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bande dessinee

Une histoire d'hommes

Publié le par Yv

Une histoire d'hommes, Zep, Éd. Rue de Sèvres, 2013....

Quatre hommes se retrouvent après une quinzaine d'années sans s'être vus tous ensemble. Ils étaient les membres d'un groupe de rock, promis à un bel avenir avant un incident de parcours qui les a vus se séparer. L'un d'entre eux, Sandro, le chanteur est resté rockeur, mondialement connu ; il vit en Angleterre et réunit ses anciens copains. Mais les rancunes, les jalousies sont parfois tenaces. Détruiront-elles l'amitié des quatre hommes ?

Zep, vous connaissez ? C'est le papa de Titeuf, mais aussi celui d'une BD qui me fait beaucoup rire, Captain Biceps, très drôle, très régressive. Pour cette histoire d'hommes, il change de registre et s'intéresse au monde de la musique, du rock. Ces quatre hommes devenus quarantenaires ont tous eu des désillusions, des vies plus ou moins choisies ou rêvées. C'est le moment de faire le point. Entre Sandro et Yvan son frère, il existe du ressentiment, de la rancœur, il faut dire que Sandro, celui qui a réussi dans la musique est aussi parti avec Annie, l'ex-petite amie d'Yvan, et qu'ils vivent toujours ensemble. La rencontre risque d'être houleuse. Je ne vous en dirai pas plus sur le scénario, pas forcément très nouveau, mais qui tient les 64 pages de l'album sans problème. L'humour n'est pas absent du volume, grâce notamment à l'un des membres du groupe, le batteur devenu restaurateur. Des phrases bien tournées également au détour d'une page, comme celle-ci que j'aime bien :

"- Et ton père ? Toujours à bricoler sa bagnole ?

- Non. Il est mort.

- Désolé.

- Il n'a jamais beaucoup vécu. Je suis pas sûr qu'il ait vu la différence." (p.43)

Les dessins sont magnifiques et les choix de couleur judicieux : dans les tons gris pour le temps présent et les flashbacks dans des tons violine, rose, turquoise ou vert voire marron en fonction de la personne qui s'exprime. Très bien vu et très aisé à suivre. J'ai vraiment beaucoup aimé ce bel album, de qualité tant pour le contenu que le contenant (non, non pas moi, le livre).

Un exemple du dessin ? Vous demandez, Yv le fait :

histoire d hommes 08

Vous pouvez voir d'autres extraits sur le site de Gilles Paris, attaché de presse, en cliquant sur son nom, et sur Babelio des avis.

Je ne doute pas que Zep trouvera un large lectorat même s'il risque de déstabiliser ses lecteurs habituels. Ça change de Titeuf !

 

rentrée 2013

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La BD de Soledad

Publié le par Yv

La BD de Soledad, Soledad Bravi, Éd Rue de Sèvres, 2013...

Depuis un an, Soledad Bravi publie une planche dans le magazine Elle. Les voici regroupées en un volume sobrement intitulé La BD de Soledad, La compile de l'année. Titre on ne peut plus à-propos.

Je ne lis pas Elle, je ne suis pas parisienne -"ça me gêne, ça me gêne"*-, ni très au fait des derniers potins concernant Untel ou Unetelle du showbiz. Je ne connais ni Gisele Bündchen, ni Ryan Gossling et encore moins Kim Kardashian -pour les deux autres, j'avoue connaître leurs noms mais point pour ce(tte) dernier(ère) ?-, c'est dire si je ne suis pas la cible des chroniques de Soledad. En fait avant d'ouvrir le bouquin, je ne savais absolument pas à quoi m'attendre. Bon, alors quoi, qu'en ai-je pensé, lis-je dans vos yeux grands ouverts et vos visages aux traits qui marquent votre inquiétude ? Eh bien, je ne vous ferai pas languir plus longtemps, même si l'envie me démange. Mais peut-on dire d'une envie qu'elle nous démange ? Une piqûre de moustique, oui, une piqûre d'orties, également, une morsure d'araignée -parce qu'on dit morsure pour une araignée-, parfois. Chez nous, on dit même ça gratte, alors que non, ça ne gratte pas ! ça nous démange et l'on se gratte ! On a bien aussi l'expression un rien familière : "tu peux t'gratter !», mais rien à voir avec les acceptions précédentes, et je ne me permettrais pas ici de tenir des propos vulgaires, ce blog a un peu de tenue, que diable ! (enfin, j'essaye, mais je ne suis pas sûr d'y parvenir réellement, parfois mes parenthèses dérivent dangereusement).

"Pouf, pouf"**, revenons à Soledad qui elle, ne s'intéresse pas vraiment au grattage ni au tirage -quoique !- mais plutôt aux citadines de quarante ans qui se posent des questions sur leurs vies de couple, leurs enfants adolescents, leur poids, l'état de leurs dressings, les soldes, les régimes, leurs libidos, enfin que des questions primordiales, et existentielles. Si le propos n'est pas très neuf, l'humour au second degré est toujours présent, la chute de chaque planche est parfois prévisible, mais parfois moins et là, ça fait mouche, comme par exemple :"Est-ce que votre mari fait du sport ?" (p.31) ou "Pourquoi doit-on éviter de manger des œufs de Pâques ?" (p.49). le dessin est minimaliste, simplissime, avec peu de phylactères, juste des textes brefs apposés au-dessus.

C'est marrant à lire, peut-être pas tout l'album en une seule fois, préférez lire quelques pages, puis laissez reposer avant de reprendre le lendemain à nouveau quelques pages et ainsi de suite jusqu'à la fin ; n'oubliez pas de bien finir le flacon, vous aurez peut-être l'ivresse, pas celle du fou rire, plutôt celle du sourire. Suivez ma prescription et vous apprécierez. Ça fera 12.50 euros mes p'tites dames.

Merci Gilles Paris. Eulimène a aimé, Iluze aussi.

PS : Rendons à Soledad ce qui est à Soledad et à Marie-Paule Belle ce qui lui appartient (*) ainsi qu'au regretté Pierre Desproges (**)

 

rentrée 2013

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Atar Gull

Publié le par Yv

Atar Gull, Fabien Nury (scénario), Brunö (dessin), Laurence Croix (couleur), Dargaud, 2011

Atar Gull est chef de la tribu des Petis Namaquas. Son clan a perdu contre celui des Grands Namaquas et ses hommes et lui-même ont été vendus pas le chef des Grands Namaquas à un blanc qui les revendra en tant qu'esclaves. Atar Gull est très grand, très fort, ce qui en fait une marchandise désirée. Arrivé en Jamaïque, il devient esclave chez Tom Will un maître qui le traite lui et ses compagnons d'esclavage plutôt bien. Atar Gull devient petit à petit très proche de son maître.

Tiré d'un roman d'Eugène Sue qui fit scandale à sa sortie en 1831 parce qu'il parle ouvertement de la vengeance d'un noir, capable des crimes les plus odieux (même si les blancs de leur côté ne s'en privaient pas non plus ; source : ici). L'esclavage ne sera définitivement aboli en France qu'en 1848.

L'histoire est celle d'une vengeance sur fond d'esclavage : les scènes de traversées des mers avec leurs lots de morts, de viols, de brimades ne sont pas nouvelles, mais elles sont bonnes à rappeler, des fois que certains voudraient les oublier. L'horreur est présente, bien mise en images : le dessin est clair, précis, réaliste, figuratif dans des tons ocres ou verts. Cet album même s'il raconte une partie de l'histoire dont l'humanité n'a pas à s'enorgueillir, ou bien parce qu'il la raconte justement, peut être lu par tout public, un peu comme l'était "de mon temps", La case de l'oncle Tom.

A bien y regarder, cet album pourrait ressembler à Django unchained de Quentin Tarentino (ou vice-versa) : un homme noir qui cherche à assouvir sa vengeance dans un pays dans lequel il est encore considéré comme moins qu'un homme, même en étant affranchi. La même violence tant physique que morale.

Un album à lire absolument. En outre, si vous passez par Nantes qui comme chacun sait a largement profité du commerce triangulaire, prenez quelques instants pour aller visiter le Mémorial de l'abolition de l'esclavage (la visite est libre, tous les jours : si vous cliquez dessus vous vous dirigez vers le site Internet du Mémorial). Une manière pour cette très belle ville (chauvin moi ? Alors là, pas du tout) de ne pas fermer les yeux sur son passé mais au contraire d'ouvrir ceux des visiteurs de passage et des Nantais (j'en suis, et la visite est vraiment très intéressante). Après ça, pour vous détendre, vous pourrez aller voir le désormais célèbre éléphant de Nantes et tout le site des Machines de l'île : enchantement assuré : le passage de l'un à l'autre se fait tranquillement à pieds.

PS : n'oubliez pas le guide, mettez-moi au moins quelques commentaires à défaut de venir vous faire payer l'apéro !

Une chronique sur cette BD sur Les huit plumes, signée Marie-Florence.

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Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis

Publié le par Yv

Histoire du chat et de la souris qui devinrent amis, Luis Sepulveda, Joëlle Jolivet (dessins), Métailié, 2013 (traduit par Bertille Hausberg)

Mix est le chat de Max ou Max l'humain de Mix, tel est le début du livre. Max et Mix sont inséparables et lorsque Max grandit et part dans son appartement, Mix le suit. Ils vivent ensemble, étudient ou prennent l'air sur le toit. Mix vieillit et devient aveugle. Mex, petite souris mexicaine volubile entre dans leur vie.

Luis Sepulveda construit son histoire sur l'amitié qui lie les êtres aussi différents soient-ils. D'abord Max et Mix. Puis, Mix et Mex, et enfin, Mix, Max et Mex. C'est une jolie histoire à raconter aux enfants qui reprend des thèmes universels maintes fois utilisés et qui font le contenu de nombre de livres pour la jeunesse. Encore faut-il que cela soit bien raconté. C'est largement le cas avec celui-ci. Thèmes vus et revus mais qu'il est bon de rabâcher -surtout d'une aussi jolie manière- lorsque je vois ou que j'entends comment certains petits et grands accueillent et traitent les gens différents. Le communautarisme et le repli sur soi montent. La différence est vue par certains comme une faiblesse alors qu'au contraire, elle devrait être une force. Voilà pour ma parenthèse sérieuse avant de revenir au livre. De l'humour en prime avec Mex qui est intarissable et que j'imagine bien parler très vite d'une toute petite voix.

Très belles illustrations, simples, qui collent au texte, exactement dans le ton de la couverture du bouquin.

Luis Sepulveda aime les chats, il avait mon estime bien avant cela, il y monte encore d'un cran. J'aime aussi les chats. La première chez qui j'ai habité a vécu 18 ans. Asociale, tricolore, d'un caractère pas très facile, elle était adorable avec moi seul, venait le soir se reposer sur ma poitrine lorsque j'étais en position semi-allongée pour lire. Le second a vécu 18 mois, écrasé par une voiture, le souci premier des chats de ville. Roux, gentil comme tout, trouvé dans un buisson chez une amie, nous l'avions prénommé Funky. Celle qui actuellement est allongée sur un coussin, sous le radiateur se prénomme Eden. Elle dort et elle ronfle ! Nous l'avons recueillie il y a une année, chatte obèse de 9 kilos à l'époque, elle en a perdu 2.5 mais reste assez impressionnante. Petite spécificité qui plairait à Luis Sepulveda, Eden parle. Elle miaule quasiment sans arrêt, nous répond -l'effrontée. Elle aussi a ses têtes : quand ma fille rentre dans la maison, elle va l'accueillir ; nada pour les autres.

Bon voilà pour mes histoires de chat. Tout cela pour coller au sujet du livre que je manquerai pas de faire circuler dans les petites mains de la maisonnée. 

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Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag IIB

Publié le par Yv

Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag IIB, Jacques Tardi, Casterman, 2012

Au début des années 80, Tardi interroge son père, René sur ses années de prisonnier de guerre. Déjà affaibli, René se met au travail et remplit 3 carnets d'une petite écriture racontant ses presque 5 années de captivité. Beaucoup plus tard, Jacques Tardi met en images les mots de son père. Une bande dessinée dans laquelle il se met en scène en tant que jeune garçon posant des questions à son père. On voit donc Jacques en jeune garçon présent dans presque toutes les cases (3 par page de taille identique) qui voit et entend la vie de son père, cette vie peu connue, parce pas glorieuse. Pas facile de dire à son père qu'on a été prisonnier, lui qui a combattu pendant 14/18, ni à son fils qui lui pose comme un leitmotiv la question sur une possible évasion. 

Fan de Tardi, je n'étonnerai personne si je dis que cette BD est excellente. Elle est un témoignage simple de la vie dans les camps de prisonnier, de la guerre vue par un soldat. Cette guerre qui a de moins en moins de témoins directs ne doit pas devenir une simple évocation : l'horreur que les nazis ont fait vivre aux juifs, aux tziganes, aux homosexuels, aux prisonniers de guerre et plus largement à l'Europe entière et à une grande partie du monde ne peut pas être effacée. Dans des moments ou beaucoup se renferment sur une communauté qu'elle soit religieuse, politique, ethnique ou régionale, il est bon de dire et redire qu'il faut vivre tous ensemble, dans le respect des uns et des autres, et de ne pas oublier ce qu'a pu engendrer le repli sur soi et la haine de l'autre. 

Après cet emballement, revenons à l'objet premier de ce billet : le livre de Tardi. Il raconte la drôle de guerre, celle de René dans son char. Totalement isolé de son unité, à la recherche d'un "contact" avec les panzers allemands pour les détruire, il est finalement capturé après un baroud d'honneur et envoyé dans un camp en Poméranie. La vie s'écoule pas paisible : "Qu'on m'ait arraché une dent sans anesthésie au prétexte que leurs produits anesthésiants étaient réservés à la Wehrmacht, je m'en suis remis, mais il y eut bien pire... Le IIB n'était pas un camp de vacances. Les Anglais qui eux, continuaient la guerre, ont salement morflé dans leur enclos... Je t'ai parlé des Polonais et des Russes... Sadisme, humiliations, coups de crosse et de gummi, exécutions sommaires... Souviens-toi de Chardonnet, assassiné comme tant d'autres sans raison. La sauvagerie au quotidien. Voilà ce qu'était le Stalag IIB." (p.179)

Je ne vais pas m'appesantir sur cette BD dans laquelle on retrouve les dessins noir et blanc de Tardi avec quelques touches de rouge. Ma grande fille a commencé à le feuilleter, et puis prise d'intérêt a marqué la page et continue sa lecture. Une lecture indispensable pour les jeunes et moins jeunes. Un premier tome -j'attends la suite avec impatience- qui s'arrête au tout début de 1945 au moment où le Stalag est évacué : "J'ai franchi la porte du Stalag sans me retourner. Je venais de passer quatre ans et huit mois -1680 jours !- dans ce cul-de-basse-fosse poméranien et j'en voulais à la terre entière... à nos chefs, à l'Armée, à la France ! J'avais des envies de meurtre !" (p.188)

Pour enfoncer le clou, lisez donc l'article de mon ami Éric (ici). Et pour finir un merci à Juan Luis Fajardo de Price Minister pour son envoi dans le cadre de l'opération La BD fait son festival.

Et puisqu'il faut mettre une note sur 20, étant donné mon enthousiasme, je conclus en mettant 20/20 ! Mérité !

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Athos en Amérique

Publié le par Yv

Athos en Amérique, Jason, Éd. Carabas, 2011

Recueil de petites histoires décalées, très décalées, absurdes, sans queues ni têtes mettant en scène des personnages au physiques d'animaux se retrouvant dans des situations parfois étonnantes, parfois quotidiennes. Entre l'écrivain mal élevé qui se juge au-dessus de la mêlée, Athos le mousquetaire débarqué dans une Amérique contemporaine, un gangster qui s'évade, ...

Dessin très dépouillé, texte simple voire simplissime quand il n'est pas absent, c'est de la bande dessinée très particulière qui peut autant plaire que fatiguer ou laisser totalement indifférent. A vous de vous faire votre propre opinion. Moi, j'aime bien ! En plus, le bouquin est beau, format 16.5x22, dos toilé gris, belle mise en page : du beau travail. 

Je ne crierai pas ici que j'ai tout compris dans ces histoires, mais à chaque fois, j'ai aimé trouver les personnages de Jason dans ces situations absurdes. Assez ressemblant à Low Moon brièvement chroniqué sur ce blog. Je ne connais pas assez l'oeuvre de Jason pour savoir si ses autres albums diffèrent, mais je compte bien remédier à cette lacune.

Un très très grand merci à la librairie Dialogues pour ce cadeau de nouvelle année !

Allez, une petite planche pour la fin tirée de l'histoire Tom attend sur la lune :

 

planche athos

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J'aurai ta peau Dominique A

Publié le par Yv

J'aurai ta peau Domnique A, Arnaud Le Gouëfflec et Olivier Balez, Glénat, 2013

"Dominique A est un chanteur-compositeur heureux, abordant sa nouvelle tournée avec la sérénité d'un artiste accompli. Une sérénité qui ne fera pas long feu, à cause d'une lettre anonyme annonçant laconiquement : "J'aurai ta peau, Dominique A"... Et pourquoi diable on lui en voudrait à LUI ? Qui peut vouloir la peau d'un inoffensif chanteur même pas si célèbre que ça ? ..." (note de l'éditeur)

Forcément avec un tel titre, je ne pouvais que sauter sur cette BD, moi qui comme je le disais en fin d'année dernière aime beaucoup ce chanteur (clic). Et bien m'en a pris (je tiens ici à remercier Le Merydien qui m'a mis la puce à l'oreille dans l'un de ses commentaires sur l'article concerné par le "clic" précédent).

Voilà donc le chanteur menacé de mort qui devient parano se demandant bien pourquoi on lui en veut. Le soutien de son ami Philippe Katerine n'est pas vraiment là pour le rassurer :

"- C'est bizarre qu'on s'acharne précisément sur toi.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Ben, d'habitude, les dingues, ils s'attaquent aux stars, pas aux chanteurs plus... enfin, moins... C'est juste que t'es pas super connu, tu vois ?

- Ben, si, quand même un peu." (p.13)

Le dialogue qui se poursuit est tout aussi savoureux entre Dominique A un rien vexé de n'être pas reconnu à sa juste valeur et P. Katerine qui se moque gentiment de son copain. C'est d'ailleurs toute la BD qui est savoureuse. Des dialogues et des situations drôles -enfin pour nous lecteurs, peut-être moins pour Dominique A-, un chanteur obligé de réfléchir sur sa condition d'artiste et sur la manière dont il est parvenu à icelle ; parce qu'après tout, il aurait pu faire autre chose que chanteur monsieur Ané ! Le scénario (A. Le Gouëfflec) est plaisant, marrant et original et point n'est besoin de connaître la discographie du chanteur pour apprécier cette BD -même si je ne saurais trop vous conseiller de vous pencher dessus. 

Pour les dessins (O. Balez), je suis un peu moins calé pour les critiquer, mais je peux dire qu'ils me paraissent très bons. En fait, je les aime bien parce qu'ils sont assez réalistes sans aller dans des détails très précis : on reconnaît sans peine les protagonistes. Leurs émotions sont très visibles et l'on ne peut s'empêcher de rire parfois des attitudes ou remarques des uns et des autres. Les couleurs sont plutôt dans des tons chauds (mise à part la vêture de Dominique A, éternellement noire). 

Une BD qui sort de l'ordinaire mettant en scène des personnes vivantes, dont Dominique A, qui signe la préface de l'ouvrage s'inquiétant un peu de son sort : "... à l'heure d'aujourd'hui, même si je sais grosso modo de quoi l'histoire retourne, je n'ai eu que quelques planches sous les yeux. Et si je ne m'abuse, il est question d'avoir ma peau dans le titre... Dans quel(s) guépier(s) m'ont-ils fourré ? Comme si la vie n'était pas assez compliquée..." (p. 2)

J'ai adoré cette BD tant par le scénario que par les dessins, l'ambiance qu'ils créent. Un coup de coeur en cette nouvelle année !

Merci Élise.

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Pleine lune et Terre neuvas

Publié le par Yv

Pleine lune, Chabouté, Éd. Vents d'ouest, 2000

Dans l'une il est question d'une nuit très mouvementée pour un obscur et réac fonctionnaire de la sécurité sociale. Raciste, sexiste, xénophobe, pas aimable avec les bénéficiaires qu'il reçoit au guichet et amateur de foot cet homme n'a rien pour lui. Fanfaron, il aime crier sur les gens mais de loin. Peur de rien en paroles, ses actes sont nettement moins braves. La nuit de ses mésaventures, la phrase de son collègue lui revient en mémoire :

"Tu rigoles, Édouard, mais j'ai vu une émission à la télé où ils affirmaient que la pleine lune a des influences bizarres sur les gens... Et ils racontent pas des conneries à la télé !!..." (4ème de couverture)

 

Terre neuvas, Chabouté, Éd. Vents d'ouest, 2009

Dans l'autre, il est question des marins qui embarquaient au début du siècle dernier à bord de bateaux, partaient pour six mois et ne revenaient au port que lorsque la cale était pleine de morues. Pendant cette période, tout pouvait arriver, la maladie, la noyade, les bagarres naissant de la promiscuité, de périodes moins fructueuses et de jalousies. Mais jusqu'à présent jamais de meurtres... "Ici on n'a droit qu'à la mer et ses dangers, on danse tous les jours avec la mort, on est les laissés pour compte... Ici on meurt, c'est tout !! Noyade, naufrage, phtisie, scorbut, ... Plus rarement poignardé dans son sommeil !!" (p.53)

 

Si j'ai décidé de vous parler des ces deux BD en même temps, c'est parce que, dans sa grande générosité, le Père Noël me les a déposées dans mes petits chaussons, de taille 44 quand même -il faut bien cela pour accueillir ces deux grands albums. BD ou romans graphiques je ne sais plus comment on dit, en noir et blanc aux dessins centrés sur les personnages pas toujours très glorieux.

J'ai toujours grand plaisir à ouvrir un livre de Chabouté qu'il ait ou non des paroles (ces deux-là sont dialogués). J'ai déjà commenté certaines de ses œuvres : Tout seul, Purgatoire, Un peu de bois et d'acier ; je crains d'être un peu redondant en parlant de la justesse des dessins, de leur sobriété, de leur simplicité de compréhension et de leur finesse. Allez, une fois n'est pas coutume, je me répéterai donc -l'âge, que voulez-vous ? Je radote. Mais au moins, je m'en rends compte. C'est déjà ça.- les livres de Chabouté sont excellents qu'ils aient des textes ou non. Ces deux-là ne font pas exception à la règle que je viens d'édicter. 

Merci Père Noël !

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Un peu de bois et d'acier

Publié le par Yv

Un peu de bois et d'acier, Chabouté, Éd. Glénat (Vents d'ouest), 2012

Un banc sous un arbre au bord d'une allée ou d'un chemin. Un garçon, jeune, qui grave une initiale, un cœur et le début d'une autre initiale avant de se couper sérieusement, sous les yeux de sa petite copine. Ainsi commence l'histoire de cette BD et de ce banc. Ensuite, le banc est le témoin des vies de plusieurs passants qui s'arrêtent ou pas. Un couple de personnes âgées qui partage un gâteau, des jeunes femmes plus ou moins heureuses en amour, un musicien mendiant qui fait piètre recette, ...

Sans texte, cette BD ou ce roman graphique est absolument génial. On passe par toutes les émotions, tous les sentiments, la tristesse, la tendresse pour tel ou tel personnage, la colère, la pitié, le rire car avec quelques trouvailles, Chabouté réussit à mettre un peu d'humour dans son histoire. On ne peut s'empêcher de penser aux films muets qu'on a vus et revus, en noir et blanc eux aussi. Un bon Charlot par exemple qui lui aussi réussit à nous faire ressentir tout cela sans mots. 

Mon billet est inhabituellement court -je sens des frustrations parmi mes lecteurs fidèles mais promis, je me reprends bientôt-, mais quoi écrire de plus que ne vous diront les dessins ? Que dire de plus sinon de lire -ou de regarder- ce magnifique album et les dessins de Chabouté toujours aussi expressifs ? Excellent. A voir et revoir et re-revoir encore et encore. Et même, vue la période, à offrir sans aucun risque de faute de goût, ni de déception.

 

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