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bande dessinee

Les voleurs de cerveaux

Publié le par Yv

Les voleurs de cerveaux, Cyrille Launais, Ed. Sixto, 2013.....

Luc Renard est livreur pour la librairie Bouquain à la fin des années 50. Au volant de sa 2CV fourgonnette, il sillonne les rues de Nantes pour son travail. En arrivant chez M. Derval, client habituel, Luc le retrouve mort, un trou dans la tête. A peine a-t-il remarqué cela que Luc est assommé et laissé sur place. Lorsqu'il se réveille, les policiers sont présents. Il est entendu, relâché et ne peut s'empêcher de mener sa propre enquête avec Jeanne sa cousine. Bien mal leur en prend.

Que voilà une belle bande dessinée : couverture souple et néanmoins superbe, très réussie de mon point de vue, 100 pages si l'on excepte le dossier final intitulé Etudes graphiques, une mise en page soignée, un magnifique dessin en noir et blanc, travaillé un peu comme de la photo sur certaines cases, avec différents plans : le premier est net et le second flou, comme lorsque l'on fait le point sur une seule personne. Le dessin est très réaliste, les personnages sont très identifiables, ils ont des "gueules", un peu comme dans les films de Lautner ou dans les BD de Tardi. Les paysages sont eux aussi réalistes, identiques à ce qu'était Nantes à l'époque (d'après ce que j'en ai vu puisqu'évidemment, je n'étais point encore dans cette belle ville ni même né) ; des quartiers sont encore reconnaissables, d'autres moins, je me repère aux bâtiments qui eux sont restés. Le texte est basique, assez simple, très symbolique de l'époque entre argot et dialogues d'Audiard (les références n'y sont d'ailleurs pas cachées) et tant mieux, car il permet de rester ancré dans la réalité alors que l'intrigue flirte avec l'irréel, le surnaturel avec grand bonheur.

Un excellent moment passé en compagnie de toute cette bande, du même ordre que lorsque vous visionnez un bon vieux film de gangsters français des mêmes années : humour, parodie, langage fleuri et tronches indescriptibles, voitures oubliées, vitesse folles (au moins du 72 km/heure !), pas de prise de tête, d'intellectualisation du ou des propos, pavés des rues de Nantes, clin d'œil à la presse locale et à la star incontestée de Nantes, Anne de Bretagne (sa seule existence en son château, en cette ville prouve à elle seule son appartenance à la Bretagne ; je dis ça bien sûr juste pour attiser la querelle récurrente en nos rues nantaises) et qui est morte il y a tout juste 500 ans (le 09 janvier 1514)

Pour de plus amples informations, n'hésitez pas à aller visiter le site des éditions Sixto, collection CasaNostra (en cliquant sur le nom) spécialisée dans le genre BD polar qui se déroule dans le centre des villes. En plus, vous aurez un interviouve de l'auteur Cyrille Launais. La lecture de cet album valant mieux qu'un long discours (surtout d'un de mes discours), je vous laisse le découvrir par vous-même, ce qu'évidemment, vous ne manquerez pas de faire.

 

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La tête en l'air

Publié le par Yv

La tête en l'air, Paco Roca, Éd. Delcourt, 2013 (traduit par Carole Ratcliff)...,

Ernest, atteint d'un début d'Alzheimer fait son entrée dans une maison de retraite spécialisée. Le passage à la vie en communauté est rude, il sera aidé par Émile, son voisin de chambre, joyeux drille toujours prêt à une bonne blague voire une petite entourloupe.

Bande dessinée qui traite d'un sujet pas facile mais tellement d'actualité. On n'échappe pas aux pertes de mémoire, aux pertes d'autonomie, aux douleurs de s'en rendre compte. "La vieillesse est un naufrage" disait le Général De Gaulle, à propos du Maréchal Pétain. Tout cela est montré, mais comment passer outre ? Écrire ou dessiner un livre sur les vieux en maison de retraite et sur ceux qui souffrent de maladies dégénératives sans montrer tous les aspects négatifs serait une tromperie sur la marchandise. Rassurez-vous, tout est bien montré, mais Émile est là pour mettre un peu de gaieté et d'entrain dans la maison. Dès qu'il y a une bêtise à faire, il ne peut s'en empêcher, un peu comme Wilfred dans Quartet de Dustin Hoffman, un film dit en passant qu'il faut voir si ce n'est déjà fait. La vision de la maison de retraite n'est ni idyllique ni plombante. L'auteur, en fin de volume explique que toutes les personnes dessinées sont inspirées de parents d'amis, de gens rencontrés dans les maisons de retraite qu'il a visitées pour bien connaître son sujet. Son récit est tellement crédible que l'on pouvait presque se douter de cette précision. 

Le dessin est clair, précis, lisible ainsi que la police utilisée dans les phylactères, couleurs proches de la réalité. Un bel album dont a été tiré un film qui, au vu de la bande-annonce semble très fidèle au livre.

 

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Libfly et Babelio recensent quelques avis

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Le singe de Hartlepool

Publié le par Yv

Le singe de Hartlepool, Wilfrid Lupano et Jérémie Moreau, Éd. Delcourt, 2012.....

Au large des côtes anglaises, en 1814, près du village de Hartlepool, un navire de la flotte française, napoléonienne de surcroît fait naufrage. Seuls survivants, un singe, celui du capitaine et un mousse qui parle anglais et qui se fait passer pour tel, car, dans ce village, les Anglais haïssent les Français de manière viscérale. Lorsque le singe est attrapé, les villageois d'Hartlepool le prennent pour un Français et veulent le tuer. 

Ce qui pourrait au départ faire penser à une farce tourne très vite à la tragédie. La haine, l'intolérance aveuglent les villageois au point de ne pas entendre (et oui, on peut être aveugle et sourd !) les remarques d'une jeune fille ayant reconnu un chimpanzé. Il faut dire aussi qu'à l'époque les singes étaient moins connus, beaucoup plus exotiques que maintenant. Les messages de tolérance, de respect de la personne émanant du docteur de passage dans cette ville n'auront pas non plus le moindre effet devant la montée de la haine.

Excellente bande dessinée déjà très largement critiquée sur les blogs qui, selon la quatrième de couverture, est "inspiré[e] d'une légende tristement célèbre du Nord de l'Angleterre". Une histoire qui peut représenter tous les totalitarismes ou comment une foule éprise de haine en arrive aux pires exactions, tous les racismes du plus quotidien au plus violent mais surtout la bêtise humaine dans toute sa splendeur.

Un dessin très chouette dans lequel les émotions et les sentiments sont clairs, bien exprimés. Décors assez simples, personnages expressifs, et en plus mon exemplaire, celui de la bibliothèque municipale sentait bon l'encre et le papier. On est dans des tons verdâtres dans la première partie, puis plutôt orangés et ocres sur la fin. 

Tout est bon dans cette BD. A lire et faire lire, même aux plus jeunes tant il aborde des sujets actuels, malheureusement intemporels. A faire lire également à tous ces crétins qui ces derniers temps se sont déchaînés contre Christiane Taubira et à tous ceux qui, au quotidien, se permettent des remarques, des insultes envers ceux qui ne répondent pas à leurs critères, à ceux qui ne leur ressemblent pas. Un excellent moyen de lancer une conversation, de provoquer des questionnements et d'y répondre.

BD pas mal lue et chroniquée : Babelio, Libfly.

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François Schuiten, l'horloger du rêve

Publié le par Yv

François Schuiten, l'horloger du rêve, Thierry Bellefroid, Casterman, 2013 (graphisme, Stéphane de Groef).....

Connaissez-vous François Schuiten ? Les amateurs de BD sûrement. Les autres peut-être pas. Peut-être avez-vous lu un épisode ou plusieurs de sa série la plus célèbre, en collaboration avec Benoît Peeters, Les cités obscures ? Personnellement, je ne les ai pas tous lus, mais les quelques  albums que j'ai eu la chance de lire et regarder m'ont émerveillé, notamment par les dessins et l'univers qu'ils décrivent, un monde qui fait référence au nôtre tout en lui étant parallèle.

L'horloger du rêve est une biographie de François Schuiten. Une biographie illustrée évidemment, comment pourrait-il en être autrement ? Je dirais même plus -F. Schuiten dit de Hergé : "Hergé, c'est le père tutélaire. Quand on est auteur de bande dessinée, on ne peut pas s'empêcher, à un moment ou un autre, de faire référence à Tintin et de rouvrir un album. Il a construit les fondations de ce que nous sommes." (p.30)- richement illustrée (le dossier de presse visible chez Gilles Paris fait état de "500 illustrations dont de très nombreux dessins inédits.") Extrêmement bien documenté, ce gros livre séduira ceux qui aiment le dessinateur et ceux qui veulent en connaître un peu plus sur lui, ou simplement les curieux, comme moi. Il est très beau (le livre, pas le dessinateur, encore que je n'en sache rien, je ne le connais pas) ; une preuve de ce que je dis, je n'aime pas les bandeaux sur les couvertures des livres, en général, je les ôte et les jette, mais là, regardez bien celui-ci, ce sont les rouages (dessinés par F. Schuiten), impossible de l'enlever, il apporte un plus indéniable à la couverture. Et à l'intérieur c'est idem, certains dessins sont pareils à des toiles surréalistes. Il y a aussi des extraits de BD, des détails, des affiches, ...

Sachez également que T. Bellefroid  a travaillé son sujet et qu'on en apprend plus sur la genèse du dessinateur, sur ses premiers projets de mini-BD jusqu'à ses participations à des scénographies, des expositions itinérantes, des films, des spectacles vivants voire même des interventions sur les paysages urbains de plusieurs grandes villes (Bruxelles, Paris, Lyon, Lille notamment). 

Un (très) beau livre gros et lourd à s'offrir ou se faire offrir. Et ça tombe très bien, il y a quelque échéance de fin d'année qui se prête tout à fait à ce genre d'action.

 

rentrée 2013

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Machine Gum

Publié le par Yv

Machine Gum, John Martz, Éd. La Pastèque, 2013...

John Martz met en scène le petit robot de la couverture pour des petites saynètes dans lesquelles il se métamorphose, se brise, se décompose, se multiplie, ...

Ce n'est pas une bande dessinée à proprement parler ni ce qu'on appelle désormais un roman graphique : c'est une suite de dessins qui raconte de petites histoires sans paroles et en noir et blanc.

 

Voilà par exemple l'une des pages.

N'étant point spécialiste du genre dessin, ni des interprétations d'iceux, de ce que peut bien vouloir dire John Martz en utilisant son robot, je suis bien en peine pour faire mon billet. Peut-être suffit-il de se laisser porter, de se laisser faire et de juste apprécier le trait et l'humour qui se détache des planches. C'est ce que j'ai fait ou tenté de faire, et je peux dire que j'aime bien ce personnage aux multiples facettes, la manière qu'a J. Martz de jouer avec les formes. Le robot devient ver ou serpent, humain, se déguise en des personnages qu'on reconnaît immédiatement : Mickey Mouse et Mafalda par exemple. Un exercice qui paraît assez austère sur le papier et qui se révèle plein de trouvailles, d'astuces et de drôlerie, qui peut même faire réfléchir sur la condition humaine, mais en écrivant cela, je suis en totale opposition avec ce que j'ai noté plus haut, et je fais mon psy à deux balles. Mais bon, m'est avis quand même qu'en grattant un petit peu, on pourrait interpréter les dessins de John Martz assez finement. Mais juste les regarder et se laisser faire est déjà une bonne approche.

Un petit dernier, un de ceux que je préfère 

Un merci à Lifly et sa Voie des Indés et à l'éditeur, La Pastèque.

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Sotchi pour mémoire

Publié le par Yv

Sotchi pour mémoire, Guillaume Reynard, Jean-Claude Taki, Éd. Intervalles, 2013.....

Un mail malhabile envoyé de Russie : "29 août Olga enfonce dans la mer. L'enterrement 6 septembre." informe les auteurs du livre qu'Olga est morte noyée, près de Sotchi. Ils partent alors dans cette ville tenter de comprendre les raisons de cette noyade.

Les ceusses d'entre vous qui viennent régulièrement sur le blog vont penser que je débloque, que l'Alzheimer est là en moi, puisque j'ai déjà parlé de ce livre. Que nenni, bande de médisants ! Si j'ai effectivement déjà évoqué cette histoire, c'est dans le roman de Jean-Claude Taki intitulé Sotchi inventaire. Là, je cause d'un livre illustré basé sur le même récit. Jean-Claude Taki est au texte, beaucoup plus poétique ; il parle essentiellement d'Olga, de sa noyade de ses efforts pour ne pas sombrer, elle la fille forte toujours prête à lutter à ne pas renoncer. Il évoque les éléments ou plus précisément l'élément liquide qui aura raison de ses forces mais sans doute pas de sa volonté. Alors que dans le roman, il s'attardait sur le voyage du narrateur, Guillaume, sur son séjour à Sotchi, ses rencontres et ses dessins, là sa poésie ne parle que d'Olga. Une suite logique du roman en quelque sorte. La mise en page m'évoque des lettres, peut-être de l'alphabet russe ? Elle donne une scansion particulière, parfois un seul tout petit mot sur une ligne, parfois une grande ligne de 20 mots. Un beau poème qui, je l'avoue, m'aurait sans doute laissé pantois si j'avais débuté l'histoire d'Olga par lui, mais je ne suis pas très ouvert au genre poétique que je ne saisis pas souvent. Là, le fait d'avoir lu d'abord le roman me permet d'apprécier le rythme, le choix des mots, la mise en page car je comprends le sens. J'aime beaucoup cette suite poétique du roman, très belle idée qui est un moyen de s'exprimer autrement et de toucher des lecteurs de manière différente.

Guillaume Reynard est aux dessins. Il s'en tient beaucoup plus au voyage, au séjour, comme s'il était le Guillaume du roman (?), celui qui remplit des carnets de ses dessins de Sotchi, des lieux, des paysages et de quelques (rares) personnes rencontrées. Un dessin gris aux traits fins, fragiles qui reproduit la cabine de l'avion, les chambres d'hôtels, la plage, la cantine, ... Très réaliste, il fige les moments de doute de Guillaume avant de se rendre sur la plage sur laquelle s'est noyée Olga. C'est vraiment une excellente idée que ce livre illustré, car il me permet de visualiser tout ce que JC Taki décrit dans le roman, et ma frustration de n'avoir pas encore vu le film Sotchi 255 (réalisé sur le même thème par JC Taki) en est largement amoindrie. Et moi, je (très égocentré Yv) lis en visualisant, d'où ma difficulté parfois avec la poésie et/ou les essais. En outre, l'idée que l'on puisse à partir d'une même histoire, créer différents supports pour tenter d'en faire le tour, pour toucher tout le monde et pour tâter de différents arts me ravit, c'est un procédé qui me plaît bien. 

Un beau livre qui va naturellement rejoindre sur les rayons de mes étagères Sotchi inventaire, deux bouquins qui doivent pouvoir se lire indépendamment l'un de l'autre, ce qui m'est difficile à dire puisque j'ai lu les deux, acte intelligent que je vous conseille vivement.

 

rentrée 2013

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La Bible selon le Chat

Publié le par Yv

La Bible selon le Chat, Philippe Geluck et Dieu, Casterman, 2013.....

Décidément, ce M. Geluck est un fumiste, un rigolo : il ne fera jamais une BD en solitaire. Certes, il sait faire des albums du Chat, mais point d’histoire suivie de la page 1 à la fin ! Dans Alerte sur Fangataufa, il est au scénario mais pas au dessin, c’est un autre qui s’y colle. Et là, dans La Bible selon le Chat, eh bien, M. Geluck, il dessine, mais il ne scénarise pas, puisqu’il a pris une aide oh combien illustre : Dieu soi-même ! Dieu en chair et en os si je puis me permettre cette personnification, mais je prends cette liberté, c’est pas moi qu’a commencé ! Allons donc, M. Geluck, vous manquez un peu de modestie ! J’en avalerai presque mon missel si seulement j’en avais un.

Remarquez, il n’est pas sot le bougre, car comme Dieu est au générique, c’est lui-même qui raconte son histoire : une autobiographie en quelque sorte. Qui pourra alors accuser le sieur Geluck de blasphème ? Hein, pas bête ça ? 

Après ce début tonitruant, je dois faire mon coming-août (même si on est en automne et que les feuilles tombent), je suis fan de Geluck –les gens qui passent régulièrement ici le savent, à chaque fois je le dis : déjà lorsque j’étais chez mes parents (c’est dire si ce n’est pas tout récent) je découpais les strips du Chat (précision, le strip du Chat est une BD de quelques cases et non pas un effeuillage dudit félin) que Ouest-France publiait et je les collais sur des  feuilles blanches et vierges qu’elles-mêmes j’apposais sur le mur des ouatères, histoire de partager et de joindre le nécessaire à l’agréable ; j'ai ainsi modestement participé à la diffusion des gags de cet animal au sein de ma famille et des amis de passage, lorsqu'ils étaient dans le besoin- et légèrement (ou totalement ?) anticlérical, cette Bible ne pouvait que venir me toucher en plein cœur. Je suis la cible de cet album. A croire même que Philippe Geluck ne l’a écrite et dessinée que pour moi ! Chic attention Philippe (maintenant que je sais, on peut s’appeler par nos prénoms ?) ! Mais je n’ai même pas à me forcer pour dire tout le bien que je pense de ta BD (on peut même se tutoyer, non ?). Ben oui, elle est bien. Je me suis marré me demandant où tu pouvais trouver tous ces gags, toutes ces réflexions absurdes et/ou tellement logiques. Tu dois avoir un esprit un poil dérangé quand même. Et puis ce qui est bien aussi, c'est que même quand on rit, eh bien il y a du fond (bon, pas toujours, parfois c'est vraiment une blague pour la blague, on est alors loin d'un style coruscant) : la tolérance, l'amour de l'autre, ces valeurs humaines que les religions se sont appropriées et sur lesquelles elles ont parfois mis un copyright mais aussi les croyances, les extrémismes, ... Je ne suis pas sûr que ton livre plaira à tous, je pense même que tu vas te faire quelques ennemis puisqu'on ne peut plus dire ce que l'on veut sur les religions sans se faire insulter, menacer et ce malgré ton récent ouvrage, Peut-on rire de tout ? dans lequel tu dis l'inverse. Tu aggraves ton cas en glissant quelques allusions au mariage pour tous dont on ne peut pas dire que ses opposants sont très tolérants. Sache Philippe, que si tu es en délicatesse avec tels ou tels, ma maison te sera grande ouverte, on boira une bière (si tu l'apportes c'est mieux, une belge, c'est quand même vachement bon, je parle évidemment de la bière). Pour finir, je ne vais pas te citer, parce que bon ça va, je crois que j'en ai dit assez de bien de ton livre, non, je vais citer un autre humoriste que j'aime beaucoup et qui parle de religion, notamment cette citation qui me fait toujours rire, j'espère qu'elle aura le même effet sur toi, mais je ne pense pas prendre de risque :

"Non seulement Dieu n'existe pas, mais essayez d'avoir un plombier pendant le week-end !" Woody Allen

Allez, à bientôt alors ; n'oublie pas les bières !

Merci merci et merci à Gilles.

PS : Le Chat à un site ici, et même une application pour smartphones. Mais jusqu'où ira-t-il ?

D'autres avis assez unanimes : Alex, Géraldine, Babelio

rentrée 2013

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Les ombres

Publié le par Yv

Les ombres, Zabus et Hippolyte, Éd. Phébus, 2013.....

Un jeune homme se retrouve dans une salle d'interrogatoire, assis sur une grande chaise, prêt à répondre aux questions posées pour obtenir l'asile. Chassés par des cavaliers sanguinaires du Petit Pays, lui et sa petite sœur vont tenter de passer la frontière et de vivre en mémoire de leurs parents et amis tous exécutés. Pour obtenir des papiers, il lui faudra raconter son histoire. 

Très belle bande dessinée tant par le scénario que par le dessin. Commençons par ce dernier qui fait la part belle au sombre mais aussi aux couleurs pastels, rose, parme et bleu et aux couleurs plus franches comme le jaune lorsque les personnages sont dans le désert ou même un quasi noir et blanc sur quelques pages. L'atmosphère est onirique un rien mystérieuse, les personnages ont des visages qui ressemblent à des masques, ce qui ne nous permet pas de voir sur leurs visages leurs émotions. Tout est donc dans leurs attitudes, dans leurs mots. Comme dans un récit où la longueur des phrases fait varier le rythme de l'histoire, Hippolyte (aux dessins) fait varier le nombre de cases par page, parfois au nombre de 9, elles indiquent une action rapide (comme le véritable massacre des réfugiés, p.94/95), d'autres fois un seul dessin par page voire même un dessin sur un double page, pour ralentir le cours de l'histoire, pour respirer, nous et les personnages. Certaines pages sont simplement magnifiques (toutes celles qui racontent l'arrivée des émigrés au bord de la mer et les premières qui parlent de leur traversée en bateau), franchement, je me verrais bien en accrocher une -ou plusieurs- sur mes murs, mais je préfère garder l'intégralité de l'album ! Un dessin peu conventionnel extraordinaire. Un sublime travail !

Venons-en au scénario, qui frappe fort dès le début : le long et difficile parcours d'émigrés, obligés de quitter leur pays pour survivre dont l'un des leurs, le jeune homme, ne veut pas raconter sa vraie vie, car il craint de ne jamais avoir de papiers. Néanmoins, il se range à la prière des ombres de ses parents et amis disparus que lui seul voit qui l'implorent de ne point mentir, pour ne pas les trahir. On est alors dans l'esprit de l'émigré qui donne ses raisons pour fuir son pays, son espoir de vivre ailleurs plutôt que de mourir chez lui, et la difficulté de quitter sa terre natale et ses souvenirs. Beaucoup beaucoup de belles images, comme celle de "l'ogre civilisé", personnification de la mondialisation, qui exploite les enfants et qui chantonne, comme une comptine : "Je recueille des enfants abandonnés, dans mon usine modernisée. Ils fabriquent des jouets immondes pour les enfants de l'autre monde, je suis un ogre civilisé ! Civilisééé !!! Je capitalise et mondialise. Mais avant de me goinfrer, je dois penser... productivité... efficacité... rentabilité !" (p.34/35) 

Un terrible constat de notre société contemporaine qui préfère les profits aux humains, qui préfère le repli sur soi à l'ouverture à l'autre. En ces temps moroses où la course aux voix du FN est lancée par les ténors de la droite française et par notre actuel Ministre de l'Intérieur (qui me rappelle étrangement l'un de ses prédécesseurs), il est bon de se plonger dans ce superbe album qui parle magnifiquement de l'Homme (et de la Femme bien sûr) et les représente tout aussi sublimement.

A ne pas rater

rentrée 2013

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Les enfants de la liberté

Publié le par Yv

Les enfants de la liberté, Marc Lévy et Alain Grand, Casterman, 2013...,

Raymond et Claude deux jeunes hommes s'engagent dans la Résistance à Toulouse. Ils feront partie de la 35ème brigade, un groupe réunissant beaucoup d'étrangers. Une histoire basée sur les vies du père et de l'oncle de Marc Lévy qu'il avait mises dans un roman et qu'Alain Grand dessine pour cet album.

J'entends déjà les médisants, les sceptiques s'exclamer : "du Marc Lévy chez Yv ? Ah, ah, ah, mais jusqu'où est-il tombé ?". Et bien, sachez tout d'abord que lorsque j'ai vu cet album (croyez-moi ou non), je n'ai vu que le titre et la couverture sans me soucier du nom des auteurs, ce n'est que plus tard que les ai lus. Sachez ensuite que je n'ai rien contre le décrié Marc Lévy : j'ai lu et apprécié son premier roman Et si c'était vrai, j'ai parcouru le second plus vite, n'y retrouvant pas le même plaisir, et puis, j'ai arrêté. Mais un homme qui écrit et fait lire des millions de gens à travers le monde -même si l'on peut dire que ce ne sont sans doute pas les plus exigeants en matière de littérature- a le mérite d'intéresser aux livres certains qui passeraient à côté sans lui. Et puis, dans certaines émissions radio, des journaux ou tout autre support médiatique, on voit se pavaner quelques auteur(e)s -toujours les mêmes- qui pour moi ne valent pas beaucoup mieux littérairement parlant mais qui ont, eux, le soutien de critiques ou de journalistes et dont on peut même citer les noms en société pour briller un peu. Non, non, non je ne donnerai pas de noms ici, mais si vous relisez l'intégralité de mes billets, vous pourrez deviner de qui je parle (Bon courage, il y a plus de 800 articles !) 

Cette mise au point faite, venons-en à ce qui nous préoccupe, la BD en question. Si le scénario n'est pas original, c'est sans doute parce qu'il s'inspire de faits réels et qu'il conte l'histoire du père de Marc Lévy et de ses compagnons de résistance. On a déjà beaucoup lu et vu sur cette période et il est ardu de trouver un nouvel angle de narration. Malgré tout, j'ai (re)découvert des faits, comme cette 35ème brigade formée d'étrangers ou ce convoi appelé Le train fantôme : "En s'alignant sur le quai, chacun de nous devine que ce train fait partie de ceux dont les passagers ne reviennent jamais, ceux qui depuis des mois traversent l'Europe, direction Dachau, Ravensbrück, Auschwitz, Birkenau... Nous nous apprêtons à monter dans ce qui sera le tout dernier convoi de déportation et qu'on baptisera "Le train fantôme." (p.19) Le scénario tient la route tout au long des pages et l'on aimerait que les jeunes gens que l'on croise à l'intérieur s'en sortent tous. Mais la réalité les rattrape avec son lot de dénonciations, d'arrestations, de tortures. On passe parfois un peu vite sur certains, des ellipses qui peuvent gêner un peu mais sans doute dues au format BD pourtant déjà assez conséquent (162 pages de BD plus un dossier final de 14 pages avec copies de documents officiels de ces années de guerre). Un maigre bémol au vu du propos principal. 

Le dessin est très réaliste, lisible et soigné. Belles couleurs (Dominique Osuch), des cases pas identiques dans toutes les pages, certains passages nécessitant des dessins plus grands qui peuvent prendre un page entière.

Je n'ai que des compliments à faire à cet album qui se lit très bien, qui aborde un thème certes souvent traité mais avec beaucoup de qualités. Un album à lire et à faire lire, notamment à nos jeunes têtes : mon fils me l'a emprunté dès qu'il est rentré des cours (non, mais t'as pas des devoirs toi ?) et m'a dit en conclusion qu'il l'avait beaucoup aimé. Une belle manière de les faire toucher du doigt la réalité des années 39/45. 

Une autre manière de lire Marc Lévy ?

Merci Gilles.

 

rentrée 2013

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