Enquête secrète, Bin Konno, Atelier Akatombo, 2023 (traduit par Jacques Lalloz)
Shin'ya Ryūzaki est haut fonctionnaire de la police de Tokyo. Il travaille à l'Agence Nationale de police, et est entre autres, responsable des relations avec la presse.
Lorsqu'un yakuza, impliqué jadis dans un meurtre horrible, est assassiné, sa hiérarchie oublie de le prévenir. Shin'ya décide alors de s'impliquer directement dans l'enquête. Lorsque d'autres meurtres surviennent, sûrement liés au premier, il sent que la direction lui cache des informations sur la stratégie qu'elle met en place.
Étonnant roman policier où le héros est un flic certes, mais davantage un administratif qu'un homme de terrain. Son intégrité, sa rigidité, son sens du devoir dont il a fait l'axe de sa vie sont poussés à l'extrême. Lui qui n'imagine même pas mentir pour couvrir son fils ne peut pas comprendre que dans les services certains n'hésitent pas. Bin Konno oppose la société japonaise traditionnelle, celle où le travail paie, où l'homme gagne de quoi nourrir sa famille et où la femme est à la maison... à la société moderne où le travail, auquel les femmes accèdent, n'est pas forcément un but en soi, où la violence est présente dans les rues, les médias, où les magouilles politico-policières se font jour. Bref, notre homme est déboussolé, ses certitudes vacillent.
Bin Konno écrit un roman d'influences, de rapports hiérarchiques, et même si l'on peut se perdre dans les dénominations et rôles des services, il réussit l'exploit de faire de son héros psychorigide, une homme attachant que l'on aimerait bien voir mener sa mission à terme. C'est ce qui fait la force de ce polar atypique, très original. Nulle envie donc de le quitter avant de savoir s'il y parvient.
L'inconnu de Cleveland, Thibault Raisse, 10/18, 2023
Été 2002, Eastlake, petite ville des États-Unis, proche de Cleveland, autour du lac Érié, le corps d'un vieil homme est retrouvé dans son appartement. L'homme s'est vraisemblablement suicidé quelques jours auparavant. L'affaire est vite classée. Mais un enquêteur privé découvre bientôt, à la faveur d'une recherche d'éventuels héritiers que cet homme Joseph Chandler vit depuis vingt-quatre ans sous une fausse identité. Le vrai Joseph Chandler est mort enfant dans un accident de voiture. Dès lors, l'affaire facile prend une autre tournure.
Thibault Raisse est journaliste spécialisé en faits divers et grandes enquêtes criminelles, il a notamment coécrit un article sur l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès dans le magazine Society. Il s'empare de l'affaire de Cleveland et restitue avec beaucoup d'intérêt pour le lecteur l'atmosphère des différentes époques, des lieux : Cleveland après une période faste a décliné pour devenir une grande ville un peu oubliée, endormie dans laquelle il ne suffit pas de traverser la route pour trouver un emploi. Sa banlieue, Eastlake en tête n'est pas en reste, et elle est un endroit idéal pour ne pas se faire remarquer, pour vivre une vie tranquille et sans histoire, ce que parvient à faire Joseph Chandler. L'auteur du texte explique qu'aux États-Unis, il est relativement courant et aisé de changer de nom, d'emprunter celui d'un enfant décédé et de recommencer une vie. Mais une erreur, un grain de sable enraye souvent le mécanisme. Pas pour Joseph Chandler, ce qui étonne encore davantage les enquêteurs.
Je ne suis pas forcément amateur de ce qu'on appelle en bon français le true crime, mais j'avoue que ce récit m'a tenu jusqu'au bout. Thibaul Raisse est fort bien documenté et sait retranscrire tout cela de joli manière, de sorte que l'on a très envie de savoir qui était réellement Chandler et les raisons de son changement de nom. Il faut cependant aimer le récit journalistique, qui n'est pas du roman. Personnellement, je trouve que, au moins sur ce titre, c'est bien vu, ça fonctionne très bien et c'est à la portée de tous les lecteurs. Il me semble que les éditions 10/18 ont créé une collection avec ce genre de récits, je ne dis pas non à une autre lecture.
Lonely Betty, Joseph Incardona, Thomas Ott, Finitude, 2023
Dans cette petite ville du Maine, à la veille de Noël 1999, une cérémonie se prépare pour fêter les cent ans de Betty Holmes, l'ancienne institutrice, devenue muette quarante ans auparavant suite à un drame. Aussi la stupeur règne lorsque Betty, au lieu de souffler les bougies demande à voir l'ancien policier auquel elle a des révélations à faire.
Initialement paru en 2010, ce livre se paie une réédition augmentée par les illustrations de Thomas Ott, en noir et blanc. Ce roman noir et court installe une ambiance très Amérique profonde, dans une petite ville où tout le monde se connaît, se fréquente ou s'évite. De fait, Betty Holmes a vu passer pas mal d'adultes alors bambins dans sa classe.
Joseph Incardona que je découvre avec ce titre a une plume légère et décalée. Il n'est pas avare de situations loufoques, d'interventions de ses personnages dans son histoires, d'humour, d'ironie. "Elle se signa, tira le drap sur le visage de Julie et consigna son rapport au coroner. Et comme d'habitude, le coroner Smith n'y relèverait aucune faute de grammaire ni d'orthographe. En dehors de ses penchants pédophiles, cette petite bite de Rooney [l'ancien instituteur qui a remplacé Betty] n'avait pas eu son pareil pour apprendre à lire et à écrire aux enfants." (p.28)
J'ai aussi beaucoup aimé le fait que si l'histoire est basée autour des révélations de Betty, le roman prend le temps d'écrire sur des personnages secondaires qui ne font qu'une apparition dans l'intrigue mais continuent d'évoluer en marge. Ils peuvent même se demander pourquoi ils sont toujours là.
Bref, ce court roman est étonnant et ménage ses effets, ses surprises pour le plus grand plaisir du lecteur. Rien de superflu, rien de manquant. Format idéal et écriture plaisante qui colle parfaitement au sujet, à l'époque et au lieu.
La nuit des fous, Anouk Shutterberg, Récamier, 2023
Élise est une jeune femme atteinte d'une pathologie grave qui découvre, au décès de son père, une tante. Elle prend contact, lui rend visite, mais assez vite d'étranges incidents arrivent à la jeune femme.
2022, cinq squelettes sont déterrés lors d'un chantier. Chacun dans un parallélépipède en bois. Chaque corps a été étrangement attaché avec du fil de fer. Sûrement un message du tueur, car ce sont des meurtres, les policiers en sont certains.
C'est le commandant Jourdain, à peine remis de son enquête précédent qui est en charge de celle-ci, qui le mènera aux portes de la folie.
Troisième roman pour l'autrice, qui, c'est le moins que je puisse dire, possède une imagination vive et sans limite. Et cette fois-ci, plongée dans le monde de la psychiatrie, celle des années 70, pas toujours au plus près du respect des malades, au moins dans l'établissement mentionné par Anouk Shutterberg.
Construction classique : deux histoires qu'a priori rien ne relie vont évidemment se rejoindre : une enquête débutée sans indice, péniblement et une histoire familiale. Dans les deux cas, l'autrice fait monter la tension doucement et sûrement. On sent bien dès le début que dans la rencontre entre Élise et sa tante, il y a quelque chose qui cloche, sans pouvoir le déterminer, et cela ne va pas aller en s'arrangeant. Et de l'autre côté, les flics stagnent, ne parviennent pas à trouver une piste sérieuse. De plus, Stéphane Jourdain en proie à ses démons n'est pas au top de sa forme pour diriger son groupe.
J'ai trouvé ce roman moins insoutenable que les deux premiers dans les descriptions macabres, mais la tension est bien présente et l'histoire est tellement prenante qu'il est difficile de le poser pour faire autre chose. Néanmoins, s'il faut s'y résoudre, parce que bon, il faut bien travailler -encore que ça, je m'en passerais volontiers- et manger et aussi vaquer à pas mal d'autres occupations dans une journée, préférons poser le livre pas trop loin pour pouvoir le reprendre rapidement.
Datas sanglantes, Jakub Szamałek, Métailié, 2023 (traduit par Kamil Barbarski)
Novembre 2018, une camgirl polonaise est étranglé en direct sur Internet.
Quelques mois plus tard, Julita Wójcicka, journaliste d'investigation célèbre un peu en panne de nouvelles recherches se souvient d'un message qu'elle a reçu, en lien avec cet assassinat : "Vérifie." C'est donc son nouvel axe de travail. Grâce à ses connaissances acquises dans son enquête précédente, Julita avance assez vite dans ses recherches. Celles-ci pourtant la mènent vers des endroits inattendus et notamment vers la politique nationale.
Dans le même temps, Oleg, un modérateur de contenu d'un réseau social met à jour des pratiques douteuses, des manœuvres suspectes.
Tome 2 de la trilogie du dark net, après l'excellent Tu sais qui. Couvertures très soignées et étonnantes pour des thrillers qui font généralement dans le rouge, et intrigues originales et prenantes. Même les non initiés aux nouvelles technologies pourront suivre ces enquêtes d'un nouveau genre menées à un train d'enfer. Si le contexte est virtuel : les réseaux sociaux, l'Internet, les téléphones portables et ordinateurs, les moyens de tenter de faire taire les gêneurs sont toujours manuels et plus ou moins efficaces. Le facteur humain...
Jakub Szamałek, sur la base de faits et de méthodes avérées construit un roman qui fait froid dans le dos et ailleurs. Vous ne regarderez plus jamais vos appareils connectés de la même manière. Vous ne devriez plus aller sur les sites sans, à chaque fois, vous poser la question des informations que vous y laissez et à qui elle vont servir, et dans quel but... C'est flippant, et plus on avance dans le roman, plus la tension et l'angoisse montent. Je ne veux rien dévoiler de l'intrigue, ce serait dommage de priver les futurs lecteurs des effets de surprise, mais lorsque un état, la Russie pour ne pas la nommer, a l'idée de se mêler des élections des pays de l'ex-URSS, ses agents, sont prêts au pire, au plus sordide, au plus cruel...
On avance dans ce deuxième tome -qui peut se lire sans avoir lu le premier, mais ce serait se priver d'une incroyable histoire- aussi vite que dans le premier. Très bien mené, avec des personnages attachants, Julita et Jan son ami ex-flic expert en nouvelles technologies en tête. Très réalistes, avec leurs peurs, leurs névroses, leurs angoisses mais aussi leur détermination pour aller au bout de l'enquête malgré les risques. Un roman fort, alarmant sur les dérives du monde actuel et l'utilisation à mauvais escient des technologies modernes, passionnant et troublant. Il pose des questions sur nos usages, sur nos besoins de toujours plus de connexions, sur nos libertés menacées et les manipulations que nous subissons quotidiennement sans que nous en nous en rendions compte. Pas reposant, mais instructif et obligeant à une critique de nos habitudes et de ce que l'on nous inflige sur nos écrans. Très sain finalement.
Blood and sugar, Laura Sheperd-Robinson, 10/18, 2021 (traduit par Pascale Haas)
"Juin 1781. Un cadavre pendu se dessine au travers des brumes de la Tamise. Tad Archer, brillant avocat abolitionniste, a été torturé et porte les mutilations réservées aux esclaves rebelles.
Son plus vieil ami, le capitaine Harry Corsham, se voit chargé par la sœur de défunt de trouver le coupable. Avant sa mort, Tad enquêtait sur un secret qui pouvait, selon lui, causer des dommages irréparables à l'industrie esclavagiste britannique.
Mettant en péril sa carrière de parlementaire, Harry Corsham reprend l'enquête pour comprendre les raisons de ce meurtre atroce." (4ème de couverture)
Passionnant ce roman policier en plein cœur de la traite négrière en Angleterre, pays que je croyais, dans ma grande naïveté, étranger à ce commerce. Mais comment aurait-il pu en être autrement sachant qu'il a bâti de colossales fortunes et que l'Angleterre était l'un des deux plus grands pays colonisateurs ?
Deptford, à l'époque n'était pas encore un quartier de Londres, mais une ville portuaire insalubre dans certains endroits, franchement glauque parfois et beaucoup plus fréquentable là où vivaient les notables. Notables enrichis par le commerce d'esclaves, donc très loin des idées de Tad Archer et de Harry Corsham, abolitionnistes convaincus. Laura Sheperd-Robinson décrit bien la noirceur et la tension qui règnent dans les rues de la ville. Les marins vivotent, dans l'attente d'un prochain bateau en partance vers l'Afrique, car ce sont les voyages qui rapportent le plus. Mais, l'esclavage "ça eût payé", le temps général est tout de même à l'élargissement des esclaves - qui souvent restent au service des leurs anciens maîtres, payés quelques sous, pour le même travail. Des avocats de Londres sont parvenus à libérer certains noirs de leur esclavage, et Tad Archer s'est donné comme mission rien de moins que d'abolir l'esclavage. Il croit avoir en sa possession tous les arguments pour cela. C'est tout cela que va devoir chercher Harry Corsham. Et c'est un euphémisme que de dire qu'il va trouver une forte opposition à ses recherches, à Deptford et à Londres, puisque certains grands du royaume sont impliqués.
Le roman est lent, les déplacements se font à cheval, les communications nécessitent du temps, des trajets. C'est plutôt un bon point, car l'autrice peut développer des idées, des réflexions : "J'avais entendu parler de juifs anglais qui, à cause des préjugés de leurs voisins chrétiens, s'étaient rasé la barbe et avaient banni leur religion afin de se faire passer pour des chrétiens. Mais ce genre de choses n'était pas possible pour un Africain, ce dont je me félicitais à maints égards. Pourquoi un homme aurait-il dû cacher ce qu'il était réellement ? Ce n'était qu'en acceptant nos différences que nous trouverions une meilleure façon de vivre, et en nous opposant à la bigoterie que nous finirions par terrasser le monstre de la division." (p.259)
Elle peut également parler de l'horreur de l'esclavagisme, de l'arrachement au pays et aux siens, des violences extrêmes à l'encontre des esclaves, des viols, des marquages au fer rouge, des voyages en bateau dans des conditions inhumaines qui en voyaient mourir beaucoup et de leurs vies en Europe, sans liberté. Très bien documentée, elle raconte une époque violente, très dure envers les minorités, en fait tous ceux et toutes celles qui n'étaient pas des hommes blancs hétérosexuels. Un roman qui, bien que gros et lent, est passionnant et donne très envie de lire tout ce qu'a écrit Laura Sheperd-Robinson.
La route de Los Angeles, Jacques Martin, François Corteggiani, Christophe Alvès, Casterman, 2023
Bob Garcia, ami journaliste people de Guy Lefranc part pour Hollywood interviewer Margareth Morrison, la star la plus connue au monde. En fait, il y va pour interviewer la doublure de l'actrice, Estelle Roma, celle qui parfois prend la place de la star sans que personne ne le remarque.
Mais à peine arrivé sur le sol étasunien, Bob disparaît. Guy Lefranc sent que son ami est en danger et il s'envole pour Los Angeles, bien décidé à le retrouver et le ramener à Paris.
Guy Lefranc, le journaliste de Globe créé par Jacques Martin (qui a aussi créé Alix), survit à son créateur grâce à d'autres bédéistes ; cet album est dédié à François Corteggiani, le scénariste, décédé en 2021.
Il y a très longtemps que je n'ai pas lu d'aventure de et il y a longtemps que je n'ai pas ouvert d'album de BD franco-belge, au trait très réaliste, aux histoires en 48 pages... Et ça fait du bien de revenir aux classiques, parfois un peu mis de côté, à tort. J'avoue que dans ma jeunesse, j'étais plus Ric Hochet que Guy Lefranc, le hasard d'un prêt ou d'une bibliothèque amie qui l'était elle aussi. Pourtant, je retrouve dans cet album, tout ce qui me plaisait dans ces albums que je lisais : de l'aventure, des poursuites, des bagarres, de beaux garçons et de belles filles, de l'humour, du suspense...
Guy Lefranc évolue dans les années 60, et Margareth Morrison est très inspirée de Marylin Monroe, dans son mal-être, ses fréquentations -jusqu'à celle du Président, qui, ici, ne s'appelle pas Kennedy. Le scénario est assez tortueux, parce que la vie de Marilyn n'était pas lisse et parce que son suicide fait encore parler, douter certains de la version officielle. C'es donc une source d'inspiration riche pour des écrivains ou scénaristes.
Dans le genre classique, cette bande dessinée est très bien faite et très agréable à lire, et je me demande même pourquoi je n'ai pas relu depuis si longtemps les aventures de Guy Lefranc ou de ses collègues de BD.
Au scalpel, Sam Millar, Seuil, 2017 (traduit par Patrick Raynal)
Karl Kane, le privé de Belfast entend ne prendre que des affaires qui rapportent. Mais Naomi, sa secrétaire et bien plus que cela puisqu'ils vivent ensemble, lui présente un homme qui ne se résout pas aux conclusions de la police concernant la mort de sa fille, son gendre et ses deux petites filles dans l'incendie de leur maison. D'abord réticent, Karl va fouiner dans le quartier.
Puis Karl, pour sauver une amie, défonce un gros caïd de Londres qui vient lui demander des comptes. Enfin, il sera confronté à un tueur qui le contraint à revivre ses traumatismes d'enfance.
Dire que j'aime retrouver Karl Kane est un euphémisme. Un rien blasé, irréductible, il semble se moquer de tout, ne rien craindre. "Pourvu que ce ne soit pas l'homme au poisson rouge. Je ne suis pas d'humeur à écouter le délire parano d'un solitaire. Je peux le faire quand je veux en me parlant tout seul." (p.137) Et pourtant, son amour pour Naomi, et un humanisme certain bien que caché, le tiennent et lui font accepter des affaires pas toujours rentables.
Cette fois-ci, Sam Millar emmène son héros encore plus loin que dans ses aventures précédentes. Il va devoir regarder en face son enfance et ses traumatismes qu'il n'a confiés à personne. Le tueur qui sévit dans Belfast est son pire ennemi. Je n'en dévoilerai pas plus pour ne rien gâcher du plaisir des futurs lecteurs.
Sam Millar avec beaucoup de noirceur, mais aussi pas mal de légèreté notamment dans le je-m'en-foutisme de façade de Karl, traite de l'enfance maltraitée en Irlande du Nord -thème malheureusement universel-, de la manière dont on peut vivre avec. C'est noir, violent parfois, mais aussi réaliste. Le flegme de Karl apporte une touche d'humour et de légèreté dans une ambiance très sombre. Les romans de Sam Millar sont forts, originaux et ses personnages inoubliables. Au scalpel est dans la droite ligne des précédents, avec un côté fascinant qui fait que je n'ai pu le lâcher qu'à la toute fin. En outre, chaque court chapitre est surmonté d'une citation de divers auteurs ou personnages et je ne résiste pas à citer celle du chapitre 35, attribuée à Mark Twain dans son Carnet 1894 : "De toutes les créatures de Dieu, seul le chat ne peut être asservi par le fouet. Si l'on croisait l'homme et le chat, cela bénéficierait à l'homme mais dégraderait le chat."
RIP. Eugène. Toutes les bonnes choses ont une fin (tome 6), Gaet's et Monier, Petit à petit, 2023
Eugène, c'est le balèze de l'équipe de nettoyeurs de maisons des morts. Raciste, grande gueule et un rien couard. Ses années de prison lui ont laissé un goût amer et un mode de survie où la violence est justifiée.
Il vit dans une caravane avec sa mère et en voisin de sa sœur, son beau-frère et son neveu, un garçon qu'il aime beaucoup et qui le lui rend bien.
dans ce tome, c'est lui qui raconte, l'étrange aventure de l'équipe des nettoyeurs : Derrick, Maurice, Ahmed, Alfred, Dédé, Mike et Fanette qui tient le bar où ils se retrouvent tous les soirs.
Tome 6 et ultime épisode de cette série originale et passionnante. Chaque tome raconte l'histoire de cette équipe du point de vue d'un protagoniste, ce qui nous permet à nous lecteurs, d'avoir une vue d'ensemble. Pourquoi une telle équipe existe ? Pourquoi nettoie-t-elle certaines maisons et que deviennent les objets collectés ? Pourquoi des flics la surveille-t-elle ? Et où est passée la bague de grande valeur qui a disparu d'un nettoyage de maison et qui est le grain de sable qui va enrayer puis rendre complètement folle la machine ?
Cet épisode répond à toutes les questions qui restaient encore en suspends et toujours de cette manière originale tant par le dessin que par le scénario. C'est une belle réussite et je ne cache pas que je quitte a regret ces losers troubles aux vies plus que cabossées, aux parcours parfois violents. Et la sortie de ce dernier opus est l'occasion pour relire toute la série et repérér ici ou à des détails, des éléments qui avaient pu m'échapper ou qui prennent un autre sens.