Gloria
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Gloria, Almudena Pano, Rue de l'échiquier, 2023
"Gloria est une jeune femme apparemment insouciante et pleine de vie, qui se consacre à une tâche essentielle : prendre soin d’enfants et d’adolescents traumatisés par des violences ou des accidents de vie. Assistante sociale dans un centre d’accueil, elle est l’une de ces "aidantes" qui, malgré le peu de reconnaissance dont elles bénéficient, ont fait de leur travail une véritable mission." (4ème de couverture) Peu payée, elle vit chez ses parents, sort, rencontre des copines qui lui disent qu'elle doit trouver un travail plus rémunérateur. Mais Gloria tient trop aux enfants dont elle s'occupe.
Tons pops et acidulés pour cette bande dessinée qui traite de sujets sérieux et durs. On pourrait se dire que ces couleurs vives devraient être réservées à des albums plus légers, mais personnellement j'aime bien être surpris et là où, bien nourri de tous mes codes et a priori, je pensais tomber sur un livre mièvre voire gnangnan -j'avoue je ne lis pas les quatrièmes de couverture, ou très peu-, me voici avec du lourd. Car Almudena Pano traite la question de la schizophrénie pour un garçon que Gloria rencontre et de deux cas d'inceste. Son récit est à la fois lourd et dur, mais je le trouve très précis, très détaillé -pas sordide-, notamment dans la difficulté à déceler l'inceste, puisque l'incesteur se cache, se tait et menace l'enfant, dans la culpabilité de l'adulte qui ne l'a pas vu, dans les signes qu'un enfant peut montrer... Il est également très instructif et pédagogique. Bâti sur Gloria et son travail, les enfants abusés sont le centre de l'album. Encore une fois, précis et détaillé, il montre le travail fait avec eux pour dire l'abus, pour apprendre à vivre avec. Et il met en exergue le formidable travail des assistants sociaux, éducateurs, psychologues et tous les professionnels qui écoutent, aident l'enfant et son entourage, souvent mal rémunéré, pas vraiment socialement considéré. Le travail social traverse en ce moment une grave crise : beaucoup de départs et peu d'arrivées, et le nombre de victimes ne baisse pas. Qui peut croire qu'un travailleur social qui a entendu, écouté, vu des enfants violentés, abusés, abîmés pendant quarante années tiendra jusqu'à 64 ans ?