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Une jeune fille différente

Publié le par Yv

Une jeune fille différente, Gérard Glatt, Ed. Orizons, 2011

"Depuis la disparition accidentelle de sa mère, elle n’avait alors que six ans, Fée n’existe pour ainsi dire plus, ni pour son père ni pour sa grand-mère qui se sont enfermés dans le silence. Pour quitter son isolement, devenue étudiante, elle fréquente Vivien et Alain, des camarades de lycée. Vivien, qu’elle aime, mais qui, incertain, menace de la lâcher. Vivien, pris entre l’amour et le besoin d’écrire. Vivien qu’Alain voudrait bien garder pour lui seul. Au fil des semaines, Fée leur raconte une histoire qui pourrait être la sienne, des mots qu’elle sème, entre rire et douleur, et qu’Alain attrape au vol. Des mots qu’elle distille dans l’espoir un peu fou que Vivien en tirera un roman et qu’ainsi, pour lui comme pour elle, elle existera enfin. Mais que le lecteur ne s’y trompe pas, l’auteur ne donne pas à croire. Ce n’est qu’un conte : celui d’une jeune fille différente, comme souvent les couleurs du jour." (4ème de couverture)

Après avoir lu et apprécié un roman précédent de Gérad Glatt, Une poupée dans un fauteuil, j'ai entamé celui-ci avec le sentiment qu'il en serait de même. Et bien non. Je ne saurais dire pourquoi je n'ai pas réussi à entrer dans ce roman. Tout est là pourtant : une belle écriture, avec des mots et des tournures de phrases riches et bien choisis, une alternance de chapitres vrais, réalistes et d'autres rêvés, poétiques. Alors quoi ? Peut-être des personnages que je trouve un peu pâlots ? Mon insensibilité légendaire qui reprend le dessus ? Si Madame Yv lit mon article, elle vous dirait que c'est sûrement la bonne raison, moi qui me moque -gentiment, il va sans dire- de ses grosses larmes qui coulent lorsqu'elle regarde un bon mélo. Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que je suis peiné de n'avoir pas réussi à être capté par ce roman qui recèle des qualités d'écriture évidentes. A vous de me dire si je suis vraiment cet être froid et insensible. Rencontrez Fée, Vivien et Alain et dites-moi !

Antigone est plus positive que moi.

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Banquises

Publié le par Yv

Banquises, Valentine Goby, Albin Michel, août 2011

Lisa part au Groenland. Elle part sur les traces de sa sœur Sarah, disparue sur la banquise vingt-huit ans plus tôt. Elle découvre la réalité de la vie des Inuits : chômage, isolement, réchauffement climatique qui change leurs conditions de vie. Elle loge chez une médecin française qui vit là-bas depuis plusieurs années. Plus qu'une recherche de sa sœur, ce voyage est enfin le moyen de s'affirmer seule, sans comparaison à Sarah.

Après Léna, de Virginie Deloffre, me revoici dans les glaces du Grand Nord. Ce coup-ci au Groenland. La rentrée littéraire est froide chez Albin Michel qui s'est mis au diapason des températures estivales 2011. C'est donc au chaud, à la maison sous la couette de préférence que j'ai lu ce roman. (Exit le hamac des trois lumières)

J'ai été emballé dès les premières phrases qui décrivent l'aéroport et l'attente de l'embarquement. Embarqué moi aussi, mais par l'écriture de Valentine Goby : phrases longues, déstructurées, triturées, hachées, virgulées, si je puis m'accorder ce néologisme. Rarement un auteur a autant usé de cette ponctuation !

"Des portes automatiques trouent çà et là le béton, laissant voir des portions de la route circulaire, silhouettes floues, carrosseries de voitures et de cars Air France mal détourés dans l'obscurité -dehors, à vingt mètres de ce boyau, invisible, le plein jour. Au niveau supérieur, loin à hauteur de la piste de décollage, des vitres étroites taillent des triangles, des quadrilatères dans le ciel cru, dans le talus d'herbe fluo, les barbelés, les fuselages d'avion." (p.9)

L'auteure dresse le portrait de cette famille qui se relève difficilement de la disparition de leur fille aînée (Sarah, 22 ans). Les parents passent leur temps à l'aéroport, à diffuser des photos, des avis de recherche. Ils laissent systématiquement quelqu'un à la maison pour ne pas rater un éventuel appel de Sarah. Lisa, 14 ans, doit se construire dans cette absence. Difficile d'exister pour elle aux yeux de ses parents, totalement obsédés par la disparition.

" Elle [Lisa] dort, anesthésiée, jusqu'à ce qu'une main tambourine à sa porte. [...] De l'autre côté de la porte, la mère et le père prêts à partir, sac à main, clés de voiture. Lisa jette un œil à la pendule, 7 heures trente, vous allez où ? A l'aéroport. Passer des annonces sonores, attendre dans les halls d'arrivée, faire la queue au comptoir Scandinavian Airlines, harceler les hôtesses, les douaniers, la police si Sarah ne se montre pas. Qu'elle reste à l'appartement, elle, surtout ne pas sortir il faut quelqu'un près du téléphone, qu'elle commande une pizza si elle a faim mais vite, pas de conversation prolongée, laisser la ligne disponible, à tout à l'heure." (p.51)

Elle va au fond de ses personnages, les ausculte, un peu comme Sylvie, la médecin exilée au Groenland qui devine les pathologies, les tumeurs en observant et en palpant, puisque non munie de scanner ; elle écrit aussi leurs peurs, leurs angoisses, leurs malheurs. Mais, malgré tout cela, je me suis un peu ennuyé dans le milieu du livre. Trop d'introspection qui tourne un peu en rond. La maman notamment est omniprésente, et sa dépression permanente est un peu trop décrite, trop présente par rapport à la vie de Lisa au Groenland et la recherche de sa propre personnalité. La perte d'un enfant est intolérable, insupportable, certes, mais je m'attendais plus à un roman initiatique pour Lisa qu'à un état des lieux de la dépression maternelle. Un peu beaucoup, un peu déprimant pour le lecteur aussi, surtout si l'on y ajoute, le froid glaciaire, la fin prévisible de certaines régions polaires. En plus, plus de soleil chez nous, alors que la glace fond aux pôles. Rien ne va plus ma p'tite dame. Tout fout le camp, on ne sait plus comment s'habiller (et il ne doit pas faire beau en mer = private joke, seuls quelques initiés, très rares, qui ne lisent pas forcément mon blog, comprendront. Pour les autres, je suis désolé, je n'ai pas pu m'en empêcher !)

Heureusement, la fin du livre revient sur Lisa et sur son séjour sur la banquise. Là, elle est en face d'une catastrophe écologique et humaine, et elle relativise ses propres tourments. Sa rencontre de gens dans la misère, dans des situations inextricables l'aideront à avancer.

Valentine Goby garde tout au long du livre son style nerveux et décousu, et même si parfois les phrases se font plus courtes, c'est juste un changement de ponctuation. Le point remplace la virgule, mais ni le rythme, ni le plaisir de lecture ne sont amoindris.

Un roman qui n'emporte pas totalement mon adhésion par sa trop forte propension à s’appesantir sur la détresse maternelle au détriment de la reconstruction de Lisa et de la description de son séjour polaire, mais qui, par son écriture m'a vraiment accroché.

Merci néanmoins à Albin Michel qui me permet de lire là mon sixième roman de la rentrée littéraire.

Interlignes à interrogé la romancière 

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Les successions

Publié le par Yv

Les successions, Mikaël Hirsch, L’Éditeur, août 2011

Pascal Klein est un marchand d'art. Son père est un peintre reconnu. Un jour, sur une vieille photo, il voit un bout de tableau ayant appartenu à sa famille et qui était accroché dans la chambre de son père lorsqu'il était enfant. Lors de l'exode de 1940, ce tableau a disparu probablement emporté par les Allemands comme beaucoup d'autres œuvres d'art. Il sait que c'est un Chagall non répertorié. Il n'a alors de cesse de retrouver cette toile. Cette "quête existentielle" l'emmènera "à travers le temps et les lieux afin de trouver l'origine de la vocation picturale de son père et d'apaiser enfin sa frustration de n'être pas lui-même devenu artiste" (4ème de couverture)

J'avais beaucoup aimé l'écriture de Mikaël Hirsch dans son roman précédent, Le Réprouvé, même si j'avais émis quelques réserves sur le livre en lui-même. Oserais-je écrire que pour Les successions, je n'ai aucune réserve à formuler ? Oui, j'ose ! Ce livre est formidable de bout en bout. L'auteur pousse le talent à nous intéresser à la mutation du monde de l'art. D'abord les œuvres : "L'idée même de beauté paraissait obsolète. A quoi bon s'obstiner après Michel-Ange et Dali ? Les machines aussi pouvaient prétendre à une beauté, certes aléatoire et binaire, mais souvent convaincante pour les sens. Peu importait le résultat pourvu qu'il y ait une idée. Seule comptait à présent l'intention. Ce qu'il fallait avant tout, c'était creuser une veine encore inconnue, avoir un concept original, se démarquer du voisin par un procédé quelconque. Une fois la beauté considérée comme ringarde, le support avait sombré au profit de son explication. [...] L'originalité, en tant que credo, engendrait une surenchère inévitable." (p.35/36)

Ensuite, les acheteurs : "Pascal était pragmatique. Son intérêt pour les artistes et leurs œuvres était sincère, mais il savait par expérience que la sensibilité est intransmissible. Il avait affaire à des millionnaires un peu bornés et traitait avec eux sans mépris, de la manière la plus simple possible." (p.33) Le sujet m'intéresse d'autant plus que je l'aborde de manière récurrente avec un ami peintre surtout lorsqu'on rentre d'une exposition et que j'y ai vu des toiles blanches ou grises monochromes ou des œuvres que je juge sans intérêt et limite "foutage de gueule" (je suis très subjectif et direct, ce qui augmente ensuite la valeur de la discussion). Nous partons donc dans notre dialogue parlant comme Pascal Klein, d'idée plus que de beauté, de concept. Les cinquante premières pages du livre sont consacrées en grande partie à cette réflexion, qui continue ensuite tout au long de l'ouvrage.

Mais ce roman n'est pas que cela. Il est aussi "une quête existentielle" (4ème de couverture) : un homme qui n'a jamais communiqué avec son père et qui, à la fin de la vie de celui-ci tente enfin d'entrer en contact. Pas toujours facile, la communication fonctionne à condition d'être au moins deux. "Son affection était le fruit d'un travail, d'une décision mûrement réfléchie et non d'un simple lien de parenté. Forme étrange d'inversion des rôles, on pouvait dire qu'il avait reconnu son père, ou plutôt, qu'il l'avait accepté comme autre chose que son simple géniteur." (p.169) Il décide alors de retrouver le Chagall pour l'offrir à la vue de son père et à la sienne. Tous les deux le verraient ensemble, ils créeraient enfin un lien très fort.

Il y a encore autre chose dans ce livre, c'est la remontée dans le temps, et la biographie de Ferdinand de Sastres. Je ne sais pas si ce doux-dingue a réellement existé, mais quel formidable personnage de roman : au début du XXème siècle, il quitte l'empire financier paternel pour vivre une vie d'esthète, d'amateur d'art totalement iconoclaste. On peut trouver quelques traces de lui sur certains sites, mais oubliez-les et plongez immédiatement dans ce livre de Mikaël Hirsch qui vous détaille tout ce que je viens de tenter de résumer et qui recèle encore des tonnes de propos, d'idées et de belles phrases. Il y a tant à dire sur ce roman, je n'ai pas écrit la moitié de ce que j'avais envie de transmettre. J'arrête cependant mon laïus ici de peur d'être trop long et d'apparaître comme un exalté -j'en vois qui sourient et qui opinent. Attention, j'ai vos noms et une bonne mémoire !-, mais croyez-moi, voici un des romans de la rentrée littéraire 2011 (le cinquième pour moi) qui met la barre très haute, tant pour l'intérêt de l'histoire, pour la qualité de l'écriture que pour l'intelligence du propos.

Un autre avis : Fattorius

Les Agents Littéraires lancent un challenge Rentrée Littéraire qui consiste à lire le plus possible de livres de petits éditeurs. Les Successions en fait partie. Pour plus de renseignements, c'est ici.

 

challenge-rentrée-littéraire-2011

 

 

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Scintillation

Publié le par Yv

Scintillation, John Burnside, Métailié, août 2011

"Dans un paysage dominé par une usine chimique abandonnée, au milieu de bois empoisonnés, l'Intraville, aux immeubles hantés de bandes d’enfants sauvages, aux adultes malades ou lâches, est devenue un modèle d’enfer contemporain.
Année après année, dans l’indifférence générale, des écoliers disparaissent près de la vieille usine. Ils sont considérés par la police comme des fugueurs. Leonard et ses amis vivent là dans un état de terreur latente et de fascination pour la violence. Pourtant Leonard déclare que, si on veut rester en vie, ce qui est difficile dans l'Intraville, il faut aimer quelque chose. Il est plein d’espoir et de passion, il aime les livres et les filles." (4ème de couverture)

Livre très étonnant, qui balance entre un thriller, un roman noir, un roman racontant la vie désœuvrée d'adolescents mal dans leurs peaux et vivant dans un environnement particulièrement désagréable et un roman initiatique. L'usine est là, présente. Même désactivée, elle rythme la vie, le quotidien des gens ; les jeunes s'y retrouvent pour discuter, fumer, sniffer de la colle, boire et tout ce que vous pouvez imaginer. "On l'appelle l'usine chimique, parce qu'elle n'a jamais eu d'autre nom, même le terrain sur lequel elle se dresse n'est presque jamais nommé, une étendue de nulle part que les gens appellent parfois la presqu'île, bien que les adultes en parlent rarement, et quand ça leur arrive ils se contentent en général d'y faire allusion en disant là-bas." (p.77) Le gang local est lui aussi décrit, archétype du clan dans lequel il faut vouloir et pouvoir entrer. Seuls les jeunes sont en vie, leurs parents sont soit malades, soit totalement abrutis par le travail, la télévision. Et eux, bien sûr rêvent d'une vie meilleure, ne veulent pas faire la même chose que leurs parents qu'ils méprisent et haïssent. Dans ce monde excessivement noir, cinq garçons disparaissent sans que l'on sache qui les enlève et les tue et surtout pourquoi : "Cinq garçons de l'Intraville, un endroit dont tout le monde se fout, une ville polluée, décolorée, tout au bout d'une péninsule dont la plupart des gens ignorent (sic) l'existence sur les cartes. Cinq garçons : Mark Wilkinson, William Ash, Alex Slocombe, Stewart Riva..." (p.83)

L'écriture de John Burnside est très belle -je l'avais déjà beaucoup aimée dans Un mensonge sur mon père. Parfois, il se perd, où plutôt, je me suis perdu, dans des considérations, des digressions qui ont peu de rapport avec l'histoire. Parfois elles m'ont intéressé, parfois moins, alors, dans ce dernier cas, j'ai passé quelques paragraphes, sans scrupules.

L'écriture est souvent crue, directe : elle décrit des gens pas bien du tout, parfois avec humour : "Quand John est arrivé à la bibliothèque, j'étais presque à court de trucs à lire, l'étape juste avant les sniffs de colle et la délinquance juvénile. Ou, pire encore, les mémoires de célébrités." (p101/102)

Beaucoup de considérations philosophiques en lien avec la religion souvent, ce qui fait de ce livre un roman atypique :

"Son père souffrait trop. Ce qui est une drôle de tournure, à bien y réfléchir, parce que, s'il est possible de souffrir trop, ça signifie qu'on pourrait souffrir juste assez, ou trop peu. Quoique, en fait, quand on y pense, c'est sans doute exactement ça. Il est sûrement possible de souffrir trop peu. On peut sûrement être condamné à souffrir juste assez." (p.174/175)

Ou encore : "Quelqu'un comme Morrison ne peut avoir une âme à lui, car l'âme est intrinsèquement bonne, intrinsèquement propre, un bien emprunté à Dieu et à tous Ses anges, qui devra être restituée un jour, nacré, propre, intact. Cette idée met Morrison en colère et il a envie de dire à cet homme, ce garçon, qu'il se trompe, que l'âme est humide et sombre, une créature qui élit domicile dans le corps humain tel un parasite et s'en nourrit, une créature avide d'expérience et de pouvoir, possédée d'une joie inhumaine, qui n'a que faire de son hôte mais vit, comme elle doit vivre, dans une perpétuelle nostalgie défigurée." (p.263)

Livre profond, qui, selon Irvine Welsh -écrivain écossais (comme J. Burnside) qui m'est totalement inconnu, mais son avis est sur la quatrième de couverture- "va au-delà d'une histoire déconcertante et troublante pour éclairer les possibilités infinies du roman." Bien vu ! Bien dit ! Je n'eus point dit mieux !

Roman excessivement noir, sombre et angoissant dont il est difficile de sortir tellement l'ambiance décrite est pesante et prenante. Vous qui n'aimez que les romans légers, passez votre chemin ; vous qui aimez les romans denses que vous n'oublierez pas de sitôt, arrêtez-vous un instant sur celui-ci !

Quatrième lecture de la rentrée littéraire.

D'autres lecteurs : Sylvie, Mobylivres, Cuné.

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Léna

Publié le par Yv

Léna, Virginie Deloffre, Albin Michel, août 2011

"Léna est née dans le Grand Nord sibérien. Elle aime plus que tout la brume, la neige, l’attente et l’immobilité, qui n’ont ni couleurs ni frontières. Son mari Vassia, pilote dans l’armée de l’air, n’a qu’un rêve : poursuivre la grande épopée soviétique de l’espace dont Gagarine fut le héros et qui reste l’immense fierté du peuple russe.
Comment acclimater leur nature profonde, leurs sentiments et leur vision du monde si différents en ces temps incertains de la perestroïka qui voit s’effondrer leur univers ?" (4ème de couverture)
Voilà, tout est dit dans ce résumé, je n'ai plus qu'à signer et hop, mon article est fini.  Mais vous savez que je ne suis pas comme ça, j'ai forcément des petites choses à dire sur ce livre. Et même de grands choses.
Léna est l'attente personnifiée. Vassia son mari est souvent absent, de longues semaines et revient sans crier gare. C'est ce qu'aime Léna, ces imprévus. Pour combler l'absence, elle travaille, bien sûr, mais elle aime se perdre dans les files d'attente des magasins, elle observe l'orme de la cour, elle , la fille du Grand Nord, peu habituée à cette nature et elle écrit à Dimitri et Varvara qui l'ont élevée à la mort de ses parents. Varvara est une vague vieille cousine et Dimitri est l'homme qui vivait chez elle, que le Parti a puni en l'envoyant dans cette contrée inhospitalière qu'est la Sibérie. Ses lettres sont très belles, mélancoliques, poétiques. Varvara la bonne vieille paysanne russe, très prosaïque, pragmatique n'y comprend pas tout et le fait entendre à Dimitri :
"Mais alors je vous assure, quel galimatias ! Elle peut pas parler comme tout le monde, non ? Des manières poétiques de s'exprimer, que vous dites. C'est drôle comme cette enfant vous a toujours rendu andouille. Petite, il suffisait qu'elle s'assoie sur une chaise pour que vous deveniez tout à fait bourrique. Parce qu'elle remuait à peu près autant qu'une souche au milieu de la forêt, vous la trouviez admirable." (p.76)
Chaque chapitre de la première partie commence par une de ces lettres, puis, à la suite, l'auteure énonce la vie de Léna, et celle de Mitia et Varia (les diminutifs de Dimitri et Varvara) : c'est l'Histoire de la Russie depuis les années 20 racontée par des témoins directs. Et puis, tout cela est ponctué par l'histoire de la conquête spatiale racontée par Vassia. Et le talent de Virginie Deloffre -dont c'est le premier roman- est de m'intéresser, que dis-je de me ravir avec un domaine qui, a priori n'est pas ma tasse de thé. Les étoiles, les constellations et les gens qui vont les voir de près, ça me passe au dessus de la tête, si je puis me permettre de dire.
Et c'est maintenant que je place mon dithyrambe, mon "enthousiasme excessif" comme ils disent dans le dictionnaire sur l'écriture de l'auteure. J'ai été happé par son style, ses phrases magnifiques racontant l'attente de Léna et décrivant la Sibérie, arrière plan du roman, omniprésent, pesant, lourd, oppressant, mais inoubliable, et ses habitants, notamment les Nénètses, peuple nomade éleveurs de rennes.
"La terre et la mer se confondent, uniformément blanches et plates l'une et l'autre, sans ligne de fracture visible. L’œil porte si loin dans cette blancheur, qu'on croit percevoir la courbure de la terre à l'horizon. A ce point d'immensité l'espace devenait une stature, imprégnant chacun des êtres qui l'habitent, une irréductible liberté intérieure qui fait les hommes bien nés, les Hommes Véritables, ainsi que ces peuples [les Nénètses] se désignent eux-mêmes." (p.85)
Même lorsqu'elle parle des immeubles soviétiques et de leur manque de grâce, elle n'en manque pas elle (de grâce) :
"C'est la fameuse Laideur Soviétique, inimitable, minutieusement programmée par le plan, torchonnée cahin-caha dans l'ivrognerie générale, d'une tristesse inusable. Un mélange d'indifférence obstinée, de carrelages mal lavés, de façades monotones aux couleurs uniques -gris-bleu, gris-vert, gris-jaune-, témoins d'un probable oukase secret ordonnant le grisaillement égalitaire de toutes les résines destinées à la construction du socialisme avancé. Un genre de laideur qu'on ne trouve que chez nous, que l'Ouest n'égalera jamais, malgré les efforts qu'il déploie à la périphérie de ses villes " (p.49/50)
Un roman qui se déguste lentement, au rythme de Léna pour bien en apprécier toutes les subtilités de sa langue. Un roman qui parle d'une région attirante, fascinante, d'un pays aux fortes traditions et de la fameuse âme russe. A certains moments, j'ai cru être plongé dans un roman d'Andréi Makine, notamment celui que je préfère : La femme qui attendait. Et bien, sûr, c'est pour moi un compliment que de le dire.
Mon troisième roman de la Rentrée Littéraire. Merci Flora et Paola et Albin (Michel)

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Ils ont tous raison

Publié le par Yv

Ils ont tous raison, Paolo Sorrentino, Albin Michel, août 2011

"Tony Pagoda, chanteur de charme, a traversé la scène d’une Italie florissante. De Naples à Capri, il a connu la gloire, l’argent, les femmes. Aussi, lorsque la scène évolue, il comprend que le moment est venu de changer de cap. À l’occasion d’une brève tournée au Brésil, il décide d’y rester. Mais après dix-huit ans d’un exil moite au fin fond de l’Amazonie, un puissant chef d’entreprise reconverti dans la politique lui offre un pont d’or pour qu’il se produise à nouveau en Italie. Tony Pagoda découvre alors un pays natal qu’il ne reconnaît plus, une Italie vulgaire et stupide où l’argent est roi..." (4ème de couverture)

Pas vraiment chanceux avec la littérature italienne en ce moment (voir D'acier ou Vie et mort de Ludovico Lauter). Mais bon, ces deux derniers, si je n'ai pas vraiment tout aimé, j'en retire plutôt du positif. Pour ce roman de Paolo Sorrentino, c'est un peu différent. Là, j'y croyais. On peut lire dans le dossier de presse des choses comme : "Exubérant et réussi, un premier roman décoiffant" (Livre Hebdo) ou encore : "Remarquable ! On pense bien sûr à Céline, à sa petite musique, et à sa vision apocalyptique du monde" (L'Unità). Mais quel mouche m'a donc piqué pour que j'aille lire le dossier de presse, moi qui ne le fais quasiment jamais ? Pourquoi ai-je lu la quatrième de couverture tentante ?

La déception est à l'image de ce que j'attendais de ce livre. Il commence assez mal d'ailleurs par un inventaire -à la Prévert a-t-on coutume de dire- de sept pages qui aurait pu être drôle, original mais qui est surtout un peu longuet, et qui résume d'ailleurs ce que je pense de l'ensemble de ce roman. Puis, entre en scène Tony Pagoda -dans tous les sens du terme, puisqu'il arrive dans le roman et qu'il se prépare, dans sa loge à monter sur scène pour un concert très particulier, devant du beau monde, des Italo-américains dont Franck Sinatra lui-même.

Seulement, le charme n'opère pas. L'écriture que l'on me promettait unique, originale l'est probablement, mais elle est surtout agaçante et parfois à la limite du mauvais goût et du roman de gare :

"Détendue et tranquille, loin de tout le vacarme déchaîné par Peppino et les autres, ce qui la rendait à mes yeux plus supérieure encore. Plus up que n'importe quelle prévision. Mon cœur faisait ouah-ouah. Un caniche timide aboyait dans mes entrailles" (p.68)

Et la cerise : " Je fis ce qu'aurait fait n'importe quel homme qui se retrouve avec son cœur dans sa main. Je l'attendis au bar de mon désir, qui était pour elle le bar de ses vacances" (p.69) Beurk. Même au second ou au troisième degré je trouve ces phrases particulièrement mauvaises. Ou alors ou cent cinquantième degré, peut-être ! Après plusieurs verres de Chianti ?

Malgré tout, je continue, en passant des pages -j'ai donc pu rater quelques perles aussi belles que les précédentes. Mais à un moment, il faut que je me rende à l'évidence, ce livre n'est pas pour moi !

Et pourtant, j'ai essayé et j'ai même bien aimé certains passages, notamment celui qui raconte une fusillade pendant laquelle Tony est mort de trouille :

" Maintenant c'est la peur à l'état pur, la peur comme Notre Seigneur l'avait sans doute imaginée, quand il la conçut en même temps que les dinosaures et les pierres précieuses. Et cette panique, vorace et marécageuse, se manifeste d'une manière très précise. Je sens comme des flamands roses qui me picorent le cul.

C'est ma prostate. Elle devient douloureuse.

Et on y est !" (p.56)

Preuve s'il en était besoin qu'encore une fois, c'est moi qui ne suis pas capable de comprendre une oeuvre majeure (j'écris cela au cas où des lecteurs mal intentionnés s'apprêteraient à m'insulter en commentaires, à me dire que décidément, je suis trop nul, que ce livre il est trop bien, et l'écriture elle est trop top.)

Donc, je vous en prie, faites donc la rencontre de Tony Pagoda si l'envie vous prend, vous le trouverez peut-être plus sympathique que moi.

Mon deuxième livre de cette rentrée littéraire

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La petite

Publié le par Yv

La petite, Michèle Halberstadt, Albin Michel, août 2011

""J'ai 12 ans et ce soir je serai morte"

Méfiez-vous des enfants sages..." (4ème de couverture)

L'accroche est simple, directe, franche. Personnellement j'ai choisi le livre sur cette quatrième de couverture, car si je connaissais l'auteure pour l'avoir vue à la télévision, il y a quelques années, je ne l'avais jamais lue.

En fait, cette phrase terrible est la première du roman. Vous voulez la suite ? Ah, je sens votre impatience, alors, la voilà :

"J'ai douze ans, et ce soir, je serai morte.

Ce matin, j'ai vidé les tubes de somnifères et tous les médicaments que Maman range en haut du placard de la salle de bains pour éviter qu'on y touche. Il m'a fallu cinq grands verres d'eau pour tout avaler. Ensuite, j'ai mangé une tartine, bu mon jus d'orange, et je suis partie à l'école.

Je n'ai rien dit à personne. Je ne suis ni abattue ni surexcitée. Je me sens sereine, comme on l'est quand on fait ce qu'on a vraiment envie de faire. Et moi, j'ai envie de disparaître." (p.11)

C'est le premier paragraphe, ensuite, l'auteure déroule la journée de la jeune fille. Puis, la partie suivante explique le cheminement de la demoiselle pour en arriver à ces extrémités. Pas difficile de saisir qu'elle est mal dans sa peu, mal dans sa vie. Seule, sans amie, se sentant délaissée par sa famille. Sauf son grand-père avec lequel elle a une relation forte. Ils s'adorent : il lui fait découvrir la vie, l'amour que l'on peut donner à autrui et recevoir. Mais il meurt, relativement jeune, la laissant seule, totalement désemparée. "Il était facétieux, impérial. Il comprenait tout et je pouvais lui confier des secrets effrayants dont il n'aurait pas songé à se moquer. Il ne jugeait pas, ne condamnait jamais et, mis à part les bonnes manières sur lesquelles il était intransigeant, il avait la pardon facile" (p.37)

Difficile d'en dire plus lorsque l'accroche du livre ne se fait que sur une phrase aussi lapidaire. Assez difficile également de dire le ressenti après lecture. D'un côté -le moins bon- j'ai lu l'histoire d'une jeune fille qui va mal, comme j'en ai déjà lu quelques unes -et encore, je ne suis pas "spécialiste" du genre ! Rien de plus. Rien de moins. Rien de bien nouveau.

D'un autre côté, j'aime bien l'angle pris par Michèle Halberstadt, à savoir, faire de la jeune la narratrice, mais sans tomber dans l'exercice facile et puéril de la faire parler comme une ado typique- si tant est qu'il y ait un langage ado typique ! Elle se déteste, se trouve moche et inintéressante et depuis que son grand-père n'est plus là, personne ne la contredit :

"A quoi bon vivre quand on craint à ce point d'être soi-même ?

J'avais peur de tout. Des baisers des garçons, du jugement de ma tante, du rire de ma sœur, du regard de ma mère.

Il n'y avait qu'avec mon grand-père que je n'avais peur de rien.

Ce soir-là, en éteignant la lumière, j'ai pensé pour la première fois qu'il serait doux de le rejoindre." (p.92)

Le roman est court (148 pages) et ne tombe pas dans la psychologie de comptoir -merci, merci. Il est bien écrit : les extraits que je cite sont assez représentatifs du style de l'auteure : clair, net, rapide, franc et direct. J'aime bien lorsque les écrivains vont au cœur des choses et de leurs personnages rapidement, sans tergiverser, même si parfois tergiverser n'est pas mal non plus.

A la lecture, j'ai eu l'impression du regard d'une adulte sur ce qu'elle eut pu être et ce qu'elle eut pu faire adolescente. Une sorte de mise au point sur une idée -ou un passage à l'acte- des années plus tôt. Pas forcément une autobiographie, mais une vieille pulsion enfouie depuis des années qui remonte à l'esprit, et qui loin d'inciter au passage à l'acte fatal, incite à l'acte de création artistique, littéraire pour le coup. (Ouah ! Là, je crois que je suis super bon sur ces dernières phrases, peut-être totalement à côté de la plaque -mais seule Michèle Halberstadt peut me contredire ou au contraire me dire que j'ai raison-, mais mon analyse -qui se rapproche très dangereusement de la psychologie de comptoir que je dénonçais juste au-dessus- me plait bien. Alors je la garde.)

Roman pas révolutionnaire mais sensible, juste, touchant avec une petite héroïne attachante à qui l'on aimerait dire qu'elle a encore plein de choses à dire et à accomplir et que la solution qu'elle choisit nous privera de sa charmante compagnie.

Merci à Flora et Paola -deux filles pour moi tout seul, je suis gâté- des éditions Albin Michel pour mon premier roman de cette rentrée littéraire qui sort aujourd'hui même.

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The reader

Publié le par Yv

The reader, Stephen Daldry, 2009

Et me revoilà dans le cadre du comité de lecture de la bibliothèque municipale, ce mois-ci lecture et cinéma. Je viens donc de visionner The reader, tiré du livre de Bernhard Schlink, Le liseur. J'ai lu ce roman il y a quelques années sur les conseils d'un ami. Quel beau conseil d'ailleurs. J'ai beaucoup aimé, l'histoire, la complexité des personnages, le contexte, tout quoi. Pas commenté sur mon blog parce que lu bien avant son ouverture.

Comme ce roman est encore très présent, je suis passé directement au visionnage du film. Trois parties, la première raconte l'histoire d'amour entre Michael et Hanna, la seconde parle du procès des femmes gardiennes de camps, dont Hanna et la dernière de l'après procès. Pour être franc, j'ai trouvé la première partie un peu longuette. Je dis longuette, parce que c'est un peu moins fort que "longue" -enfin, c'est mon ressenti très personnel. D'aucuns lui trouveront au contraire une intensité plus forte que "longue". Tout ça pour dire que sur ce film qui dure presque deux heures, quelques minutes auraient pu être gagnées -par le spectateur- pour aller aux toilettes, pour se faire un sandwich, que sais-je ? Tout cela à condition bien sûr de voir le film en DVD, je déconseille de se faire un sandwich au cinéma ou d'aller aux toilettes en pleine séance sous peine de ne pas retrouver son siège.

Par contre les deux autres parties sont passionnantes, le procès montre bien le dilemme de Michael et d'Hanna. La difficulté à surmonter pour l'une sa honte et pour l'autre l'affection, l'amour qu'il a pour cette femme et la manière dont elle a chamboulé sa vie.

Excellents acteurs, Kate Winslet en tête, mais aussi David Kross ( Michael jeune) ou encore Ralph Fiennes (Michael moins jeune). Des jeux d'acteurs tout en finesse et en pudeur pour montrer des sentiments forts et réels. Néanmoins on ne tombe pas dans la larme facile.

Un film, qui comme le livre, bouleverse. Et même s'il est un peu différent dans la forme, dans la narration de son modèle écrit, il réussit à faire réfléchir sur la nature humaine, sur la responsabilité, sur la culpabilité. Enfin, sur plein de thèmes importants et graves. Film et livre intelligents. A voir, à lire, à faire voir et à faire lire.

Le liseur, Bernhard Schlink, Gallimard, 1996

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On n'arrête pas la connerie

Publié le par Yv

On n'arrête pas la connerie, Jean Yanne, Le cherche midi, 2007, 2009, 2010

"Toute sa vie, Jean Yanne a été captivé par la connerie. Plus fascinante encore que l'intelligence, parce que sans limites, elle a été sa grande passion. Doué d'un véritable génie pour la débusquer dans ses manifestations les plus variées, les plus discrètes comme les plus éclatantes, il remarquait : "J'ai la faculté d'assimiler la connerie ambiante comme les abeilles butinent les fleurs et prennent le pollen pour en faire leur miel."

Cette intégrale des textes, répliques et pensées de Jean Yanne, agrémentée de nombreux inédits, représente quelques-uns des grands moments de la lutte incessante et nécessaire contre la connerie menée par l'un de ses opposants les plus fidèles et les plus spirituels." (extraits 4ème de couverture)

Lorsque j'ai vu ce livre en vitrine, l'an dernier, je me suis dit qu'il devait absolument rejoindre ma bibliothèque personnelle. Quelques mois ont passé et le voilà donc atterri à la maison. Vous connaissez tous Jean Yanne, le beauf, le mal dégrossi, le vulgaire, le grossier, le râleur, le cynique, l'ironique, le "j'me fous de tout", le mal embouché, le vilain, le taquin, l'acteur qui jubile à faire des gens pas sympathiques : toutes ces images -et d'autres- lui collent à la peau, et il n'a rien fait pour s'en défaire. Au contraire. A chaque fois, il en a rajouté une louche. Mais bien sûr, c'est sa façade d'homme public, son personnage. Il prouve dans ce livre qu'il est drôle, extrêmement cultivé, qu'il écrit vachement bien, et qu'il a un don pour trouver la réplique qui fait mouche. Il remet une petite couche de mauvaise foi, de beaufitude, de misogynie, de misanthropie et qu'est-ce qu'on se marre ! Des exemples ? Je sens que vous piaffez. Allez, je vais être bon, je vais vous en mettre quelques uns, dont un premier qui aurait pu aller dans la bouche d'Eva Joly récemment :

"- Les institutions, les rites, les traditions... vraiment pas pour moi, j'ai beau me forcer, le 14 juillet, ça n'évoque rien... Noël non plus, la République, la patrie, le sens du devoir. Toutes ces conneries n'évoquent absolument rien pour moi.

- Alors, à quoi êtes-vous sensible ?

- Au camembert." (p.15)

"Le vocabulaire évolue. A travers la presse en particulier. Aujourd'hui, un avion ne "s'écrase" plus, il "s'abîme". A ce rythme-là, les morts s'en sortiront bientôt avec seulement quelques égratignures." (p.59)

"Le Viagra, ils devraient le faire prendre en suppositoire, ça doublerait le plaisir de certains." (p.60)

Attaché à la bonne bouffe et au plaisir en général, je ne suis pas sûr qu'il appréciait les hamburgers :

"Je serais à la place des agriculteurs qui déposent du fumier devant les McDo, je me méfierais parce que les gérants vont finir par croire qu'il s'agit d'une livraison." (p.70)

Misogyne je disais plus haut, mais pas que :

"Vivre en couple : je ne vois pas pourquoi je sacrifierais l'admiration de milliers de femmes au sens critique d'une seule." (p.113)

"-Jean, vous auriez aimé être une femme ?

- Oui.

- Pourquoi ?

- Déjà, parce que ça m'aurait évité d'en avoir une." (p.114)

" Il ne m'est jamais venu à l'esprit de traiter les femmes comme mes égales. Quelle femme aimerait être traitée comme l'égale d'un gros barbu, vieux et soupe au lait ?" (p.115)

Mais Jean Yanne n'a pas écrit que ces aphorismes, ces blagues ; il a aussi écrit des chansons, des textes, notamment des contes, drôles, cruels et loufoques que je ne me risquerais pas à lire à de très jeunes têtes blondes ou brunes ou rousses ou auburn ou ... autres avant de les endormir. Il a été bien sûr acteur et réalisateur.

Je pourrais vous citer encore plein de passages, des petites phrases, des extraits de textes -sa version du Petit Poucet vaut le détour- mais le mieux, c'est d'aller feuilleter ou carrément lire ce gros livre de 495 pages qui se picorent comme ça entre deux lectures différentes. Une petite dernière -que j'affectionne particulièrement- pour la route, idéale pour les sujets aux maux des transports, dont je suis :

"Les rares fois où j'ai pris un bateau, j'ai exigé qu'on ne me serve à manger que de jolies choses. Parce que j'étais sûr de les revoir rapidement." (p.128)

Jean Yanne (1933-2003)

 

rire-copie

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