Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'alphabet du destin

Publié le par Yv

L'alphabet du destin, Liliane Shraûwen, Quadrature, 2021

Vingt-six lettres dans l'alphabet. Vingt-six histoires de vingt-six personnes dont le prénom comment par chacune d'elles. A pour Alexia, K pour Kadija, O pour Odile, Z pour Zoltan... Vingt-six créneaux horaires, entre le lundi à une heure du matin et le mardi 3 heures du matin.

Vingt-six personnages qui se croisent, se répondent, parfois se connaissent intimement, parfois, juste de vue voire de nom.

J'aime beaucoup l'idée de ces croisements fortuits ou organisés. L'idée que Alexia connaît Benoît qui connaît Isabelle ou Lucas qui lui-même croise Mado... Toutes les nouvelles se suivent de manière fluide, comme si un relais était passé d'histoire en histoire. Tous les protagonistes sont des gens simples, normaux qui n'ont pas de vie extraordinaire, qui vont peut-être vivre une événement qui le sera, tragiquement ou moins. Le ton est mélancolique, les différents intervenants souvent désabusés. Liliane Shraûwen colle à l'air du temps où la fatigue, le désintérêt, les questions sur le sens profond de la vie interpelle la société entière. Le burn-out menace beaucoup de gens dans des situations familiales et professionnels difficiles, surtout des femmes. Il y est aussi question de l'engagement, de la violence envers les femmes, de l'enfance, de la société qui se renferme sur elle-même qui n'ose plus accueillir l'autre par peur, qui ne cherche plus à apprendre préférant s'abrutir dans les émissions télévisées de bas niveau -Hanouna est cité comme "répugnant".

Les vingt-six nouvelles se répondant, on a presque l'impression de lire un roman choral, l'envie est là de ne pas lâcher le livre avant de savoir ce qui arrive à tel ou tel. Parfois, on le sait, parfois non, c'est tout l'art de la nouvelle, art dont les éditions Quadrature se sont fait une spécialité et que Liliane Shraûwen hisse à son plus haut niveau. Les quelques phrases du début pour allécher :

"Alexia ne dort pas. Cette nuit, comme toutes les nuits, le sommeil se refuse à elle. Cela fait des semaines et même des mois que chaque soir elle navigue ainsi entre insomnie et cauchemar. Du coup, elle se couche de plus en plus tard, mais cela ne change pas grand-chose. Qu'il soit minuit, une heure du matin ou deux heures, trois heures, et quel que soit son degré de fatigue, rien n'y fait." (p.5)

Voir les commentaires

Rampants des villes

Publié le par Yv

Rampants des villes, Léo Betti, Ed. du Basson, 2021

Un jeune homme quitte le Nord et les métiers du bâtiment pour Béziers et une formation AFPA dans la cuisine. Taiseux, solitaire, très introverti, il ne se lie pas aux autres, accepte néanmoins des invitations pour des fêtes d'autres groupes de formation. C'est au cours d'une de ces fêtes que X l'aborde. X, c'est son exact contraire : beau, volubile, extraverti, dragueur avec succès. Ils deviennent amis et bientôt inséparables.

Très court roman. Noir, dur, sans concession. Brut. Tout le monde est égratigné, les pauvres, les riches, les filles, les garçons, les beaux, les moches... Le Nord. Béziers? Tous pareils. Partout les mêmes losers. Les mêmes rampants des villes. Les gens abrutis par le travail. Pressés. Pressurisés. Les villes moches. Les zones industrielles ou commerciales. Toutes les mêmes, dans toutes les villes. Société de consommation.

Il et tellement fort ce bouquin, que je ne peux m'empêcher d'écrire quelques lignes à la manière de Léo Betti. Sèches, brutes, nominales voire uninominales. Courtes, rapides, dures et parfois violentes. Et d'autres plus longues tout aussi fortes : "La vie immobile ressemble à la mort, pourtant c'est plus vivant que la vie qui s'agite. L'immobile, c'est la beauté de la vie du dedans. L'agitation, c'est les dernières convulsions de la mort du dedans." (p.21) Des paragraphes durs comme lorsque le narrateur parle de la violence du père qui masque une affirmation de sa virilité : "Lui, si peu certain de son masculin. Lui, qui en faisait des caisses pour être un homme. [...] Lui qui a tout écrabouillé des fruits de sa semence. Pour se sentir mieux peut-être. [...] Il a peut-être conservé nos couilles dans du formol. Un jour, il faudra retourner les chercher." (p.54)

Il est question du déterminisme social et de la difficulté de sortir de sa condition : si l'on n'y parvient pas on est un loser, si l'on y parvient on est un parvenu. Et lorsqu'on n'a pas l'argent, les bonnes relations, le charisme, tout foire et l'on reste un rampant des villes, car aucun nanti ne viendra tirer la ficelle pour élever un pauvre. La théorie du ruissellement n'est qu'une théorie.

Un roman que l'on peut qualifier d'initiatique, un jeune homme qui part loin de chez lui tenter de trouver qui il est vraiment, tenter de faire mentir le destin. C'est fort, violent, dur, noir et marquant, par cette écriture sèche, à l'os. Beaucoup s'y essaient, rares sont ceux qui réussissent à être justes, sincères et à prendre aux tripes. Léo Betti est l'un de ceux-là.

Voir les commentaires

Bilan

Publié le par Yv

Bilan 2021, Pas forcément indispensable, mais doublement utile, pour, d'une part me remémoriser mes lectures préférées de l'année et, d'autre part, les remettre en avant, on ne sait jamais, si l'envie prenait à l'un ou l'autre -ou les deux- d'entre vous d'offrir un livre, il est forcément dans ma liste.

- Parias de Beyrouk (Sabine Wespieser)

- Tempête Yonna de Cyril Herry (In8)

- Chez toi de Sandrine Martin (Casterman)

- Remords de Luiz Ruffato (Métailié)

- Vol AF 747 pour Tokyo de Nils Barrellon (Jigal polar)

- Les grandes blondes de Jean Echenoz (Minuit)

- Le pont du diable de Pierre Pouchairet (Palémon)

- Après nous le déluge de Yvan Robin (In8)

- RIP. Albert. Prière de rendre l'âme soeur de Gaet's et Monier (Petit à petit)

- Stavros sur la route de la soie de Sophia Mavroudis (Jigal polar)

- Un tueur sur mesure de Sam Millar (Métailié)

- La fille qu'on appelle de Tanguy Viel (Minuit)

- La petite lumière d'Antonio Moresco (Verdier)

- De l'eau dans les poumons de Hervé Mestron (Lamiroy)

Quatorze titres, très différents : des polars, des romans, de la nouvelle, de la bande dessinée, des auteur(e)s que je connaissais et avais déjà lus et des découvertes et des éditeurs et éditrices reconnus qui aiment nous faire découvrir leurs auteur(e)s.

Voir les commentaires

La faille souterraine

Publié le par Yv

La faille souterraine et autres enquêtes, Henning Mankell, Seuil, 2012 (traduit par Anna Gibson)

Qui était le commissaire Kurt Wallander avant le 8 janvier 1990 au matin, date à laquelle le policier de permanence le réveille pour lui signaler un double meurtre qui marque sa première enquête Meurtriers sans visage ?

Ces cinq nouvelles qui s'étalent du 3 juin 1969 au 7 janvier 1990, racontent les débuts de Kurt Wallander en tant qui policier patrouilleur fiancé à Mona puis flic à la brigade criminelle de Malmö avant de venir à Ystad, marié et père de Linda puis bientôt divorcé.

Remonter aux origines permet de mieux cerner et connaître Kurt Wallander de savoir d'où lui vient cette morosité, cette propension à la déprime. Même jeune, il n'est pas un joyeux drille, sans cesse à se poser des questions, à douter, à ne fréquenter que peu d'amis, seule Mona figure dans ses relations. En vieillissant, il ne change pas et reste un solitaire bourru en difficulté de relation avec son père et sa fille.

Ce que j'aime chez lui, c'est que c'est un homme dont on sent les failles, les douleurs, les faiblesses. Henning Mankell n'en fait pas un super héros, de ceux qui résistent à tout et résolvent les intrigues en deux temps trois mouvements après des courses poursuites effrénées. C'est un bon flic, besogneux qui a un sens de l'observation et de la déduction prononcé et qui sait sa servir de ses intuitions. L'extrait que j'ai choisi, est un morceau d'un court dialogue entre Kurt Wallander et un collègue, qui résume leur travail :

"- C'est drôle, quand même, que le travail policier revienne si souvent à faire des choses dont on sait d'avance qu'elles ne serviront à rien.

Wallander le regarda.

- Mais tu as raison, bien sûr, ajouta Rydberg. On est obligés de tout vérifier." (p.475)

C'est ça Wallander, le boulot colossal, les fausses pistes, les avancées à petits pas. Et toujours ces histoires ancrées dans celle du pays : la Suède qui change, pas toujours pour le meilleur, la violence augmente, l'insécurité, le rapport entre l'état de droit et la démocratie. Dans sa préface Henning Mankell dit qu'après avoir écrit l'ultime livre de sa série, il en a trouvé le titre général qui colle parfaitement : "Le roman de l'inquiétude suédoise".

Pour finir la série avec Kurt Wallander, il reste 3 romans, dont je parlerai sûrement dans les prochaines semaines.

Voir les commentaires

Le moine au tablier rouge

Publié le par Yv

Le moine au tablier rouge, Cicéron Angledroit, Palémon, 2021

Michel, un vieil ami flic de Cicéron se suicide pour éviter des souffrances dues à la maladie. Il laisse à côte de lui un très court mot ainsi que deux photos l'un de son adolescence dans un groupe et l'autre d'un curé en soutane. Tout cela interpelle Cicé et Théophile Saint-Antoine, le commissaire qui le charge de mener une petite enquête pour comprendre le geste de leur mai commun récemment auto-occis.

Et voilà donc Cicé et Momo -René est momentanément absent pour cause de stage d'accrobranche avec sa Paulette (pauvres arbres)- partis à la recherche d'un moine sans doute défroqué, d'une boiteuse peut-être assassinée vingt-cinq ans plus tôt et d'une Mère supérieure pas très catholique.

Si Cicéron essaie malgré les nombreuses tentations et envies de rester fidèle à sa concubine officielle, la lieutenante Vanessa, il n'en demeure pas moins très attiré par Véronique, la veuve du suicidé, l'un de ses fantasmes d'ado.

Claude Picq -le vrai nom de l'auteur- bâtit une intrigue que seul Cicé et Momo pouvaient mener à bien : pas mal d'approximations, des réflexions post-actions, des indices qui n'avaient l'air de rien et qui remontent à la mémoire d'un coup débloquant une situation -en cela, tout comparaison gardée, Cicé, il fonctionne comme Kurt Wallander : un truc le turlupine longtemps avant de pouvoir s'en servir-, des digressions diverses sur la société, sur la nourriture -qui tient une part importante dans le travail de Cicé-, sur sa vie qui change, et un dénouement inattendu et très Cicéronien, et là j'en ai fini avec ma phrase bien trop longue... Bon, heureusement, René est toujours là pour faire son Bérurier, entre deux rangements de caddies à l'Interpasher -c'est son travail- et deux galipettes avec Paulette -c'est sa passion.

Très bon moments passés avec Cicéron et toute l'équipe, comme toujours, dans des enquêtes et une ambiance qu'on ne trouve nulle part ailleurs.

Voir les commentaires

De l'eau dans les poumons

Publié le par Yv

De l'eau dans les poumons, Hervé Mestron, Lamiroy, 2021

C'est l'histoire tirée d'un fait divers malheureusement devenu banal ces dernières années -écrire cela me fait froid dans le dos-, celle de la fin tragique d'un jeune migrant africain dans le port de Venise le 22 janvier 2017 -soit quasiment 5 ans-, transposée à Paris.

Ce qui est fort, beau, profond et puissant dans ce court texte, c'est que l'auteur se met dans la peau du jeune homme, donne les raisons de son départ vers l'Europe, les difficultés pour réunir l'argent nécessaire et les épreuves terribles qu'il lui faut affronter pour arriver au pays de ses rêves, celui des Droits de l'Homme.

Le texte est fort, les mots sont choisis, pesés et cognent : "Des coups de pieds m'ont caressé le dos. Plusieurs fois, pour voir si j'étais encore vivant. C'est comme ça que j'ai compris que j'étais arrivé en Italie et que ce n'était plus de l'eau que j'avais dans la bouche, mais du sable. Je rejoins les animaux de mon espèce, entassés sur la plateforme arrière d'un camion. Le pick-up roule comme un fou sur les petites routes accidentées. Il n'est pas rare de voir tomber quelqu'un qui se fracasse le crâne sur les cailloux. Les corbeaux nettoieront." (p.14/15)

Et l'on sent l'espoir s'amenuiser au fur et à mesure des portes qui se ferment et l'inévitable chute lorsque plus rien ni personne ne peut aider, lorsque les profiteurs ont tiré le maximum qu'ils pouvaient du jeune homme avant de le laisser tomber et l'ironie et l'aveuglement final. Jusqu'au bout ce jeune homme subit la haine, la violence et le mépris des habitants du pays des Droits de l'Homme qui n'en a plus que le nom, qui ne veut plus rien d'étranger chez lui et qui, selon les discours de certains qui gagnent en audience, ne veut plus vivre que replié sur lui-même, entre les "de souche". Discours moisi, haineux que je rejette par chaque millimètre de ma peau et à chaque pensée. Que ces gens qui disent et pensent comme cela me font peur et pitié !

Lecture indispensable, à se procurer d'urgence à lire et faire lire.

Voir les commentaires

Commissaire Kouamé. Un si joli jardin

Publié le par Yv

Commissaire Kouamé. Un si joli jardin, Marguerite Abouet, Donatien Mary, Gallimard, 2017

En Côte d'Ivoire, rien ne va plus : la délinquance ne cesse d'augmenter, aussi le ministre nomme-t-il à la tête de la police, le commissaire Kouamé, dit Le Scorpion Urbain. Icelui, un poil irascible est secondé par le fidèle Arsène, fan des petites voitures des années 50/60, ce qui nuit grandement au prestige du commissaire. Lorsqu'un notable important, un juge, ami du commissaire Kouamé est retrouvé assassiné, la discrétion est de mise, mais les policiers ne sont pas tous des flèches et le commissaire n'est point très diplomate et agit selon ses préceptes, parfois éloignés des méthodes douces.

Marguerite Abouet est connue de moi surtout pour son Aya de Yapougon dont j'ai aimé l'humour mais aussi le fond qui aborde sans détours des questions importantes. Pareil pour ce Commissaire Kouamé qui sous des dehors de comédie policière parle des méthodes peu orthodoxes de la police, des droits des hommes à vivre leur sexualité fut-elle homo, voire leurs travestissements, de la violence a Abidjan, des relations parents-enfants et des conflits de génération...

Cela reste une bande dessinée distrayante au trait de Donatien Mary virevoltant, vif et drôle et aux dialogues et textes soignés : on y retrouve des formules, des manières de décrire, des adages très colorés. Bref, un tome 1 très fréquentable qui donne l'envie de fréquenter le tome 2.

Voir les commentaires

Le couloir de Perséphone

Publié le par Yv

Le couloir de Perséphone, Solène Coué, Ouest-France, 2021

Lorsque le corps sans vie de Violaine Dobrel, PDG de Dobrel Consulting, très connue dans le gratin nantais, est retrouvé dans son bureau, c'est la capitaine Elena Le Couderc qui est chargée de l'enquête. Son supérieur, le commissaire Chorin qui veut garder de bonnes relations avec les personnes qui pourraient booster sa carrière lui met la pression. Sans avancée notable, Elena est contrainte de collaborer avec Victoire Fronsac, généalogiste mais aussi amie du commissaire et femme du monde. L'exacte opposée de la capitaine.

Pas mal du tout ce polar mettant en scène ces deux jeunes femmes et finalement loin des caricatures que l'on aurait pu craindre. Solène Coué sait rendre ses héroïnes sympathiques -ainsi que les seconds rôles, les collègues d'Elena. Icelle, qui laisse sa vie professionnelle submerger sa vie personnelle se retrouve dans une situation compliquée des deux côtés. Son conjoint lui met la pression ainsi que son patron. Quant à Victoire, ses tenues recherchées et coûteuses et sa distinction, sa vie est sans doute moins lisse qu'Elena, qui la prend en grippe dès le départ, ne le pense. Les relations entre les deux femmes sont bien décrites, les a-priori, les jugements hâtifs ainsi que la découverte des complexités de l'une et de l'autre. Comme quoi, encore une fois et toujours, la relation humaine est essentielle et apprendre à connaître autrui est la base.

L'enquête qui va les obliger à plonger dans le passé de la victime et plus globalement dans celui de tout un village, emprunte aux légendes et aux secrets bien enfouis dans les mémoires des plus anciens. Pour son premier roman policier, Solène Coué sait ménager le suspense, nous envoyer sur de fausses pistes, créer des situations de tension dans une ambiance générale réaliste. C'est une bonne surprise et je me dis même que le duo d'enquêtrices pourrait revenir que je n'en serais pas surpris, j'en serais même ravi.

Voir les commentaires

Olympe de Gouges

Publié le par Yv

Olympe de Gouges, Catel et Boquet, Casterman, 2021 (première édition, 2016)

Olympe de Gouges, née Marie Gouze en 1748 à Montauban, sans doute la fille illégitime de Jean-Jacques Lefranc de Pompignan grandit dans la bourgeoisie commerçante de sa ville natale. Elle est mariée de force à 17 ans à un traiteur parisien de trente ans de plus qu'elle. Veuve un peu plus d'un an plus tard et seule à élever son fils, elle se rapproche d'un haut fonctionnaire qui restera son ami fidèle, sans se marier, Jacques Biétrix de Rozières. Elle monte à Paris, commence à fréquenter les salons et fait parler d'elle pour ses idées en avance sur son temps et ses écrits.

Elle meurt guillotinée en 1793.

Quel beau roman graphique de Catel et José-Louis Boquet ! Et quelle belle idée à Casterman d'en faire une version un peu plus petite et moins chère la mettant à la portée de tous. Olympe de Gouges est une personnalité importante de la lutte des droits des femmes et de l'abolition de l'esclavage. Elle fit, par ses écrits, scandale et avancer les causes. Mais elle fut aussi l'une des premières femmes à être jouée à la Comédie Française alors très sexiste et patriarcale comme toute la société. Retracer sa vie ici n'aurait pas de sens puisque le plus intéressant est de lire cet ouvrage que j'avais déjà lu à sa parution et qui m'a ravi une seconde fois à cette relecture.

Ultra-documenté, la bibliographie finale est impressionnante, ces 400 pages se dévorent. Olympe virevolte, pétille d'intelligence et de provocation et malgré une époque très compliquée pendant la Révolution et une fin tragique, je ressors de ce livre avec l'idée qu'Olympe de Gouges fut une combattante, une femme libre, intelligente et rusée qui sut mettre tous ses talents pour vivre, écrire et défendre les causes qu'elle croyait justes. Un peu oubliée, elle a retrouvé une place qui lui convient davantage à la faveur du combat actuel des femmes pour l'égalité et le respect de leurs droits. Le scénario de JL Boquet est extra, fait preuve de beaucoup d'humour, par exemple lorsque, pendant le trajet de Montauban à Paris, le fils d'Olympe, à peine parti demande : "Quand c'est qu'on arrive ?" et insistant et que sa mère lui répond : "Dans douze jours, mon chéri". Ceux qui ont voyagé avec des enfants comprendront...

Le dessin de Catel me plaît toujours autant, rond, presque enfantin, il fait la part belle aux personnages, à leurs expressions, à leurs rapports. C'est vraiment un très bel ouvrage qui inclut une biographie de l'héroïne liée aux événements pendant ces 45 ans et de mini-biographies des personnes qu'elle rencontre.

Voir les commentaires