres fiers de leur petit pouvoir qui en usent et en abusent, des Turcs d'aujourd'hui. Car en toile de fond de ce roman il y a la Turquie avec ses difficultés et ses réussites, la vie à Istanbul, un peu de politique.

Néanmoins, malgré toutes ses qualités, je me dois de dire pour être totalement honnête que le livre est un peu long et que certains passages auraient mérité si ce n'est d'être supprimés au moins d'être allégés. Ce n'est pas rédhibitoire puisque globalement, j'ai bien aimé le roman, mais plus ramassé, plus court ce roman aurait gagné en punch.

Ceci étant dit, comme toujours chez Mirobole, c'est un livre à découvrir, un auteur qui promet et qui nous fait découvrir une facette de son pays et une belle tranche de son humour. En plus, la couverture est très belle, simple et le bouquin ne souffre d'aucun défaut. Ce serait dommage de passer à côté ce polar curieux.

Lecture commune avec Liliba.

 

 

polars

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Faut que tu viennes

Publié le par Yv

Faut que tu viennes, Pascal Thiriet, Jigal, 2014

Lorsque Dido l'appelle, Énée se sent toujours obligé de courir au rendez-vous. Dido, elle est spécialisée dans la suppression des banquiers, et Énée, il est spécialiste de l'aide à Dido. Ils se connaissent depuis le lycée. Un banquier qui n'a pas totalement succombé ? Énée arrive, mais cette affaire risque bien d'être d'une autre envergure que les précédentes, et malgré tout Énée a des principes... et des scrupules.

Avec Thiriet, c'est chaud bouillant, facile comme entrée en matière, j'aurais pu la faire avec M. ou Mme Picard ou Toupargel... Que les autres vendeurs de glace à la viande ou au poisson ne m'en veuillent pas de ne pas les citer ici, je ne fais pas de placement de produit, juste une -mauvais- blague !

Donc, disais-je avant de m'interrompre, P. Thiriet, ça décoiffe. J'avais déjà testé avec J’ai fait comme elle a dit, deux paumés qui semaient le trouble et quelques cadavres derrière eux. Il reprend non pas les mêmes personnages, mais les mêmes codes : un type pas trop sûr de lui Énée et une femme à la forte personnalité qui le mène là où elle veut. Entre eux, il y a eu de l’amour physique, il peut encore en avoir, mais leur relation est plus fraternelle, un rien incestueuse. Énée protège Dido qui se sert d’Énée. Enée, il rencontrera d’autres femmes, quasiment toutes sur le même modèle, des femmes qui dirigent. Thiriet est pour le pouvoir par les femmes. Un féministe quoi ! Et  ça ne traîne pas chez lui, on est dans le bain tout de suite, dès les premières pages, "Elle avait dit : "Faut que tu viennes ! Tout de suite !" Ou bien "Maintenant !" Énée ne savait plus exactement."  (p.5), jusqu’aux dernières, car jusqu’à la fin on se demande comment cette histoire va pouvoir se finir. Bien ? Mal ? Y a-t-il vraiment une bonne ou une mauvaise fin d’ailleurs ? Une happy end ou une sad end ? Suspens jusqu’aux quasi ultimes lignes

Aucun temps mort et même si la combine montée par Dido est parfois alambiquée, elle se suit assez aisément dans les grandes lignes. Dido, ce qu’elle veut c’est dézinguer ceux qui ont le pognon et le pouvoir : "Tu sais bien que ce n’est pas pour l’argent. C’est pour nuire. Tu sais bien ! A la fin je veux que les méchants soient punis. Les méchants, c’est les banquiers et les corrompus. Je veux qu’ils en bavent." (p.78/79)

Tous les intervenants qui aident Dido et Enée sont un peu abîmés par la vie, fille violée, clodos, prof arnaqué, un peu comme Dido et Enée eux-mêmes. Même la banquière, Bérengère, elle a un passé pas très facile, bien que fille de banquier riche et élevée avec de l’argent. Pour se maintenir en vie Enée picole dur, on pourrait presque croire que le Jack Taylor de Ken Bruen à côté est un petit joueur, mais lui, en plus il avale du Xanax, ça double ou triple voire pire les effets. Enée il carbure au casa, normal puisqu’il sévit du côté de Sète et Montpellier.

Pascal Thiriet a une écriture vive, dynamique qui joue avec les mots de différents niveaux de langage, il dialogue beaucoup, il joue aussi avec les sons : "Dis, Dido, dis donc…" (p.27), "Du coup, Enée s’en prit un second, et puis encore un, ce qui fait qu’en passant à table il était, disons, disert." (p.31). C’est un roman noir réaliste, l’un de ceux dont on se dit que les arnaqueurs doivent s’en sortir tellement ils sont cabossés et sympas, même si pour parvenir à leurs fins ils doivent sacrifier un ou deux –ou plus- adversaire bien pourris certes, mais ils les devront les occire tout de même pour essayer de s’en sortir, plus un ou deux malfaisants, juste pour débarrasser leurs actuelles et leurs futures victimes.

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Farel

Publié le par Yv

Farel, André Blanc, Ed. Jigal, 2014....

Lyon, une femme est retrouvée morte, assassinée, dans un grand hôtel, ligotée au lit, la tête dans un sac de plastique. Elle a réservé la chambre sous un nom d'emprunt, Pincevent. Le commissaire Farel connu pour ses accès d'humeur, son manque d'humour, sa ténacité et son professionnalisme est chargé de l'enquête. Un deuxième cadavre est bientôt retrouvé, celui d'un adjoint au maire en plein campagne pour sa réélection. Au fur et à mesure que les choses se précisent, Farel sent que cette affaire est liée à une autre, vieille de trois ans qu'il n'avait pu mener à terme et qui le hante toujours. 

Ce qui est bien chez Jigal, c'est que spécialiste des romans noirs et/ou polars, on en trouve pour tous les goûts : des flamboyants avec Janis Otsiemi, des rapides et très noirs avec JO Bosco, des plus classiques, des tordus, des romans noirs ou d'aventures avec dans le désordre, Maurice Gouiran, Pascal Thiriet, Olivier Maurel, Gilles Vincent, Philippe Georget, Florent Couao-Zotti, pour ceux que j'ai lus et sans doute encore plein de qualificatifs pour ceux que je n'ai pas lus. André Blanc avec son Farel fait dans le polar réaliste : on suit l'enquête pas à pas. Tout est précis, formel, tant les procédures que l'autopsie -et je vous rassure tout de suite, rien de purement administratif et donc rébarbatif ou de gore, la description de l'autopsie est plutôt technique. La construction du roman est classique (je me suis même douté d'un point très important concernant le coupable très vite, mais ça n'a pas gâché ma lecture d'autant moins que j'ai appris par la suite plein de détails, et puis je me doute assez facilement, parce que j'ai tendance à soupçonner tout le monde, mais là, quand même, j'avais une idée assez précise), l'écriture aussi qui colle parfaitement à l'ambiance et aux personnages décrits qui pourraient être vous ou moi ou vos voisins voire même les miens. "Un polar efficace et sans concession" est-il écrit sur le bandeau de couverture. J'opine. Sur fond de magouilles politico-financières, de réseau de pédophilie ou de pratiques sexuelles débridées, Farel avance sans lâcher le morceau, un limier besogneux qui ne fait confiance qu'aux faits qui doivent corroborer ses intuitions, sinon, ses intuitions, il les laisse de côté. Et il est très bien secondé, son équipe de lieutenants est vaste et compétente, pas vraiment drôle comme dans certains autres romans policiers, là l'humour n'est pas le fort de ces flics lyonnais, quelques remarques ou vacheries de temps en temps, mais surtout des coups de gueule, des regards noirs et des susceptibilités qu'il faut ménager et que pourtant aucun ne ménage. On ne se marre pas, mais comme André Blanc écrit avec réalisme, il a tout à fait raison, je doute que les flics rient beaucoup lorsqu'ils ont en mains une affaire liée à un réseau de pédophiles, même avec un sens de l'humour très développé, certaines blagues sont difficilement acceptables. "Peut-on rire de tout ?" demandait en son temps Pierre Desproges. Finalement, peut-être pas...

Guillaume Farel est le personnage central, inévitable du bouquin, un type complexe, très bien décrit, pas trop physiquement, plutôt psychiquement. Il vit avec Maud une flic d'Interpol une relation pas toujours très calme, n'est pas au top relationnel avec son père, juge à la retraite mais un profond respect les lie l'un à l'autre. Il a un réseau amical fort qui date de ses années d'études entre Jean Le Han psychocriminologue, Charles Vobslinger journaliste, ne manque que Marc Philippe avocat fiscaliste, mort des années auparavant, mort dont Farel ne se remet pas et qui le hante toujours. 

Décrit comme cela ce polar pourrait sembler sec, austère. Il l'est sans doute un peu, mais en l'occurrence, c'est plutôt une qualité qui fait que l'on reste pris de bout en bout par l'histoire, ses rebondissements, ses ramifications dans le monde politique -quelques remarques fort judicieuses sur les collusions entre la politique, les affaires, l'argent, le goût et l'attrait du pouvoir qui ne redorent pas le blason des politiciens sans pour autant crier au "tous pourris"-, ses personnages attachants malgré leur manque de détachement et d'humour.

C'est un roman qui débute comme cela :

"J'avais trente-deux ans lorsque j'ai poussé la porte grise. L'homme en blanc m'avait conseillé de le faire depuis longtemps, mais il était trop tard, le temps avait passé, Dieu nous avait abandonnés et nous vivions un enfer depuis des mois. Nous étions à cinq jours de Noël. Ni Stéphanie ni moi n'avions dormi cette nuit-là. L'état de santé de Marie s'aggravait, plus aucun traitement n'agissait, elle partait doucement, et nous avec." (p.7)

 

polars

 

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Trop

Publié le par Yv

Trop, Jean-Louis Fournier,  Ed. La différence, 2014…,

C’est trop. Une expression courante désormais. C’est trop bien, c’est trop beau, c’est trop bon, … Et le "trop" perd de son sens. Le trop c’est l’indigestion, le choix démultiplié, la surabondance, la surenchère,… Jean-Louis Fournier dresse une carte de ses "trop" : beurre, tableaux, yaourts, médicaments, journaux, radios, savons, livres, …

Jean-Louis Fournier, ex-complice de Pierre Desproges, connu pour ses livres drôles ou tendres ou durs, Où on va papa ?, La servante du Seigneur, Il a jamais tué personne mon papa, entre autres. Il est très fort pour les petits textes, ceux qui font mouche en peu de signes, parfois légers, d’autres fois beaucoup moins, toujours avec de l’humour, noir, de désespoir, ironique, décapant, …

Trop, c’est le livre contre la surconsommation de  tout poil. Celle qui nous fait acheter des yaourts à tous les goûts et à tous les coups, des appareils de plus en plus petits  et  puissants dont on n’utilisera même pas le quart du tiers des capacités. D’un homme qui lui parle de ses clefs USB sur lesquelles il peut mettre 8 000 livres, 2 000 chansons et 1 400 films, et qu’il emporte en vacances, JL Fournier constate : "J’ai fait un petit calcul : finalement, pour la semaine, ça ne lui fait que 1142 livres à lire par jour, 285 chansons à écouter par jour et 200 films à voir par jour." (p.26) Tout est sujet à consommation à outrance, les denrées alimentaires, les produits de beauté, la culture, les 17 000 places du Palais Omnisports de Paris Bercy qui sont de la démesure telle qu’on regarde les artistes sur les écrans géants, les 600 livres de la rentrée littéraire qui se musellent les uns les autres, les plus de 200 chaînes de télévision pour ceux qui ont des bouquets satellites, …

J’aime quasiment tout dans ce bouquin, je suis en phase totale avec JL Fournier au risque de passer pour des vieux cons ou pour des apôtres –moi, un anticlérical convaincu !- de la décroissance. On marche complètement sur la tête, et malgré ma volonté de ne pas exagérer, de faire attention, comme tout le monde je consomme voire surconsomme, je me crée des besoins  dont je ne peux plus me dépêtrer.

Avec son style très personnel entre humour, tendresse, ironie et vacherie, JL Fournier sait me parler directement, ses chroniques sont justes, certaines carrément exactement ce que je pense, notamment "Trop d’infos" : "Les stations de radio et les journaux bégayent. Toute la journée, ils répètent les mêmes informations. "Le public a besoin d’être informé", prétendent les journalistes. Je n’ai pas envie de tout savoir. Pas envie d’être déformé." (p. 49). Et plusieurs autres, mais je ne peux pas tout citer.

D’autres sont légères, ou commencent légèrement, construites un peu comme un poème de Jacques Prévert : "Chaque quart de seconde sur la terre, une femme met un enfant au monde. Il faut absolument la retrouver pour lui dire qu’elle arrête." (p. 139) ou celle intitulée "Trop de beautés" et qui met en scène le prince qui ne sait laquelle de ses 400 femmes choisir.

Enfin, tout cela pour dire que le dernier JL Fournier vient de sortir et qu’il est bon. Que dis-je ? Il est trop !

 

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Syllogisme et re-syllogisme et Glaz ! N° 4...

Publié le par Yv

Vous aimez la Bretagne

Vous aimez les gens qui écrivent

Vous aimez donc les gens qui écrivent sur la Bretagne 

Vous aimez les magazines culturels, numériques et gratuits

Vous aimerez donc un magazine culturel, numérique et gratuit dans lequel des gens écrivent sur la Bretagne.

Vous aimerez Glaz ! n°4 !

Glaz ! est un magazine culturel gratuit et en ligne initié par Gwénaëlle qui fait des appels à texte à chaque numéro. Cette fois-ci, j'y suis allé de la plume baladeuse, mais il y a aussi plein d'autres personnes qui écrivent sur la Bretagne. Découvrez Glaz ! :

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- sur le blog Glaz

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Découvrez Mykonos hors saison

Publié le par Yv

Découvrez Mykonos hors saison, Richard Gaitet, Ed. Intervalles, 2014....,

Deux amis, Thomas et le narrateur se retrouvent en vacances à Mykonos. Quatre cent mille visiteurs l'été, à peine dix mille hors saison. Nous sommes en mars, les fêtes sont finies ou pas encore commencées. Les deux amis trouveront-ils matière à faire la fête, à draguer et plus si affinités, à profiter de la légendaire réputation d'éden touristique de l'île grecque ? 

Le moins que je puisse dire c'est que ce court roman m'a étonné, m'a totalement pris en défaut sur mes a priori. Richard Gaitet ne m'est pas inconnu, puisque j'avais lu et beaucoup aimé son premier roman paru sous le pseudonyme de Gabriel Robinson, Les heures pâles. Ce roman était celui d'un fils qui cherchait à comprendre son père qui avouait une double vie, un père inconnu. Je ne sais pas -et peu m'importe- ce qui est de la fiction ou de la réalité dans ce roman ou dans Découvrez Mykonos hors saison, mais on pourrait dire qu'ils sont deux facettes de l'auteur. L'un les heures sombres et l'autre les heures solaires (merci Richard, je me permets de réutiliser votre dédicace). On pourrait croire à une certaine vanité -dans le sens de futilité- de ce genre d'histoire, deux mecs en goguette dans un lieu touristique fêtard, mais l'auteur évite le cliché et la vacuité du propos. Car son roman est barré. Joyeux et barré. Les deux garçons peinent à trouver de quoi se distraire, boivent, pissent sur le mur d'une chapelle qu'ils ne remarquent qu'à peine vu leur état d'ébriété, font des rencontres avec les vrais habitants de l'île, en cela ils repartiront -s'ils y parviennent- plus riches de connaissances des autochtones et d'autrui en général. J'ai eu parfois quelques soucis avec la bonne compréhension du texte (mais y a-t-il une seule lecture ?- me demandant si j'étais dans la réalité du narrateur, dans un rêve ou un cauchemar, dans un delirium tremens, mais peu importe, il m'a suffi de me laisser porter par les mots, les belles et longues phrases de R. Gaitet, les jeux de mots, parfois faciles mais inévitables : "Sur ces entrefaites, le vieux Nino rota." (p.46), "Hermès, dieu du commerce, des voyageurs et du carré, avait-il joué de son influence sur la conjoncture internationale afin de nous immobiliser, ce coquin, une nuit de plus -et si oui, pour quelles raisons ?" (p.47) Richard Gaitet aime les mots, il use même de certains un peu tombés en désuétude et c'est fort grand plaisir que de les lire, bien placés dans une phrase :"derechef""pourléché""gironde""houppelande" pour n'en citer que quelques uns. D'un autre côté, il se sert aussi beaucoup d'expressions courantes voire de mots d'argot ou dits grossiers, ce qui donne un style d'écriture très personnel, qui m'a permis de me faire une image des deux touristes ; je les vois comme deux garçons à la recherche d'aventures, mais pas trop téméraires surtout prêts à rire et à profiter sans se soucier du lendemain, plutôt sympathiques, ils surmontent sans se fâcher les aléas de leur voyage, voient toujours le bon côté : "Nouveau shot, c'est déjà le quatrième et la bouteille est encore à moitié pleine" (p.40), alors que bien sûr, s'ils avaient été dans le trente-sixième dessous, la bouteille aurait été à moitié vide. CQFD !

Enlevé, un rien déjanté et farfelu, ce roman est truffé de références à la Grèce ancienne -que je ne connais pas-, preuve de l'érudition de l'auteur qui en joue plus qu'il ne la montre ostensiblement, plein de références musicales (que je maîtrise un peu plus, Frankie Goes to Hollywood ou Donna Summer par exemple), Richard Gaitet est aussi connu outre pour "sa pratique très personnelle du sirtaki" (4ème de couverture) pour son émission Nova Book Box sur radio Nova, l'une de mes deux ou trois radios habituelles et préférées ; je joue de la zapette autoradiomobile entre Nova et Fip.

Livre insolite et surprenant, tout pour plaire.

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L'ombre d'une source

Publié le par Yv

L'ombre d'une source, Titi Robin et Michael Lonsdale, Worldvillagemusic, 2014

Une fois n'est pas coutume, je m'en vais vous parler non point d'un livre mais d'un disque. J'ai découvert Titi Robin, il y a quelques années grâce à une émission sur France Inter ou sur FIP, je ne sais plus, enfin une bonne radio quoi ! Depuis, j'ai acheté des disques dont le fabuleux Alezane, un "best of" exceptionnel. Je sors peu en concert, je déteste les grandes salles dans lesquelles on ne voit pas les artistes, et comme je suis moitié claustrophobe, je ne suis pas fan des endroits clos, mais je suis allé voir Titi Robin dans une (petite) salle de Nantes il y a 2 ou 3 ans pour un concert mémorable : trois musiciens sur scène, lui-même, un percussionniste et l'accordéoniste qui l'accompagne depuis longtemps ; moi qui ai mangé contre mon gré de l'accordéon-musette dans ma jeunesse -on s'en remet difficilement voire pas du tout dans mon cas, ce qui peut expliquer quelques comportements-, je peux vous dire que Francis Varis m'a réconcilié avec son instrument. 

Depuis, j'écoute, j'emprunte à la médiathèque les disques de T. Robin, et lorsque j'ai vu qu'il avait posté sur son profil facebook un texte lu par Michael Lonsdale sur sa musique, je me suis dit que je me devais d'écouter plus attentivement. Et puis, Madame Yv et Mademoiselle Yv, revenant d'un après-midi-vitrines à Nantes et voulant sûrement se faire pardonner leur frénésie d'achats -un poil macho, n'est-il pas ?- sont revenues avec le CD ! Pardonnées donc. 

Alors ni une ni deux, je le passe, mais comme ces dames en sont encore à me montrer le reste de leurs acquisitions, je ne profite pas du duo Robin-Lonsdale. Plus tard, au calme, je peux réécouter, et là, un pur moment de détente ! Titi Robin joue sur guitare, bouzouq et robâb (de la famille des luths) des musiques métissées Orient, Sud, tout ce qu'il fait admirablement. Michael Lonsdale pose sa voix à la fois chaude douce et un brin fragile ; les textes, des poésies écrites par Titi Robin en sont sublimés. Tiens, c'est tellement beau que pour une fois je préfère faire court pour vous laisser le temps de découvrir et d'apprécier...

Une playlist est visible sur Youtube, et Titi Robin a un site

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Les montagnes bleues

Publié le par Yv

Les montagnes bleues, Philippe Vidal, Ed. Max Milo, 2014....

Jamaïque, 1700, Christian est esclave dans la plantation de John Fenwick. Esclave particulier, car lorsqu'il était enfant, il a sauvé de la noyade son maître actuel, enfant lui aussi. En reconnaissance, le père de John a pris Christian à ses parents, l'a confié au même précepteur que John, ils ont été instruits, éduqués, élevés ensemble, Christian restant tout de même un esclave. Lorsque le jeune homme surprend une conversation entre John et son contremaître visant à se séparer brutalement des esclaves devenus inutiles suite à un ouragan qui a détruit la plantation, Christian sait qu'il doit s'enfuir, car seul témoin de ce plan terrible il risque la mort. Il part alors dans les montagnes bleues cherchant un des villages que des noirs enfuis des plantations ont créés.  

On a tous lu ou vu des livres ou des films sur l'esclavage : La case de l'oncle Tom, Racines, pour les plus anciens, Django Unchained ou 12 years a slave pour les plus récents. Ce roman est nourri de tout cela évidemment, il n'évite pas les bons sentiments, la romance, quelques grosses ficelles, mais une fois commencé on ne s'arrête plus, les 430 pages passent rapidement avec l'envie de connaître le dénouement, le souhait que Christian et les siens s'en sortent comme dans un film hollywoodien, qu'il se marie avec Mo et qu'ils aient beaucoup d'enfants et qu'enfin, les esclaves soient reconnus en tant qu'individus par les blancs qui dirigent la Jamaïque ! Evidemment, tout ne se passera pas comme cela et c'est tant mieux. D'abord parce que l'auteur se base sur des faits historiques et qu'il ne peut les tordre pour qu'ils collent à son histoire et ensuite, parce que même si en lisant on souhaite une fin heureuse, si elle advenait -dans les termes que je donnais plus haut- on crierait au scandale de la mièvrerie et de la bluette ! 

Cette introduction finie, je vais être direct, j'ai beaucoup aimé ce roman, mais vous l'aviez déjà compris. Un roman d'aventures, "une épopée magistrale sur un fond historique méconnu" (4ème de couverture). Tous les ingrédients sont là, bien mélangés, habilement dosés qui donnent un livre bien qu'épais, très digeste, on en redemande même, pas question de régime. L'amour, l'amitié, la trahison, les rivalités, la jalousie, la soif de connaissance, la peur de l'autre, l'abominable supériorité des blancs, l'abominable vie des esclaves, la mort, ... P. Vidal évite un manichéisme un peu facile, il ne fait pas de tous ses personnages blancs des "méchants" et des tous ses personnages noirs des "gentils", tous ont une part sombre et une plus avouable. Bien sûr, on est quand même plus dans l'empathie pour Christian et les siens que pour les planteurs et les contremaîtres qui prennent du plaisir à fouetter les esclaves, le contraire aurait été insupportable. 

Son histoire est située en Jamaïque et historiquement avérée, un clin d'œil est finement amené en toute fin de volume à Nanny, l'une des héroïnes de la lutte contre l'esclavagisme dans ce pays (en cliquant ici, vous avez l'histoire de cette femme). Les esclaves qui parvenaient à s'enfuir des plantations de canne à sucre se réfugiaient dans les montagnes bleues et créaient des communautés dont certaines ont ensuite réussi à libérer d'autres esclaves. 

Alerte et maîtrisé de bout en bout, ce roman se savoure avec plaisir et me permet de renouer avec les romans d'aventures de mon enfance et de mon adolescence. Vraiment, j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et je vais le conseiller aux enfants et adultes de la maisonnée voire plus largement.

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