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80 mots de Corée du Sud

Publié le par Yv

80 mots de Corée du Sud, Martine Prost, L'Asiathèque, 2023

Dans sa collection 80 mots du monde, l'Asiathèque a confié à Martine Prost, docteure en linguistique, qui a occupé divers postes notamment directrice de l'Institut d'études coréennes au Collège de France, mariée à un Coréen et vivant dans le pays, le soin d'écrire son dictionnaire personnel.

80 mots qui permettent de se rendre compte des différences notables entre la Corée et la France, des traditions et coutumes coréennes mais aussi de la très grande modernité du pays et de ses habitants. Du grand pas entre les générations, les plus anciens respectant les traditions et les plus jeunes se voulant plus modernes, renonçant à certaines pratiques qu'ils ne jugent plus utiles. La Corée a changé en 50 ans. Elle s'est libérée de la colonisation japonaise, réussit à vivre avec des voisins pas toujours amis, la Chine et surtout la Corée du Nord. Le pays s'est modernisé, s'est enrichi, les entreprises coréennes sont désormais internationales.

A travers le choix de ses mots, Martine Prost montre le changement dans l'habillement, la nourriture, le rapport au corps,  la relation à l'autre, les mœurs, la consommation... "Impensable hier, le divorce, est aujourd'hui monnaie courante en Corée du Sud."(p.105). Mais aussi les relations hors mariage, une certaine libération des femmes qui rejettent le rôle d'épouse modèle qui attend son mari à la maison, la communauté LGBTQ+ qui lutte pour ses droits... Elle met également l'accent sur des traditions qui perdurent, comme certaines fêtes, des scènes de la vie quotidienne, évoque des termes particuliers : "Le han est spécifiquement coréen. C'est un cri intérieur infini et profond. On peut rire du stress ; on ne rit pas du han. Le stress n'empêche pas l'espoir d'exister, le han, oui. (p.113)

Grâce à ce dictionnaire miniature, l'autrice dresse un portrait tout en contraste et en subtilité de ce pays dans lequel elle vit. A lire comme on lit un recueil de nouvelles, dans l'ordre ou pas. A chaque définition, les idéogrammes sont notés avec leurs diverses origines, et à chaque fois, on est sûr d'apprendre un truc sur la Corée et ses habitants.

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L'inconnu de Cleveland

Publié le par Yv

L'inconnu de Cleveland, Thibault Raisse, 10/18, 2023

Été 2002, Eastlake, petite ville des États-Unis, proche de Cleveland, autour du lac Érié, le corps d'un vieil homme est retrouvé dans son appartement. L'homme s'est vraisemblablement suicidé quelques jours auparavant. L'affaire est vite classée. Mais un enquêteur privé découvre bientôt, à la faveur d'une recherche d'éventuels héritiers que cet homme Joseph Chandler vit depuis vingt-quatre ans sous une fausse identité. Le vrai Joseph Chandler est mort enfant dans un accident de voiture. Dès lors, l'affaire facile prend une autre tournure.

Thibault Raisse est journaliste spécialisé en faits divers et grandes enquêtes criminelles, il a notamment coécrit un article sur l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès dans le magazine Society. Il s'empare de l'affaire de Cleveland et restitue avec beaucoup d'intérêt pour le lecteur l'atmosphère des différentes époques, des lieux : Cleveland après une période faste a décliné pour devenir une grande ville un peu oubliée, endormie dans laquelle il ne suffit pas de traverser la route pour trouver un emploi. Sa banlieue, Eastlake en tête n'est pas en reste, et elle est un endroit idéal pour ne pas se faire remarquer, pour vivre une vie tranquille et sans histoire, ce que parvient à faire Joseph Chandler. L'auteur du texte explique qu'aux États-Unis, il est relativement courant et aisé de changer de nom, d'emprunter celui d'un enfant décédé et de recommencer une vie. Mais une erreur, un grain de sable enraye souvent le mécanisme. Pas pour Joseph Chandler, ce qui étonne encore davantage les enquêteurs.

Je ne suis pas forcément amateur de ce qu'on appelle en bon français le true crime, mais j'avoue que ce récit m'a tenu jusqu'au bout. Thibaul Raisse est fort bien documenté et sait retranscrire tout cela de joli manière, de sorte que l'on a très envie de savoir qui était réellement Chandler et les raisons de son changement de nom. Il faut cependant aimer le récit journalistique, qui n'est pas du roman. Personnellement, je trouve que, au moins sur ce titre, c'est bien vu, ça fonctionne très bien et c'est à la portée de tous les lecteurs. Il me semble que les éditions 10/18 ont créé une collection avec ce genre de récits, je ne dis pas non à une autre lecture.

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Le mâle du siècle

Publié le par Yv

Le mâle du siècle, Fabrice Châtelain, Intervalles, 2023

Le couple de Rémy et Charlotte vacille après leur retour de vacances en Amazonie. Là-bas, Rémy s'est senti rabaissé par les locaux et même par Charlotte, pour sa phobie des animaux rampants, marchants ou volants et pas vraiment à son goût et s'entendre dire qu'il n'est pas un "vrai mec" n'a pas arrangé ses relations.

Au travail, à la banque il est humilié, harcelé par un petit chef auquel il n'ose pas répondre. Rien ne va plus dans sa vie, et le fond n'est pas encore touché : il va y avoir la thérapie de couple engagée par Charlotte et Paulo un vieil ami qui débarque et s'installe chez le couple...

J'aurais bien aimé une cure d'amaigrissement pour ce roman, notamment en son mitan où les déboires et les mésaventures de Rémy s'enchaînent et sont un peu longues. Néanmoins, j'avoue avoir pas mal ri et souri aux réparties, aux tentatives maladroites et vaines de Rémy pour devenir un vrai homme, un comme Gabin, Delon ou Ventura. J'aime également les portraits des personnages, très stéréotypés et souvent hilarants. Celui de Paulo, mis à la porte de chez lui après une énième tromperie, est très drôle et fera frémir les plus féministes si le discours est pris au premier degré. Cette comédie qui flirte parfois avec le grand n'importe quoi ne manque pas de noter, argumenter et critiquer les travers de notre époque : les coachs, les réseaux sociaux, le harcèlement professionnel et sexuel, la perte de la virilité et la disparition des vrais hommes, les machos sexistes, les émissions de télévision voyeuristes... Si certains personnages sont d'indécrottables machos, beaufs, Rémy est davantage une victime. Pas assez fort pour s'imposer avec sa vraie personnalité, il trouve un dérivatif dans lequel il pense se révéler : ressembler à ses idoles, sans comprendre que le temps des voyous à l'ancienne est dépassé.

Vive, alerte, moderne, l'écriture de Fabrice Châtelain épouse totalement son histoire et son époque. Il n'oublie pas d'être sarcastique, ironique, cinglant. Tout pour plaire pour ce roman qui se lit vite, sur le rythme donné par son auteur.

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Lonely Betty

Publié le par Yv

Lonely Betty, Joseph Incardona, Thomas Ott, Finitude, 2023

Dans cette petite ville du Maine, à la veille de Noël 1999, une cérémonie se prépare pour fêter les cent ans de Betty Holmes, l'ancienne institutrice, devenue muette quarante ans auparavant suite à un drame. Aussi la stupeur règne lorsque Betty, au lieu de souffler les bougies demande à voir l'ancien policier auquel elle a des révélations à faire.

Initialement paru en 2010, ce livre se paie une réédition augmentée par les illustrations de Thomas Ott, en noir et blanc. Ce roman noir et court installe une ambiance très Amérique profonde, dans une petite ville où tout le monde se connaît, se fréquente ou s'évite. De fait, Betty Holmes a vu passer pas mal d'adultes alors bambins dans sa classe.

Joseph Incardona que je découvre avec ce titre a une plume légère et décalée. Il n'est pas avare de situations loufoques, d'interventions de ses personnages dans son histoires, d'humour, d'ironie. "Elle se signa, tira le drap sur le visage de Julie et consigna son rapport au coroner. Et comme d'habitude, le coroner Smith n'y relèverait aucune faute de grammaire ni d'orthographe. En dehors de ses penchants pédophiles, cette petite bite de Rooney [l'ancien instituteur qui a remplacé Betty] n'avait pas eu son pareil pour apprendre à lire et à écrire aux enfants." (p.28)

J'ai aussi beaucoup aimé le fait que si l'histoire est basée autour des révélations de Betty, le roman prend le temps d'écrire sur des personnages secondaires qui ne font qu'une apparition dans l'intrigue mais continuent d'évoluer en marge. Ils peuvent même se demander pourquoi ils sont toujours là.

Bref, ce court roman est étonnant et ménage ses effets, ses surprises pour le plus grand plaisir du lecteur. Rien de superflu, rien de manquant. Format idéal et écriture plaisante qui colle parfaitement au sujet, à l'époque et au lieu.

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La nuit des fous

Publié le par Yv

La nuit des fous, Anouk Shutterberg, Récamier, 2023

Élise est une jeune femme atteinte d'une pathologie grave qui découvre, au décès de son père, une tante. Elle prend contact, lui rend visite, mais assez vite d'étranges incidents arrivent à la jeune femme.

2022, cinq squelettes sont déterrés lors d'un chantier. Chacun dans un parallélépipède en bois. Chaque corps a été étrangement attaché avec du fil de fer. Sûrement un message du tueur, car ce sont des meurtres, les policiers en sont certains.

C'est le commandant Jourdain, à peine remis de son enquête précédent qui est en charge de celle-ci, qui le mènera aux portes de la folie.

Troisième roman pour l'autrice, qui, c'est le moins que je puisse dire, possède une imagination vive et sans limite. Et cette fois-ci, plongée dans le monde de la psychiatrie, celle des années 70, pas toujours au plus près du respect des malades, au moins dans l'établissement mentionné par Anouk Shutterberg.

Construction classique : deux histoires qu'a priori rien ne relie vont évidemment se rejoindre : une enquête débutée sans indice, péniblement et une histoire familiale. Dans les deux cas, l'autrice fait monter la tension doucement et sûrement. On sent bien dès le début que dans la rencontre entre Élise et sa tante, il y a quelque chose qui cloche, sans pouvoir le déterminer, et cela ne va pas aller en s'arrangeant. Et de l'autre côté, les flics stagnent, ne parviennent pas à trouver une piste sérieuse. De plus, Stéphane Jourdain en proie à ses démons n'est pas au top de sa forme pour diriger son groupe.

J'ai trouvé ce roman moins insoutenable que les deux premiers dans les descriptions macabres, mais la tension est bien présente et l'histoire est tellement prenante qu'il est difficile de le poser pour faire autre chose. Néanmoins, s'il faut s'y résoudre, parce que bon, il faut bien travailler -encore que ça, je m'en passerais volontiers- et manger et aussi vaquer à pas mal d'autres occupations dans une journée, préférons poser le livre pas trop loin pour pouvoir le reprendre rapidement.

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Datas sanglantes

Publié le par Yv

Datas sanglantes, Jakub Szamałek, Métailié, 2023 (traduit par Kamil Barbarski)

Novembre 2018, une camgirl polonaise est étranglé en direct sur Internet.

Quelques mois plus tard, Julita Wójcicka, journaliste d'investigation célèbre un peu en panne de nouvelles recherches se souvient d'un message qu'elle a reçu, en lien avec cet assassinat : "Vérifie." C'est donc son nouvel axe de travail. Grâce à ses connaissances acquises dans son enquête précédente, Julita avance assez vite dans ses recherches. Celles-ci pourtant la mènent vers des endroits inattendus et notamment vers la politique nationale.

Dans le même temps, Oleg, un modérateur de contenu d'un réseau social met à jour des pratiques douteuses, des manœuvres suspectes.

Tome 2 de la trilogie du dark net, après l'excellent Tu sais qui. Couvertures très soignées et étonnantes pour des thrillers qui font généralement dans le rouge, et intrigues originales et prenantes. Même les non initiés aux nouvelles technologies pourront suivre ces enquêtes d'un nouveau genre menées à un train d'enfer. Si le contexte est virtuel : les réseaux sociaux, l'Internet, les téléphones portables et ordinateurs, les moyens de tenter de faire taire les gêneurs sont toujours manuels et plus ou moins efficaces. Le facteur humain...

Jakub Szamałek, sur la base de faits et de méthodes avérées construit un roman qui fait froid dans le dos et ailleurs. Vous ne regarderez plus jamais vos appareils connectés de la même manière. Vous ne devriez plus aller sur les sites sans, à chaque fois, vous poser la question des informations que vous y laissez et à qui elle vont servir, et dans quel but... C'est flippant, et plus on avance dans le roman, plus la tension et l'angoisse montent. Je ne veux rien dévoiler de l'intrigue, ce serait dommage de priver les futurs lecteurs des effets de surprise, mais lorsque un état, la Russie pour ne pas la nommer, a l'idée de se mêler des élections des pays de l'ex-URSS, ses agents, sont prêts au pire, au plus sordide, au plus cruel...

On avance dans ce deuxième tome -qui peut se lire sans avoir lu le premier, mais ce serait se priver d'une incroyable histoire- aussi vite que dans le premier. Très bien mené, avec des personnages attachants, Julita et Jan son ami ex-flic expert en nouvelles technologies en tête. Très réalistes, avec leurs peurs, leurs névroses, leurs angoisses mais aussi leur détermination pour aller au bout de l'enquête malgré les risques. Un roman fort, alarmant sur les dérives du monde actuel et l'utilisation à mauvais escient des technologies modernes, passionnant et troublant. Il pose des questions sur nos usages, sur nos besoins de toujours plus de connexions, sur nos libertés menacées et les manipulations que nous subissons quotidiennement sans que nous en nous en rendions compte. Pas reposant, mais instructif et obligeant à une critique de nos habitudes et de ce que l'on nous inflige sur nos écrans. Très sain finalement.

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Faire sourire les pierres

Publié le par Yv

Faire sourire les pierres, Georges Le Querrec, DeBorée, 2023

Michel, artiste-peintre médiocre ne se relève pas de sa séparation avec Sylvie. Marco, son ami, l'emmène dans sa maison de famille, lieu-dit Kerbaul, en Bretagne, entre le Trégor et le Léon.

Malgré une maison et une fin d'automne humides, Michel se sent rapidement bien et accepté par les habitants du village de bord de mer propice à l'inspiration pour ses tableaux. Il se met à peindre comme jamais il n'a peint, découvre la nature, la vie simple.

De Georges Le Querrec, jusqu'ici je n'avais lu que des romans policiers (Pour cibles, Les ailes de l'araignée, Le sang des tourbières). Pour son roman, la Bretagne est toujours présente, sauvage, régénératrice et ses habitants, taiseux mais ouverts, accueillants et méfiants.

C'est un beau portrait d'un homme qui entre doucement dans la soixantaine, qui aurait pu le faire en se morfondant, en se laissant aller et qui trouve une seconde jeunesse à venir vivre loin de Paris et de la grande ville, à (re)trouver des gestes simples, des relations franches, un goût pour les bonnes choses naturelles.

Georges Le Querrec parle du monde paysan qu'il connaît bien puisqu’il en fut, de la course vers le toujours plus : "Mais il faut tellement de vaches pour en vivre, depuis qu'ils ont arrêté les quotas on peut produire tout ce qu'on veut, et beaucoup ont agrandi leur cheptel. Mais c'est un cercle vicieux parce que plus t'as de bêtes, plus il faut se moderniser pour la traite et plus il te faut des terres pour pâturer et pour le foin, du coup, tu n'as plus assez de place pour faire ton orge et tu achètes des aliments tout faits qui te coûtent la peau du cul." (p.90/91). Il parle aussi de peinture, qu'il connaît également puisqu'il est peintre -je n'ai pas la chance de connaître ses œuvres- et c'est joliment fait, tant dans l'artiste qui mû par une inspiration se lance que dans l'amateur qui ressent -il se moque gentiment des critiques d'art qui voient des choses que les artistes eux-mêmes ne voient pas.

Le tout donne un roman agréable -bien qu'un peu long parfois à mon goût-, qui s'il ne révolutionne pas le genre, permet de belles balades dans ce coin de Bretagne et des rencontres avec des gens simples et finement décrits.

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Sous l'écorce

Publié le par Yv

Sous l'écorce, Agnès Ledig, Le Robert, 2023

Dans la collection Secrets d'écriture de l'éditeur Le Robert, des écrivains sont invités à répondre à la question attribuée à Julien Gracq : "Pourquoi écrit-on ?" Chacun des auteurs déjà parus explique donc sous la forme d'une autobiographie littéraire sa façon de procéder, sa naissance à l'écriture, ses références...

Neuf titres sont parus, logiquement celui d'Agnès Ledig est le dixième.

Me croirez-vous si je vous dis que je n'avais jamais entendu parler d'Agnès Ledig ? Ni de nom, ni de ses livres ? Et pourtant, c'est vrai. J'avoue mon inculture, je plaide coupable. Il est certain que la littérature qui m'intéresse n'est pas celle-ci. "J'ai quelques auteurs et autrices incontournables dont j'achète la nouveauté sans lire ni le résumé ni les avis. Anna Gavalda, Fred Vargas [...] Bernard Minier et Olivier Norek." (p.59) J'ai moi aussi mes auteurs favoris dont j'achète les livres sans en savoir rien, mais pas les mêmes ; je n'ai même jamais lu B. Minier ou O. Norek et lire Anna Gavalda, une fois, ne m'a pas laissé grand souvenir. Bref, c'est dire si je suis assez éloigné d'Agnès Ledig, et pourtant, j'ai bien aimé son texte. Il m'a parfois un peu agacé par des formules toutes faites, des expressions maintes fois lues ou entendues, mais je l'ai trouvé sincère et intéressant.

Elle parle de son enfance, de son rapport aux livres, de la perte d'un très proche et j'aime beaucoup ce qu'elle dit sur le deuil -je déteste l’expression "faire son deuil"- : "On apprend seulement à vivre avec l'absence, à accepter le vide, à accueillir les vagues de tristesse [...] Ce deuil appartient à chacun." (p.38). Puis elle en arrive à son entrée en écriture, le refus de son premier manuscrit et l'explosion des ventes des autres.

J'aime bien plusieurs passages, sur la difficulté à se séparer de livres, sur sa manière d’écrire, de corriger, de revenir plusieurs fois sur le texte. Je suis moins sensible aux conseils donnés à de futurs écrivains, ne me sentant pas concerné, moi qui serais incapable d'écrire mon autobiographie en plus de trois phrases : "Il est né. Il a vécu. Il a mouru." avec une projection dans le temps -le plus lointain possible- et une faute de français...

De même, je n'adhère pas totalement à son opinion sur les mauvaises critiques qu'elle juge inutiles. Moi pas. Je ne descends pas un bouquin pour le plaisir de descendre un bouquin. D'ailleurs, je ne descends pas de bouquin, j'explique pourquoi il ne m'a pas plu, mais je respecte le travail de l'auteur/trice, c'est juste que le texte en question ne me plaît pas.

Bon, maintenant, je connais Agnès Ledig, je pourrai même dire que je l'ai lue, ce qui n'est pas le cas pour beaucoup de gros vendeurs de livres, et même que j'ai plutôt -oui, j'atténue- aimé son livre. Et, chère Agnès, ne prenez pas mes réserves pour vous personnellement, elles émanent d'un éternel grincheux, ne visent que mon rapport à votre texte et n’engagent que moi

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La reine de Babylone

Publié le par Yv

La reine de Babylone, Martin Guenehen, Bastien Vivès, Hugo Pratt, Casterman, 2023

2002, Corto Maltese est à Venise avec Semira. Une guerre se prépare en Irak et les trafiquants se sont donnés rendez-vous dans la ville. Corto, avec Semira et ses amis bosniaques vont jouer les pirates et s'emparer d'une très grosse somme d'argent.

Mais tout ne se passera pas comme prévu et Corto va devoir improviser, fuit et partir à la recherche d'hommes qui l'on trahi.

C'est la troisième aventure de Corto Maltese scénarisée par Martin Guenehen et dessinée par Bastien Vivès, la première que je lis. N'étant ni fan absolu ni même féru de Corto Maltese, je ne crierai pas au scandale quant à sa transposition quasiment un siècle après l'époque dans laquelle le faisait évoluer son créateur Hugo Pratt. C'est pour moi un album qui permet de mettre en scène un Corto contemporain, un homme encore jeune qui vit dans son époque, une manière assez habile de continuer à faire vivre un héros emblématique de la BD. Un hommage à son créateur et une adaptation plaisante. Le format, celui d'un roman graphique, est bien choisi, et sur un scénario tortueux et sinueux à souhait -comme l'étaient ceux d'Hugo Pratt dans lesquels, parfois, je me perdais-, Bastien Vivès dessine un Corto jeune, parfois juste esquissé notamment dans les jeux d'ombres des scènes de nuit. Des pages de cases muettes, peu de dialogue, Corto est avare de mots, sauf d'adages parfois à doubles sens. Dans cette aventure Corto est amoureux de Semira et l'amour, le trafic, l'argent et la piraterie ne font pas bon ménage.

J'ai pris plaisir à suivre cette aventure, certes assez éloignée de celles de Hugo Pratt ou de Juan Diaz Canales et Ruben Pellejero qui ont pris sa suite dans une logique davantage calquée sur l'original. C'est aussi une manière d'élargir le public susceptible de connaître Corto Maltese, plus moderne. Et ce n'est pas une mauvaise idée, ceux qui découvriront Corto Maltese avec les albums de Guenehen et Vivès auront peut-être envie de puiser aux sources.

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