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Bonbek

Publié le par Yv

Bonbek, La revue pour enfants qui rend jaloux les parentsÉd. Mango

Chut, je rédige cet article doucement en n'appuyant pas trop fort sur les touches de mon clavier -ce qui pourrait expliquer quelques fautes de frappe, puisqu'il est parfois récalcitrant, mon clavier hein, pas moi- pour ne pas alerter les morveux -il paraît qu'il vaut mieux dire enfants- de la maison. Car le sous-titre de cette revue est explicite et rend jaloux les parents. Alors, je tente de ne pas éveiller les soupçons des mioches -euh, non on dit bambins- parce qu'ils pourraient m'en vouloir d'avoir piqué leur revue.

Alors, succinctement, c'est une revue moderne aux dessins résolument dans le ton de ce qu'on peut voir par ailleurs, mais avec des touches d'originalité bien senties qui ne pourra pas déplaire aux morpions -je veux dire, enfants bien sûr- actuels -ni aux parents, mais chut, je ne l'ai pas dit. Dans les deux numéros que j'ai lus -les 4 et 5-, il y est question de monstres, des peurs, des cartes au trésor, de pirates. Chaque numéro dévoile aussi sur deux pages une chorégraphie (Thriller ou Money, money, money), des découpages pour jouer, habiller des personnages, des recettes de cuisine faciles et en lien avec le thème abordé, une histoire complète bilingue français-anglais, une BD. Mention spéciale à  Maman ! de Antoine Guillopé dans le tome 4, en noir et blanc et sans paroles (mais là c'est mon point de vue de grand, comme quoi cette revue est lisible par tous.)

Très colorés, dessins et textes soignés ainsi que la mise en pages et la qualité du papier, de la revue entière font que l'on tient entre les mains une revue pas comme les autres. 

Bon, je crois que je vais m'arrêter là et reposer les livres là où je les ai trouvés pour que les monstres -ah zut, non, je voulais dire les gentils chenapans- ne s'aperçoivent pas de mon emprunt et surtout qu'ils ne me le fassent point payer par quelque caprice.

En plus, même ma grande elle les a lorgnés ces deux numéros de Bonbek, parce qu'il y a des coloriages à faire. Des beaux, des grands, des originaux qui sortent des dessins habituels ou des mandalas. Malgré son grand âge -elle est quand même majeure !- elle adore jouer du crayon feutre et elle a même repéré un hors série spécial coloriage !

Pour finir, une page avec Maurice, le monstre de Miré -c'est le nom de son créateur-qui ouvre les numéros

bonbek_5_02.jpg

PS : Bonbek, c'est aussi un site : ici. Et Bonbek est "défendu" par Gilles Paris. Et par moi. Et par les enfants de la maison (4 quand même, c'est pas rien !)

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Les deux messieurs de Bruxelles

Publié le par Yv

Les deux messieurs de Bruxelles, Eric-Emmanuel Schmitt, Éd. Audiolib, 2013 (nouvelles lues par l'auteur)

Jean et Laurent se marient officieusement dans la cathédrale Sainte Gudule de Bruxelles, au dernier rang, derrière le mariage officiel, celui d'Eddy et Geneviève. Les deux hommes suivront année après année leur couple fétiche (qui lui, ne se sait pas observé par ces deux messieurs).

A écouter EE Schmitt, je me dis qu'outre son talent d'écrivain, il a aussi celui de conteur. Dès lors pourquoi confier à un autre la lecture de ses œuvres ?  En entendant ce CD, je me suis surpris à retrouver exactement le même plaisir que j'avais à écouter les histoires de Pierre Bellemare entre autres à la radio, il y a quelques années. La littérature en plus pour EE Schmitt ! Comme toujours, il part d'une idée originale et en fait une belle histoire, pleine de tendresse, d'amour et de bons sentiments. Aucun gros mots là-dedans, aucune ironie. Pour peu qu'ils ne soient pas mélodramatiques, je n'ai rien contre les bons sentiments. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'en ce domaine, il est très fort EE Schmitt ! Il touche le lecteur -ou l'auditeur en l'occurrence- directement. Bon, on pourrait lui reprocher au milieu de ce texte un certain prosélytisme pour le mariage pour tous et l'adoption pour les couples gays et lesbiens, en mettant en scène un couple hétérosexuel banal, voire franchement "beauf'" pour lui et un couple homosexuel raffiné et riche. La comparaison n'étant pas favorable au couple hétéro. Mais si le procédé est un peu facile, en allant au-delà il permet de réfléchir sur cette question en débat actuellement en France. Personnellement, hétérosexuel avéré, père de famille, je suis favorable au mariage pour tous et à l'adoption pour les couples homosexuels, donc la position de l'auteur ne me choque point, au contraire. N'en déplaise aux manifestants du 13 janvier. Mais cette nouvelle n'est pas que cela, elle est aussi une vraie (ou de vraies) histoire(s) d'amour(s), pas gnangnan. EE Schmitt creuse les sentiments des uns pour les autres, pose des questions, y répond parfois, toujours avec simplicité. 

Je m'attarde un peu sur cette histoire car elle donne son nom au recueil, elle le débute aussi. Les autres sont tout aussi fines, intelligentes, parfois drôles, parfois moins. Toutes sur des sujets essentiels et vitaux : l'amour, l'attachement, le lien affectueux, social, tout ce qui fait que les Hommes vivent en bonne société. Certaines nouvelles à chute ne dévoilent leur mystère et donc l'éclairage total du lecteur -ou auditeur- qu'aux tous derniers mots, voire à l'ultime vocable, pour notre plus grand plaisir.

Comme toujours avec l'audiolib, je suis un peu frustré car il m'est plus difficile d'entendre le style littéraire de l'auteur que de le lire (j'aime bien m'attacher à des formules, des phrases, des imparfaits du subjonctif,... tout cela est présent dans ce livre),  mais malgré cette relative frustration, je me suis régalé à écouter et visionner -je me suis fait mes propres images- ces nouvelles d'EE Schmitt que j'avais un peu laissé tomber ces dernières années ; je trouvais qu'il allait dans une certaine facilité après les excellents La part de l'autre, M. Ibrahim et les fleurs du Coran -mon préféré- ou encore Oscar et la dame rose). Force m'est de constater que s'il va dans la facilité -ce qui reste bien sûr à prouver, j'étais (car j'en reviens) totalement subjectif- cette facilité vient sans doute de son talent à faire passer les émotions dans ses histoires.

Merci Chloé, j'ai passé de délicieux moments.

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Athos en Amérique

Publié le par Yv

Athos en Amérique, Jason, Éd. Carabas, 2011

Recueil de petites histoires décalées, très décalées, absurdes, sans queues ni têtes mettant en scène des personnages au physiques d'animaux se retrouvant dans des situations parfois étonnantes, parfois quotidiennes. Entre l'écrivain mal élevé qui se juge au-dessus de la mêlée, Athos le mousquetaire débarqué dans une Amérique contemporaine, un gangster qui s'évade, ...

Dessin très dépouillé, texte simple voire simplissime quand il n'est pas absent, c'est de la bande dessinée très particulière qui peut autant plaire que fatiguer ou laisser totalement indifférent. A vous de vous faire votre propre opinion. Moi, j'aime bien ! En plus, le bouquin est beau, format 16.5x22, dos toilé gris, belle mise en page : du beau travail. 

Je ne crierai pas ici que j'ai tout compris dans ces histoires, mais à chaque fois, j'ai aimé trouver les personnages de Jason dans ces situations absurdes. Assez ressemblant à Low Moon brièvement chroniqué sur ce blog. Je ne connais pas assez l'oeuvre de Jason pour savoir si ses autres albums diffèrent, mais je compte bien remédier à cette lacune.

Un très très grand merci à la librairie Dialogues pour ce cadeau de nouvelle année !

Allez, une petite planche pour la fin tirée de l'histoire Tom attend sur la lune :

 

planche athos

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Chambre froide

Publié le par Yv

Chambre froide, Tim Weaver, MA Éditions, 2013 (traduit par Véronique Gourdon)

David Raker est un ex-journaliste. Il a arrêté le métier pour consacrer ces derniers mois à sa femme mourante, Derryn. Cependant quelques mois avant sa mort celle-ci l'a encouragé à rechercher un enfant disparu, puis comme il le fit avec succès, à en faire son activité principale. Dix-huit mois après le décès de sa femme, David, pas toujours bien remis, rencontre Mary Towne qui lui dit avoir revu son fils Alex, alors qu'il est censé être mort depuis un an. Pas convaincu, David accepte néanmoins ce travail, pour Mary, ancienne collègue et amie de Derryn. Une enquête terrible pas avare en  découvertes. 

"Ouah" et "ouf" me dis-je en refermant ce thriller anglais, et non pas une contraction de ces deux onomatopées qui me ferait passer pour un toutou à sa mémère. "Ouah", parce que Tim Weaver m'a emmené très loin des thrillers communs pleins de tueurs en série et d'hémoglobine. "Ouf", parce que tard dans la nuit j'allais enfin pouvoir éteindre la lumière : difficile de quitter ce bouquin lorsqu'on est à cent pages de la fin. Ceci étant, une fois fini, tard dans la nuit donc, le sommeil ne sera peut-être pas exempt de quelques images fortes, voire de cauchemars. Pourtant, tout commence plutôt sobrement et lentement : la recherche d'un homme porté disparu depuis 6 ans et reconnu comme mort depuis un an. Mais très vite, David se heurte à des secrets : une société secrète, mystérieuse serait derrière cette disparition. La tension monte, à tel point qu'on se demande pourquoi David persévère : "Je restai figé sur place, sentant l'incertitude couler dans mes veines. Je me sentis oppressé, une sensation que j'avais déjà ressentie avant, dans les semaines qui avaient suivi la mort de Derryn. L'impression d'être au bord d'un précipice et de regarder le sol se dérober sous mes pieds. Mais quand j'aperçus mon reflet dans la vitrine d'un magasin, je compris à quel point cette affaire avait donné un sens à ma vie. J'avais retrouvé mon énergie. Et je compris que si je voulais continuer à aller de l'avant, je devais le faire. Il fallait que je franchisse le pas." (p.134)

Le suspense monte du début à la fin, maîtrisé, terrible pour finir sur des pages haletantes, prenantes. Loin d'être spécialiste du thriller, j'avoue avoir été pris quasiment de bout en bout (j'ai commencé ce bouquin un week-end, en même temps qu'un virus gastro-grippo-bizaroïde qui m'a cloué à la maison trois jours durant ; profitable pour la lecture et le régime ; il faut voir le bon côté des choses, mon éternel optimisme !). Le personnage de David Raker n'est pas mal travaillé, on entre en lui (c'est le narrateur-première personne); on devine ses pensées, ses craintes, ses doutes. Quelques réserves quand même sur David qui ne vit quasiment plus sans feue son épouse en tête (mais bon, c'est aussi elle qui le fait avancer), procédé un peu répétitif et surtout sur les coups qu'il se prend dans le final qui m'évoquent inévitablement les films d'action étasuniens dans lesquels les gros bras se castagnent et sortent à peine essoufflés et amochés. Certes David l'est, amoché, il passera plusieurs jours à l'hôpital. Mais un centième de ce qu'il endure suffirait à me tuer, moi homme "normal", mais j'ai quand même mon virus qui me diminue, parce qu'habituellement ... . Je me dis que c'est le genre qui veut ça, et puis, le reste est quand même très bon, donc je passe allègrement sur ces détails. D'ailleurs il a intérêt à être bon le contenu, parce que les livres MA Éditions sont assez austères : mise en pages dense, pas de chichi ; le minimum syndical du lecteur. Heureusement, le livre de Tim Weaver est largement dialogué, ce qui aère un peu les pages.

En quatrième de couverture, il est précisé que ce roman "est le premier volume d'une trilogie axée sur le personnage de David Raker, un homme qui recherche des personnes disparues". Si les autres sont du même acabit, je prends.

Merci Inès.

 

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Les mâchoires du passé

Publié le par Yv

Les mâchoires du passé, Bernard Boudeau, Éd. In Octavo, 2013

Jean-Pascal Gontier est un ex-militaire reconverti en enquêteur spécialisé dans la veille technologique. Ses clients sont des entreprises. Le jour où sa compagne, Margaux lui demande de rechercher un homme disparu depuis un an, Haritz, il accepte. Mais malgré sa bonne volonté, son enquête au Pays Basque piétine. Il décide alors d'honorer un contrat d'une société française victime de rumeurs de la part de la concurrence qui le mènera à San Fransisco, a priori loin du Pays Basque. Mais les hasards des rencontres déjouent parfois les a priori.

J'ai eu un tout petit peu de mal à entrer dans le livre parce que déboulent des noms et des situations directement liés au tome précédent des enquêtes du commandant JP Gontier. Même le statut du narrateur, JP Gontier n'est pas clair, on ne sait à quel titre il intervient ! Mais finalement, tout rentre très vite dans l'ordre et c'est avec un plaisir grandissant que j'ai lu les 420 pages de ce polar très réussi. Si tous les indices du départ ne sont pas dévoilés (tant mieux, ça me permettra de lire les aventures antérieures de JP Gontier sans que le suspense ne soit défloré), le principal, ce qui permet la bonne compréhension de cet épisode se dévoile petit à petit. 

Amateurs d'enquêtes classiques, minutieuses, précises dans lesquelles le moindre détail a de la valeur, vous serez comblés. Dans la première partie, celle qui consiste à rechercher une personne disparue, JP Gontier suit toutes les pistes, va d'informateur en informateur, de rixes en discussions, de dialogues de sourds en menaces. Dans la seconde partie, celle qui concerne l'intelligence économique, le vrai métier du héros, on apprend plein de trucs sur les méthodes des entreprises pour discréditer un concurrent, pour le disqualifier et prendre de l'avance sur lui. Là encore, l'enquêteur doit faire preuve de discrétion, d'initiatives, de flair et d'obstination. La technique est la même que pour une recherche de personne : essayer toutes les pistes, même la plus insignifiante au départ. 

D'habitude, dans un polar, on suit deux histoires en parallèle qui se rejoignent à la fin du livre, deux visions d'une même histoire souvent. Là, plus original, c'est la même personne qui mène deux enquêtes totalement opposées qui doivent normalement avoir des points communs ; franchement, ces points communs sont loin d'être évidents lorsque débute la seconde partie.

"Dans sa conversation, sa femme lui conseillait d'abandonner l'enquête basque. Elle lui disait que, s'il avait le sentiment de perdre son temps il valait mieux qu'il abandonne. [...] L'enquête sur les nouvelles technologies serait arrivée à point nommé pour lui donner le prétexte de laisser tomber Haritz.

- Et de quelles technologies s'occupe ce cher détective ?

- Un fil... [...] un croisement, une greffe entre une araignée et un plant de coton.

- Effectivement, c'est loin des préoccupations de Nathalie Ossaty, un croisement entre une araignée et un plant de coton." (p.280/281)

Polar très bien mené, maîtrisé. Ça ne va pas à cent à l'heure, mais la tension est palpable dès le début et augmente au fur et à mesure des pages qu'on ne lâche plus. Même le passage d'un pays à l'autre, d'une enquête à l'autre ne la fait point retomber. Une ballade entre le Pays Basque et les États-Unis, plus particulièrement la Californie et le Nevada, le lac Tahoe (déjà présent dans un autre excellent polar Tahoe l'enlèvement de Todd Borg)

Merci Inès (Gilles Paris)

 

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Disparitions en Picardie

Publié le par Yv

Disparitions en Picardie, Gérard Bertuzzi, Ravet-Anceau, 2012

Un chef d'entreprise de travaux publics disparaît. Un retraité promenant son chien itou. Le même jour. Rien ne les relie ce qui embête bien les gendarmes. Puis, dix ans plus tard, lors du chantier d'une piscine, un corps enterré depuis presque dix ans est retrouvé. Tout cela pourrait être une seule et même affaire pense le commandant Bourbon.

Dans le même temps, Nono Radosky tente de refourguer des pièces anciennes et rares à un numismate lillois qui flaire l'embrouille. Mais Nono n'est pas homme à se laisser faire.

Toujours aussi sympa cette collection Polars en Nord des éditions Ravet-Anceau. Nous voici là au coeur de la gendarmerie de Compiègne qui planche sur les disparitions. Le commandant Bourbon est excellemment secondé par le chef Keller. A eux deux, malgré l'intuition et le travail de fourmi, l'enquête piétine. "[...] l'intuition, c'est elle qui fait s'accrocher les hommes comme des morpions à leurs recherches, dans quelque domaine que ce soit. [...] C'est elle aussi qui fait plancher le chef Keller comme un malade, lire, relire encore et encore les dépositions, les constatations, les rapports du légiste, examiner les photos à s'en faire péter la rétine.. Il a un bel os à ronger, le gendarme. Il la sent la solution. Il la sait là, la clef de l'énigme, sous ses yeux, entre ses mains, dans ces deux dossiers qu'il croise méthodiquement et qui finissent par s'entremêler, par lui mettre la cervelle en compote. Il en rêve la nuit, pendant les repas, le week-end, sous la douche, aux toilettes... C'est devenu une obsession." (p.120)

Puis, un événement, la découverte du corps enterré viendra réveiller l'intuition de Bourbon et le travail de fourmi reprendra avec un peu plus de succès.

Pas mal du tout ce petit polar. Écriture simple, alerte pas dénuée d'humour et de légèreté. Si je fais la fine bouche, mon bégueule, je pourrais dire que je ne goûte que moyennement le flot de calembours et de blagues pas toujours très fins, un rien potaches et basiques, mais c'est un écueil largement franchissable. D'autant plus que Gérard Bertuzzi sait mener son intrigue. Au moment où on la croit finie, eh bien, il en rajoute une petite couche pour nous tenir jusqu'au bout de ses 220 pages. Ce n'est pas un thriller, loin de là, le rythme n'est pas effréné, mais un bon petit polar qui ne vous polluera pas l'esprit mais ne vous décevra pas. 

 

région

 

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Miséricorde

Publié le par Yv

Miséricorde, Jussi Adler-Olsen, Le livre de poche, 2013 (Albin Michel, 2011, traduit par Monique Christiansen)

Merete Lyyngaard est retenue depuis cinq ans dans une pièce vide, nourrie grâce à des seaux que ses ravisseurs lui passent par un sas. Mais pourquoi, nul ne le sait. Cette ancienne espoir de la politique danoise a disparu du jour au lendemain.

Carl Morck, flic de Copenhague, revient au travail après une interruption due à une fusillade subie par ses collègues et lui. L'un est mort, l'autre est sur un lit d'hôpital, paralysé et Carl est le seul à s'en être sorti. Il emmerde tout le monde. Pour s'en débarrasser, la police crée le Département V chargé d'enquêter sur de vieux dossiers pas encore clos. A la tête de cette unité, Carl, assisté de Hafez al Assad, un Syrien, homme à tout faire. Leur première affaire sera par hasard celle de la disparition de Merete Lyyngaard.

Pas mal du tout ce premier volume des aventures de Carl et Assad. On assiste à la naissance du Département V, à leur première collaboration. Le lecteur suit en parallèle, les tergiversations de Carl pas très emballé pour se coltiner de vieux dossiers avec un homme de ménage réfugié politique au passé inconnu (songez, qu'il porte le même nom que l'ancien dirigeant autoritaire de la Syrie, le père de l'actuel qui ne fait pas mieux voire pire que son papa !) et les souffrances de Merete enfermée dans un caisson pendant cinq longues années. Si l'on peut deviner rapidement les raisons de son rapt, puis celles de sa séquestration et les auteurs, l'intérêt du livre consiste au raisonnement des enquêteurs pour parvenir aux bonnes conclusions et à la relation qui s'instaure entre Carl et Assad. 

Carl est un vieux flic à l'ancienne, désabusé, démotivé depuis cette fusillade, qui vit dans une modeste maison en banlieue avec son beau-fils et un locataire éternel étudiant qui le materne. Son ex-femme l'a quitté pour aller vivre ses passions amoureuses dans... l'abri de jardin !

Assad est recruté comme homme de ménage, préposé au café ; il s'avère précieux, doté d'un sens de la réflexion affiné et sensé et malgré quelques initiatives maladroites, très utile :

"Assad avait sûrement extrapolé un peu en remplissant sa mission, mais à quoi fallait-il s'attendre de la part d'un assistant, docteur ès gants de caoutchouc et seau en plastique ? Il faut bien ramper avant d'apprendre à marcher." (p.93)

Cette enquête qui commence en dilettante petit à petit se professionnalise, car Carl reprend goût à son travail, Assad n'y étant pas étranger. Un duo très improbable qui fonctionne. Assad ajoute le côté décalé, humoristique qui fait que l'on ne s'ennuie pas du tout au long de ces 526 pages (version poche). A tel point, pour ne rien vous cacher, bande de petits veinards, que Délivrance, le troisième opus de cette série qui vient de sortir, m'attend gentiment et que je viens d'acquérir la deuxième aventure du Département V, Profanation,  dont je parlerai bientôt.

Merci Anne.

 

thrillers

 

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La servante et le catcheur

Publié le par Yv

La servante et le catcheur, Horacio Castellanos Moya, Métailié, 2012 (traduit pas René Solis)

Le Viking est un ancien catcheur reconverti en flic. Sous la Junte Militaire qui gouverne le pays, il est plus souvent confronté aux basses œuvres du régime qu'à enquêter sur des crimes. Vieillissant, très malade on ne l'emploie quasiment plus, le laissant dans les bureaux, sauf pour sa prochaine mission : enlever un jeune couple de subversifs et les transférer au Palais Noir, siège de la répression.

Maria Elena est une servante, qui après avoir officié chez les grands parents doit ce matin-là commencer à faire le ménage chez les petits-enfants tout juste rentrés au pays. Sauf que la maison est vide. Inquiète, elle apprend que le couple a disparu. Se rappelant que jadis, le Viking l'a ouvertement courtisée, elle va le voir pour en savoir plus sur le sort de ses patrons.

Horacio Castellanos Moya, après avoir publié chez Les Allusifs (notamment les très bons Le bal des vipères et Effondrement) arrive chez Métailié, deux maisons d'édition que j'aime beaucoup. Pour le meilleur, car sans tarder et sans laisser de suspense, je peux vous dire que ce bouquin est excellent.

L'auteur se glisse dans la peau de personnages diversement placés au sein de la société salvadorienne pendant la dictature de la Junte Militaire. D'abord un bourreau, le Viking, qui même s'il ne fait qu'exécuter les ordres fait partie d'une équipe dans laquelle certains torturent, tuent, violent avec un plaisir plus qu'évident. Et il est mal en point Viking, comme son pays :

"Il [Viking] a peur d'être mis en congé d'office, renvoyé chez lui.

- T'es vraiment trop con, Viking, lui dit le Chicharron en redémarrant. Tout le monde sait que tu es en train de crever.

Il voudrait chercher un chiffon sous le siège pour essuyer le pistolet, mais il reste là, affaibli, incapable du moindre geste ; rien que la nausée, la fièvre, la brûlure au fer rouge dans le ventre, et à nouveau cette bave pourrie dans la bouche." (p.43)

Ensuite, Maria Elena qui en citoyenne trop occupée à survivre ne peut s'intéresser à la vie politique du pays, même si elle souhaite plus de justice, d'égalité et l'arrêt des violences. Elle écoute régulièrement les homélies de l'archevêque Romero (personnage réel) qui s'oppose à toutes les violences tant du pouvoir que des opposants. Autour d'eux gravitent des exécutants, des durs, des couards, des révolutionnaires aguerris, des ambitieux, des fous à lier, de vrais criminels, ... Tout ce qui forme la population d'un pays sous la dictature. Horacio Castellanos Moya sans décrire au plus près les tortures et les scènes de violence, les relate. Elles sont bien présentes et rythment le livre, comme de nos jours les attentats et les combats dans de nombreux pays s'imposent dans l'actualité. La grosse différence, c'est que nous ne faisons que les voir alors que ceux qui vivent dans ces pays les subissent jours et nuits. 

H. Castellanos Moya n'entre pas à proprement parler dans une critique du régime en place. Il parle des violences de part et d'autre. Bien sûr la terreur policière et la violence d'État sont insupportables, et ce sont elles qui génèrent l'opposition, mais tenter de renverser le régime en imposant également une guérilla, des attentats pousse parfois ces acteurs à des actes terribles. Sans prendre position, même si la sympathie va forcément aux plus faibles, à ceux qui se défendent, il dit qu'être d'un côté ou de l'autre n'est pas nécessairement un choix. Son roman n'est pas manichéen (et son sujet n'est pas la critique d'un régime militaire), il s'intéresse aux petites gens, à ceux qui à un moment sont dans tel ou tel camp ou dans aucun, entre les deux, grâce ou à cause des hasards de la vie, de la volonté de s'en sortir, d'offrir aux siens une vie plus belle. Loin des Palais et des lieux de décision, il s'intéresse à ceux qui subissent de plein fouet et quotidiennement l'autorité et la violence des uns et des autres.

J'espère de tout cœur vous avoir donné envie de découvrir ce roman excellent, formidable. Un coup de cœur pour moi. Décidément, plus je la découvre et plus je trouve que la littérature sud-américaine recèle de véritables trésors.

Merci Valérie.

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J'aurai ta peau Dominique A

Publié le par Yv

J'aurai ta peau Domnique A, Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Balez, Glénat, 2013

"Dominique A est un chanteur-compositeur heureux, abordant sa nouvelle tournée avec la sérénité d'un artiste accompli. Une sérénité qui ne fera pas long feu, à cause d'une lettre anonyme annonçant laconiquement : "J'aurai ta peau, Dominique A"... Et pourquoi diable on lui en voudrait à LUI ? Qui peut vouloir la peau d'un inoffensif chanteur même pas si célèbre que ça ? ..." (note de l'éditeur)

Forcément avec un tel titre, je ne pouvais que sauter sur cette BD, moi qui comme je le disais en fin d'année dernière aime beaucoup ce chanteur (clic). Et bien m'en a pris (je tiens ici à remercier Le Merydien qui m'a mis la puce à l'oreille dans l'un de ses commentaires sur l'article concerné par le "clic" précédent).

Voilà donc le chanteur menacé de mort qui devient parano se demandant bien pourquoi on lui en veut. Le soutien de son ami Philippe Katerine n'est pas vraiment là pour le rassurer :

"- C'est bizarre qu'on s'acharne précisément sur toi.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Ben, d'habitude, les dingues, ils s'attaquent aux stars, pas aux chanteurs plus... enfin, moins... C'est juste que t'es pas super connu, tu vois ?

- Ben, si, quand même un peu." (p.13)

Le dialogue qui se poursuit est tout aussi savoureux entre Dominique A un rien vexé de n'être pas reconnu à sa juste valeur et P. Katerine qui se moque gentiment de son copain. C'est d'ailleurs toute la BD qui est savoureuse. Des dialogues et des situations drôles -enfin pour nous lecteurs, peut-être moins pour Dominique A-, un chanteur obligé de réfléchir sur sa condition d'artiste et sur la manière dont il est parvenu à icelle ; parce qu'après tout, il aurait pu faire autre chose que chanteur monsieur Ané ! Le scénario (A. Le Gouëfflec) est plaisant, marrant et original et point n'est besoin de connaître la discographie du chanteur pour apprécier cette BD -même si je ne saurais trop vous conseiller de vous pencher dessus. 

Pour les dessins (O. Balez), je suis un peu moins calé pour les critiquer, mais je peux dire qu'ils me paraissent très bons. En fait, je les aime bien parce qu'ils sont assez réalistes sans aller dans des détails très précis : on reconnaît sans peine les protagonistes. Leurs émotions sont très visibles et l'on ne peut s'empêcher de rire parfois des attitudes ou remarques des uns et des autres. Les couleurs sont plutôt dans des tons chauds (mise à part la vêture de Dominique A, éternellement noire). 

Une BD qui sort de l'ordinaire mettant en scène des personnes vivantes, dont Dominique A, qui signe la préface de l'ouvrage s'inquiétant un peu de son sort : "... à l'heure d'aujourd'hui, même si je sais grosso modo de quoi l'histoire retourne, je n'ai eu que quelques planches sous les yeux. Et si je ne m'abuse, il est question d'avoir ma peau dans le titre... Dans quel(s) guépier(s) m'ont-ils fourré ? Comme si la vie n'était pas assez compliquée..." (p. 2)

J'ai adoré cette BD tant par le scénario que par les dessins, l'ambiance qu'ils créent. Un coup de coeur en cette nouvelle année !

Merci Élise.

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