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La meurtrière innocente

Publié le par Yv

La meurtrière innocente, Charles Richebourg, Oxymoron

Séraphin Pervenche. Sous ce joli patronyme se cache un homme bon, qui n'hésite pas à donner quelques pièces aux enfants pauvres qui jouent devant chez lui et à sa concierge pour soigner sa fille. Mais Séraphin est avant tout un usurier impitoyable doublé d'un escroc redoutable. Avec son neveu, ils ont une combine qui marche bien. Lorsque Séraphin est retrouvé mort dans sa chambre dans laquelle personne n'a pu entrer, l'inspecteur Odilon Quentin soupçonne un meurtre. Comment ? Pourquoi ? Qui ?

Charles Richebourg qui a œuvré au début du siècle dernier comme ses collègues dont je parle depuis quelques semaines est un inconnu. Ce qui est sûrement un pseudonyme n'est attribué à aucun auteur du moment. Et pourtant, à l'instar des autres, il a commis pas mal d'opus, dont ceux avec son flic Odilon Quentin.

Ce roman m'a davantage plu que beaucoup d'autres de cette période. D'abord parce qu'il met en scène un personnage atypique. Là où tous les autres sont des élégants, Odilon est très différent. "C'était un gros homme an crâne dégarni, dont l'aspect physique répondait en tous points à l'image d'un marchand de bestiaux endimanché. [...] Les jaloux attribuaient ses succès à la chance, mais lui haussait les épaules, car il savait mieux que personne qu'il les devait à sa manière toute spéciale de mener ses enquêtes, et aussi, il faut l'avouer, à son aire bête. Ses gros yeux somnolents et sans vie paraissaient en effet ne rien voir, et la graisse qui lui empâtait le visage semblait lui dénier toute finesse d'esprit." Avec son air con et sa vue basse -comme disait mon papa-, il mène ses enquêtes habilement et sans esbroufe. Et il est diablement efficace, cernant ses interlocuteurs qui ne s'attendent pas à autant d'intelligence chez un homme de cette apparence. Ah le délit de faciès !

Très bon début d'une série qui promet, plus j'avançais dans ma découverte des romans policiers populaires de l'époque, plus je trouvais que je tournais un peu en rond ; Charles Richebourg et Odilon Quentin, c'est une très heureuse surprise. Publiée chez Oxymoron. Normal et inévitable lorsque le titre est La meurtrière innocente.

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Une évasion mystérieuse/L'homme au stylo

Publié le par Yv

Une évasion mystérieuse, José Moselli, Oxymoron

John Strobbins, dandy et cambrioleur s'évade de manière spectaculaire de sa cellule et de la prison. Puis, il enchaîne les coups audacieux : cambriolages, détroussages en tous genres se jouant des policiers et principalement de James Mallescott, chef de la police de San Francisco.

José Moselli, j'en ai déjà parlé lors de mon article sur Le baron Stromboli. Prolifique écrivain après être passé par la marine marchande, il n'eut point l'avantage d'être publié dans des romans, et tomba dans l'oubli, malgré des héros attachants.

 

L'homme au stylo, Marcel Idiers, Oxymoron

La jolie comédienne Mona Stella git sur son canapé lorsque le commissaire Poupart entre dans sa loge, averti d'une agression. Elle a été endormie et ses précieux collier et bracelets ont disparu ainsi que l'homme qui était avec elle dans sa loge. Sans aucun doute, c'est encore un coup de l'homme au stylo, surnommé ainsi car son stylo dissimule une seringue injectant un produit qui endort, lui laissant la place libre pour agir.

Marcel Idiers né en 1886 et mort dans les années 1950 fut un écrivain belge spécialisé dans le roman populaire. Prolifique comme beaucoup de ses contemporains et varié puisqu'il écrivit des romans d'amour, d'aventures, historiques, policiers et aussi pour la jeunesse.

Je regroupe ces deux ouvrages car ils se ressemblent. Par leurs héros, bandits très proches d'Arsène Lupin, et par leur format : il s'agit ici de très courtes aventures -plusieurs par volume, eux-mêmes courts- pour nous faire faire connaissance avec eux et avec ceux qui les pourchassent en vain... Populaire, sympa, familial, je ne suis pas certain que cette lecture intéresserait les jeunes d'aujourd'hui, mais elle passionnait ceux du début du siècle dernier et leurs parents itou. Il y a tout de même un peu de désuet, de suranné, agréable certes, mais sans doute rébarbatif pour certains.

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Le crime de la chambre noire

Publié le par Yv

Le crime de la chambre noire, Maurice Boué, Oxymoron, 2018

Judith Mauvin rentrée de pension rejoint le château familial de Sauré et, pour cause de travaux, est contrainte de dormir dans la chambre noire, celle-ci même dans laquelle, sa sœur, trois ans plus tôt fut mortellement poignardée et qui, dans la légende du pays était le lieu de l'assassinat, un siècle plus tôt, de trois des femmes du seigneur et Barbe-Bleue local surnommé le Chasseur rouge. Judith passe une mauvaise nuit, entend des bruits et échappe de peu à une agression au poignard. Son fiancé Raymond Dauriac vient la secourir et lorsque lui-même ne comprend rien à la situation, il fait appel à son ami, le tout jeune détective Gaston Lautrec.

Maurice Boué (1878-1940), écrivain belge a écrit beaucoup de nouvelles et a créé ce personnage de détective Gaston Lautrec, très cartésien, qui même devant les plus grands mystères sait garder la tête et le sang froids et garde à l'idée qu'il y a forcément une explication logique et rationnelle. Fort de cet esprit, il se met en quête de la vérité. Et il n'est pas au bout de ses surprises, qui aussi étonnantes qu'elles puissent être sont effectivement toutes explicables. Il faut toute la perspicacité, l'opiniâtreté et la volonté du jeune détective pour parvenir au résultat.

Fort élégamment écrit, ce court roman, le premier de la série avec Lautrec se lit très agréablement, oscillant entre une enquête classique : des planques, des filatures, des recherches infructueuses, du danger et de l'action mais aussi du mystère -souvenez-vous des aventures de Scoubidou, parfois, on en est proche- et des rebondissements assez nombreux ; tout cela tenant dans un court volume, inutile de dire qu'on ne perd pas de temps et que la lecture est rapide. Très bonne surprise.

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L'alibi

Publié le par Yv

L'alibi, Alfred Mortier, Oxymoron, 2019

Un vieil homme riche est assassiné chez lui. Homme sans histoire et promis encore à quelques belles années de vie, rien ne laissait supposer sa disparition si vite. L'inspecteur Mic, malgré les indices qui s'accumulent et qui assènent la théorie du cambrioleur surpris qui tue le propriétaire des lieux, ne peut se résoudre à cette version. Pour lui, le coupable est le neveu, seul héritier de la fortune, mais son alibi est en béton.

Alfred Mortier (1865-1937) est un journaliste et écrivain. Sa série sur l'inspecteur Micanel, dit Mic, débute par ce titre L'alibi et Alfred Mortier s'y présente comme le secrétaire du policier qui rédige le récit de ses aventures à l'aide des notes et dossiers d'icelui.

Comme pas mal de romans populaires de ce type dont je parle depuis quelques semaines, L'alibi est assez court et pourtant, à travers quelques phrases, l’auteur parvient à dresser le portrait psychologique de son héros, à grands traits certes : Mic s'appuie sur des faits, mais se fie à son intuition : "Au fond il y avait en ce policier, à côté du réaliste, un poète, un imaginatif disposé à nier la réalité. Mic était un hégélien sans le savoir. [...] A côté de la raison raisonnante, il y a la raison intuitive, et plus loin encore, plus au tréfonds de notre être, un instinct surprenant, qui crée des images informes aspirant à prendre forme. C'est cette espèce d'instinct qui, sans doute, avait dû fermenter en lui, sans que sa volonté consciente y fût pour rien."

Un peu plus complet que pas mal d'autres romans du genre, plus fouillé, plus travaillé. On se demande bien comment Mic réussira, car nul ne doute qu'il finira par gagner, à démonter le si bel alibi du neveu. On reste loin des cadors policiers de l'époque et d'avant, les plus connus, les stars qui vivent encore aujourd’hui, mais Mic est un flic qui gagne à être connu.

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Le baron Stromboli

Publié le par Yv

Le baron Stromboli, José Moselli, Oxymoron, 2019

Dans ces deux très courtes aventures, José Moselli présente son personnage. D'abord comment il devint le baron Stromboli, titre dérobé par la ruse ainsi qu'il dérobera argent et valeurs par la suite. Puis, comment il défia un puissant prince russe, lui pariant qu'il parviendrait à voler une très grosse émeraude appartenant à la famille du prince depuis des siècles.

José Moselli, né Joseph Moselli (1882-1941) fut comme beaucoup d'écrivains populaires de ces années-là, prolixe dans beaucoup de genres, surtout le policier, l'aventure et la SF. Il a de différent des nombreux autres qu'il a eu une vie pas banale dans la marine marchande avant de se lancer dans l'écriture. Contrairement à d'autres (Georges Simenon, Frédéric Dard, Léo Malet), il rata la parution de ses œuvres en livres et resta feuilletoniste surnommé "l'écrivain sans livre", oublié petit-à-petit.

Son baron Stromboli ressemble au célèbre gentleman cambrioleur Arsène Lupin dont il est contemporain, puisque ses aventures sont écrites en 1912/1913. Mince et élancé, capable de se fondre dans tous les milieux et de défis incroyables et irréalisables sauf par lui. Bien tournées, bien trouvées, bien qu'un peu courtes ces deux aventures se suivent très agréablement et laissent présager un héros que l'on aura plaisir à retrouver. Et même dans ce format court, José Moselli, ne dédaigne pas quelque description de paysage ou de l'escadre poméranienne, "les gigantesques cuirassés, tout blancs, sans une tache, [qui] élevaient vers le ciel les cimes parallèles de leurs mâts d'acier et le panache roux des fumées de leurs chaudières."

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Devant le coffre-fort

Publié le par Yv

Devant le coffre-fort, Gustave Gailhard, Oxymoron, 2017

Marc Bigle, petit pion parisien au chômage se rend en province pour un poste de quatrième clerc dans une étude de notaire. Malgré ses efforts, il arrive en retard de quelques minutes au rendez-vous mais trouve l'étude ouverte et quasi déserte : seul maître Duvaillant est présent, mais suicidé à cause de malversations financières qu'il explique dans un courrier. Le coffre est ouvert et dedans quatre cent mille francs très tentants pour un pion au chômage.

Gustave Gailhard mort en 1943 fut directeur de collection chez l'éditeur Ferenczi & fils, l'une des maisons spécialisées dans le roman populaire de l'époque comme d'autres : Arthème Fayard, Taillandier, Rouff -fermée en 1982- et Offenstadt devenue SPE. La maison Ferenczi ferma en 1966. Gustave Gailhard dont on connaît peu de choses, même pas la date de naissance écrivit beaucoup dans les genres populaires : aventures, cape et épée, amour et policier. Il créa deux personnages dans ce dernier genre Serge Vorgan et Marc Bigle. Ce numéro est ce qu'on appellerait maintenant un préquel, puisque écrit à la fin de la série mettant en scène Marc Bigle et revenant sur sa première aventure.

Très court et assez enlevé, léger, on sent bien que le pauvre Bigle aura du mal à s'en sortir malgré ses certitudes, mais on en aurait presque envie, même si c'est à peine honnête. Je ne sais pas ce que vaut la suite, mais c'est assez prometteur : un texte policier dans lequel l'auteur fait preuve de vocabulaire et de tournures de phrases joliment désuètes est à découvrir. Qui connaissait avant de me lire le terme maupiteux (qui fait pitié) ? Ou le joli mot de cocolète (femme du monde qui imite une cocotte) ? Avouons que ce genre de mots, donne une couleur au texte, de celles que l'on aime retrouver de temps en temps.

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L'égorgeur

Publié le par Yv

L'égorgeur, Jacques Saussey, Bragelonne, 2018

Depuis des mois, un homme suit des jeunes femmes et les égorge. Le tueur en série sévit sans que personne ne parvienne à l'arrêter. Il raconte l'observation de sa prochaine victime qu'il suit depuis plusieurs jours.

Très courte nouvelle qui raconte les pensées et actions d'un tueur en série particulièrement violent. Dès les premiers mots, j'ai été happé. Interdiction de s'arrêter en route, mais comme le texte est très court, ça va. Directe, efficace et tendue, cette nouvelle fera le bonheur de ceux qui aiment les récits qui ne s'embarrassent pas de frivolités ni de digressions oiseuses. Les autres, ceux qui aiment les  longueurs, les personnages très travaillés qui racontent leurs états d'âme en seront pour leurs frais. Je reconnais que sans doute ce tueur aurait pu bénéficier d'un format plus long, mais une nouvelle est une nouvelle et celle-ci est excellente. Je ne vais pas faire plus long que l'auteur, je m'arrête là.

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Téléski qui croyait prendre

Publié le par Yv

Téléski qui croyait prendre, Florian Dennisson, Chambre noire 2016

Gabriel Lecouvreur, Le Poulpe, comme chaque matin, prend son café au café de Gérard : Au pied de porc à la Sainte-Scolasse et lit la presse. Sauf que ce matin-là, Le Parisien a disparu, il doit se rabattre sur Le Dauphiné libéré. La nouvelle du canard local, c'est que Guillaume Verdannet, l'un des hommes qui comptent à Courchevel -c'est sa famille qui détient la moitié de la ville- a été assassiné. Un peu en froid avec Cheryl, Le Poulpe décide de s'aérer les bronches à la montagne, d'autant plus que la saison de ski terminée, les touristes n'y seront plus, et d'enquêter sur cette mort et ce cambriolage mystérieux.

Enquête du Poulpe hors des clous, non éditée à La Baleine puisque la collection était en stand-by. C'est donc une enquête qui respecte la bible poulpienne tout en étant non officielle. Et pour être franc, ce n'est pas la meilleure que j'aie lue. Pas nulle ni désagréable, parfois longue et répétitive. On sent que Florian Dennisson a tenté de coller au Poulpe, tant par ses goûts et aventures que par le langage utilisé, mais il n'est pas à la hauteur des grands titres de la collection.

Ceci étant dit, le voyage à Courchevel est loin d'être insuppotable et si l'on peut deviner assez vite qui a commis le meurtre, la ou les raison(s) s'éclairant petit à petit, on a plaisir à voir Gabriel Lecouvreur évoluer dans le monde des riches propriétaires de la station de ski. Pas indispensable, mais si vous avez l'occasion, pourquoi pas ?

NB : mais pourquoi les éditeurs laissent-ils passer les fautes très courantes de conjugaison des verbes courir et mourir ? Je la retrouve assez souvent lorsque ces verbes sont utilisés à l'imparfait avec deux "r" comme ils devraient l'être au conditionnel présent. Dans ce roman, on a le droit aux deux verbes mal conjugués... Je ne voudrais pas faire mon donneur de leçon ni mon correcteur à deux balles, mais c'est un brin agaçant.

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Deux gouttes de sang

Publié le par Yv

Deux gouttes de sang, Oxymoron, 2018

Henry Powell, riche New-Yorkais disparaît et sa sœur, Hellen offre une récompense à qui le retrouvera. L'inspecteur MacClusky demande à son ami le détective Nick Carter de rechercher l'homme, car l'afflux de pseudo-détectives alléchés par la récompense risque de mettre sa vie en danger. Nick Carter, assisté de son cousin Chick, mène alors l'enquête.

Nick Carter est né à la fin du XIX° siècle, en 1886 pour être précis, dans une nouvelle de l'écrivain John R. Corryell qui abandonne très vite son personnage. Nick Carter sera repris de nombreuses fois par de nombreux écrivains et devient l'un des grands détectives de fiction ; il sera interprété au théâtre, au cinéma et à la télévision.

Cette courte aventure dont l'auteur est inconnu est directe et ne s'embarrasse pas d'à-côtés superfétatoires. L'enquête et seulement l'enquête. Point de batifolage, pourtant la sœur du disparu est charmante et Nick Carter bien de sa personne. Rien non plus sur le New-York et la vie à l'époque. Et bizarrement ce n'est pas frustrant, on vient pour une aventure policière et c'est ce qui est servi. Datée, sûrement, on a depuis, lu des choses plus exaltantes, plus captivantes et plus haletantes, mais je mentirais si je disais que je n'ai pas aimé. Ça fonctionne encore drôlement bien, aux conditions d'oublier un peu les polars actuels et de ne vouloir rien d'autre qu'une résolution d'intrigue par un détective hors pair. Ainsi débute ce roman :

"Dix mille dollars de récompense !

Mr. Henry Powell, de New-York, demeurant 234, Septième Avenue, a disparu dans la nuit d'avant-hier, de son domicile, dans des conditions énigmatiques ; on croit qu'il a été victime d'un attentat criminel. Miss Powell, la sœur du disparu, offre une récompense de dix mille dollars à celui qui retrouvera Mr. Powell, mort ou vif."

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