Les Armées

Les Armées, Evelio Rosero, Métailié, 2008
San José, village colombien. La vie y est paisible et Ismael, vieux professeur à la retraite passe son temps, grimpé sur une échelle, à cueillir des oranges, dans son potager mais principalement à épier sa jolie voisine, Geraldina qui prend le soleil entièrement nue. Ni celle-ci ni son mari ne s'en offusquent. Seule Otilia, la femme d'Ismael en éprouve une grande honte. Mais un jour, tout ce petit bonheur éclate, lorsque des bandes armées attaquent le village. Des habitants sont assassinés, d'autres enlevés, d'autres encore s'enfuient.
Tout commence comme une belle chronique villageoise, paisible, agréable, et puis l'histoire bascule : il est difficile de ne pas se perdre entre toutes les bandes armées en action. Celles qui attaquent. Celles qui défendent. Sont-ce des militaires, des para-militaires, des narco-trafiquants, des guérilleros, ...? Et somme toute, peut importe. La chronique du village devient un enfer, les maisons des ruines et les habitants des fantômes qui préfèrent s'en aller ailleurs, sans malgré tout être sûrs de rester en vie.
Roman qui fait froid dans le dos lorsqu'on pense qu'il est écrit très récemment (paru en 2007 et traduit en 2008) et qui décrit la réalité des villages colombiens.
N'oublions pas qu'outre la très médiatique Ingrid Bétancourt libérée récemment, de nombreux otages sont actuellement aux mains des diverses factions armées colombiennes. Tous ne sont pas aussi connus, beaucoup sont colombiens, enlevés dans leurs villages ; les kidnappeurs demandent de grosses sommes d'argent que les familles sont bien incapables de payer, prolongeant ainsi leur calvaire.
Evelio Rosero parle aussi de l'instabilité politique de son pays, de son incapacité à empêcher ces exactions. Son constat est édifiant et terrible. Roman fort à découvrir.