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L'autobus

Publié le par Yv

L'autobus, Eugenia Almeida, Métailié, 2012 (réédition : paru en 2007. Traduit par René Solis)

Un petit village d'Amérique du sud. Tout est paisible, trop même ; il ne s'y passe jamais rien. Un vague voyageur de commerce de temps en temps avec une femme qui n'est pas la sienne pour attiser les discussions. Mais depuis deux ou trois jours, l'autobus qui relie ce village aux villes passe mais ne s'arrête plus, au grand dam de Ponce, l'avocat qui veut y faire monter sa jeune sœur Victoria pour qu'elle retourne chez elle, à la ville. De même, la barrière du passage à niveau a été descendue et n'est pas remontée, isolant ainsi totalement le village. Les habitants se posent des questions.

Tout petit roman de 127 pages qui ne paie pas de mine et qui est loin d'être anodin. Grâce à son écriture sèche, directe et sans fioriture, Eugenia Almeida va droit au but et raconte la vie dans un pays au gouvernement autoritaire et surtout dans les petits villages reculés, ceux dans lesquels les gens ne sont à la pointe ni de l'information ni de la contestation. Ils subissent les différents régimes, les lois strictes parce que leur premier souci est de manger à leur faim et de nourrir leur famille.

L'isolement du village permet à l'auteure de revenir en arrière et de raconter la vie des ses principaux personnages : notamment celle de Ponce, l'avocat ; de dire comment il se retrouve là, dans le village le plus reculé du pays alors qu'il était promis à un avenir brillant.  "Ils arrivèrent au village par une matinée terreuse. Les maisons semblaient incrustées dans un puits. Pourtant, quand on regardait tout autour, il n'y avait que la plaine, pas une ondulation, pas une colline, le plat à perte de vue. Ponce se sentit réconforté par l'aridité du lieu." (p.51)

Les rapports entre les différents personnages sont bien étudiés : les riches d'un côté du village et les pauvres de l'autre. Le seul qui fasse différemment, Ponce, est assis entre deux chaises et s'il peut se prévaloir d'un certain respect des petites gens, il peut se perdre d'un rien. Un mauvais geste, une attitude hautaine ou ridicule et voilà que le respect disparaît. Les intervenants sont assez typiques mais pas caricaturaux, entre le cafetier et les commerçants qui papotent et colportent les ragots, les rumeurs, le flic qui obéit aux ordres prudemment, sans demander d'explication et les "touristes" profitant des bienfaits du soleil et de l'hôtel en attendant l'autobus.

Le village également est très présent, le climat aussi, que l'auteure décrit avec peu de mots : "La journée s'écoule, écrasante et désolée, la chaleur et la poussière se déposent sur les os. Les rares qui sortent dans la rue cherchent l'ombre." (p.106)

On se laisse facilement prendre à ce petit livre qui, par sa forme et par l'histoire qu'il raconte m'a rappelé des romans sud-américains traitant des mêmes thèmes. Il doit y avoir une sorte de marque de fabrique de très bonne qualité, sans doute les années de dictatures notamment en Argentine, pays dans lequel Eugenia Almeida enseigne la littérature et la communication et écrit.

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La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis

Publié le par Yv

La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis, Francis Dannemark, Robert Laffont, 2012

Une bande de cinquantenaires (la fourchette va de 75 à à peine 40 ans, avec une grosse majorité aux alentours de 50 ans) se retrouve tous les mercredis soirs dans une grande maison bruxelloise pour un ciné-club. Deux hommes, Max, psychologue qui habite la maison et Jean-François, le cinéphile. Les autres, huit femmes (Judith, Muriel, Felisa, Sarah, Marie-Louise, Annick, Kate, Catherine). Tous sont amis, se connaissent bien ou apprennent à se connaître et s'entendent merveilleusement bien. Oui, mais la maison craque, cette maison qui recueille les confidences, les doutes pourrait disparaître ; chacun  fait alors un peu le point sur sa vie, sur ses amours. C'est une année entière qui commence par un hiver rigoureux qui sera propice aux changements, aux prises de résolutions.

Quel charmant roman ! Un moment de félicité dans ce monde de brutes. L'ambiance est joyeuse du début à la fin, c'est un roman qu'on lit le sourire aux lèvres. Jamais mièvre pourtant, plutôt positif ! Alors, on se prend à rêver de vivre dans une telle maison, où rien n'est source de conflit, où tout est débattu en groupe ou en simple tête-à-tête.

Sous couvert de légèreté, Francis Dannemark (qui, comme son nom l'indique est... belge), aborde des thèmes sérieux : l'amour, la mort, la solitude, la peur de vieillir, celle de finir seul(e), l'amitié (entre hommes et femmes notamment). Ces hommes et ces femmes sont à un tournant de leur vie et décident de s'arrêter un instant pour en faire un bilan, pour savoir s'ils continuent de la même manière ou s'ils changent un peu ou totalement.

Deux passages résument parfaitement ce livre : "Il songea à ce qu'un vieux libraire lui avait un jour expliqué : la poésie, ce sont des répétitions -des mots qui reviennent, des sons- et quelques variations ; une vie poétique, c'est la même chose : des rites, des habitudes, des gens et des saisons qui reviennent, avec quelques variations, bien sûr et des surprises..." (p.134/135) et "La solution n'est pas dans les objets." (p.183) Discours totalement à l'opposé des standards actuels : aujourd'hui où il est de bon ton de tout tester, de faire des expériences, de posséder.  L'avoir plus que l'être ! Ce livre est celui sur l'amitié qui dure, que rien n'use. Sur les relations entre des personnes.

Et puisqu'il y est beaucoup question de cinéma, de la même manière qu'on parle de film choral, je pourrais dire que c'est un roman choral, un roman de copains. Un film -ou plutôt deux- pourrait venir  à l'esprit immédiatement -l'auteur en parle d'ailleurs-, mis à part qu'il y est question d'hommes plus que de femmes : ce sont Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis de Yves Robert. Même atmosphère, même sourire en voyant les personnages, même plaisir à les voir et même serrement à les quitter.

Parlons maintenant  de la forme. Construit en petits chapitres, ce roman peut se prendre et se poser rapidement : on lit un chapitre, on rit, on repose et on refait cela un petit moment plus tard. L'écriture est humoristique, simple et accessible. Tout est là pour faire passer un excellent moment au lecteur. Pari réussi pour moi. En plus, à la fin, il y a un rappel des principaux personnages rapidement décrits (fort utile lorsqu'on est perdu dans les prénoms) et une dizaine de pages répertoriant les films dont Jean-François parle, les livres et les sites utiles pour les amateurs de cinéma.

Pour conclure, un avertissement : ouvrir ce roman procure des sensations de joie et de bonheur. La maison, qui est le véritable personnage principal de ce roman est un havre de paix, une oasis de bonheur dans laquelle lenteur, rires, tendresse, gestes attentionnés, écoute des autres sont les maîtres-mots.

Vous l'aurez compris, je ne suis absolument pas objectif et ce livre qui semble être une joyeuse plaisanterie pourrait bien être plus profond qu'il n'y paraît et drôle et bien écrit. Et en plus, il a un très joli et long titre.

 

challenge 1%

Un avis aussi enthousiaste ici.

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L'école 100% humour

Publié le par Yv

L'école 100% humour, Christophe Besse, Le cherche midi, 2012

"Enfin un livre de dessins d'humour uniquement inspiré par l'école, une irrésistible galerie de portraits de profs et d'instits aux prises avec l'administration, les gamins rebelles et les parents déboussolés !
Fort d'une trentaine d'années d'expérience en littérature jeunesse, Christophe Besse est un observateur privilégié de l'univers enseignant et des cours de récré. La cantine, la visite au musée, le spectacle de fin d'année, le café dans la salle des maîtres, la chorale, la piscine, la classe transplantée... c'est comme si vous y étiez !
Si vous êtes prof, vous rirez de ce qui se passe dans les classes de vos collègues. Si vous êtes élève, vous pourrez faire partager à votre famille les journées palpitantes passées à l'école. Enfin, si vous êtes parent, vous tenez en main le guide pratique universel pour apprendre à communiquer avec l'instit de votre enfant." (4ème de couverture)

Pas toujours facile de parler d'un livre de dessins, surtout en cette rentrée littéraire chargée. Eh bien, me voilà donc bien embêté ! D'autant plus que j'aurais aimé vous montrer des dessins, mais je n'en ai pas trouvé. Alors, je rame. Oui, mais c'est sans compter avec Internet et le cadeau de Christophe Besse himself, qui après avoir lu mon article me fait parvenir gentiment deux dessins. Celui qui suit est un de ceux que je préfère dans le livre :

rentrée GIGN

(Le texte est le suivant :"- Ils sont tous à l'intérieur, je veux plus y aller maman !!!

- Ecoute moi ! Tu m'écoutes mon fils ? Tu rentres dans ta classe en donnant un grand coup de pied dans la porte et tu leur dis : "- J'ai préparé la rentrée au GIGN, le premier qui moufte, je le crucifie au tableau ! Vas-y répète..."

L'école est un thème que tout le monde connaît en tant qu'élève au moins, prof peut-être, parents aussi. Christophe Besse prend tous les points de vue, les décortique et les caricature pour les rendre drôles (certains n'ont même pas besoin de cela, ils sont drôles naturellement). Ses gamins sont des espèces de Petits Nicolas modernes, pas méchants, juste chahuteurs, à fond dans leur époque connectée. Les profs, eux, sont souvent à l'inverse, déconnectés, parfois vaches, durs et font avec les moyens du bord. Les parents sont débordés ou très présents s'ils sont élus. Ce n'est pas la BD Les Profs, (ben, non, y'a pas Amina, la prof de français !), ce sont des dessins, sans scénario, des dessins parus dans un journal professionnel.

On sent que Christophe Besse connaît bien le milieu qu'il dessine. Certains dessins touchent un peu moins leur cible, mais dans l'ensemble, quel que soit votre statut, élève, prof, parent, vous rigolerez et vous détendrez entre deux livres parmi les 600 et quelques qui sortent en ce moment. Et puis, ça vous changera des attendus d'A. Nothomb, P. Djian et consorts (là, j'ai mis un peu de sarcasme, parce que en voici deux que je ne lirai pas. Jamais lu la dame aux chapeaux et déjà lu le monsieur sans chapeau, mais pas envie ou de tenter l'expérience ou de la renouveler).

Et pour conclure le dessin "teaser" du livre (merci Christophe):

 

teaserlecolelelivre.JPG

 

challenge 1%Hérisson a aussi un avis.

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Laisser les cendres s'envoler

Publié le par Yv

Laisser les cendres s'envoler, Nathalie Rheims, Éd. Léo Scheer, 2012

"Une femme se souvient de son adolescence, du jour où sa mère, brusquement, l'a abandonnée. Du jour au lendemain, elle a quitté le foyer conjugal, pour vivre avec un artiste à l'oeuvre grandiloquente, un homme-enfant dont elle assouvira tous les caprices, et qui aura sur elle l'ascendant d'un gourou. Pour la narratrice, qui a vécu un amour maternel absolu, cet abandon est un choc. Respectueuse de la règle familiale du silence et de l'impératif du non-dit, il lui a fallu des années avant de pouvoir y mettre des mots." (note éditeur)

 

L'écriture de Nathalie Rheims est franche, directe, sèche,  nerveuse et assez rapide ; voici par exemple le tout début du livre :

"J'ai perdu ma mère. Elle a disparu il y a plus de dix ans. Ma mère est morte, je le sais. Mais lorsque j'y pense, je ne ressens aucun chagrin, pas la moindre émotion. Tout reste plat comme une mer gelée, pas un seul frémissement à la surface de l'eau. Quand je pense à elle, il ne se passe rien." (p.5)

J'aime cette écriture. Pas de fioriture. Droit au but. Nathalie Rheims veut tout dire sur la relation -ou l'absence de relation- avec sa mère et plus largement avec sa famille avant la fin, sa propre fin. Sans doute le décès récent de son compagnon n'est-il pas étranger à son besoin de se libérer de cette enfance solitaire (je ne suis pas un adepte des ragots, des feuilles à sensation, mais j'ai su fortuitement -ce n'est pas un secret d'état non plus- que N. Rheims était la compagne de Claude Berri). Madame Yv qui travaille avec des gens en fin de vie me dit régulièrement que lorsqu'on approche de la mort, on recueille ce que l'on a semé. Si l'on n'a pas pu faire le point, le bilan de sa vie et la paix avec ceux qui nous entourent, notamment assainir les relations plus ou moins orageuses, eh bien tout cela ressort à la fin. Mme Rheims, soyons clairs, je n'insinue point insidieusement que vous seriez en mauvaise santé ou âgée, parce que Madame Yv, encore elle, ajoute, que se faire une fin de vie paisible nécessite d'y travailler toute sa vie durant ! Certes, ici, cet assainissement se fait avec une morte et c'est sans doute pour cela que l'auteure écrit :  "Normalement, avec le temps vient le moment du pardon. Sans lui, pas de travail de deuil possible. Il me suffirait de pardonner. Ce serait si simple, si facile. Hop, le problème serait réglé. C'est ainsi que cela se passe, ainsi que l'on survit à la mort des êtres chers. Mais pour nous deux la question ne se pose même plus, celle de sa mort ou de la mienne. Je n'en suis plus là. Pardonner, ne pas lui pardonner, pour moi cela ne fait plus aucune différence. Pour elle, pour moi, c'est mort, tout simplement." (p.67) Je ne crois pas que la question soit de pardonner ou pas (ce terme revêt un caractère religieux qui ne me sied guère), mais simplement d'être en paix avec soi-même, d'avoir pu se libérer d'une tranche de vie plus ou moins longue et difficile en en parlant ou en l'occurrence en écrivant dessus.

Malgré mon entrée en matière, je suis un peu hésitant quant à mon avis sur ce livre : j'ai aimé beaucoup de passages, touchants, durs, mais d'autres m'ont laissé dubitatif voire indifférent. J'avais été touché et j'avais aimé Le chemin des sortilèges de la même auteure, malgré des critiques çà ou là sévères (dans la presse et sur certains blogs : j'avais lu à l'époque, par exemple, que N. Rheims écrivait avec ses pieds ; ceci étant peut-être vaut-il mieux avoir de jolis pieds que des mains calleuses ?), l'écriture qui oscillait entre rêve et réalité pouvait provoquer des émotions. Là, moins. Peut-être un peu trop de répétitions ou de longueurs. Loin de moi cependant l'idée de dire que c'est un mauvais livre. C'est juste que cette fois-ci, à certains moments, l'écriture de l'auteure ne me provoque pas d'émotion particulière, je me suis fait parfois l'effet de me voir lire sans vraiment "entrer" dans les pages. Ce n'est pas le thème qui me gêne, au contraire : cette histoire de petite fille riche qui se sent et se sait rejetée par sa mère, parce que Nathalie Rheims évacue très vite la question : "J'avais pourtant conscience, déjà, de l'absurdité de ce que je ressentais. Qui aurait pu ne pas avoir envie d'appartenir à la famille prestigieuse qui était supposée être la mienne ? Qui aurait pu ne pas adorer tous ces gens charmants, élégants, si bien élevés, si gentils aussi ?" (p.11/12) La détresse de l'absence de lien maternel ou affectif est aussi terrible dans les familles riches que dans les familles pauvres. D'ailleurs la jeune narratrice s'affranchira très tôt de sa famille en vivant des rôles qu'elle joue au théâtre.

Je m'aperçois en faisant ce billet que sans doute je suis passé à côté de certaines pages, car en tentant de retranscrire ce que je pense et ce que j'ai ressenti avec cette lecture, je m'emballe et j'en arrive à me dire qu'il faut que je le relise un peu plus tard. De fait, avant d'écrire un article, en général, j'en sais la teneur, eh bien, là, non. Hésitant au départ, je deviens de plus en plus peut-être pas totalement enthousiaste mais au moins positif. Probablement la marque d'un bon livre qui donne le meilleur de lui-même après coup, un de ceux qui restent en mémoire ?  Je vais donc le garder dans ma bibliothèque d'abord pour cette raison et ensuite pour la dédicace de Nathalie Rheims que je remercie ainsi que Gilles Paris.

 

challenge 1%Un autre avis : ici et l'avis de Géraldine que j'ai failli oublier (merci Keisha)

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Haut et court

Publié le par Yv

Haut et court, Philippe Cohen-Grillet, Le Dilettante, 2012

Fait divers de septembre 2007 dans le Nord-Pas-de-Calais : une famille, le père la mère, la cinquantaine, la fille et le fils, la trentaine, sont retrouvés pendus à la poutre du salon de leur maison. Aucune explication. S'emparant de ce fait divers comme base de départ de son livre, Philippe Cohen-Grillet fait ensuite parler le fils, mort. Il raconte depuis son état de suicidé comment ils en sont arrivés là, comment la gendarmerie piétine sur l'enquête et la vie difficile de chaque membre de la famille et des gens de cette région en général.

C'est un roman qui commence très fort : "Ce jour-là, en début de soirée, un peu avant l'heure de l'apéritif que nous ne prenons jamais, papa nous a réunis dans la salle à manger et a déclaré : "Aujourd'hui, plutôt que de passer à table, on va se passer la corde au cou."

Sur le coup, j'ai un peu regretté. Non pas que je n'avais plus envie de me foutre en l'air. J'en avais autant envie que d'habitude, ni plus ni moins. Mais on était mercredi. Et le mercredi, c'est le jour où maman nous prépare des tomates farcies." (p.11) Suivent des pages sur la difficulté de coordonner les gestes (c'est presque de la danse, de la natation synchronisée ! La beauté du geste en plus, quoi !), de faire les nœuds aux cordes : pas facile lorsqu'on n'a plus d'encre dans l'imprimante et qu'on ne peut donc pas visualiser les différents tours et détours de la corde pour parvenir à un nœud fin et efficace ! C'est donc un roman qui débute par des pages drôles, désopilantes, déroutantes, d'un humour noir, décapant. Philippe Cohen-Grillet ne se donne pas de limite : tout est prétexte à faire un bon mot ou à décrire une situation de manière comique. Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il tuerait père et mère pour un bon mot, ce serait ici, dans le contexte de son livre, une tautologie (pas une totologie, hein, attention, même si c'est une histoire drôle). Ça peut être dérangeant, ce qui, je ne vous le cache pas, rajoute à mes yeux, un petit plus : encore plus de plaisir à sourire voire rire.

En ouvrant ce bouquin, le lecteur se trouve dans la tête du fils, suicidé. Et il raconte sa famille, entre une mère fragile, un père en préretraite (licencié en fait aux alentours de 50 ans), une sœur qui voit ses heures de travail se réduire au fil des semaines, et lui-même magasinier dans une grande surface locale. Tout cela dans une région sinistrée : pas de travail ou tellement peu. Cette famille est totalement centrée sur elle-même. Pas de relation hors celles avec les collègues. C'est d'une tristesse sociale et culturelle à pleurer. Grâce à ces gens, l'auteur va dresser le portrait d'une société qui va mal, et son humour du départ devient un humour du désespoir, une farce macabre.

""Là-bas", ici, chez nous, on enfante tôt. Parce que l'horloge biologique tourne, certes. Mais aussi parce que toutes les postadolescentes poussent des landaus, par crainte d'être sinon considérées comme des "putes". Et aussi, parce que "les allocs", c'est quand même pas fait pour les chiens. Ça s'appelle "l'argent braguette". [...] J'exagérais sans doute. Mais même en noircissant le tableau de la sorte, je ne parvenais pas à me consoler de n'avoir pas "fait", moi aussi, un enfant." (p.124/125)

Il écrit quelques pages bien senties sur la grande distribution "Super-hard-discount" et ses méthodes d'encadrement, de brimades voire d'intimidations. Quelques autres sur la justice qui peut détruire des vies et puis s'en laver les mains. Un constat sévère et sans doute juste, plus qu'une dénonciation. Malgré leur isolement familial, le fils va rencontrer des gens très différents de lui, personnages secondaires bien décrits et présents.

Sans être exempt de quelques -toutes petites- longueurs, ce roman est de qualité. Bien écrit et maîtrisé, il alterne les moments durs avec d'autres pas forcément moins difficiles, mais traités plus humoristiquement, avec un détachement qui permet qu'on en rie. Et puis d'autres passages sont plus légers :

"Parfois, le dimanche matin, elle [la mère] suivait la retransmission télévisée de la messe sur le service public. "Alors, ça bigotte ?" la charriait gentiment ma sœur. " Je regarde parce que c'est tourné dans une église différente chaque semaine", se justifiait maman. " Ah bon, si c'est du tourisme ecclésiastique, c'est pas pareil..." Pince-sans-rire sœurette, comme toujours. Maman ne pratiquait pas, c'est vrai. Et alors ? On peut suivre les étapes du Tour de France sans savoir monter à bicyclette." (p.234)

Je  n'ai pas ri à gorge déployée, mais j'ai souvent et longtemps souri. J'ai été parfois gêné par ce que décrit P. Cohen-Grillet, la misère sociale, familiale, culturelle ou pécuniaire voire même toutes ensemble. Non pas que je sois d'une classe sociale supérieure (c'est d'ailleurs sans doute à cette identification possible qu'est due cette gêne), mais tant de solitude et de misères ne met pas à l'aise. Un livre qui fait sourire voire rire, et qui à certains endroits peut gêner, que demander de plus à la littérature ? Un premier roman de la rentrée à découvrir sans aucun doute.

 

région

 

challenge 1%

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Mon pire ennemi est sous mon chapeau

Publié le par Yv

Mon pire ennemi est sous mon chapeau, Laurent Bénégui, Julliard, 2012

Laurent Minkowski est généticien. Chercheur dans un laboratoire privé. Mais il vient de se faire licencier. En plus, il souffre d'une forte hypertension artérielle. Mais de tout cela, Juliette, sa compagne de vingt ans sa cadette -âgée donc d'un peu plus de vingt ans- n'en sait rien. Laurent lui cache tout de peur de la perdre. Et puis, un jour, une camionnette de livraison ouverte en bas de chez lui offre l'opportunité "d'emprunter" un téléviseur dernier cri. Puis c'est au tout d'un Vélib de se retrouver dans ses mains, puis dans celles d'un receleur. Voilà, Laurent est entré dans le banditisme, ce qui ne va pas lui faciliter sa vie déjà un petit peu compliquée.

Fiez-vous au titre : à la fois drôle et un rien intrigant. Eh bien, le livre c'est ça ! Drôle, léger par moments, mais aussi moins à d'autres instants. On rit beaucoup aux aventures de Laurent, à ses mésaventures devrais-je même écrire. Rocambolesque, jubilatoire. Ça part dans tous les sens pour le plus grand plaisir du lecteur, enfin le mien au moins, mais je ne doute pas que vos zygomatiques travailleront dur à cette lecture. Laurent Bénégui met son héros dans des situations désopilantes et périlleuses pour lesquelles on ne voit pas d'issue heureuse, mais... (Oh, Yv ce suspense ! Insoutenable !)

En outre, il se plaît à placer quelques formules délicieuses :

"Je venais de vaporiser une grande partie de ses illusions. Du moins celles entretenues à mon égard. Pour les autres, je ne m'inquiétais pas. Sa confiance en la vie était telle qu'elle aurait planté un rosier grimpant au pied de la tour Eiffel." (p.55)

Il m'est difficile d'en parler beaucoup plus parce que je ne veux pas dévoiler l'intrigue de peur que vous manquiez les surprises et que vous ratiez quelques secondes de plaisir. Sachez qu'il y est question d'un bébé qui pourrait faire basculer la vie de tout ce petit monde, de relations difficiles entre tous les protagonistes et d'une véritable intrigue policière qui tient le lecteur jusqu'aux ultimes pages. Alors certes, ce n'est pas un polar proprement dit, mais l'auteur a le talent pour nous mener de bout en bout sans nous ennuyer, bien au contraire.

Je ne connaissais pas Laurent Bénégui -eh oui, j'ai honte, et j'étale là mon inculture ! Bon, en fait je connaissais son nom et le titre de certains de ses romans précédents (Au petit Marguery, Le jour où j'ai voté pour Chirac, entre autres). Ce que j'ai pu lire ici où là me laisse accroire qu'il excelle dans le genre humoristico-romanesque. Preuve en est de ce dernier roman -qui sort pour cette rentrée littéraire- et de cet extrait d'un dialogue :

"- Pardon, je ne savais pas que vous teniez un journal intime...

- Moi non plus, s'amusa Juliette.

- Oui, j'ai commencé vendredi, j'ai arrêté samedi. Je trouve ça assommant. Je ne sais pas comment Chateaubriand a tenu cinquante ans..." (p.197)

J'espère vous avoir convaincu de plonger dans ce roman. Sinon, pour les dubitatifs -non, non ce n'est pas une grossièreté-, je peux rajouter que Juliette est une superbe rousse aux formes parfaites et que Laurent Bénégui n'est point avare de faire profiter de ses prouesses conjugales, en tout bien tout honneur, il va sans dire. Sexy, juste ce qu'il faut ! Ah, là, je vois que j'ai recruté du lectorat masculin ! (Eh, en plus, les mecs, Laurent Bénégui, il est aussi réalisateur : avec un peu de chance, il va en faire un film de son roman, très visuel)

Et pour finir sur une note plus culturelle, plus intellectuelle, je vous livre là les quatre dernières phrases du bouquin qui disent aussi que ce livre n'est pas que drôle :

"Car c'est ce à quoi servent les mots. A transmettre à chacun le récit de ses origines. Les mots qui vont et viennent, que l'on perd et que l'on retrouve. Et qui forment l'héritage de l'homme." (p.312)

Laurent Bénégui a un site, si vous cliquez sur son nom, vous y arriverez.

 

challenge 1%PS : je viens de réaliser le challenge 1%, puisque ce livre est mon septième de la rentrée littéraire. Et en plus, je le fais de belle façon, le sourire aux lèvres.

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Déliquescence

Publié le par Yv

Déliquescence, Deborah Kay Davies, Ed. du masque, 2012 (traduction, Jean Esch)

Une jeune femme, la narratrice, travaille dans un organisme d'aide à la réinsertion, au Royaume-Uni. Elle reçoit un jour, un homme qui sort de prison et tombe littéralement sous son charme et sa coupe. Au point d'accepter de le suivre dans le parking et de faire l'amour avec lui, brutalement, entre les voitures. Puis, c'est la spirale, la descente dans un monde insoupçonné d'elle : celui de la dépendance et de l'obsession sexuelle et de la manipulation.

Roman très dur sur la descente aux enfers d'une femme. Comment une femme, en apparence bien dans son travail, dans sa vie, dans ses relations amicales et familiales peut-elle se couper de tout cela pour un homme ? La relation qu'elle entretien avec lui est vénéneuse voire mortelle : une dépendance totale. Je me suis toujours demandé comment une femme pouvait rester avec un compagnon qui la bat. Pourquoi ne pas partir ? Pourquoi rester à attendre les coups, les insultes, les remarques ? Deborah Kay Davies répond en partie à cette question et décrit cette "aventure dysfonctionnelle, caractérisée par sa cruauté à lui et sa dégradation à elle. Cette relation toxique, obsessionnelle [qui] tourne au cauchemar" (note de l'éditeur)

C'est un roman éprouvant, qui ne cache rien, qui crûment dit les choses et qu'il peut être bon de réserver à un public point trop pudibond ni trop jeune. Mais malgré des longueurs, des répétitions et des redites (peu, certes, mais une petite cinquantaine de pages du milieu es un peu superflue) c'est un bouquin qui accroche. Pas gai, certes, un peu pleurnichard par moments, mais la situation peut expliquer cette tendance. Pas d'effet de style, pas de tournure alambiquée, la phrase va au plus juste et au plus court. Peu de description : on sait que l'homme est blond, bouclé, assez grand et beau, mais on apprend assez loin dans le livre (à la moitié à peu près) que la narratrice est une jeune femme élégante et assez jolie.  L'essentiel du texte s'attache aux personnalités, aux relations entre les divers personnages, notamment celles de la narratrice avec son amie Alison, avec ses parents et bien sûr à la relation entre elle et cet homme. Et puis c'est aussi une sorte de journal intime, une réflexion sur elle-même, une autocritique sur sa dépendance. Elle écrit comme si elle avait vécu tout ce temps en dehors de son enveloppe charnelle. Comme si son corps posait des actes, mais que son esprit ni ne les approuvait ni ne les vivait réellement. Il les observait du dessus, sans les juger, juste en les notant, les actant.

"Il ne revint pas, il ne revint pas et il ne revint pas. [...] Au travail, je dupais tout le monde. C'était stupéfiant. En apparence, je ressemblais à moi-même, et je m'exprimais comme elle. Je mangeais ce qu'elle mangeait. Je portais ses affaires, même si je n'en aimais pas certaines. Je mettais même son maquillage. Mais à l'intérieur, je pataugeais. Pas facile dans ces conditions d'utiliser mon ordinateur et de répondre au téléphone, mais je me débrouillais. Je ne savais pas combien de temps je pourrais continuer comme ça." (p.171)

La construction du livre par petits chapitres permet de le prendre et le poser rapidement pour des temps de micro-lectures. Intéressant et intelligent, car on peut souffler entre deux chapitres lourds. Chapitres dont les titres commencent quasiment tous par "je" : ""J'accepte les choses aveuglément", "Je trouve que la taille compte", "Je garde le contact", ..., sauf un seul intitulé : "Mon timing est parfait".

Un roman sombre, pas facile, mais très bien construit et qui a le grand mérite de mettre le doigt -encore que le doigt d'un roman, je me demande si l'image est claire- sur une situation dramatique : encore 146 personnes en 2011 sont mortes, en France, sous les coups de leurs compagnons. Terrible constat !

Merci Audrey.

 

challenge 1%

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Les chagrins de l'Arsenal

Publié le par Yv

Les chagrins de l'Arsenal, Patrice Delbourg, Le cherche midi, 2012

"Un livre saccagé vogue au fil de la Seine. Un autre, déchiqueté en petits morceaux, gît au fond d'un corbeille de jardin public. Un troisième, calciné, attend sur un banc à l'arrêt d'un autobus. Une inquiétante et cruelle épidémie contamine le quartier de l'Arsenal. On murmure qu'un forcené s'adonne, nuitamment, à un étrange ballet de livricide. Un petit Farenheit de poche. Un autodafé intime. Faire disparaître d'une bibliothèque tous les ouvrages qui ont pourri vos jeunes années... Froide détermination ? Insupportable solitude ? Folie douce ? Timothée Flandrin a une conception toute personnelle de la loi du talion." (4ème de couverture)

Le moins que je puisse dire c'est que Patrice Delbourg n'a pas une écriture commune et courante. Son texte d'un style littéraire haut de gamme, franchement élitiste est magnifique. Quel dommage qu'il soit constamment émaillé de mots de moi totalement inconnus. Environ un par page ! Conseil avisé : lire avec un dictionnaire à portée de main, mais attention, préférer le Littré au Petit Robert, car dans ce dernier, certains mots ne sont pas répertoriés. Une lecture, qui malgré des tournures de phrases travaillées, très belles et vraiment plaisantes en devient "canulante" (p.11) à force d'usage de mots savants, peu usités, voire plus du tout, sauf par l'auteur lui-même.

C'est coincé entre les murs de la maison -je ne suis pas sûr de pouvoir ici user du mot "bajoyers" (p.12) qui s'applique plutôt aux écluses et aux ponts- pour cause de mauvais temps (étonnant cet été, n'est-il pas ?) que je me lance dans la lecture de ce roman. Mais quelle mouche m'a donc piqué ? J'aurais dû, avant de débuter, faire "propédeutique" (p.10) en lettres. Il y est question de voile qui "faseyait au vent" (p.9) (pléonasme ?), de "biffons" (?) (p.14), de "portulan" (p.18), de "poliorcétique" (p.23) ou encore d'"elzévir" et de "garamond" (p.37).

Rassurez-vous, je ne vous ferai point un "épitomé" (p.33) ou un "spicilège" (p.19) de ce livre, parce que d'une part, j'ai arrêté de noter les mots auxquels je n'entrave que dalle à la page 50, et parce que d'autre part, mon "dictame" (p.48) personnel fut de stopper ma lecture avant la fin. Je n'en suis pas au point de préférer un "antiphonaire" (p.38) -surtout lorsqu'on connaît mon anticléricalisme-, mais j'avoue avoir pensé à "l'estrapade" (p.49) -en fait, je déconne, je ne connaissais ni le mot ni le principe.

Loin d'être un "pouacre" (p.39) vivant dans une "sentine" (p.50), je me suis pourtant senti puant de manque d'instruction, de savoir, un vrai blaireau, quoi ! Un putois ! Ragaillardi par le fait que je ne trouve pas toutes les définitions des mots dans le dictionnaire, et ayant troqué la grimace pour un rictus ironique aux coins des "badigoinces" (p.44), je me suis dit :

"Mon petit gars (et oui, quand je me parle, je m'appelle "mon petit gars", parce que si je dis "ma petite fille", ça m'excite et après je ne sais plus ce que je devais écrire ; ça, c'est du pompage -si je puis m'exprimer ainsi- du regretté Pierre Desproges), tu vas noter tous les mots que tu ne piges pas et tu vas faire ton billet en les incluant dedans. Pas chouette comme défi ça ?"

C'est donc tout gonflé de fierté, par ma relative réussite, (je dis "relative", car je ne suis pas certain de ne pas avoir détourné quelques sens malgré moi) mon "vertugadin" (p.22) des chevilles, que j'achève cet article & -"esperluette" (p.33)- que je peux enfin citer l'auteur : "Excédé jusqu'à défaillir par un funeste souvenir d'ânonnement scolaire au tableau noir, il pourfendait ainsi d'un coup de Laguiole une arborescence d'Arsène Houssaye, un surgeon d'Henry Bordeaux, déjà bien encombré d'un salmigondis d’afféteries" (p.31)

Alors, pour ne point être trop mauvais, voire jaloux, mauvaise langue et totalement inculte, je préfère reprendre le compliment sus-cité et le renvoyer à l'expéditeur: "Monsieur Delbourg, vous voici pris en flagrant délit d’afféterie !"

Roman de cette rentrée 2012, merci Solène.

 

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Swamplandia

Publié le par Yv

Swamplandia, Karen Russel, Albin Michel, 2012 (traduction, Valérie Malfoy)

Swamplandia est un parc d'attractions dans lequel la famille Bigtree (le Chef le père, Hilola la mère et Kiwi, Ossie et Ava les enfants, aidés de Sawtooth le grand-père)  fait des numéros avec des alligators. Le clou du spectacle, celui qui attire les touristes est celui avec Hilola qui plonge et nage au milieu des animaux. Mais Hilola meurt, et le parc périclite. Chacun des membres de la famille va alors suivre un itinéraire individuel très particulier durant l'été qui suit.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Karen Russel a de l'imagination et un talent certain pour la mettre en scène, pour raconter les aventures des ses héros, toutes aussi inventives et originales les unes que les autres.

Le contexte géographique est très présent, lourd, chaud, sec et poisseux et marécageux. Les Everglades. Le parc des alligators rajoute, pour nous lecteurs européens, une touche d'exotisme et de danger supplémentaire.

"- Les alligators ne sont pas des animaux de compagnie, me répétait le Chef. C'est un estomac dans une valise en cuir. Un alligator ne te rendra jamais ton affection.

Et pourtant je les aimais ! J'avais peur aussi de leur regard d'extraterrestre et de leurs brusques pointes de vitesse." (p.25/26)

Dans ce roman, c'est Ava, la petite dernière de treize ans qui s'exprime ; elle est la seule susceptible de sauver Swamplandia de la faillite et de la disparition. Puis, lorsque les membres de la famille s'égaillent chacun de leur côté, l'auteure alterne les chapitres "Ava" (à la première personne) et les chapitres "Kiwi" (à la troisième personne). Bien vite, ces derniers m'ont paru plus intéressants (et pas uniquement parce que j'adore les kiwis, d'ailleurs cette année, il ne faut pas que je rate la saison de cueillette, je l'ai ratée l'an dernier et je n'ai pas eu ma dose hivernale de fruit vert, ceci expliquant peut-être cela - oui, c'est un jeu de mots facile (Kiwi/kiwi) et même pas drôle, mais même Karen Russel le fait une fois dans son livre, alors pourquoi pas moi ? Hein ?), les autres concernant Ava et Ossie devenant longs, peu rythmés et un rien ennuyeux. Puis, petit à petit, les passages parlant de Kiwi prirent le même malheureux chemin et si vous avez tout suivi, c'est donc le livre en entier qui devint longuet.  J'ai lu vite, en diagonale, passé certains paragraphes pour prendre plus de temps sur d'autres plus attirants, car il en recèle de très bons.

Pas le roman de la rentrée littéraire pour moi donc, même si je comprends aisément que certain(e)s lecteurs(trices), contrairement à moi entreront dans cette histoire et y trouveront matière à satisfaction voire beaucoup plus. Mais que voulez-vous, je suis un éternel insatisfait, grincheux, grognon. Un homme quoi !

Merci et désolé Carol

 

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