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bande dessinee

Hello monsieur Hulot

Publié le par Yv

Hello monsieur Hulot, David Merveille, Le Rouergue, 2010.....

Monsieur Hulot, le personnage interprété par Jacques Tati est mis en saynètes par David Merveille. Après avoir regardé -je ne peux pas dire "lu" puisque les albums sont muets- Monsieur Hulot à la plage, paru cette année, je fais un retour en arrière dans l'œuvre du dessinateur.

De courtes histoires, en deux pages, la première plante le décor avec des petites images et la dernière, au verso est une seule grande image, la chute, drôle, décalée, poétique, originale, ... Tout Monsieur Hulot quoi ! On ne peut pas se lasser de feuilleter l'album, à chaque fois, la magie du personnage fonctionne, je rigole, je souris, et j'envie un peu l'insouciance de Monsieur Hulot. Le dessin est simple, classique, pas de fioritures, même si certains détails sont intéressants à voir : on reconnaît les personnages et même l'appartement de Monsieur Hulot, tout en haut d'un petit immeuble (pour qui a vu les films, il est facilement identifiable).

Mon seul regret : que le livre ne soit pas plus long...

A mettre entre absolument toutes les mains et devant tous les yeux, même et surtout ceux des enfants, mais parents, faites les curieux, lisez par-dessus l'épaule de vos bambins, vous risquez d'être repérés par vos rires étouffés ou non.

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Monsieur Hulot à la plage

Publié le par Yv

Monsieur Hulot à la plage, David Merveille, Le Rouergue, 2015.....

Monsieur Hulot, le célèbre personnage créé et interprété par Jacques Tati se rend à la plage. Il arrive bien chargé : parasol, épuisette, chaise longue, raquette, drap de plage dans son sac. Il achète un journal bien décidé à passer un bon moment sur cette plage. Chapeau vissé sur la tête, pipe à la bouche, il s'installe après maintes péripéties pour monter sa chaise longue.

Qui aime Jacques Tati et son M. Hulot ne sera pas dépaysé, tout est là : la maladresse légendaire du personnage, sa bonté et son émerveillement devant les petites choses de la vie, sa rêverie quasi permanente, sa poésie... Monsieur Hulot est un grand type dégingandé, inapte à la vie trépidante, qui s'émeut des questions ou des jeux des enfants, il leur plaît parce qu'ils reconnaissent en lui l'un des leurs, ils le taquinent sans agressivite parce qu'il les fait rire.

Une vraie merveille -sans mauvais jeu de mots avec le nom de l'auteur du livre- que cette bande dessinée, un régal qui nous fait sourire à toutes les pages lorsque l'on voit Monsieur Hulot aller de mésaventure et complication ; il prend des poses étonnantes pour s'adapter à la situation pas forcément confortable pour lui, mais il s'en arrange pour ne pas déranger.

Histoire originale avec un personnage connu que David Merveille s'approprie pour la bonne cause, que l'on pourrait presque jurer avoir vue dans un film de Tati tellement l'univers est bien reproduit. Les dessins sont gris plus ou moins foncés comme peuvent l'être parfois les ciels de la région nantaise et nazairienne qui laissent passer les rayons solaires éclairant les paysages d'une belle lumière grise. Grands dessins, sans doute destinés prioritairement à la jeunesse, ce qui est une excellente idée et un formidable moyen de lui faire connaître Jacques Tati, mais adultes, ne vous arrêtez pas à cela, cette bande dessinée totalement muette ne pourra pas vous laisser indifférent et vous donnera sûrement l'envie de voir et/ou revoir les films de Tati, Mon oncle ou Les vacances de Monsieur Hulot entre autres. Personnellement, je ne rate jamais une -trop rare- diffusion télévisuelle, mais je crois que je vais franchir le pas du DVD pour les regarder en famille.

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Deux frères

Publié le par Yv

Deux frères, Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban comics, 2015 (traduit par Michel Riaudel) ...,

Yaqub et Omar sont jumeaux. Ils vivent à Manaus au Brésil. Ils ont été séparés tôt, Yaqub a dû partir cinq ans au Liban le pays des origines paternelles. Lorsqu'il revient dans la maison familiale, les retrouvailles ne sont pas joyeuses. Les rivalités qu'ils ont toujours eues reviennent au grand jour, décuplées par la séparation. Avant le départ de Yaqub, une violente bagarre à propos d'une fille avait éclaté entre les deux frères, Yaqub s'en tirant avec une balafre sur le visage. Dans ce Brésil des années 50, en plein essor, les deux frères vont alors adopter deux styles de vie très différents et s'affronter violemment.

Cette bande dessinée est l'adaptation du roman du même titre de Milton Hatoum, paru en 2003 aux éditions du Seuil qui existe aussi chez Actes sud/Babel. Après quelques questionnements quant à ma capacité à suivre ce roman graphique, le rythme est pris. Ce qui me pose question, ce sont des retours en arrière pas forcément expliqués, des personnages assez nombreux et pas toujours très identifiables par le trait ce qui fait qu'on se demande à qui se rapporte le fait raconté, des dessins volontairement malhabiles -ce n'est sans doute pas le terme idoine, mais c'est ce que j'ai trouvé de mieux, par exemple les murs des maisons ne sont pas toujours bien droits. Une fois le pli pris, cet album se lit avec rapidité et grand plaisir. Il s'agit d'une belle et violente histoire de famille, avec ses trahisons, ses amours, ses vengeances, ses actes impulsifs parfois regrettés intérieurement mais jamais face à la victime et donc jamais pardonnés, ... Il est rarement fait mention d'une rivalité telle au sein d'un couple de jumeaux, on lit plus souvent des pages sur la fusion entre les deux, sur la difficulté de vivre sans l'autre, sur l'amour inconditionnel... La gémellité est souvent source de belles histoires de complicité ou d'histoires plus noires, parfois terribles (cf. Manuel de dramaturgie à l'usage des assassins)... dans Deux frères, c'est littéralement à la vie à la mort.

Album en noir et blanc qui oblige à se concentrer sur les personnages et leurs vies, la couleur aurait sans doute détourné nos yeux vers les paysages brésiliens. Le dessin est tour à tour sobre ou au contraire très riche avec de nombreuses silhouettes ou des paysages denses. Le noir et blanc permet aussi d'insister sur la noirceur du propos, le côté sombre des héros et donne de la profondeur tant au paysage qu'aux protagonistes.

Je n'aurais sans doute pas pris ce roman graphique de ma propre initiative, mais il fait partie d'un des deux livres de ce mois-ci pour le club de lecture de la librairie Lise&moi et je confesse une belle découverte.

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Belle-île en père

Publié le par Yv

Belle-île en père, Patrick Weber, Nicoby, Vents d'ouest, 2015 (couleurs : Kness)....

Vanessa Blue est une jeune femme qui a gagné une émission de télé-réalité, qui a ensuite intégré l'équipe d'un feuilleton populaire et assez niais, Au premier regard. Elle en est la vedette incontestée, aussi lorsqu'elle décide de faire une pause de quelques mois pour se reposer et faire le point -et accessoirement travailler un rôle dans du théâtre dit intellectuel-, elle s'attire les moqueries et les foudres de beaucoup. Elle ne cède pas et part s'installer à Belle-île, sur les terres de son père qui l'a abandonnée lorsqu'elle était enfant, qui sont aussi celles de la grande Sarah Bernhardt, celles où elle aimait venir passer les étés.

Voici une bande dessinée bien agréable. Les thèmes sont éternels : la recherche des origines, de la quiétude, la mort, l'amour, le sens de la vie, mais les auteurs, Patrick Weber au scénario et Nicoby aux dessins, les modernisent en faisant de leur héroïne une vedette de la télévision, une de celles qui passent et qu'on oublie pour peu qu'on ait pu les connaître un jour, ce qui, j'avoue humblement mon inculture, est rarement mon cas. Et cette héroïne est bien sympathique, fraîche, contrairement à son amoureux du moment, un écrivain en mal de reconnaissance qui surjoue le côté intellectuel et qui dénigre et méprise tout ce qui n'est pas de son niveau ou de son goût.

Bref, Vanessa Blue -Rozenn de son vrai prénom, plus breton, tu meurs- va se confronter dès son arrivée à l'accueil mitigé des îliens : entre la joie d'accueillir une personnalité et la crainte de voir réapparaître une histoire de famille enfouie. Bon, je vous rassure tout de suite, le suspense n'est pas insoutenable, contrairement à la légèreté de l'être (ouais, bof, un peu facile, n'est-il pas ?), mais il est là pour que le lecteur ne s'ennuie pas au long des 126 pages, et la je vous rassure de nouveau -je fais des prix pour les abonnés-, on ne s'ennuie pas du tout. D'abord parce que les personnages sont très réalistes, sympathiques, des têtes de Bretons bien sûr, on a sa fierté, mais sympathiques quand mêmes (amis Bretons, ne râlez pas, je le suis -tralala- itou). Ensuite, le parallèle avec la vie de Sarah Bernhardt à Belle-île est intéressant et instructif (elle y a vécu tous les étés pendant trente années, au Fort de la pointe des Poulains). Et enfin, les dessins sont plaisants, les protagonistes expressifs et les paysages beaux à tel point que j'irais bien tout de suite à Belle-île... d'autant plus qu'elle fait parte des îles bretonnes que je n'ai pas -encore- visitées.

Une belle histoire donc dans un bel album, mais pourrait-il en être autrement aux éditions Vents d'ouest ?

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Mettez des mots sur votre colère

Publié le par Yv

Mettez des mots sur votre colère, Marc Malès, Glénat, 2015....

Owen Brady est contacté par le National Child Labour Committee qui veut dénoncer le scandale des enfants obligés de travailler, aux États-Unis en ce début de XX° siècle. Il doit les photographier, prendre leurs noms et leurs âges pour faire un reportage. La chose n'est pas aisée, les enfants ne voulant pas se dévoiler au risque de perdre leur travail, les employeurs n'aimant pas voir traîner un photographe près de leurs usines. Au cours de ce reportage, Owen est confronté à son passé d'enfant martyrisé, ce qui rend son travail encore plus difficile.

Très bel album sur les États-Unis du début du siècle dernier confrontés au travail des enfants. Pour les familles très pauvres, ce travail était une nécessité, les parents ne pouvant pas se passer de cet apport de revenu aussi minime fut-il, car en plus de travailler dur, les enfants étaient mal payés. Tout cela, on le sait déjà ; on sait également que ça existe encore dans certains pays dans lesquels les Occidentaux font fabriquer leurs produits qu'ils importeront et vendront cher.

Cette BD a le mérite de nous rappeler qu'il a fallu que certains se battent contre l'exploitation des enfants, contre la course au profit pour libérer les enfants : "La consultation des archives locales était assez édifiante... On y lisait que plusieurs législateurs progressistes s'étaient cassé les dents à vouloir obtenir ne serait-ce qu'un semblant de réforme sur le travail des enfants. La partie était perdue d'avance parce qu'ils avaient en face d'eux le tout-puissant lobby de patrons. Ceux-ci n'envisageaient pas de se priver si facilement d'une telle main-d'œuvre, par définition docile, qu'ils pouvaient exploiter sans vergogne." (p.22)

Cet album s'il met en scène Owen, un personnage fictif, est basé sur la réalité d'un reportage photo mené par Lewis Hine. Owen Brady est son double professionnel mais sa vie d'enfant martyr et d'adulte violent -parfois de manière totalement contradictoire avec le reportage qu'il réalise, avec les gens qu'il rencontre- est fictive. Sans faire de la psychologie de comptoir, Marc Malès met bien en dessins la difficulté de faire face à son enfance lorsqu'une situation qu'on rencontre adulte nous la remet en pleine face. Reproduit-on la violence dont on a été victime ? Jusqu'où peut-on expliquer les pulsions violentes des adultes battus et exploités lorsqu'ils étaient enfants ? Peut-on tenter de réparer le mal fait ? En ce début du XX° siècle, les réponses psychiatriques, psychanalytiques, et autres psy n'étaient pas encore pratiques courantes.

Format à l'italienne qui permet d'élargir certaines cases, de faire des panoramiques, jeu avec le nombre des cases par page, dessin réaliste et ton sépia font de cet album une belle réalisation, une bande dessinée sociale et historique.

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Le sculpteur

Publié le par Yv

Le sculpteur, Scott McCloud, Rue de Sèvres, 2015 (traduit par Fanny Soubiran).....

David Smith est un sculpteur qui a sans doute laissé passé sa chance de devenir célèbre pour son art. Faute d'argent, il ne produit plus, il boit, vit seul. Un jour, attablé dans un restaurant, il rencontre le diable qui lui propose un marché : il pourra sculpter tout ce qu'il souhaite à mains nues, sur tout support mais seulement pendant 200 jours, après il mourra. David accepte car il ne sait pas encore que peu de temps après ce pacte il rencontrera son grand amour.

Connaissant votre sagacité, je ne doute pas que vous ayez reconnu ici le mythe de Faust, ce savant qui a vendu son âme au diable pour profiter de tous les plaisirs et accéder à des savoirs alors inconnus. Scott McCloud s'empare de ce mythe pour son roman graphique absolument formidable.

J'ai été emballé par l'histoire bien sûr, qui même lorsqu'on connaît la fin reste passionnante, d'une part parce qu'une once d'espoir réside : et si le pacte avait un vice de forme ? Et si cet homme qui a retrouvé le goût de vivre émouvait le diable au point de résilier le contrat ? Évidemment, je ne vous dirai rien, il vous faudra aller au bout des presque 500 pages pour savourer le déroulement de l'histoire et son dénouement.

Les dessins sont figuratifs, réalistes, sauf lorsque David réalise des œuvres avec son nouveau pouvoir : elles sont directement issues de son imagination, de ses souvenirs et sont entre réalité et abstraction. Trois couleurs seulement, le noir, le blanc et le bleu. En fonction de la situation telle ou telle domine. Scott McCloud joue aussi avec le nombre de cases par pages : une seule ou deux lorsqu'il a le besoin de ralentir le rythme, presqu'une trentaine et même plus, superposées lorsque le récit accélère. Exactement comme dans un roman : phrases longues pour ralentir, phrases courtes pour accélérer. Des cases saturées de phylactères lorsque David est saoulé des discours environnants, d'autres cases muettes. J'ai lu que l'auteur était un "théoricien de la bande dessinée et de la communication visuelle", c'est dire s'il en connaît les codes ; il les applique donc à son ouvrage magistralement.

A certains moments, lorsque David Smith sculpte dans l'euphorie, j'ai eu des images de Akira, le seul manga que j'aie lu, de Katsuhiro Otomo, récemment récompensé à Angoulème. Les univers sont différents, mais cette folie qui s'empare des héros est assez semblable.

L'éditeur Rue de Sèvres a fait une entrée remarquée dans le monde de la BD il y a deux ans, avec notamment Une histoire d'hommes de Zep, la très belle adaptation de Maupassant, Le Horla de Guillaume Sorel ou Le château des étoiles d'Alex Alice, pour ceux que j'ai lus. Depuis le catalogue s'est étoffé et ce roman graphique ajoute une très belle note à l'ensemble.

Pour les ceusses qui comprennent l'américain, Scott McCloud a un site (cliquez sur son nom, vous y êtes)

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Môaaa Sarkozy

Publié le par Yv

Môaaa Sarkozy, Wiaz, La Différence, 2015....

D'octobre 2002 à janvier 2015, Wiaz dessine l'actualité du futur, puis du présent puis de l'ex-Président. De sa nomination au poste de Ministre de l'Intérieur à son élection à la tête de l'UMP en passant par sa victoire de 2007 et sa défaite de 2012. 150 illustrations, mordantes, caustiques, drôles, désespérantes, sarcastiques, critiques, ... et je pourrais ajouter plein d'adjectifs en "ique"... Pour rappel en 2002, Jacques Chirac est Président et Jean-Pierre Raffarin Premier Ministre.

Ce livre, ce sont les dessins que Wiaz a publié dans Le Nouvel Observateur pendant cette période. C'est assez drôle de le lire maintenant, parce qu'on voit la caricature de Nicolas Sarkozy tremper dans les affaires, écouter les Le Pen pour leur piquer leurs idées, marcher au pas des États-Unis de George Bush, réintégrer l'OTAN en costume de serveur, filer le parfait amour avec Carla, être à la botte des Chinois et d'Angela Merkel et même de W. Poutine, ... Il est comparé plusieurs fois à Joe Dalton, le "petit homme excité" (dixit un Indien qui lit des signaux de fumée). Ses rapports avec son Premier Ministre sont bien vus : sur un dessin, il écrase F. Fillon en posant innocemment la question : "Quelqu'un a vu Fillon ??" (juin 2007) et ce dernier lui répond quelques pages plus loin ((septembre 2007) : "La rentrée de Sarkozy... AH BON ?? Parce qu'il était parti ??"

Wiaz le dessine en "bonne" -chacun jugera de l'usage de ce terme- compagnie : B. Hortefeux, F. Fillon, L Ferry, Carla, G. Bush, A. Merkel, Kadhafi, D. de Villepin, J. Chirac, .... C'est un humour vache qui fait mal à rebours lorsqu'on voit tout ce qu'on a avalé et subi de la part de cet homme qui veut nous refaire le coup dans deux ans (et là, je suis correct, parce que je voulais écrire un truc plus vulgaire du genre "qui veut nous la remettre profond dans deux ans", mais comme je suis un garçon poli et bien élevé, je ne l'écris pas). Quand je pense que certains veulent son retour, ça me laisse pantois. C'est de l'aveuglement ou bien du masochisme ou bien les deux, une nouvelle maladie -ou perversité- la maso-cécité.

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La nuit Mac Orlan

Publié le par Yv

La nuit Mac Orlan, Arnaud Le Gouëfflec, Briac, Sixto éditions, 2014.....

"Marin arrive à Brest pour y rencontrer un bouquiniste qui posséderait un manuscrit inédit de Pierre Mac Orlan, l'auteur du célèbre Le quai des brumes. Bientôt, il se retrouve en cavale dans la nuit brestoise, traqué par la police, cherchant à reconstituer les morceaux d'un puzzle diabolique." (4ème de couverture)

Il y a longtemps que j'attendais de lire cette bande dessinée, depuis que j'avais découvert les éditions Sixto avec Les voleurs de cerveaux. Ensuite, l'éditeur, puisque j'ai "liké" sa page facebook, m'alléchait avec des teasers sur cette BD. Puis, j'ai eu l'occasion de lire d'autres livres mais l'idée est restée. Alors Noël arriva et l'occasion de la mettre sur ma liste... Voilà comment je me retrouve donc avec cet album dans les mains. Vous savez tout de ma vie.

Point n'est besoin de connaître la littérature de Pierre Mac Orlan avant de tourner les pages, la preuve, il me semble bien n'avoir rien lu de lui. Je connaissais son nom, mais c'est tout. Autant dire que maintenant, j'ai très envie de découvrir son œuvre.

Pour l'intrigue (Arnaud Le Gouëfflec), vous imaginez un bouquiniste peut-être retors, un jeune home thésard et admirateur de Mac Orlan, une belle fille, Marguerite toujours prête à aider son prochain surtout si ce prochain est poursuivi par le commissaire Bourrel qu'elle exècre, un tagueur Teuz et vous les mettez tous dans une même course au trésor, car trésor -sans doute cet inédit de Mac Orlan- il y a. A cela vous ajoutez la ville de Brest, la nuit. Une nuit infinie.

Pour le dessin, des couleurs sombres, nuit oblige ; les couleurs vives sont la robe de Marguerite et le manteau de Bourrel plus quelques lumières ici et là dans une ville la nuit. Dans son article sur cette BD, Marie-Florence des huit plumes parle des dessins de Briac comme de "tableaux, assemblés les uns aux autres pour constituer un album." Je n'aurais pas dit mieux, je cite donc...

Le tout donne un album excellent, original, assez loin de la production habituelle, qui parle littérature et aventure et même littérature d'aventures.

Pour les références à l'œuvre de Mac Orlan, je les imagine plus nombreuses que celles expliquées par Marin ; il y en a sans doute de cachées que les connaisseurs trouveront. Pour les autres, comme moi, cette bande dessinée est une belle entrée dans l'œuvre de Pierre Mac Orlan qui ne demande qu'à être confirmée par la découverte de ses romans.

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Moi René Tardi Prisonnier de guerre au Stalag IIB. Mon retour en France

Publié le par Yv

Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag IIB. Mon retour en France, Tardi, Casterman, 2014..... 

Dans les années 80, Jacques Tardi interroge son père sur ses années de captivité en Allemagne pendant la guerre. René, le père écrit alors dans des carnets sa détention que Jacques mettra en cases dans le premier tome de la BD, Moi René Tardi Prisonnier de guerre au Stalag IIB. Ce deuxième tome est la suite, lorsque le camp est évacué en janvier 1945. Les détenus se retrouvent sur les routes de Poméranie (région côtière au sud de la Mer Baltique) surveillés par des gardes nazis ; ils souffrent de la faim, de maladies, de maux de pieds (ils enchaînent des marches quotidiennes de plus de 20 km). 

J'avais aimé le premier tome, j'ai aimé le deuxième, même si parfois on peut se perdre dans l'évocation des villes et villages traversés. Jacques Tardi s'appuie sur les carnets de son père, se met en scène, petit garçon posant des questions à René, notamment sur les inexactitudes de ses notes, sur les erreurs manifestes ou les oublis. Dessin classique pour Tardi, trois grandes cases par page, peu de gros plans, souvent des plan larges, du noir et blanc -sauf la fin. Une bande dessinée extrêmement pédagogique qui reprend les grands moments de la guerre, l'avancée des Russes et des Américains et des Anglais, qui redit une fois encore -mais qui n'est pas une fois de trop- l'horreur des camps de concentration, la solution finale, tout cette haine et cette folie imaginées par des hommes pour détruire d'autres hommes. Le temps passant, la liste des rescapés s'amenuise, il est bon que des récits, des témoignages gravent dans le marbre ou le papier ce qu'ont enduré les gens vivant à cette époque, les juifs bien sûr mais aussi les tziganes, les homosexuels, les handicapés, les prisonniers de guerre. Travailler sur différents supports, les livres, les films, les bandes dessinées, est une excellente idée qui peut élargir le public touché.

Cette BD est d'un abord aisé, elle est le reflet du discours d'un simple soldat français : elle raconte son quotidien, les marches forcées, le froid : "Ces uniformes, que nous avions sur le dos depuis cinq ans, usés et élimés jusqu'à la corde, sans cesse rapiécés tant bien que mal, nous protégeaient à peine du froid. Je portais sur moi plusieurs couches de hardes, tout ce que j'avais pu trouver au camp pour avoir moins froid. J'avais même coupé des bandes dans la longueur d'une couverture et les avais enroulées autour de mon torse et de mon bide sous ma vareuse, en guise de coupe-vent." (p.9). Froid dont parle Michel Butor également encore adolescents au moment de la guerre : "J'ai l'impression d'avoir toujours eu froid pendant les années de la guerre. Même les étés me semble-t-il étaient froids." (In Improvisations sur Michel Butor).

Tardi sait se faire également pédagogue lorsqu'il parle des Lebensborn : "Des femmes mariées ou des filles-mères certifiées conformes pouvaient y accoucher en grand secret, à condition de refiler le môme à la SS. Les lebensborn étaient aussi des lieux de rencontre où des "Aryennes" pouvaient se faire engrosser par des SS..." (p.23), mais aussi de la fin de la guerre et du partage de l'Europe entre les Alliés.

Une série à lire d'urgence.

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