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Traîne pas trop sous la pluie

Publié le par Yv

Traîne pas trop sous la pluie, Richard Bohringer, Flammarion, 2010

Richard Bohringer est hospitalisé, pour une hépatite C. Lors de son séjour à l'hôpital, bourré de médicaments, il délire, rêve parle à un "Grand Singe" qu'il voit, fait le point sur sa vie avec le docteur ou la "belle infirmière". Parle de ses copains qui flottent au-dessus de lui, dans "l'aéronef", finit son livre par un petit mot pour Bernard Giraudeau mort après l'écriture du livre : "Ce matin Philippe Léotard, capitaine de l'aéronef, et Roland Blanche ont accueilli Bernard Giraudeau. Calme-toi, calme-toi, mon cœur. Souris lorsque tu penses à lui. Tendre ami" (p.171)

Dans un style inimitable, haché, trituré, scandé, poétique Richard fait le point sur la vie de Bohringer. Il oscille entre la vie et la mort et ne sait pas encore quel côté choisir. Alors, tout revient, l'enfance, près de parents non-aimants, son frère mort à 20 ans, sa vie au cinéma, l'alcool, la drogue. A 68 ans Richard fait le point sur sa vie. Pour finalement lui trouver de l'attrait et rester parmi nous.

J'aime beaucoup cet homme, grande gueule s'il en est, constamment énervé, qui aime réellement son prochain. Ça se sent lorsqu'on l'entend, ça se sent aussi quant on le lit. Certes, parfois on se perd dans ses délires (les 50 premières pages, sont un peu nébuleuses), mais la chaleur, l'humanité sont présentes. J'aime comment l'auteur parle de sa façon d'écrire : "Faut se dépêcher d'écrire ! Je ne laisserai pas une oeuvre. Sûr ! Mais la nécessité d'écrire, ça fait du bien, ça fait du mal. Syntaxe, syncope peu importe ! Il faut avoir du bonheur intime, fugitif. Considérer que les mots sont tes amis. S'étonner de ces heures haletantes, en attente d'une phrase, à la vouloir tant, que cela en fait mal au corps. Les mots sont si généreux qu'ils t'aiment autant que les auteurs de la Pleïade. Ils aiment la syncope. Ça leur permet de danser d'une façon différente. Bien sûr on se marche sur les pieds quand on n'a pas appris à danser ! Ça leur fait une belle récré, aux mots ! La syncope !" (p.142)

Ouvrez ce livre, n'ayez pas peur de vous noyer dans les mots de Richard Bohringer, parce que vous trouverez toujours une planche faites de mots, de phrases pour vous accrocher.

Merci à Gilles Paris pour cet envoi.

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Black Rock

Publié le par Yv

Black Rock, Amanda Smyth, Ed. Phébus, 2010

Trinidad et Tobago, années 50, Célia une jeune fille vit chez sa tante Tassie remariée à Roman Bartholomew, en compagnie de ses deux cousines Vera et Violet. Célia est orpheline, sa mère étant morte à sa naissance. Lorsqu'elle grandit, Roman commence à s'intéresser dangereusement à elle, jusqu'au jour funeste où il la viole. Alors, Célia décide de quitter Tobago et se retrouve sur Trinidad, dans la capitale Port-of-Spain. Là, elle fait la connaissance de William, jardinier chez les Rodriguez qui présente Célia à ses patrons ; elle est embauchée pour s'occuper des deux enfants Rodriguez.

Que dire ? Que dire ? Bon, je serai direct : ce roman est loin d'être inintéressant, mais il est loin d'atteindre des sommets d'originalité et de fascination. Tout est plus ou moins prévisible et ne serait-ce le dépaysement lié au choix de situer l'action dans les îles de Trinidad et Tobago -excellent pour faire des progrès en géographie pour les nuls comme moi dans cette matière !-, on a déjà lu ou vu les aventures de Célia. Confrontée au mal avec Roman, confrontée ensuite au monde des Blancs propriétaires terriens, ou occupant les fonctions des notables, notre jeune femme noire va faire le dur apprentissage de la vie et du passage à l'âge adulte.

Bon voilà pour mes réticences, venons-en maintenant aux points positifs : l'écriture est légère, accessible et malgré tous les poncifs et les portes ouvertes enfoncées, on prend un certain plaisir à suivre Célia dans les paysages tropicaux.

Bon résumons-moi : pas mal, mais peut mieux faire ; se fréquente sans souci et sans risque de détester, trop classique pour cela.

A noter que malgré mes réserves, ce livre est en sélection pour le Prix Fémina, comme quoi l'avis d'un garçon sur un livre pour filles ne vaut que tripette ! Un livre pour filles ? Mais pourquoi écrit-il cela, me demanderez-vous ? Eh bien, si vous avez aimé Autant en emporte le vent comme mes deux grandes sœurs l'ont aimé alors que je me suis ennuyé ... à me moquer d'elles -bon, j'étais jeune, nous étions encore chez papa et maman, et j'aimais bien me moquer d'elles. D'ailleurs avec l'âge, ça ne m'a pas passé- vous aimerez ce livre qui pour moi est l'archétype de la littérature romantique qui plait aux filles. (Mais vous pouvez être un garçon et aimer aussi, comme quoi ce que je dis est à peu près n'importe quoi !)

Merci à B.O.B et à Phébus pour la découverte, et si vous avez l'envie de connaître un autre avis que le mien, peut-être plus enjoué, du moins plus féminin, allez voir chez Keisha !

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Le soleil m'a oublié

Publié le par Yv

Le soleil m'a oublié, Christian Laborde, Ed. Robert Laffont, 2010

Marcus, un jeune boxeur de 17 ans, en rupture avec ses parents s'entraîne régulièrement dans la salle de boxe de Vico Del Gazzo. Un jour, Roxanne, la femme de Vico vient à la salle et Marcus tombe immédiatement amoureux. Roxanne devient alors pour lui une idée fixe, il tente de l'approcher par tous les moyens, sentant bien qu'elle même n'est pas insensible à son charme.

Très court roman d'amour. Très rapide : les phrases s'enchaînent au rythme d'un combat de boxe. Le langage est simple, direct, et le livre très dialogué. Marcus est le narrateur de cette histoire, tout ce qui est écrit passe par ses yeux ou par ses pensées. C'est un roman d'un jeune homme en pleine recherche de lui-même, d'un sens à donner à sa vie, lui qui a décroché de l'école et ne veut plus désormais entendre parler que de boxe... et de Roxanne.

Evidemment, vous comprenez que cette histoire doit rester secrète, car si Vico, le mari, l'apprend, l'avenir des deux tourtereaux s'assombrit terriblement. Vico n'est pas un tendre, et Marcus a priori ne fait pas le poids.

Roman très accessible à ceux qui  ni ne pratiquent ni n'aiment la boxe. Ecrit sur fond de rock, de rap, un texte moderne sur une histoire qui elle ne l'est pas, sans cesse renouvelée au fil du temps, des époques, des moeurs... Christian Laborde se consacre exclusivement à ses personnages, ne s'embarasse pas d'un contexte qu'il ne fait qu'aborder sans le développer. On peut le lui reprocher, j'aurais pu apprécier une description plus longue des conditions de vie des différents protagonistes, de leurs lieux de vie mais son parti pris de n'écrire qu'une histoire d'amour est totalement compréhensible.

Pas inintéressant, mais pas exaltant non plus. Un bon court moment de lecture, rien de plus, rien de moins, ce qui est déjà bien. 

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Le sang visible du vitrier

Publié le par Yv

Le sang visible du vitrier, James Noël, Ed. Vents d'ailleurs, 2010

"Poète-vitrier, [...] James Noël est considéré aujourd'hui comme une voix majeure de la littérature haïtienne. Ses poèmes sont dits et mis en musique par des interprètes de renom." (4ème de couverture)

La poésie n'est pas le domaine de la littérature que je comprends le plus. Néanmoins, j'ai tenté le partenariat B.O.B/Vents d'ailleurs pour parfaire ma culture poétique. Les poèmes de James Noël sont durs et tendres, à la fois violents et sensuels. Il y est beaucoup question du sang, de la mer, de seins, d'amour, de femmes. James Noël alterne les textes rapides, les textes plus longs, accouple des mots forts et des mots doux, certains poèmes commencent dans une ambiance légère pour se finir dans une violence extrême, parfois d'un simple mot.

Quelques uns sont très abscons pour le simple lecteur-néophyte en poésie que je suis. D'autres me parlent plus, celui qui suit par exemple, assez sensuel :   

L'étoile d'une plaie

 

je veille sur ton visage

comme la lune tire sa révérence à la terre

pour couver une étoile

dans un grand trou noir

 

mes doigts sous ton corsage

activent un incendie

qui met en cause la vaporisation des mers

je t'aime pour la forme

pour l'immensité du bleu

condensé en ta raison pubienne

 

je veille sur ton visage

comme la lueur éprouvée

de l'étoile d'une plaie

qui m'invite à lécher les nuages

les prenant pour des lits censurés

sensuellement

mouillant la terre

 

Voilà donc un exemple tiré d'un recueil renfermant des poésies très diverses, qui me touchent plus ou moins mais qui ne laissent pas indifférent. Pour une "critique" plus approfondie, j'ai demandé à un ami très amateur de poésie de lire et de me dire ce qu'il en pensait. Voici ses impressions :

"Sa prose sanguinolente s’écorche, s’accroche d’elle-même ! Pourtant sa dimension amoureuse ne passe pas à travers la vitre, c'est-à-dire entre lui et ses lecteurs ! Au début on lit avec intérêt, son énergie nous séduit. Ses envolées lyriques, des images violentes (le rouge prédomine) d’amour et de dégout se superposent, la réalité s’écarte vers l’immatériel !

Ensuite le ¨Je¨ s’impose de façon autoritaire, au fur et à mesure notre lecture perd de son intensité, cela peut être par la répétition des mots et des rythmes ! En vérité je consens avoir sauté quelques pages ! Pour m’épargner de la monotonie qui pointait son nez !

Peut être faudrait lire un second recueil de poésie. En fait le lecteur attend au détour de la page un J .NOEL qui fasse tomber ses défenses, (ou un principe d’écriture c’est selon) qu’il puisse moins incarner et plus suggérer car du talent  il en a ! A la prochaine lecture ?"  

Raphael

 

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L'homme inquiet

Publié le par Yv

L'homme inquiet, Henning Mankell, Seuil Policiers, 2010

Kurt Wallander a 60 ans. Sa fille Linda accouche d'une petite fille et s'installe avec Hans, le père de la petite, jeune trader héritier d'une famille de la bonne société. Mais le père de Hans, ancien officier de marine disparaît. Puis sa mère. Wallander, bien que ne lui échoie pas l'enquête, fouine, à la demande de sa fille. "Soupçons d'espionnage. [...] Parallèlement à la police de Stockholm et aux services secrets, Wallander mène sa dernière enquête et amorce simultanément sa propre plongée en profondeur : défilent alors les années écoulées et les femmes de sa vie." (4ème de couverture)

Ce livre est sous-titré : "La dernière enquête de Wallander". Aussi, en tant que fan de ce policier, je me suis tout de suite reconnu dans le titre du livre : va-t-il mourir ? Part-il seulement en retraite ? Vous comprendrez donc que j'aie dévoré les 550 pages du livre pour savoir comment Wallander disparaissait de la littérature policière.

Bon, je reprends mes esprits et je vais tenter de vous rendre un billet sobre et non exalté : un peu de conscience bloguesque que diable ! Ce livre est génial ! Ah mince, je replonge ! Bon, tant pis, vous aurez le billet d'une midinette apercevant et/ou touchant son acteur fétiche.

Je disais donc que ce livre est génial : j'y retrouve tout ce que j'aime chez Wallander; les longues enquêtes, les fausses pistes, les temps de réflexion qu'il s'impose pour parvenir à retrouver LE petit détail qui change tout. Le contexte géopolitique que Henning Mankell décrit : la guerre froide, les espions pro-Russie ou Pro-Etats-Unis. A ce propos, dans la postface, Henning Mankell écrit : "Je tiens à souligner la différence entre fiction et documentaire. Ce que j'écris aurait pu se passer tel que je le décris. Mais ce n'est pas nécessairement le cas. Ce livre contient de nombreux glissements de ce type, entre faits réels et imaginables. Comme beaucoup d'écrivains, j'écris pour rendre le monde plus compréhensible, d'une certaine manière. De ce point de vue, la fiction est parfois supérieure au réalisme documentaire." (p.552) Oh que je suis d'accord avec son propos ! J'acquiesce. J'opine. Et c'est une des grandes raisons qui me font aimer à la fois cet écrivain et son désormais ex-commissaire récurrent : mélanger la petite histoire de la vie de ses personnages avec la grande histoire et les grands faits historiques. Jamais didactique, Mankell pose des questions au travers de Wallander et explique quelques grandes périodes ou quelques grandes questions de société.

D'ailleurs, revenons à lui, Kurt Wallander, qui se chamaille toujours avec sa fille, qui après un temps d'adaptation se voit assez bien en grand-père. Ce livre est aussi le moment pour un bilan de sa vie : on sent qu'au moment de faire sortir Wallander, Mankell a voulu faire un point complet : les femmes qui l'ont aimé, celles qu'il a aimées, ses enquêtes les plus dures, celles qui lui ont laissé des traces, ses amitiés, les relations conflictuelles avec son père, pour finir avec lui en homme apaisé.

Bref, la fin d'une série qui pour moi restera l'une de celles -sinon celle, allez si, j'ose : c'est celle- qui m'a procuré le plus de plaisir de lecture.

Immanquable ! (Et là, je suis sobre !)

Lu grâce à la Librairie Dialogues que je remercie ; Oh combien !

 

dialogues croisés

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La bouche qui mange ne parle pas

Publié le par Yv

La bouche qui mange ne parle pas, Janis Otsiemi, Ed. Jigal, 2010

Solo sort de prison -trois années d'incarcération pour une bagarre qui a mal tourné. Dès sa sortie, il rejoint ses amis, tous plus ou moins -plutôt plus que moins- magouilleurs, arnaqueurs, voire carrément bandits de haut vol. Son cousin Tito lui propose de l'associer à un coup qui doit lui rapporter. Dans le même temps, dans Kinshasa, des 4x4 sont volés, maquillés, des femmes de personnes haut placées font l'objet de chantages, et surtout, depuis quelques temps, la police retrouve régulièrement des cadavres d'enfants atrocement mutilés. Il se murmure que certains marabouts recourraient aux meurtres rituels au bénéfice de politiciens corrompus et intouchables.

Il n'est pas très aisé d'entrer dans ce polar de Janis Otsiemi. Il faut passer les premières pages, se noyer un peu dans les personnages pour ensuite mieux se retrouver dans une véritable jungle dans laquelle tous les coups sont permis. Par son style dur et franc, très imagé, ponctué d'expressions et d'adages gabonnais (avec notes en bas de pages)  l'auteur nous plonge directement au coeur des rues de Kinshasa. Qu'il est cruel son constat ! Tous les jeunes gens sont desoeuvrés, tentés par les arnaques plus ou moins fructueuses, par les embrouilles, et même par des coups beaucoup plus ambitieux. Tout le monde trempe dans un bouillon pas très ragoûtant : politiciens qui se servent des truands pour asseoir leur pouvoir et pour le garder ; policiers qui, cherchant les cambrioleurs ou les contrevenants préfèrent les arnaquer, leur demander leur part du butin et les laisser en liberté plutôt que de les arrêter. Tout ramène au fric, chacun essayant d'en avoir le plus possible pour vivre, pour "ambiancer". Lorsque les deux flics ripoux, Koumba et Owoula se voient proposer une belle enveloppe pour enterrer une affaire, voici le dialogue qu'ils ont avec leur supérieur :

"- Koya et les autres ont déjà reçu leur part. Celle du lion vous revient, mes garçons. Vous avez autre chose à me dire ?

- Non, chef, répondit Koumba

- Alors dans ce cas vous pouvez disposer. Et apprenez, mes garçons, que la bouche qui mange ne parle pas.

[...] Koumba soupesa  à nouveau l'enveloppe. Un sourire débarra ses lèvres noircies par la nicotine. Il savait qu'elle ne contenait pas des clopinettes. On n'étouffe pas une tuile pareille en distribuant des feuilles mortes. Parole de ripoux." (p. 136)

Un polar ancré dans la réalité, cru et crédible et un auteur atypique qui a des choses à dire. A suivre.

"Janis Otsiemi vient de recevoir le Prix du Roman Gabonnais pour La vie est un sale boulot. Ses romans écrits dans une langue sanguine et imagée dressent un portrait cruel et sans complaisance du peuple de la rue, écartelé entre sa survie quotidienne et les mirages d'une société toujours plus avide." (4ème de couverture).

Ce livre a été chroniqué dans le cadre d'un partenariat avec le site Chroniquesdelarentreelitteraire.com et dans le cadre de l'organisation de Grand Prix Littéraire du Web Cultura.

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Dedans, Dehors

Publié le par Yv

Dedans, Dehors, Sophie Bessis, Ed. Elyzad, 2010

"Dans ce récit intime, Sophie Bessis livre sa Tunisie, toujours sienne malgré l'exil, et quelques souvenirs chers à son coeur : les années 70, les compagnons de route, leurs engagements communs, les chemins qui parfois se séparent... En elle, "juivarabe", combats politiques et attachement à la terre natale se joignent pour former son identité profonde, inaltérable, ferment de ses travaux." (4ème de couverture)

Avant de commencer ma lecture, j'ai été prévenu par Elisabeth Daldoul, de la maison Elyzad : "c'est un texte complexe quand on ne connait pas la Tunisie de l'intérieur, il faut quelques clés pour décoder bien des choses.". Merci pour ce précieux conseil, très utile, mais malgré cela, au fil des pages, je me disais que certes, je ne comprenais pas tout, mais que l'écriture de Sophie Bessis m’entraînait là où peut-être elle n’entraînerait pas ceux qui connaissent la Tunisie. C'est le récit très intime d'une femme ancrée dans son pays de vie, "le pays aux ciels gris" qui parle de son pays d'origine auquel elle est viscéralement attachée, la Tunisie, "le petit pays aux matins clairs et aux murs blancs". Très elliptiquement, Sophie Bessis raconte sa vie, ses combats, ses travaux, ses rencontres, ses amis en Tunisie. Le fait que ce récit soit très elliptique lui donne deux niveaux de lecture :

- ceux qui savent l'histoire du pays, ses hauts personnages et ses habitants peuvent retrouver tout ce à quoi l'auteure fait allusion sans jamais vraiment le nommer. Ils retrouveront les noms, les lieux qui leur permettront de s'ancrer dans une réalité.

- ceux qui, comme moi, ne connaissent du pays que les images touristiques et quelques notions historiques un peu lointaines se laisseront porter par l'écriture, par les images qu'elle fait naître. J'ai deviné les combats de l'auteure, ses souffrances de voir que certains dans son pays d'origine pouvaient lorgner vers des idées radicales alors que la majorité des autres habitants vivent ensemble, même si une certaine incompréhension entre les communautés juive et arabe peut exister. Néanmoins, la mixité est tangible : les mariages mixtes, les femmes qui peuvent choisir leurs maris par amour et dans une communauté différente de la leur, on est loin là des mariages arrangés. Elle dit sa difficulté de voir que certains de ses anciens camarades de lutte sont désormais des "Importants" du régime qui ne veulent plus -et ne peuvent plus- résister à la montée de l'intolérance. J'ai vu aussi le désir qu'elle a de faire parler les femmes tunisiennes et plus largement les femmes du Maghreb (elle a écrit, en collaboration avec "Sol"  une femme arabe, un livre : Femmes du Maghreb, l'enjeu, en 1992 puis un autre Les Arabes, les femmes et la liberté, en 2007).

Une fois n'est pas coutume, avant de commencer cette lecture, je conseille de lire d'abord la 4ème de couverture ainsi que la liste des ouvrages écrits pas Sophie Bessis qui donnent des pistes de compréhension plus grande de ce très beau récit.

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Les petits mouchoirs

Publié le par Yv

Les petits mouchoirs, Guillaume Canet, 2010

Une bande de copains a l'habitude de faire des fêtes et de se retrouver pour un mois de vacances, près de Bordeaux, dans la maison de l'un d'eux. Cette année est particulière, puisque Ludo (Jean Dujardin) a eu un grave accident et est cloué à l'hôpital. Le reste de la bande décide néanmoins de partir pour 15 jours et de se tenir prêt au cas où Ludo aurait besoin. Mais, il est dit que cette année ne sera pas comme les autres, des conflits naissent, des engueulades, des problèmes se règlent...

Privilégié je suis d'avoir vu ce film en avant-première, puisqu'il ne sort que le 20 octobre ! Privilégié, parce que ce film fonctionne merveilleusement bien. On y croit à cette bande de copains, à leurs soucis à tous : Max (François Cluzet) l'hyper-stressé -et le mot est très faible-, celui qui a réussi qui a la plus belle voiture, la plus belle maison -celle des vacances-, les plus gros bateau, marié à Laurence (Valérie Bonneton) un rien rigide, Vincent (Benoït Magimel), le bon père de famille qui se pose des questions sur sa sexualité, marié à Isabelle (Pascale Arbillot) qui l'étouffe, Antoine (Laurent Lafitte), le looser qui espère désespérément de reconquérir Juliette (Anne Marivin) qui l'a quitté depuis un an, Marie (Marion Cotillard), célibataire libérée, celle qui parait être la plus heureuse, Eric (Gilles Lellouche), le dragueur impénitent qui enchaîne les plans foireux, sans le dire, bien sûr, à Léa, sa femme (Louise Monot) et Jean-Louis (Joël Dupuch) l'ostréiculteur, le pilier de ce groupe pendant les vacances et le révélateur de beaucoup de non-dits.

Casting impressionnant de belles-gueules -j'ai noté les noms à dessein !- et de vrais talents. Tous aussi bons et crédibles les uns que les autres. Le film est souvent très drôle : des réparties bien senties, des situations cocasses, mais il n'est pas que cela : les protagonistes s'envoient des vacheries, se font la tête, sombrent et tentent de se relever grâce à leurs amis.

Le seul petit reproche que je pourrais faire à Guillaume Canet - mais je l'invite à venir se défendre sur le blog : Guillaume, si tu m'entends !- c'est que ses personnages ne sont pas asssez approfondis : on n'en connait assez peu sur eux et sur leurs parcours. Mais j'imagine que l'idée était plus de nous faire partager ces quelques jours en leur compagnie, de suivre leurs interrogations et leurs cheminements. Pari très largement réussi.

Je suis sorti de ce film avec l'impression d'avoir assisté à un bon film de copains. Tous les acteurs sont formidables, autant dans l'humour que dans l'émotion : pas un ne tire la couverture à lui ; les plus connus n'étouffent pas les moins célèbres. Une vraie bande de laquelle on aimerait bien faire partie. Si vous voyez la bande annonce et qu'elle vous plait, allez-y, vous ne serez pas déçu ! Si elle ne vous plait pas, j'ai peur que le film ne soit pas pour vous, mais vous pouvez aller vous faire votre idée vous-même !

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La tête en arrière

Publié le par Yv

La tête en arrière, Nathalie de Broc, Ed. Diabase, 2009

"Une jeune femme raconte : son enfance confiée à une tantine, les aléas de son adolescence, la présence épisodique d'une mère aux amours chaotiques, tour à tour enjouée ou cruelle. Une mère différente dont elle s’obstine, jusqu'à l'âge adulte, à percer le mystère." (4ème de couverture)

Très court roman, qualibré en de très rapides chapitres ; ce livre se lit vite. Un livre qui me fait un peu penser à La femme de l'Allemand de Marie Sizun ; dans les deux, une enfant doit faire face aux difficultés psychiatriques de sa mère et tente de la connaître un peu plus. L'écriture est simple, facile d'accès et plutôt très agréable. Je n'ai rien à reprocher à ce petit livre, si ce n'est une sensation de déjà lu.

De beaux personnages de femmes qui m'ont plus mais ne me laisseront vraisemblablement pas un souvenir très vivace.

Fransoaz en a fait un livre voyageur : il part de chez moi très bientôt.

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