Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Des trains à travers la plaine

Publié le par Yv

Des trains à travers la plaine, Collectif, Ed. de l'Atelier In8, 2011

Quatre auteurs s'inspirent des textes d'Alain Bashung pour écrire des nouvelles. Ceux qui viennent me lire de temps en temps savent mon admiration pour cet artiste depuis son album intitulé Novice (de 1989), après le succès de Gaby. Je ne pouvais donc que lire ces textes parus chez l'Atelier In8 (que l'on peut avoir en coffret de 4 ou chacun séparément).

Le jour où je suis mort, de Claude Chambard, inspiré de La nuit je mens, de Samuel Hall et de Jamais d'autre que toi de Bashung est une nouvelle très inspirée des écrivains étasuniens Jim Thompson ou Steinbeck, par exemple. L'atmosphère est poussiéreuse, miséreuse, alcoolisée et religieuse. Un jeune homme mal dans sa peau, souffrant de maux de tête terribles raconte sa vie, ses rencontres et ses méfaits. L'écriture est formidable qui oscille entre phrases courtes, percutantes et d'autres beaucoup plus longues comme celle-ci : "Je rêve d'abricots & de ciboulette, de groseilles, de tisanes de serpolet, de jasmins jaunes, de tilleul, de chrysanthèmes & d'oranges sanguines qu'on m'écrase sur le visage, dont la pulpe épaisse m'étouffe, dont le jus rouge dégouline sur moi, m'ensanglante." (p.22)

Croiser les méduses, Éric Pessan qui sample Gaby, oh Gaby, La nuit je mens, Aucun express. Beaucoup plus onirique, une écriture que je peux qualifier de la même manière que pour la nouvelle précédente : formidable. Voici le tout début : "La mer : dans le miroitement bleu-gris des eaux froides, je nage. Ondine, souple, je traverse en apnée les éternelles nuits sous-marines, j'épie les sonars des baleines et me tisse des colliers de planctons luminescents. Sur ma peau nue se dépose une pellicule un peu grasse de douceurs, je glisse dans l'eau, vite. Je nage. Ma mémoire peu à peu se dissout, perle noire. Je nage et rien ne peut m'arriver au-dessous des lagons et des abysses. C'est mon pouvoir, ma force : sirène, je nage, invincible." (p.7) Et c'est comme ça jusqu'au bout ! Beaucoup de poésie, de sensualité, de désir. Rien à dire de plus, à part peut-être, excellent.

Nage entre deux eaux, de Jérôme Lafargue qui parle de Bleu pétrole : "Je ne dirai pas que Bleu pétrole m'a sauvé, non, il faut être honnête, ce qui m'a sauvé, c'est le bruit de la dizaine de CD balancés à terre par Jed une nuit de septembre." (p.7) Un jeune homme de bonne famille raconte comment il côtoie et fait les 400 coups avec une bande de zonards. Nouvelle noire, rapide qui reprend les thèmes inhérents au genre et bien agréable à lire. Pas révolutionnaire, mais un très bon moment de lecture, ce qui est déjà une grande qualité.

Où vont les vaisseaux maudits ?, de Marie Cosnay qui déjà dans le titre reprend les paroles d'Angora. Très onirique, pas ancrée dans le réel, et donc assez différente des autres nouvelles (à rapprocher quand même un peu de celle d'Éric Pessan) : "Angora sourit invariable. Elle sait comment je vais poursuivre. Mon frère m'avait tué et contre toute attente c'est lui qui disparut. cette fois il le fit définitivement." (p.21) Difficilement racontable, il faut se laisser porter par le rythme, l'écriture et l'histoire.

Ces quatre nouvelles inspirées par les chansons d'Alain Bashung sont à découvrir : chacun pourra y trouver son bonheur. L'oeuvre de Bashung suggère aux écrivains des textes sombres, noirs, mélancoliques. C'est vrai qu'on ne peut pas dire que le chanteur interprétait des bluettes légères. C'est une très belle idée d'avoir demandé à des auteurs d'écrire sur ce thème, en tant qu'amateur de l'artiste, j'ai eu énormément de plaisir à lire ces nouvelles. Une toute petite préférence pour les deux premières citées, mais les deux autres sont très bien également. Le conseil ? lisez les quatre !

Merci Isabelle.

Voir les commentaires

L'à-peu-près Dictionnaire des rêves

Publié le par Yv

L'à-peu-près Dictionnaire des rêves, Frankie Charras, Ed. Grimal, 2011

"L'à-peu-près Dictionnaire des rêves représente ce qui se fait de mieux aujourd'hui dans le domaine de l'interprétation des rêves. On ne connaît pas la date exacte de son écriture, mais on suppose qu'il aurait été écrit vers 900 après Jésus Christ, par Isidore Delacasse, sous la forme d'analyse des rêves." (Introduction, p.12)

C'est donc ce livre qui fut perdu, interdit par l'église, puis retrouvé par un arrière-arrière-grand-père de l'auteur et enfin réédité que j'ai entre les mains. Et encore, je vous passe les péripéties, sous Napoléon et les influences qu'il eut sur Gutenberg et Bill Gates. 

Christine, l'une de mes fidèles visiteuses et commentatrices m'a donné le nom de ce bouquin en me disant qu'elle avait bien ri. Je n'ai donc pas pu faire autrement que me plonger dans ce dictionnaire.

Pour commencer, on évacue tout de suite ce qui peut fâcher :

- pas mal de blagues répétées à différents mots du dico, l'une même mot pour mot. Bon, pas grave, mais peut mieux faire.

- une insistance sur un certain type d'humour consistant à brocarder le lecteur sur son prétendu manque d'intelligence et de culture. D'autres jouent sur le sexisme, mais les hommes en prennent aussi pour leur grade. C'est drôle au début, et puis, ça finit par lasser.

Venons-en maintenant à ce qui plait : dans l'ensemble, c'est drôle, léger et enlevé. Parfois, il y a même de très belles trouvailles, comme l'auto-publicité :

"Argent : Achat qui devrait changer le courant de votre vie. Economisez et achetez à Noël, pour votre famille et vos amis, L'à-peu-près Dictionnaire des rêves de Frankie Charras." (p.29)

Et puis, juste pour le plaisir, j'ai repéré une jolie suite :

"Diamant : Cadeau pour votre femme : un solitaire. Ça tombe bien, elle adore les jeux de société.

Diarrhée : Laissez couler

Dieu : (Voir Frankie Charras)

Dinde : (Voir Femme)" (p.65/66)

Toutes les blagues ne sont pas du même niveau, certaines ne font pas mouche (ou alors, c'est moi qui ne les comprends point), mais d'autres fonctionnent parfaitement et si on ne s'esclaffe pas à toutes les pages, on sourit souvent.

Une petite dernière pour la route :

"Handicapé : Visite prochaine d'un joueur de l'équipe de France de football." (p.98)

Ça ne vole pas très haut, certes, mais ça détend, on peut ouvrir ce livre de temps en temps y piquer une blague et y revenir quelques jours plus tard, histoire de se changer les idées entre deux lectures plus plombantes.

Voir les commentaires

Dernier été à Mayfair

Publié le par Yv

Dernier été à Mayfair, Theresa Révay, Belfond, 2011

"Mayfair, Londres, été 1911. Lord et lady Rotherfield s'apprêtent à recevoir la haute société anglaise dans leur somptueuse demeure de Berkeley Square, pour le bal des dix-huit ans de leur fille Victoria. Artiste, idéaliste mais décidée à faire un beau mariage, la jeune fille ne veut pas manquer son entrée dans le monde. Pourtant, elle est en colère. Sa sœur Evangeline, vingt ans, a disparu. Dans la matinée, celle-ci s'est rendue à l'une de ces abominables réunions de suffragettes dont elle n'est toujours pas revenue. C'est Julian, le frère aîné, qui la retrouve enfin derrière les barreaux d'une sordide prison de Bermondsey, l'un des quartiers ouvriers de l'East End où couve la révolte. Julian n'apprécie guère le comportement de sa sœur, lui, l'héritier de la dynastie, prisonnier d'une vie qu'il n'a pas choisie mais dont il assume les contraintes par sens du devoir. Il ne comprend pas plus Edward, son frère cadet, qu'il juge égocentrique et inconscient. Homme à femmes, charmant dilettante et passionné d'aviation, Edward a des dettes de jeu. Pour les honorer, il doit remporter le premier prix d'une course d'aviation et vaincre son plus grand rival, le Français Pierre du Forestel, un jeune homme aussi séducteur et fantaisiste que lui." (4ème de couverture)

Très mitigé mon bilan de ce livre. D'abord, j'y entre avec circonspection, car je ne suis pas fan des sagas, des aventures des grandes familles. Puis, je m'y mets avec plaisir parce que l'auteure commence très bien son roman avec des personnages qui semblent être intéressants, une époque qui l'est sans aucun doute et un certain souffle dans son récit qui emmène le lecteur. Enfin, je redeviens circonspect  voire réticent devant des descriptions longues et inutiles, des tergiversations et des discours fatigants.

Donc, tout commence bien, Theresa Révay installe tout son petit monde en Angleterre, dans l'aristocratie. Tout va bien pour tout le monde jusqu'à ce qu'une des héritières se pique de féminisme, qu'un des frères se passionne pour l'aviation et que l'autre se renferme sur lui et sur les principes de sa classe sociale. Des archétypes, bien sûr, surtout si l'on rajoute le majordome fidèle, les travailleuses miséreuses, mais ce genre de roman fonctionne avec des stéréotypes ou des clichés pour bien installer l'atmosphère. Ce n'est pas là-dessus que je titille l'auteure, mais plutôt sur des détails dont on se passerait bien, comme des descriptions mal ficelées (à mon goût), par exemple celle qui suit que je vous laisse apprécier :

"Depuis des semaines, le ciel offrait un visage radieux. Le plus souvent céruléen, il fonçait parfois à en blesser les regards. La terre reposait, inerte, vaincue." (p.62)

D'autres passages sont dignes de la littérature style Harlequin (je dis ça, mais c'est un a priori, puisque dans ma grande inculture je n'en ai lu qu'un seul il y a très très longtemps. Pour savoir. J'ai lu, je n'ai pas recommencé) lorsque deux protagonistes (un homme et une femme, cha ba da ba da) se retrouvent ensemble et sont prêts à croquer la pomme ! C'est vrai qu'on est habitué à des récits crus et directs mais là, même les oreilles les plus chastes peuvent lire ces lignes (encore que je doute que des oreilles puissent lire, mais bon, c'est une image !). C'en est agaçant tellement c'est cucul (si vous me passez ce vocable). Oh, je ne demande point de passages salaces qui ne me plaisent pas plus que cela non plus, mais là on frise le ridicule. Ajouté à cela les descriptions de paysages plates et banales dont je parlais plus haut et vous pourrez comprendre mes réserves.

C'est d'ailleurs fort dommage, parce que en éludant et en coupant dans ce gros texte (473 pages) on aurait pu avoir une saga plus ramassée, plus courte et plus percutante. Avec les personnages de Theresa Révay et la période dans laquelle elle situe son histoire, il y avait de quoi faire mieux.

Néanmoins, que mon avis peu enthousiaste ne dégoûte pas les amateurs (trices) de ce genre de romans, parce qu'ils (elles) trouveront sûrement leur bonheur entre ces pages. Madame Yv dirait que c'est mon insensibilité qui me fait écrire toutes ces méchancetés.

Clara est plus emballée que moi.

Merci quand même Davina.

Voir les commentaires

Ça coince ! (1)

Publié le par Yv

Les tribus du roi, Alain Dubos, Presses de la cité, 2011

"1689, au Canada. La destinée contrastée de deux frères, orphelins à la suite d'un massacre perpétré à Lachine près de Montréal. Daniel, sauvage et tourmenté, sera milicien vengeur, tueur d'Indiens, coureur des bois épris de liberté, assassin par amour et proscrit promis à la potence.
François, le cadet, sage et ambitieux, gravira les échelons de la vie sociale et politique auprès des gouverneurs de la colonie au Québec..." (Note de l'éditeur)

J'ai eu beaucoup de mal à m'intéresser aux deux frères. Non pas que le livre soit mal écrit, bien au contraire. Non pas que le thème ne me plaisait  pas, ni les grands espaces. Tout cela me mettait plutôt en appétit. Mais je n'ai pas trouvé dans ce roman de quoi me retenir. Le petit plus qui ferait que j'aurais eu envie de tourner très vite les pages de ce roman d'aventures.

Pourtant bien des thèmes qui me concernent -et qui très largement concernent un très grand nombre de lecteurs- sont abordés : la tolérance, l'ambition, la vengeance, l'amour, l'histoire d'un pays -ici le Canada- à travers les destinées totalement opposées de deux frères.

Alors quoi ? Eh bien je n'en sais rien ! Toujours est-il que je n'ai pas réussi à aller au bout : un manque d'épopée, d'aventures sans doute.

 

Tatiana La fumette ou la guerre des branchés, Françoise Gehannin, Ed. dialogues, 2011

"Tatiana Lafumette qui, dans les années 70, fréquentait le café de l’Espoir, habite désormais impasse de l’Avenir. Agenda et mobile toujours à portée de main, elle court d’atelier d’écriture en thérapie, démolit son appartement pour en faire un loft, se commet dans une « flashmob » anticléricale délirante, place sa mère dans une maison de retraite expérimentant le « transgénérationnel citoyen »…
Avec les amis de son « réseau » qui pratiquent jalousement l’entre-soi tout en revendiquant le « vivre-ensemble », elle parle une langue versant tantôt dans l’euphémisme rassurant, tantôt dans l’hyperbole guerrière et c’est lorsque ses discours se veulent les plus subversifs qu’ils se révèlent obéir au plus plat conformisme de la transgression autorisée." (4ème de couverture)

Ça commence bien, belle écriture, plutôt enlevée et recherchée, de longues phrases bien travaillées, du vocabulaire. Mais ça me fatigue assez vite : pour résumer, j'ai eu l'impression de me retrouver dans un monologue d'une jeune femme qui ne se laisse interrompre par personne : une logorrhée incessante, pas inintéressante certes, mais propice aux migraines.  On doit l'écouter coûte que coûte où on s'en va. Ce que j'ai fait. 

 

Merveilleuses, Catherine Hermary-Vieille, Albin Michel, 2011

"1794. La Terreur oubliée, une fureur de divertissements et d'excès enfièvre Paris. Jouissance et plaisirs sont les mots d'ordre des Merveilleuses. Les égéries du jour, frivoles, légères et charmantes. Elles collectionnent les amants comme d'autres les chapeaux, lancent les modes les plus provocantes.
Rose de Beauharnais et Thérésia Cabarrus, les plus merveilleuses d'entre ces Merveilleuses, mènent le bal et les hommes au pouvoir par le bout du nez. Pour l'amour d'un petit général corse, nommé Premier Consul à son retour d'Égypte, Rose deviendra Joséphine, rompant avec son passé tumultueux. Le temps des Merveilleuses a vécu !" (4ème de couverture)

J'ai essayé, j'ai lu des pages, en ai passé pour tenter de me rattraper un peu plus loin, mais rien n'y fit, jamais je n'ai pu m'intéresser au sort ou à l'écriture. Pas pour moi, mais si vous cherchez bien, vous trouverez sûrement des lecteurs qui ont aimé.

Voir les commentaires

121 curriculum vitae pour un tombeau

Publié le par Yv

121 curriculum vitae pour un tombeau, Pierre Lamalattie, L'Éditeur, 2011

Dans ce roman, Pierre Lamalattie prend à la lettre l'adage "on n'est jamais mieux servi que par soi-même". C'est donc lui le héros de son livre. Il est à la fois, employé à mi-temps du ministère de l'agriculture et d'une école, l'ISV. Dans l'un, le ministère il s'occupe "des restructurations et des plans sociaux dans les industries agroalimentaires. Dans l'autre, "l'Institut supérieur du vivant, autrement dit à l'ISV, [il est] une sorte de conseiller d'orientation pour les étudiants" (p.36). Mais Pierre Lamalattie est aussi peintre dans son autre mi-temps et il a pour projet de monter une exposition de 121 portraits de gens inconnus -du grand public- "sous la forme d'un cycle de curriculum vitae" (p.45), à Brive, non loin de l'endroit où sa mère, gravement malade est venue passé ses derniers instants.

Toutes ses activités amènent l'auteur-narrateur à faire des rencontres et à nous les raconter sur un mode tragi-comique.

On pourrait juger le propos assez vain voire totalement inutile : la vie d'un homme normal, ses rencontres, ses difficultés avec ses collègues, sa mère qui ne va pas bien. Sûrement, mais je n'ai pas lâché mon bouquin. Est-ce le détachement, l'humour de l'auteur qui retiennent ? Ou alors sa narration, dans une langue "mesurée, concentrée, circonspecte" (4ème de couverture) ? Plus probablement les deux ajoutés au fait que P. Lamalattie ne ménage pas ses contemporains, dressant parfois des portraits acides, mais qu'il ne se rate pas non plus.

Une petite explication pour les plus impressionnables : dans le cas présent, le tombeau du titre n'est point mortuaire, mais c'est un genre musical en hommage à un grand musicien ou un ami, ... Une pièce pas forcément  triste qui peut s'écrire du vivant de la personne concernée. "Voilà exactement ce que je voulais faire en peinture : un tombeau des hommes et des femmes de notre temps." (p.46)

121 CV résumés à l'essentiel des gens que rencontre l'auteur émaillent le récit, comme part exemple le sien :

"1- Pierre

Après Soir 3, il s'est endormi durant l'émission intitulée : "Les secrets du plaisir féminin". (p.47)

Ce livre assez linéaire, à part quelques retours en arrière, est donc le récit des rencontres, des pensés d'un homme préparant une exposition : il pourrait être celui du lecteur au jour le jour. Pierre Lamalattie aborde un nombre impressionnant de sujets, comme nous pouvons le faire dans une seule journée, donc a fortiori sur 6 mois ! La peinture bien sûr, avec une critique dure et drôle des impressionnistes et surtout de ceux qui les adulent : "Une peinture sympa, en somme. Évidemment, pas très élaborée sur le plan des registrations, des matières, des sujets, ni de rien, mais sympa... Ils ont inventé la peinture sympa." (p.162)

On a aussi des pages sur l'écologie, sur l'art contemporain, sur un mariage de bobos auquel comme Pierre, j'aurais absolument détesté être, sur les tracas d'un chef de service qui a besoin systématiquement d'une tête de turc pour asseoir son autorité, sur les soi-disant réussites d'hommes partis de rien qui montent une petite entreprise qui grossit jusqu'à devenir une grosse entreprise, puis qui font faillite mais restent toujours arrogants, apportant plus d'importance à leur image, leur réussite professionnelle qu'au désarroi et à la détresse des gens qu'ils licencient.

J'ai adhéré à beaucoup de propos de l'auteur, me suis retrouvé dans certaines situations comme lui à la fois dedans et au dehors, comme si une partie de notre individu était partie prenante et l'autre en observation. J'ai un mot pour ça, parfois, je me qualifie de dilettante mais je ne sais pas si Pierre Lamalattie se retrouverait dans cette définition.

Tout cela pour dire que ce livre un peu fourre-tout m'a beaucoup plu à tel point, que non amateur de gros livre, jamais je n'ai pensé à stopper ma lecture de ces 447 pages, un très bon critère pour moi. J'aurais pu citer encore beaucoup de passages, mais malheureusement trop longs, ainsi que des CV-portraits ; allez, juste un dernier pour la route, pris totalement au hasard :

"49- Orgon

Il a des toilettes sèches, un bac à compost, mange des légumes de saison et filtre son eau de pluie" (p182)

Finalement, la seule chose que je regrette après ma lecture c'est de n'avoir pas pu assister à l'exposition de Brive ; maintenant, j'aimerais bien voir les portraits de Pierre Lamalattie.

Merci Marianne.

PS : j'ai depuis quelques heures le livre des portraits (chez l'Éditeur également) et ma prochaine mission : reprendre le récit avec ce livre pour voir qui est qui. Sans m'étendre sur le sujet qui mériterait plus que trois lignes, je peux dire que les portraits de Pierre Lamalattie ont l'air animés et la petite phrase dessous permet d'en imaginer un peu plus sur la vie de chacun.

Voir les commentaires

Vent printanier

Publié le par Yv

Vent printanier, Hubert Haddad, Ed. Zulma, 2010

"La rafle du Vel' d’hiv' des 16 et 17 juillet 1942 avait pour nom de code « Opération Vent printanier ». Sur ordre du gouvernement de Vichy, policiers et gendarmes français arrêtèrent à leur domicile quelques treize mille hommes, femmes et enfants, dès les premières heures de l’aube. Internés au vélodrome d’hiver et au camp de Drancy, ils furent tous déportés à Auschwitz-Birkenau dans les jours ou les semaines qui suivirent, puis en majorité exterminés et brûlés. De retour sur les lieux de l'impensable, Hubert Haddad a écrit ces quatre histoires vraies de tout leurs poids d'imaginaire, vraies des milliers de fois, hier à Drancy ou partout en Europe, et aujourd'hui comme en filigrane, à chaque coin de rue, dans les regards effrayés que portent les exclus et les laissés-pour-compte sur un monde en lente perte d'humanité" (p.5, en exergue du livre)

C'est par de courtes nouvelles que l'auteur parle de cet événement terrible et honteux qu'est la rafle du Vel d'hiv'. Quatre nouvelles aussi poignantes les unes que les autres, avec une mention spéciale pour la seconde qui donne son titre au livre. Mention spéciale, parce qu'elle est reliée de manière directe à l'actualité. Michaï, vieux musicien rescapé des camps, le seul de sa famille à avoir échappé cependant à cette rafle, rencontre Nicolaï, jeune musicien tzigane, qui lui, a évité le démantèlement du camp dans lequel il vivait. Ce camp a été détruit deux jours avant la commémoration de la rafle du Vel d'hiv'. L'auteur rappelle fort justement que les tziganes furent aussi les victimes des nazis et qu'ils furent déportés, reconnaissables au triangle marron qu'ils arboraient en lieu et place de l'étoile jaune. "L'expulsion avait dû être expéditive. C'était presque toujours ainsi : les autorités locales chassaient les descendants des martyrs pour honorer ceux-ci en paix." (p.21). D'un côté on rassure l'électeur, mais de l'autre on n'oublie pas d'honorer les morts de la guerre, déportés pour la seule faute d'une religion, d'une origine géographique, d'idées politiques ou d'une préférence sexuelle (puisque les homosexuels ont aussi été déportés)

A notre époque où il est courant et quasi "normal" de démanteler des camps de Roms, de renvoyer les étrangers en situation irrégulière, sans s'occuper de savoir ce que deviendront tous ces gens, il m'apparaît sain que des écrivains prennent leurs plumes et écrivent sur les pires heures de notre histoire. La finesse d'Hubert Haddad est de lier les événements vécus par ses personnages à des époques différentes. Sa finesse est aussi à trouver dans son écriture, toujours très soignée aux mots choisis et pesés. Point d'envolées lyriques, mais des propos justes et précis. Néanmoins le texte ne manque pas de poésie, dans les descriptions, dans les rêves et pensées des personnages.

D'Hubert Haddad, je connaissais déjà -et j'avais beaucoup aimé- Palestine et son dernier roman -mais là, je n'ai pas réussi à aller au bout- Opium Poppy, toujours chez Zulma.

Un petit livre pour un grand message normalement universel : "Ce qui mûrit le mieux au monde, ce sont les rencontres." (p.34). Encore faut-il qu'on veuille rencontrer autrui, me permettrais-je d'ajouter.

Une nouvelle fois les éditions Zulma éditent un incontournable et cette-fois-ci en plus de l'être il est également court et lisible par tous et accessible puisque seulement à 4.50 €. Donc aucune raison de passer à côté.

D'autres avis : Aifelle, Clara, Dominique

Merci à la librairie Dialogues.

 

dialogues croisés

Voir les commentaires

Monsieur le Commandant

Publié le par Yv

Monsieur le Commandant, Romain Slocombe, Ed. Nil, 2011

Paul-Jean Husson est académicien. Écrivain reconnu et personnalité qui navigue entre les puissants du pays. Mais PJ Husson est aussi pétainiste, collaborateur, antisémite et partisan de certaines des thèses défendues par les nazis. En septembre 1942, il écrit une lettre au Sturmbannführer H. Schöllenhammer dans laquelle il revient sur le début de la guerre ; mais surtout, il lui raconte, comment il est tombé amoureux de sa belle-fille, la femme de son fils, Ilse, une juive allemande.

Très longue lettre  -moi qui ai déjà du mal à écrire une carte postale, je tire mon chapeau (façon de parler puisque je ne porte jamais de couvre-chef) à PJ Husson- dont on se demande bien pourquoi Husson l'écrit. On sent bien qu'il a une demande, mais celle-ci tarde à venir. Romain Slocombe sait ménager le suspense et nous emmène doucement vers l'épilogue formidable. Le lecteur est dans ce livre une sorte de voyeur, comme s'il lisait par dessus l'épaule de PJ Husson. C'est à la fois curieux, gênant et jouissif. Sentiment étrange que d'entrer dans les réflexions, dans la vie intime d'un grand homme reconnu et apprécié. Mais surtout cette lecture est dérangeante, parce que l'auteur ne nous épargne ni les pensées, ni les écrits ni les déclarations de cet homme convaincu du bien fondé de la collaboration active avec les nazis :

"La Nation Française, gangrenée par l'individualisme corrupteur né de l'absurde théorie républicaine des droits de l'homme, me paraissait plongée dans une ahurissante apathie. L'anarchie démocratique, dénoncée avec lucidité par Charles Maurras, nous livrait aux quatre fléaux : juif, protestant, métèque et franc-maçon. [...] 1936 apporta à mon vieux pays gallo-romain l'humiliation d'être gouverné par un Juif : Léon Blum -subtil comme un talmudiste, perfide comme un scorpion, rancunier comme un eunuque et haineux comme une vipère-, cet étranger mâtiné de Bulgare, d'Allemand et de youtre, ce prophète de l'erreur, ce Machiavel à la triste figure s'incrusta à la tête de la France. A Paris, la radio prit l'accent yiddish. Accourus du fond des ghettos d'Orient à l'annonce de la victoire raciale, les nez courbes et les cheveux crépus se mirent à abonder singulièrement." (p.38/39/40)

Lire ce genre de propos qui émaillent cette lettre (l'auteur cite aussi des extraits de textes d'autres auteurs ou journalistes de l'époque, tout aussi terrifiants) n'est pas chose facile et légère. C'est une des raisons qui me poussent à écrire que ce livre est dérangeant. Mais passionnant ! Passionnant parce qu'il est d'abord extrêmement bien écrit. Ensuite, parce que R. Slocombe situe son texte dans la réalité, en donnant à son personnage académicien, des relations avec des gens ayant réellement existé, en citant des textes réels de journaux de l'époque. Procédé connu, certes, qui consiste à placer son personnage fictif au sein même de l'Histoire, mais qui me ravit toujours lorsque la greffe prend. Passionnant aussi parce qu'il fait de son personnage principal un type profondément détestable par les théories qu'il défend, qu'il crie haut et fort, mais il n'est pas que cela : il est aussi un homme amoureux, malheureux parce que l'objet de son désir est d'une part inatteignable (puisque la femme de son fils) et d'autre part il fait partie du peuple qu'il hait et méprise : les juifs. Il est très ambigu cet homme : capable de dire des mots terribles, d'avoir des phrases intolérables et impardonnables sur les juifs, les étrangers et dans le même temps, capable de faire l'impossible pour sauver sa belle-fille et sa petite fille.

J'ai avancé dans ce livre, de plus en plus perturbé, notamment dans la première partie dans laquelle l'académicien raconte les premières années de la guerre. Il s'interroge sur son ambiguïté, il se questionne, trouve des réponses, continue d'aimer follement Ilse sans jamais remettre en cause ses convictions profondes. La seconde partie est plus active, plus rapide puisque le dénouement approche.

Il me semble que si la littérature doit permettre de passer de bons moments avec des personnages et des situations divers, elle doit aussi interroger, déranger (et elle a encore probablement d'autres missions). Rien n'est plus triste qu'un livre dont le lecteur sort en se disant : "ouais, bof !" Romain Slocombe évite très largement l'écueil et rassemble ces deux parties de la littérature. N'hésitez pas, foncez ! J'hésite à parler de chef d'oeuvre, tellement nous sommes assaillis de termes plus louangeurs les uns que les autres ou de superlatifs dans les médias pour tout et rien ; je peux au moins vous parler de coup de cœur littéraire, car c'en est un !

Merci à la Librairie Dialogues.

D'autres avis chez Babelio.

 

dialogues croisés

Voir les commentaires

SOS flemmards

Publié le par Yv

Sos flemmards, Sandra Ganneval, auto-édition, 2011

J'ai reçu, il y a peu ce mail (là, ce n'est qu'un extrait) : "Je suis l’auteur de « SOS FLEMMARDS », un roman que j’ai choisi d’autoéditer. Oui, je sais, le mot fait souvent tiquer car il serait synonyme d'ouvrages illisibles bourrés de fautes d'orthographe. Pour moi, il symbolise surtout une certaine liberté. Je cherche à faire connaître mon roman et il semble que les blogs de lecteurs puissent offrir cette possibilité. Je sais aussi que souvent ceux qui ont une certaine renommée ne sont pas intéressés par les livres autoédités. Mais qui ne tente rien…
Mon livre parle de métissage, d’amitié, d’amour et de bien d’autres choses encore avec un humour un peu cru mais jamais gratuit. Tout cela avec en toile de fond la dure réalité du monde du travail, si, si, si… mais promis, personne ne cède au burn-out et ne se suicide. Le ton se veut léger et distrayant..."

Comment résister à ce titre, moi qui n'aime pas vraiment le travail et à la description qui suit ? Eh, bien, étant d'une nature très faible (je peux ajouter vénale, corruptible, ...), j'ai cédé et j'ai reçu ce livre. Un résumé plus personnel : ce roman s'attache à deux garçons sympathiques, Joseph et Martial, copains d'enfance, qui vont entrer dans la vie active, dans la vie amoureuse avec un certain détachement, beaucoup d'humour  et beaucoup de joie de vivre. C'est dire si, en ces temps de morosité ambiante sa lecture est bienvenue.

Passons maintenant à ma critique, je vois déjà l'auteure qui tremble (c'est une façon de parler puisque nous ne nous connaissons pas, donc, je devrais écrire plus exactement : j'imagine déjà l'auteure qui tremble). Ne craignez rien chère Sandra, si j'ai bien quelques points qui me gênent ma lecture a été très agréable et j'ai beaucoup aimé faire un bout de chemin avec Joseph et Martial. Évacuons alors mes réserves :

- d'abord et essentiellement, le livre part un peu dans tous les sens et aborde énormément de sujets annexes sans jamais les approfondir. Peut-être eut-il été plus judicieux de se concentrer sur les quelques domaines bien triturés, disséqués et bien appropriés par l'auteure, comme par exemple la vie des employés de l'ex-ANPE avec leurs doutes, leurs convictions, leurs envies de bien faire pour les chômeurs ou au contraire leurs démissions devant les tâches insurmontables, comme aussi la difficulté pour Joseph et Martial de franchir le petit pas qui les propulsera vers le monde adulte ; eux ne rêvent que de continuer à vivre au jour le jour, sans se prendre trop le chou : "Exercer le métier qu'il avait choisi revêtait dans son esprit un aspect ludique. Il faisait partie de cette génération qui ambitionnait de travailler aussi pour le plaisir.[...] Travailler, c'est une contrainte, une contrainte ne peut pas être épanouissante." (p.13/17) (J'opine, j'acquiesce et je frappe des deux mains pour montrer là mon assentiment !)

- ensuite, et c'est lié, le roman est copieux par ce fait de vouloir aborder trop de sujets divers, comme si l'auteure avait voulu tout mettre dans son livre ; je me suis laissé dire que c'était souvent les erreurs d'un premier roman. Donc, gageons que le deuxième sera plus resserré.

Maintenant passons aux bonnes choses :

- d'abord, et Sandra le dit très bien, son livre (l'objet) est bien fait, de qualité : point de fautes, une mise en page dense, mais lisible, un format poche très pratique.

- ensuite, lorsqu'elle s’attelle à un sujet et qu'elle le développe l'auteure en fait le tour et nous intéresse ; je l'ai dit, le chômage vu des deux côtés de la barrière, mais aussi la difficulté d'être noir et de réussir professionnellement (parce que je ne l'ai pas dit exprès au début, mais les héros sont noirs, Antillais, Guadeloupéens, mâtinés de Sénégalais ou de plein d'autres origines pas toutes forcément noires : vive les mélanges !) Sandra Ganneval a des réflexions sur le sujet, très justes, jamais pleurnicheuses toujours positives, enlevées, amusantes (malheureusement, je n'ai pas noté les pages) qui me touchent car, dans le cadre de mon travail j'accueille chez moi deux petits garçons noirs (enfin marron, comme ils disent eux-mêmes) et je me souviens de la réaction étonnée de certaines personnes lorsqu'ils les ont vus la première fois : non pas du racisme mais de l'étonnement parce que je n'avais pas précisé la couleur de peau, comme si le blanc était la couleur normale et le noir, celle qu'il faut indiquer.

- puis, l'auteure, dans un langage direct envoie quelques belles et très drôles saillies -si je puis me permettre ce terme, surtout quand vous lirez l'extrait suivant :

"Bien sûr, toi, tout ce que tu recherches chez une fille, c'est une belle plastique.

- Faux !

- Attends, les nanas avec lesquelles tu es resté le plus longtemps avaient leur QI autour de leur poitrine.

- Si haut ? demanda Joseph" (p.101)

Beaucoup de réparties du genre, pas toujours sur le même sujet, même si c'est une préoccupation de tous les instants pour Martial le timide et Joseph le dragueur. Deux garçons très attachants, modernes, bien dans leur époque dans un roman drôle et peut-être un peu copieux mais bourré de qualités.

Ci-après le lien vers le site de l'auteure sur lequel vous pouvez commander, lire les premières pages, ... : ici !

PS : ce livre peut voyager vers chez vous si vous le demandez gentiment (chacun ses critères ).

Voir les commentaires

Petit guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux

Publié le par Yv

Petit guide des transports à l'usage du trentenaire amoureux, Manu Causse, Ed. D'un noir si bleu, 2011

Recueil de nouvelles qui toutes parlent d'amour. De rencontres qui augurent de beaux jours et de séparations, parfois définitives et tragiques. Il y est beaucoup question de très belles femmes venant de Hollande et d'hommes, qui pas très glorieusement envisagent de quitter leurs femmes pour elles.

Je me dois de dire, pour être totalement honnête et donc ressembler à "Fred le Fidèle" ou "Fred l'Honnête" voire à "T'aurais-mieux-fait-de-fermer-ta-gueule Fred" (p.133) que lorsque j'ai reçu ce livre non demandé, (merci Davina) je me suis dit : "Encore un livre sur des trentenaires qui ne veulent pas grandir, qui hésitent à s'engager. Pas pour moi !" Et puis, je l'ai ouvert, et l'ai commencé. Eh bien, vous me croirez si vous voulez, mais je me suis bien fait avoir. Certes, on y trouve des trentenaires comme sus-décrits, mais pas que ! On y trouve un papy touchant, attachant qui oubliant un peu son quotidien, raconte son passé, dans la nouvelle Promenade, qui est celle que j'ai préférée. Cet homme fait le bilan de sa vie et entre autre, se remémore tout ce qu'il n'a jamais pu et su dire :

"Maintenant, je vais mourir. Je ne veux pas mourir. Même si mon corps est à bout, même si mes pensées sont inertes, je ne veux pas renoncer. J'aimerais vous dire que je n'ai plus peur, mais ce n'est pas vrai. Je crève de trouille.

Et pourtant, ce n'est pas grave. Parce que je n'avais rien, rien que ce putain d'amour à vous donner. Et même si je n'y ai pas toujours cru, si je n'ai pas toujours eu la force, je vous ai offert tout ce que je pouvais.

Pardon, mes amours." (p.98/99)

La nouvelle qui suit, La Fête à Fred, est une autre de mes préférées : un homme se saoule dans une fête de famille : "Ce soir, je finis en planche !" annonce-t-il. Tout cela pour cacher une nouvelle qu'il craint d'annoncer aux siens, lui dont je reproduisais plus haut les surnoms "Fred le fidèle" ou Fred l'Honnête" ne peut s'empêcher de dire ce qu'il pense, ce qu'il va ou veut faire au risque de mettre en péril son couple, sa vie, ...

Écrites dans des styles différents, en fonction du narrateur ces histoires savent attirer et retenir le lecteur. Par exemple, là où, Promenade est écrite classiquement, pleine de tendresse pour ce vieil homme, La Fête à Fred est plus actuelle et plus directe dans le langage ; elle débute comme ceci :

"Dans une fête, c'est toujours au moment où tu pisses que tu te rends compte à quel point tu es bourré.

Tu t'es éloigné du bruit, de la musique, du bar et des discussions de fin de soirée. Et là, tu te retrouves tout seul, face à toi-même, avec les jambes plus ou moins assurées, en train de pisser sur un sapin, ou sur la fontaine, ou derrière un mur, ou sur une voiture... En suivant ce qui te passe par la tête, tu sais où tu en es. Si tu tiens la grande forme, ou si tu as déjà basculé du côté grave. Ou, des fois, s'il ne te reste plus qu'à te pencher en espérant ne pas te vomir dessus" (p.105)

D'autres nouvelles souffrent peut-être, en première lecture, d'un peu de longueurs, mais Manu Causse sait ménager ses effets, et à chaque fois les chutes les closent de manière inattendue. A chaque fois, lorsque je me disais que cette histoire était un peu longuette, un peu rallongée inutilement, délayée, à chaque fois disais-je donc, la chute est venue me cueillir et me faire réviser mon jugement, puisqu'alors les propos tenus prenaient une autre dimension, une autre signification.

Donc, en résumé, ne vous fiez pas à une première éventuelle mauvaise impression (ne faites pas comme moi, ne soyez pas énervés par ces trentenaires. Ou jaloux. Jaloux, moi ? Non, bien sûr que non, même si j'ai passé allègrement la trentaine, mais je dispose encore de quelques années pour commencer et finir le Petit guide pour les quarantenaires, s'il est écrit quelque part !) et laissez-vous tenter par cette lecture à la fois rafraîchissante, actuelle et loin d'être superficielle, Manu Causse nous présentant des personnages en proie aux doutes, aux interrogations et pour certains totalement perdus.

Petit éditeur, donc livre qui entre dans le challenge des Agents Littéraires

 

 

challenge-rentrée-littéraire-2011

Voir les commentaires