Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

bande dessinee

Le Chat Erectus

Publié le par Yv

Le Chat Erectus, Philippe Geluck, Casterman, 2012

"Mine(t) de rien, deux ans se sont écoulés depuis la sortie du dernier Le Chat (deux longues années heureusement entrecoupées par un remarquable Geluck enfonce le clou, mais deux ans quand même !)

Que les geluckophiles de réjouissent : Le Chat 2012 est un très grand cru, les années semblent (encore) bonifier les deux compères. Le matou mutin et matois est de retour avec tambour, trompette ET gourdin dans son 17e opus sobrement intitulé Le Chat Erectus." (note éditeur)

Est-il encore besoin que je parle ici de ma passion pour les chats en général et pour Le Chat en particulier ? Je crois avoir déjà dit dans un article concernant un précédent album, que, avant qu'il ne paraisse en livre, je découpais les strips que le journal régional publiait (Ouest-France, pour ne pas le nommer), je les collais sur des feuilles vierges et volantes et apposais ensuite ces feuilles sur les murs des toilettes pour lier l'utile à l'agréable (chacun est libre ici de juger ce qui lui est proprement utile et/ou agréable). J'étais jeune ! Et accro ! Maintenant que ma jeunesse s'enfuit, comme le disait un chanteur-auteur avec un très beau prénom, je suis toujours accro, mais P. Geluck publie et je n'ai donc plus de découpage/collage à faire, et puis, je ne lis plus la presse et Ouest-France ne publie plus Le Chat.

Me voici donc avec le dernier volume des aventures de Le Chat, toujours aussi drôles, absurdes, décalées, primaires, énième degré : un vrai album d'humour quoi ! En prime, quelques dessins d'actualité avec Benoit XVI, N. Sarkozy ou DSK en guest stars.

Une planche, que vous pouvez aussi voir sur le site de Casterman, pour vous allécher (les babines, évidemment) 

planche Le ChatPour vraiment finir, sachez que Le Chat paraît aussi en coffret Luxe avec Le Chat Erectus + Le Chat Sapiens (album XVII bis) + La semaine du Chat (2 DVD).

Merci Gilles Paris.

 

Voir les commentaires

L'école 100% humour

Publié le par Yv

L'école 100% humour, Christophe Besse, Le cherche midi, 2012

"Enfin un livre de dessins d'humour uniquement inspiré par l'école, une irrésistible galerie de portraits de profs et d'instits aux prises avec l'administration, les gamins rebelles et les parents déboussolés !
Fort d'une trentaine d'années d'expérience en littérature jeunesse, Christophe Besse est un observateur privilégié de l'univers enseignant et des cours de récré. La cantine, la visite au musée, le spectacle de fin d'année, le café dans la salle des maîtres, la chorale, la piscine, la classe transplantée... c'est comme si vous y étiez !
Si vous êtes prof, vous rirez de ce qui se passe dans les classes de vos collègues. Si vous êtes élève, vous pourrez faire partager à votre famille les journées palpitantes passées à l'école. Enfin, si vous êtes parent, vous tenez en main le guide pratique universel pour apprendre à communiquer avec l'instit de votre enfant." (4ème de couverture)

Pas toujours facile de parler d'un livre de dessins, surtout en cette rentrée littéraire chargée. Eh bien, me voilà donc bien embêté ! D'autant plus que j'aurais aimé vous montrer des dessins, mais je n'en ai pas trouvé. Alors, je rame. Oui, mais c'est sans compter avec Internet et le cadeau de Christophe Besse himself, qui après avoir lu mon article me fait parvenir gentiment deux dessins. Celui qui suit est un de ceux que je préfère dans le livre :

rentrée GIGN

(Le texte est le suivant :"- Ils sont tous à l'intérieur, je veux plus y aller maman !!!

- Ecoute moi ! Tu m'écoutes mon fils ? Tu rentres dans ta classe en donnant un grand coup de pied dans la porte et tu leur dis : "- J'ai préparé la rentrée au GIGN, le premier qui moufte, je le crucifie au tableau ! Vas-y répète..."

L'école est un thème que tout le monde connaît en tant qu'élève au moins, prof peut-être, parents aussi. Christophe Besse prend tous les points de vue, les décortique et les caricature pour les rendre drôles (certains n'ont même pas besoin de cela, ils sont drôles naturellement). Ses gamins sont des espèces de Petits Nicolas modernes, pas méchants, juste chahuteurs, à fond dans leur époque connectée. Les profs, eux, sont souvent à l'inverse, déconnectés, parfois vaches, durs et font avec les moyens du bord. Les parents sont débordés ou très présents s'ils sont élus. Ce n'est pas la BD Les Profs, (ben, non, y'a pas Amina, la prof de français !), ce sont des dessins, sans scénario, des dessins parus dans un journal professionnel.

On sent que Christophe Besse connaît bien le milieu qu'il dessine. Certains dessins touchent un peu moins leur cible, mais dans l'ensemble, quel que soit votre statut, élève, prof, parent, vous rigolerez et vous détendrez entre deux livres parmi les 600 et quelques qui sortent en ce moment. Et puis, ça vous changera des attendus d'A. Nothomb, P. Djian et consorts (là, j'ai mis un peu de sarcasme, parce que en voici deux que je ne lirai pas. Jamais lu la dame aux chapeaux et déjà lu le monsieur sans chapeau, mais pas envie ou de tenter l'expérience ou de la renouveler).

Et pour conclure le dessin "teaser" du livre (merci Christophe):

 

teaserlecolelelivre.JPG

 

challenge 1%Hérisson a aussi un avis.

Voir les commentaires

Noir et blanc en couleurs

Publié le par Yv

Noir et blanc en couleurs, Edoardo Di Muro, Éd. Roymodus, 2009

Tyara décide de quitter son pays le Sénégal, avec d'autres Africains pour gagner l'Europe. Traversée du désert, de la mer, autant d'épreuves dures qui ne sont rien en comparaison de la vie qui lui sera faite dans le pays dans lequel il finit par arriver. Heureusement, les émigrés avec qui il a fait le voyage et ceux déjà installés l'aident. Ils se soutiennent entre eux dans les moments difficiles. Quelques autochtones également. Mais sera-ce suffisant ?

Allez, une BD pour changer des polars et pour préparer aux vacances. Que je vous raconte comment celle-ci est passée entre mes mains. D'abord, j'ai lu chez Ys un article concernant une autre BD du même éditeur Le soldat inconnu vivant. Puis, je suis allé sur le site de Roymodus et j'ai échangé deux ou trois mails avec l'éditeur en personne qui m'a dit texto : "je vous conseille "Noir et blanc en couleurs" d'Edoardo Di Muro, la plus belle BD que j'ai éditée à ce jour". Une simple phrase qui évidemment a ouvert ma curiosité. Achat effectué rapidement. Lecture aussitôt et billet qui suit.

C'est effectivement une belle BD. D'abord par les dessins et les couleurs : les nuits africaines bleutées, avec un ciel magnifique étoilé, même les grandes villes européennes sont colorées ; par contre, les traits des personnages ne sont pas parmi ceux que je préfère (c'est difficile à expliquer : disons que les traits ne sont pas aussi précis que dans une BD franco-belge et que parfois, ça me gêne ;  j'ai le même souci avec J. Sfar par exemple, mais en plus, lui, ses textes sont illisibles, contrairement à E. Di Muro  !)

Ensuite l'histoire : excellente. L'émigration vue par ceux qui la vivent dans leur chair : on devrait faire lire cette BD dans les écoles et notamment du Sud de la France ! La difficulté à vivre dans les villages d'Afrique, le terrible choix de partir et les conditions dans lesquelles le trajet se fait, puis, pour finir, l'accueil des Européens, l'exploitation d'une main d'oeuvre qui se tait, ... Mais cette BD c'est aussi la solidarité, les croyances, notamment celles des Beliyans (Hommes de la terre rouge). Le caméléon, le messager, celui par qui toutes les nouvelles arrivent aussi loin qu'on soit pour peu qu'elles aient été envoyées de l'arbre consacré à Edash Andjang, leur Dieu. Ce n'est pas une confrontation des civilisations en en plaçant une au dessus de l'autre, mais E. Di Muro montre comment il est difficile de s'adapter d'une civilisation à l'autre : "En Europe vous avez inventé les montres, mais nous en Afrique on a inventé le temps... Votre vie est prisonnière comme votre Edash." (p.82) Pas de manichéisme sur les gentils noirs et les méchants blancs ou vice-versa, mais un constat sur les vies de chacun, sur leurs souhaits, leurs ambitions ; pas de jalousies ou d'envies de ce qu'est l'autre, mais une constatation que l'on peut vivre ensemble avec nos différences.

Les Beliyans vivent entre le Sénégal et la Guinée, ils ont pu préserver leurs traditions sociales et sont très dépendants et respectueux de la nature : les esprits veillent sur l'équilibre de l'écosystème, en régulant la transformation de l'environnement et leur impact sur leur milieu. (D'après les notes de fins de volume)

Vous avez donc ce qu'il vous reste à faire, pour ma part, je me porte acquéreur du second numéro de la série à sortir bientôt : L'esprit de la savane !

Voir les commentaires

Geluck enfonce le clou

Publié le par Yv

Geluck enfonce le clou, Philippe Geluck, Casterman, 2011

Dans la veine de Geluck se lâche, Geluck enfonce le clou ! Toujours aussi réjouissant, Geluck montre sa face cachée, son penchant naturel vers la vacherie, la grossièreté et la méchanceté, parfois gratuite (enfin, pas tout à fait puisque le livre coûte 18€).

Il aborde des thèmes divers comme l'intégrisme, la religion ou plutôt même les religions, la maladie, la mort et les enfants des autres :

"Halte au terrorisme bambinesque ! Sous prétexte que c'est mignon et que ça dit "areuh", ça ne devrait pas être autorisé à nous pourrir ces moments bénis où nous échappons, le temps d'un film, d'un navarin de homard, d'un Paris-Marseille, au tohu-bohu de notre société trépidante. Et je ne critique pas ici les petiots eux-mêmes, mais plutôt leurs infâmes géniteurs qui, non contents de s'émerveiller de leurs braillardises, en rajoutent à coups de "Voyons Thomas, calme-toi ! Tout le monde te regarde !" (p.6)

Les textes sont soignés, bien écrits et l'on se rapproche du mauvais esprit de Pierre Desproges, de Cavanna, Siné et les autres. Sans son double, Le Chat, Geluck réussit également à faire un livre drôle. Peut-être plus directement méchant qu'avec son alter ego, même si celui-ci n'est pas toujours sympathique, mais il cache bien son jeu dans ses rondeurs et sa bonhomie.

Les dessins sont encore mieux que les textes : un petit exemple ? Oh oui ! Bon allez, c'est bien parce que c'est vous !

CLOU-JOHNNY.jpg

Là, c'est plutôt marrant, mais certains dessins sont grinçants, politiquement incorrects et font passer des messages beaucoup plus clairement et facilement que des textes. Tout pour plaire quoi ! Mais je ne cache pas ma subjectivité totale, je suis totalement partial, parce que je suis fan du Chat et donc de Geluck depuis, pfuiii,... ça ne me rajeunit pas (sans commentaire, SVP).

Merci Davina, de chez Gilles Paris.

Voir les commentaires

Gags

Publié le par Yv

Gags, Mix & Remix, Libella/Les cahiers dessinés, août 2011

Mix & Remix est une dessinateur de presse. Il officie dans son pays d'origine, la Suisse, mais aussi à Siné Hebdo (disparu depuis)  et dans Courrier International. Ce livre regroupe des strip, des dessins uniques, souvent sur l'actualité, mais aussi sur l'évolution de l'homme, sur sa place dans la société et divers autres sujets. Dessins très courts, minimalistes, pas de décors et des personnages simples voire simplifiés, mais gags qui marchent. Les chutes sont très drôles -même si je reconnais que certaines sont un peu plus poussives-, dans l'ensemble, j'ai beaucoup ri. Comme par exemple ce gag où un couple regarde et écoute la télévision :

 

""- La situation est toujours aussi dangereuse dehors. Nous vous conseillons vivement de rester chez vous, devant vos postes de télévision. Surtout pendant les pubs...

- Je crois qu'on nous manipule !" dit la femme."

L'effet est forcément moindre sans les dessins, alors pour vous donner une idée encore meilleure, voici un extrait issu du recueil :

 

 

 

63960663.png

 

 

A travers ses dessins, Mix & Remix n'aborde pas que des thèmes légers, il parle aussi de la mort, de la religion, de l'intégrisme, de la pauvreté, toujours avec humour, histoire de faire passer la pilule et des messages clairs.

Un livre de la rentrée littéraire qui permet de donner un souffle d'humour salvateur et bienvenu.

Merci Denis des éditions Libella/Les cahiers dessinés.

 

rire-copie

Voir les commentaires

Joséphine

Publié le par Yv

Joséphine, Pénélope Bagieu, Ed. J-C Gawsewitch, 2008 (tome 1), 2009 (tome 2), 2010 (tome3)

Joséphine est une jeune femme au gros fessier et petits seins, complexée, un brin timide et décalée qui rêve du grand amour. Ses parents (sa mère surtout) n'apprécient pas vraiment son mode de vie de célibataire, sa sœur étant déjà mariée avec un homme plein d'avenir et, rendez vous compte, elle est mère de famille, elle !

Archétype de la célibataire urbaine de ce début de vingt-et-unième siècle, Joséphine ne vit pas très bien sa solitude. Alors, certes, elle a des amis qui l'entourent et la supportent, mais bien sûr, ça ne lui suffit pas. Il lui faut un mec, le Prince Charmant quoi ! Oh, elle en trouve, mais des inattentifs ou des mariés. Elle s'en lasse ou ils se fatiguent, toujours est-il qu'à chaque fois Joséphine se retrouve seule. Enfin, pas tout à fait, puisque Bradpitt lui tient chaud et compagnie. Bradpitt, écrit comme cela, c'est son chat.

BD dont on dit un peu partout qu'elle fait un tabac auprès des femmes. Ah, mince, me voilà encore en dehors de la cible. Décidément, il va falloir que je consulte ou que je fasse un dosage de mes hormones mâles et femelles : un boulot de fille, et maintenant des lectures de fille. Bon, c'est promis, si je découvre quelque chose, je fais mon coming-out ici, sur ces pages ! (C'est bon pour le buzz, ça !)

A moins, explication plus plausible -enfin, je dis ça pour me rassurer sur ma virilité-  que ces messieurs ne lisent les exemplaires de leurs femmes ou de leurs copines en cachette. Voilà, c'est ça ! Et y'a que moi qui ose le dire, dussé-je pour dire la vérité en rabattre sur ma masculinitude (masculinité eut été plus correct ? Ah oui ? Tant pis, je garde, il y a des exemples des mots en "tude" en haut lieu) ! Bon, allez, j'arrête mon quart d'heure perso pour revenir à Joséphine.

Bien que je sois donc un garçon, j'ai bien aimé cette BD. D'abord, je trouve Joséphine drôle, attachante, énervante, égoïste, malheureuse, touchante, maladroite, de mauvaise foi, tout ce qu'on aime chez les filles quoi ! (c'est mon côté masculin qui reprend le dessus. Enfin ! Ouf, rassuré.) Les situations dans lesquelles elle se trouve ou dans lesquelles elle se met elle-même sont amusantes, parfois douces-amères, mais elle s'en sort toujours, pas forcément bien, me direz-vous. Certes, mais elle s'en sort pour se remettre dans une autre situation tout aussi loufoque ou drôle.

PS : j'ai trouvé la photo de l'intégrale sur le site de l'éditeur (ici), pour ma part, j'ai pu lire les trois tomes rapidement parce qu'ils étaient tous les trois disponibles à la bibliothèque municipale. Et en plus, l'auteure, elle a un blog aussi : c'est !

Voir les commentaires

Monroe

Publié le par Yv

Monroe, Tom Tirabosco et Pierre Wazem, Ed. Casterman, 2005

Un Inuit trouve dans le ventre de la baleine qu'il vient de pêcher avec les hommes de son village, une chaussure de femme et une photo de Marilyn Monroe qui porte une paire identique aux pieds. La photo étant prise sous les lettres "HOLLYWOD", l'Esquimau décide de se rendre là-bas pour rapporter l'escarpin, car :"On ne peut pas marcher avec une seule chaussure" (p.8)

Très bel album avec des dessins réalistes, simples passant du blanc des neiges au sombre des nuits étasuniennes jusqu'au jaune-orangé des scènes sur un baleinier. L'histoire part d'une belle intention, puis peu à peu, l'Esquimau découvre la noirceur du monde, des gens qui le composent : en quelques jours, il est confronté à la modernité, à la société de consommation et à ce qu'elles engendrent de pire, alcool, convoitise, voleurs, ... Peu de place dans ce monde pour sa candeur, sa naïveté et sa volonté de rendre service.

C'est un album noir. Peu de texte, mais les dessins (Tom Tirabosco) sont très explicites. C'est un terrible constat sur la mort des petits peuples, la mondialisation culturelle et la perte des identités particulières.

Qu'en sera-t-il dans quelques années de ces différents peuples qui vivent encore selon leurs traditions ? Y-a-t-il encore une place dans ce monde uniforme pour des individualités ? L'histoire ne le dit pas mais pose les questions. Des bonnes questions.

Voir les commentaires

Maus

Publié le par Yv

Maus, Art Spiegelman, Flammarion, 1987/1992

Maus est une bande dessinée ou un roman graphique comme on dit maintenant qui raconte la vie du père d'Art Spielgelman. Né en 1906 en Pologne, Vladek fait un beau mariage avec une jeune femme riche, Anja. Très vite intégré dans l'entreprise de sa belle famille, Vladek prospère. Mais un jour, les nazis envahissent la Pologne et l'histoire de la Shoah commence.

Ce livre est donc la vie de Vladek, racontée par son fils. Les deux hommes se rencontrent régulièrement et malgré sa réticence, Vladek narre sa vie dans la Pologne de ces années-là : les ghettos, les confiscations, les camps de concentration. La débrouille pour tenter de survivre au jour le jour. Le livre fait des allers-retours entre les années 80 et les années 30/40. Ce qui est frappant c'est que Vladek devenu vieux est insupportable : radin, avare, coléreux et de mauvaise foi, la femme qui partage sa vie, Mala, (Anja est morte en 1968) n'en peut plus. Même son fils ne peut pas vivre avec lui plus de deux-trois jours et encore c'est prises de bec sur engueulades. Art Spiegelman n'enjolive pas son père, c'est aussi ce qui le rend plus humain et plus réaliste. Sa survie des camps et des horreurs subies n'explique pas tout : il a un caractère de chien, il est raciste et vieux jeu.

Mais ce qui fait le cœur du livre, c'est bien sûr le récit des années 30/40.  Que dire de plus que ce qui a déjà été dit, écrit, filmé ? Avec une économie de moyens : dessins et textes simples, l'auteur montre l'horreur, l'indicible, la cruauté absolue ; je ne sais même pas quels mots utiliser qui pourrait décrire cela.

"Et ceux qui finissaient dans les chambres à gaz avant d'être jetés dans les fossés, c'étaient eux qui avaient de la chance. Les autres, dans les fossés, ils devaient sauter quand ils étaient encore vivants. Les prisonniers qui travaillaient là, sur les vivants et les morts, ils versaient de l'essence. La graisse des corps brûlés, ils la recueillaient, et la versaient à nouveau pour que tout le monde brûle bien." (p.232)

Les Polonais juifs sont représentés par des souris, les non-juifs par des cochons, les Allemands sont des chats, les Américains des chiens et les rares Français par des grenouilles, bien entendu. Le symbole déjà dans le choix des représentations !

Art Spiegelman n'est pas toujours convaincu du bien fondé de son livre : la somme de travail qu'il représente, les relations conflictuelles avec son père le font douter. Il met dans la bouche de son psy ses doutes :

"La vie est toujours du côté de la vie, et d'une certaine manière, on en veut aux victimes. Mais ce ne sont pas les MEILLEURS qui ont survécu, ni qui sont morts? C'était le HASARD ! [...] Je ne parle pas du VOTRE, mais combien de livres ont déjà été écrits sur l'Holocauste. A quoi bon ? Les gens n'ont pas changé... Peut-être leur faut-il un nouvel holocauste, plus important." (p.205)

Entre la solution finale, les grandes théories nazies, et les petites trahisons des uns ou des autres les dénonciations pour gagner un peu d'argent, de la nourriture ou un ou deux jours de survie en plus, Art Spiegelman montre tout.

Prix Pulitzer en 1992, cet ouvrage est à conseiller et même à recommander. Notamment pour ceux qui n'aiment pas lire, mais qui ne dédaignent pas ouvrir une bande dessinée : un fabuleux moyen de ne pas oublier.

Beaucoup d'autres avis sur ce livre très lu et largement commenté chez Babelio.

Merci les enfants : cadeau de fête des pères !

Voir les commentaires

Kiki de Montparnasse

Publié le par Yv

Kiki de Montparnasse, Catel et Boquet, Casterman écritures, 2007

La vie d'une véritable icône du Montparnasse des années 20, élue reine de ce quartier oh combien artistique à l'époque. Cette BD d'un peu plus de 300 pages revient donc sur le parcours d'Alice Prin, qui deviendra le modèle le plus côté pour sculpteurs et peintres sous le nom de Kiki. Née en 1901, Alice est élevée par sa grand mère, à la campagne. A douze ans, sa mère linotypiste à Paris la reprend chez elle pour lui apprendre un métier. C'est là qu'Alice fait la rencontre d'un sculpteur qui lui demande de poser pour lui. La suite n'est pas facile, car vivre de ce métier est difficile. Mais Alice est positive, elle est jolie, a bon caractère et tombe facilement amoureuse de ceux qui la peignent. Elle rencontrera et deviendra amie avec Soutine, Modigliani, Utrillo, et surtout Foujita et Man Ray avec lequel elle vivra pendant 7 ans et qui lui inspirera ses plus belles photos, les plus célèbres, dont celle archi-connue qui inspire la couverture du livre.

Conçue comme une biographie chronologique s'attardant évidemment sur les années 20, l'âge d'or de Kiki, cette bande dessinée est d'une lecture à la fois intéressante et instructive. Souvent les livres -enfin ceux que j'ai lus, notamment la trilogie de Dan Franck- parlent de cette époque globalement ne se posant sur aucune des personnalité, ou alors sur les plus marquantes, Picasso, Modigliani, ... Là, le propos est centré sur Kiki, personnage haut en couleur qui a  posé, chanté dans des clubs et des cabarets -des chansons osées : son tour de chant commençait quasi invariablement par Les filles de Camaret. Elle a peint également. Ses toiles ont d'ailleurs remporté un succès certain. Ce qui fait également la différence de ce livre, c'est que Kiki est une femme dans un monde essentiellement masculin; Kiki est la pionnière de la femme libérée, émancipée, choisissant son style de vie, s'affichant ouvertement amoureuse de nombreux hommes, parfois plusieurs en même temps. Une femme pour qui la nudité n'est pas un problème, fort heureusement puisqu'elle a inspiré aux artistes de l'époque leurs plus belles œuvres.

Elle rencontre tout ce que Montparnasse compte d'artistes plus largement que les peintres. Par exemple des écrivains, Desnos, Cocteau, Tzara, Breton et tous ceux qui composent le mouvement Dada et composeront celui des surréalistes. Elle a aussi joué dans des films, ceux très avant-gardistes de Man Ray notamment. Elle écrira aussi, ses mémoires, interdites aux États-Unis, pays qui ne lui réussit décidément pas puisqu'avant son livre, elle avait fait une tentative de cinéma avec Cecil Blount DeMille, avortée.

Très belle mise en page, dessins noirs et blanc à la fois simples et travaillés qui semblent au plus près du physique des personnages. Le scénario est linéaire, très aisé à suivre, les personnages sont tous attachants, particulièrement Kiki qui ne s'embarrasse d'aucun principe, aime, jouit de la vie comme bon lui semble. Elle est d'une nature positive, optimiste, malgré un début de vie pas très facile.

A noter à la fin de la bande dessinée, une biographie d'Alice Prin et des notices biographiques de tous les intervenants, bien faites, succinctes, juste pour se remémorer un peu le nom des illustres artistes que Kiki a côtoyés.

D'autres lecteurs : Alain, Papillon, Canel.

Voir les commentaires

<< < 10 20 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 > >>