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Groove

Publié le par Yv

Groove, Airwan Isle, Hugo image, 2019.....

Airwan Isle de Beauchaine, diplômé des Beaux-Arts de Paris s'exprime dans la rue, préférant les affiches publicitaires. Le métro parisien est l'un de ses terrains de chasse favoris, mais il ne se refuse aucun espace qui lui plaît. Internationalement connu et reconnu, il travaille essentiellement à Paris.

Ce livre montre certaines de ses œuvres éphémères, photographiées par Guillaume Brachon et par Airwan Isle lui-même. 

Personnellement, je ne connais pas du tout l'artiste, j'aime bien ce que je vois parfois sur les murs, j'ai beaucoup aimé le travail de JR et Agnès Varda vu dans Visages, villages et Ernest Pignon Ernest est un artiste que j'ai découvert dans divers reportages et dont le travail me plaît. Dans d'autres genres, les murs de Nantes, les piles de certains ponts urbains sont souvent graffés de belle manière.

Airwan Isle procède par traits fragiles, fins et profite des détails des affiches pour apposer son sens du surréalisme, de l'absurde et y ajoute une touche d'humanité indéniable. Son dessin de visage est quasiment toujours le même et souvent un détail ajouté par lui-même ou trouvé sur l'affiche et dont il se sert en change l'expression qui peut varier du tout au tout. Beaucoup d'humour, de poésie et parfois de grandes questions existentielles. Et parfois il suffit de regarder et de trouver ça beau, ça peut suffire.

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Darnand. Le bourreau français (3/3)

Publié le par Yv

Darnand. Le bourreau français (3/3), Bedouel, Perna, Rue de Sèvres, 2019.....

1944/1945, c'est la fin pour Darnand et la milice. La guerre se termine et chacun cherche à s'enfuir ou à se refaire une virginité, un passé de résistant -de la dernière heure-, prêt à tout pour le faire croire. Darnand est arrêté, attend son procès et son issue prévisible : la peine de mort. C'est aussi le moment de régler les comptes.

Troisième tome de la série historique passionnante sur Darnand et la milice ou comment les mauvais choix d'un homme, pourtant héros de la 1ère guerre le mènent vers l'horreur et l'ignominie. Comme dans le tome 1 et le tome 2, les auteurs, Patrice Perna au scénario et Fabien Bedouel au dessin, sont très documentés et ajoutent à l'histoire réelle des personnages de fiction. Le tout donne une série formidable qui parle de la guerre, des combats, mais aussi des hommes entraînés à commettre des actes, contre leur volonté. Ici, il s'agit plutôt de Ange, le héros fictif, mais on pourrait le rapprocher des Alsaciens réfractaires au STO qui furent enrôlés de force dans l'armée allemande.

Le tome 3 arrivant un an après le précédent, il est prudent de tout relire pour bien se souvenir des détails, mais qu'importe, ce n'est pas un calvaire, bien au contraire.

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Un chemin de tables

Publié le par Yv

Un chemin de tables, Maylis de Kerangal, Folio, 2019 (Seuil, 2016)....

Mauro, dès son adolescence aime faire la cuisine pour ses copains, mais ne songe pas à en faire son métier. Il poursuit des études en sciences économiques, un Master. En parallèle, ses amours culinaires lui reviennent et il passe un CAP, puis travaille dans divers restaurants pour s’entraîner, s'imprégner de l'ambiance des cuisines.

Court texte de Maylis de Kerangal sur la cuisine, à travers le parcours d'un jeune homme qui ne s'y destinait pas particulièrement. Elle s'empare de son sujet et nous voilà véritablement avec Mauro dans les cuisines. Le vocabulaire est soigneusement choisi mais point trop technique. Il sait dire à merveille la beauté et la difficulté de ce travail. Les coups de stress lorsque Mauro veut faire bien et bon avec des produits sains et de qualité, les semaines de 70 heures pour un salaire pas vraiment en adéquation, la fatigue, les plats à inventer en fonction des arrivages du jour, mais aussi la satisfaction des clients qui reviennent, qui conseillent, qui félicitent.

Mi-roman mi-documentaire, c'est la collection initiale au Seuil  : Raconter la vie, qui veut cela, mais c'est aussi un genre dans lequel l'auteure excelle. Son style est toujours élégant, soigné, de belles phrases, parfois longues, qui donnent le rythme, qui sait prendre le temps, contrairement à un cuisinier en plein rush. Bref, ce livre donne envie de fréquenter les bons restaurants, pas forcément les chers, mais ceux qui travaillent des produits frais, pour se faire plaisir et encourager et remercier tous les Mauro.

"Mauro passe l'examen en candidat libre un an plus tard. Ce jour-là, il revêt la tenue de cuisine qu'il doit porter pour les épreuves, une tenue achetée chez Monsieur Veste pour 68 euros et qu'il choisit blanche : pantalon et veste de cuisine, mocassins spéciaux, tablier demi-chef (longueur aux genoux), calot -il défile à travers le petit jardin, silencieux, le torse étroit moulé dans le tablier, ses longs bras fins, puis me regarde, dubitatif : ça va ? j'ai l'air d'un clown ou pas ? Je souris, il n'est pas mal du tout et totalement crédible." (p. 56/57)

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Au bout du compte

Publié le par Yv

Au bout du compte, Hervé Huguen, Palémon, 2019.....

Francis Gosciniak, cadre et banquier à l'UBO à Vannes met à jour une malversation financière qui profite entre autres à son supérieur direct. Bien décidé à l'exploiter pour monter les échelons plus rapidement que prévu, et après en avoir avisé le-dit supérieur, le jeune banquier sort de son travail euphorique, et est renversé par une voiture. Cet accident fatal est-il vraiment un accident ou un moyen de le faire taire ? C'est le lieutenant Kerzhéro qui est chargé de cette délicate enquête chez les notables de la ville.

Excellent ce polar qui perturbe parce que chaque chapitre se clôt avec des paragraphes en italique qui interpellent : qui est le mystérieux narrateur ? Comment sait-il tout cela ? Il peut être n'importe lequel des protagonistes et tous à la fois. Je me suis posé la question tout au long de ma lecture jusqu'à ce qu'enfin Hervé Huguen donne la solution. Et quelle solution, un truc auquel je ne m'attendais pas du tout et qui m'a scotché. 

Chaque chapitre est vu par un personnage dont le prénom est noté en exergue, ce qui donne différents points de vue au lecteur. Hervé Huguen sait construire une belle intrigue qui tient ses promesses jusqu'aux dernières lignes. Franchement, je me suis fait balader et c'est un compliment et un ravissement que de découvrir qu'on s'est fait avoir dans un roman policier. Lâchant son héros récurrent Nazer Baron (ici et ), il met en scène un flic plus en retrait, une sorte de Columbo pour l'aspect physique et ses inévitables dernières questions : "Kerzhéro le quitta. Il n'avait pas menti, sa voiture était à deux pas de là, à hauteur des lavoirs. Il fit quelques foulées avant de paraître se souvenir brusquement d'un détail égaré dans les méandres de son cerveau." (p.51) et la non moins inévitable Mme Maigret -ici Mme Kerzhéro- dont il est question sans la voir. Bref, un excellent roman policier dont la lecture aisée est réjouissante.

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Les sociétés matriarcales. Recherches sur les cultures autochtones à travers le monde

Publié le par Yv

Les sociétés matriarcales. Recherches sur les cultures autochtones à travers le monde, Heide Goettner-Abendroth, Des femmes-Antoinette Fouque, 2019 (traduit par Camille Chaplain).....

"Dans cet ouvrage pionnier, fondateur des Recherches matriarcales modernes, Heide Goettner-Abendroth propose une nouvelle approche méthodologique du concept de matriarcat, revisitant ainsi l'histoire de l'humanité tout entière. Dans un aller-retour permanent entre le terrain et la théorie, elle offre une vue d'ensemble des sociétés matriarcales dans le monde, faisant apparaître que celles-ci ont non seulement précédé le système patriarcal, apparu seulement vers 4 000-3 000 avant notre ère, mais qu'elles lui ont survécu jusqu'à ce jour sur tous les continents." (4ème de couverture)

Ouvrage impressionnant tant par son poids (dans un sac, il peut servir d'arme redoutable) que par son contenu. Fruit du travail de longues années de la très respectée docteure en philosophie des sciences et grande spécialiste mondiale des sociétés matriarcales, Heide Goettner-Abendroth, il est une source d'informations, un ouvrage de référence dans le domaine cité. Je l'ai lu en plusieurs fois, piochant ici et là dans les chapitres consacrés aux diverses sociétés matriarcales décrites. Aucune obligation de lire de manière linéaire, on peut passer à l'envie des Khasi d'Inde aux Newar du Népal, puis en Chine, Corée, Japon,Indonésie, Mélanésie, Afrique, Amérique. 

Attention, je conseille la lecture de l'introduction, ce que j'avoue, je ne fais pas toujours, car elle explique la méthode de travail mais aussi de lecture et de compréhension. L'auteure explique bien qu'il ne faut pas entendre la société matriarcale comme un "décalque du patriarcat" ce que font nombre de gens et d'hommes en particulier pour tenter de minimiser voire d'éliminer le matriarcat : "Les sociétés matriarcales sont des sociétés de réelle égalité entre les sexes ; cela concerne la contribution sociale de l'un et de l'autre -et même si les femmes sont au centre de la société, ce principe gouverne la vie sociale et la liberté des deux sexes. Les sociétés matriarcales ne doivent absolument pas être considérées comme l'image inversée des sociétés patriarcales -où les femmes détiendraient le pouvoir à la place des hommes, comme dans le patriarcat- puisqu'elles n'ont jamais eu besoin des structures hiérarchiques du patriarcat. La domination patriarcale, où une minorité issue des guerres de conquête régente l'ensemble de la culture, assoit son pouvoir sur les structures de coercition, la propriété privée, le joug colonial et la conversion religieuse." (p. 9)

C'est un bouquin passionnant issu d'un travail remarquable de longue haleine, où l'on rencontre des hommes et des femmes qui vivent bien dans des sociétés beaucoup plus égalitaires que les nôtres. Evidemment, je comprends que certains hommes qui se verraient dépossédés de quelques attributs de pouvoir, de quelque sentiment de supériorité puissent ne pas tourner les pages voire nier l'existence de ces sociétés. Tous les autres, hommes et femmes, évadez-vous et instruisez-vous en bonne compagnie. 

Edité chez l'incontournable Des femmes-Antoinette Fouque.

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Chaplin en Amérique

Publié le par Yv

Chaplin en Amérique (tome 1), Laurent Seksik, David François, Rue de Sèvres, 2019.....

1912, Charles Spencer Chaplin traverse l'océan d'Angleterre vers New York. Il joue dans une pièce qui fait une tournée de trois mois aux Etats-Unis et il rêve d'y rester et de devenir un très grand acteur. La pièce ne fonctionne pas bien, mais il est repéré par un producteur d'Hollywood qui lui demande d'y venir. Là-bas, les débuts ne sont pas glorieux non plus.

Tome 1 d'une série sur Charlie Chaplin qui devrait en compter trois. Laurent Seksik (scénario, idée originale et dialogues) raconte les débuts de l'acteur anglais qui sont aussi les débuts du cinéma. En prime, Charlie raconte un peu de son enfance très pauvre et la naissance de sa vocation. 

David François (mise en scène, dessins et couleurs) rend le tout extrêmement agréable et même joyeux. La palette et le traits sont très personnels. Dans un interviouve, Laurent Seksisk dit que le dessin de David François virevolte et c'est exactement cela. Il y a dans cet album une joie communicative, une envie d'aller voir les films de Chaplin et d'en savoir plus sur sa vie et celle de son héros tout juste né à la fin du volume, Charlot. 

Bon, maintenant, j'attends la suite...

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L'archipel des secrets

Publié le par Yv

L'archipel des secrets, Anne-Solen Kerbrat, Palémon, 2019....

Alors qu'ils arrivent à Bréhat pour passer un ouiquende romantique, la capitaine Jeanne Sixte et le tout nouveau promu commissaire Perrot s'y retrouvent, avec tous les autres occupants de l'île, coupés du monde par une violente tempête. Lorsqu'un cadavre est retrouvé sur la plage, c'est naturellement que les deux flics s'emparent de l'enquête. Ils interrogent tout le monde et sont particulièrement intéressés par les locataires de la maison d'hôtes Chez Armance, une dizaine d'écrivains de tous genres qui sont venus là pour s'isoler et finir leurs prochaines parutions.

Un thème archi-utilisé : une île ou un endroit isolé par du mauvais temps ou tout autre aléa -ce qui pourrait être vu comme une envie de se confronter à ce-dit thème ou comme un hommage aux précédents auteurs s'y étant collés- duquel Anne-Solen Kerbrat se sort très bien. D'une part part, parce que c'est Bréhat. D'autre part, parce que l'idylle naissante entre les deux flics (déjà rencontrés dans Le tableau de Maï) est plutôt réjouissante et enfin parce que la maison d'hôtes réservée aux écrivains recèle bien des secrets, des jalousies, des inimitiés, des ego démesurés et des relations pas toujours très claires entre certains. 

C'est donc dans cette ambiance pluvieuse et venteuse que l'auteure situe son intrigue. Ses deux flics devront user de méthodes à l'ancienne, puisque sans connexion, sans portables voire même, par moments, sans électricité. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette enquête n'est pas aisée ni facilitée par les îliens qui ne s'épanchent pas beaucoup, ni leurs hôtes. Perrot et Sixte vont devoir faire preuve de patience et de finesse dont ils ne sont point dépourvus pour venir à bout de l'énigme posée par ce cadavre que personne ne connaît.

A part une fin un peu longue -mais passer quelques minutes supplémentaires sur Bréhat, ce n'est jamais une corvée, au contraire-, j'ai apprécié ce polar tout en nuances et en atmosphère, sans violence et course poursuite, bon comme un ouiquende sur l'île décrite. 

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Velvet

Publié le par Yv

Velvet, Ed Brubaker (scénario), Steve Epting (dessin), Elizabeth Breitweiser (couleur), Delcourt (traduit par Jacques Colin)....,

1973, Velvet Templeton est la secrétaire du directeur d'une agence de renseignements ultra secrète. Ce que beaucoup ignorent, c'est qu'elle fut quelques années plus tôt une espionne particulièrement dangereuse et efficace. Aussi lorsque l'un des meilleurs espions de l'agence, X-14, est exécuté et considéré comme traître, ne peut-elle s'y résoudre, surtout que cette histoire la replonge dans ses années d'exercice. Elle se met en tête de découvrir pourquoi on tente de faire passer X-14 pour traître. Et lorsque Velvet revient, elle ne fait pas dans la demi-mesure.

Trois tomes composent cette série :  1- Avant le crépuscule, 2014 ; 2- Avant de mourir, 2016 ; 3- L'homme qui vola le monde, 2017. Et ça dépote. Empruntées à la bibliothèque sur la base des belles couvertures et d'un feuilletage rapide, je ne fus point déçu. Le dessin de Steve Epting est somptueux, sombre, beaucoup d'actions se déroulent la nuit ou entre chien et loup, la part belle leur est faite ainsi qu'aux personnages. Le scénario de Ed Brubaker est alambiqué, tortueux, on ne sait plus trop parfois qui est bon et qui est méchant, ce qui est la marque des grandes histoires noires ou d'espionnage, chacun doutant en permanence et se retrouvant un coup du bon côté de la balance et un coup du mauvais. Car la supposée-gentille laisse quelques cadavres derrière elle, autant que les méchants. 

Une bande dessinée de pure distraction du genre d'un bon film étasunien sans prise de tête -en cherchant bien, ça existe-, qu'il faut quand même suivre assez attentivement pour ne pas perdre le fil. Et comme je suis, moi, gentil, je mets ci-dessous les couvertures des tomes 2 et 3 qui, à l'instar de celle du tome 1 ont favorisé mon choix.

Velvet
Velvet

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Les portes et les sons qu'elles font

Publié le par Yv

Les portes et les sons qu'elles font, Jean-François Dion, Carnets nord, 2019 (Az'Art atelier, 2016)...,

Un homme est en retraite dans un monastère, après un séjour en prison. Quelques années auparavant, sa femme et son fils de 16 ans furent tués dans un terrible accident de la route. Cet homme a tenté de continuer à vivre après le drame, à travailler, à manger, dormir -de moins en moins-, puis s'est mis à espionner le coupable de l'accident qui lui, s'en est sorti avec peu de blessures et vit comme avant. L'idée de vengeance germe alors.

C'est un texte qui m'a surpris parce qu'il peut être tour à tour d'une force incroyable et d'un ennui profond. L'ennui ce sont les pages sur la retraite de cet homme dans un monastère. N'y voyez pas trace de mon anticléricalisme primaire, mais vraiment un désintérêt total pour ces pages délayées, qui, de mon sens, n'apportent rien au texte, tant elles se répètent, même si je mesure bien l'analogie à la prison : les portes, la cellule ; l'opposition : le silence. La force du texte tient aux autres pages consacrées à la réflexion de l'homme, à sa survie après l'accident et à son séjour en prison. Ses réflexions sont profondes, elles interrogent sur la vie, l'amour, la mort, la solitude, le besoin d'aimer et d'être aimé, le désir de vengeance. 

L'écriture est minutieuse, détaille chaque fait et geste. On pourrait la dire patiente tant elle prend le temps de décrire. JF Dion travaille ses mots, ses phrases -parfois ça sent un peu la sueur-, mais beaucoup de passages sont somptueux, d'une grande beauté, empreints d'émotions et de justesse sans tomber dans le larmoyant, le pathos facile. "Aucun vêtement, accessoire ou colifichet de Françoise ne reste dans la penderie, ni dans sa commode, ni dans la salle de bain. Je n'ai conservé que ce qui n'est pas purement féminin, comme ses livres, ses disques et des objets de déco qu'elle aimait ; ils finiront par se fondre dans mon monde, celui qui continue ; pas tout de suite bien sûr mais ils finiront, je n'ai gardé que ceux qui finiront." (p. 74)

J'ai rarement ressenti autant la détresse d'un personnage que dans ce roman. L'écriture de JF Dion remue et touche. Descriptive, pointilleuse, on se retrouve dans chacun des gestes, dans presque chacune des pensées de l'homme qu'elle nous présente. Malgré mes réserves, Les portes et les sons qu'elles font est un roman à découvrir.

 

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