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bande dessinee

Frères de terroirs

Publié le par Yv

Frères de terroirs, Carnet de croqueurs, Jacques Ferrandez, Yves Camdeborde, Rue de Sèvres, 2014....

Jacques Ferrandez est un auteur de BD bien connu, pour ses adaptations de Camus ou ses Carnets d'Orient voire pour les excellents L'outremangeur et Le Mécano du vendredi en collaboration avec Fellag ; ça c'est juste la liste de ce que j'ai lu de lui. Il est aussi, d'après la préface de Sébastien Lapaque, un amateur des bonnes choses.

Yves Camdeborde est un cuisinier, un des pionniers de la bistronomie, passé chez des grands chefs, il a voulu mettre à la portée du plus grand nombre son talent et ses idées. Il est aussi connu pour avoir été juré dans l'émission Masterchef, que je ne regarde pas, mais je l'ai vu un midi sur Canal+, venir avec son panier et ses produits et j'avais bien aimé son discours. 

Les deux hommes se rencontrent et l'un emmène l'autre voir ses fournisseurs, parfois devenus des amis. Tous sont amoureux de leur métier, qu'ils soient vignerons, charcutiers, éleveurs, fromagers, maraîchers, couteliers, ... Comme le titre l'indique, c'est une BD Terroirs, alors il faut aimer le genre et aimer les propos qui vont avec : préférer manger et boire sain et local, respecter le rythme des saisons, aller sur les marchés ou directement aux producteurs plutôt que de passer par des intermédiaires, favoriser les produits biologiques, les pratiques saines. Moi, tout ça, ça me va, je le pratique autant que possible, même si je n'échappe pas à des passages au supermarché du coin, mais là encore, je privilégie le "petit" Super U (j'espère qu'avec cette pub, ils m'offriront des caddies gratuits) aux très grandes surfaces voisines dans lesquelles je me perds. Et même lorsque mes finances me permettent, je vais à la supérette bio, mais là, ça fait un intermédiaire qui prend de la marge, alors, pour les fruits et légumes, je vais voir les producteurs locaux (marché, ESAT, Centre de réinsertion, maraîcher et producteur de fruits).

Donc cette BD est faite pour moi ; à chaque fournisseur rencontré, je me disais qu'il fallait que je note l'adresse, notamment pour les viticulteurs bio, j'irai voir un jour où je passerai pas loin de chez eux (ou si l'un ou plusieurs d'entre eux veut me faire parvenir des bouteilles, je m'engage bien sûr, d'abord à les boire entre amis et ensuite à faire une chronique sur le blog -je tente, on ne sait jamais...). C'est une BD qui est à mettre dans la lignée de celle d'Etienne Davodeau, Les ignorants, mais là où lui parlait de la relation entre un viticulteur et un dessinateur de BD, Y. Camdeborde et J. Ferrandez parlent de nombreux producteurs, ce qui, parfois fait un peu décousu, un peu inventaire. Néanmoins, l'ouvrage m'a bien plus, parce qu'on sent tout le professionnalisme des gens qu'on y voit, tout l'amour qu'ils ont pour leur travail, le produit d'icelui et le partage de leur passion. Si l'on ajoute à cela le dessin de Jacques Ferrandez, réaliste, dans lequel il insère parfois des cases de ses carnets de croquis, les explications très simples mais complètes sur la manière de faire du vin, de chercher les truffes, de fabriquer un couteau (la coutellerie Perceval, installée à Thiers, de véritables artistes -je ne suis pas contre non plus, un couteau de poche, pliant, n'importe lequel, je suis très ouvert, contre un article sur le blog) ... et même des recettes de quelques protagonistes, eh bien ça fait un beau livre, mais en plus instructif. Un Tome 1 qui présente la collection Hiver et printemps, le tome 2 pour les saisons restantes suivra. Sincèrement, je pense qu'on peut se sortir de cette léthargie ou de cette crise en se bougeant et en bousculant ce que l'on veut nous imposer, notamment dans le système marchand. Les associations locales, les AMAP, les circuits courts, tout cela est à privilégier, d'abord parce que c'est meilleur, ensuite, parce que c'est bon pour le porte-monnaie : moins d'intermédiaires = moins cher et enfin parce que ça fait vivre des producteurs ou des artisans locaux donc moins d'impact sur la pollution. 

Tout cela m'a donné faim et soif et surtout envie d'aller chez Yves Camdeborde qui, dans sa cuisine, résume tout. Bon, ce coup-ci, je ne vais pas faire le coup de tenter une chronique contre un repas, mais Yves Camdeborde, sachez que si l'envie vous prenait d'inviter un autre Yves, je pourrais faire le voyage Nantes-Paris...

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Les cahiers dessinés

Publié le par Yv

Topor dessinateur de presse, Les cahiers dessinés, 2014..,

D'une pierre deux coups -ou d'un article, deux livres- pour ces deux gros ouvrages qui paraissent dans l'excellente maison Les cahiers dessinés. Je connaissais Roland Topor pour avoir lu un ou deux de ses livres, Portrait en pied de Suzanne (lu avant le blog) et Café Panique, un recueil de nouvelles. Ce gros bouquin qui est consacré à ses dessins de presse est aussi une biographie qui permet donc de mieux cerner le personnage. Ses dessins de presse sont difficiles, durs, violents parfois, connus pour certains, comme celui qui illustre la couverture ou celui qui fut entre autres une affiche pour Amnesty International et que vous pouvez voir en cliquant sur le nom de l'association. Topor a collaboré à Hara-Kiri, Charlie Hebdo assez longtemps, et ses dessins furent publiés dans un nombre impressionnant de journaux internationaux. Ses dessins représentent ce qu'à l'époque on appelle le nouvel humour : "Les ficelles du nouvel humour ne sont plus "celles du comique, mais celles, infiniment plus ténues du saugrenu, de l'insolite, de la cruauté mentale voire même du fantastique ou de la terreur, ajoutant une couleur que personne n'attendait dans la palette traditionnelle de la gaudriole : le noir." (p.31) Ouvrir ce livre c'est entrer dans un monde fou, dans lequel son Charlot ressemble au général de Gaulle qui fut l'une de ses cibles favorites. Bref, les dessins de Topor peuvent choquer, heurter, déplaire ou au contraire on peut les admirer, les trouver riches. En aucun cas ils ne laissent indifférent.

 

 

J'ai vu passer le bobsleigh de nuit, Gébé, Les cahiers dessinés, 2014....

Passons maintenant à l'autre livre, celui de Gébé, au titre tellement beau. Gébé a également collaboré à Hara-Kiri et Charlie Hebdo. Cet ouvrage recense des petites histoires drôles, impertinentes, poétiques, absurdes, innovantes comme celle que je préfère qui s'appelle Je ne vous souhaite pas le même rêve, un semi-roman-photo, semi-BD. Le détective William Splatch n'est pas mal non plus, ainsi que la critique du capitalisme à outrance dans Les crêpes. Dans les dessins de Gébé, ce qui importe avant tout, c'est l'humain avec ses désirs, ses défauts, ses contradictions les contraintes qu'il s'impose ou qu'on lui impose. Gébé n'aime pas les faux-semblants, il nous incite à aller au-delà de la première impression, de ne pas se fier à ce que l'on voit, de tourner autour d'un sujet pour bien en saisir toutes les nuances. Le monde de Gébé est fou lui aussi, mais une folie douce, celle qui amène les rêves, les mondes imaginaires, la poésie.

Très bon recueil qui m'a permis de découvrir Gébé, que je ne connaissais pas, choisi grâce à ce titre que je trouve excellent.

 

PS : La Galerie Anne Barrault (51 rue des Archives 75003 Paris) exposera des dessins de Roland Topor à partir du 18 octobre, jusqu'à fin novembre. Elle installera également des dessins de Gébé à partir de novembre.

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Le chat passe à table

Publié le par Yv

Le Chat passe à table, Philippe Geluck, Casterman, 2014.... 
Le nouveau Le Chat est de sortie. Comme le précédent, La bible selon Le Chat, il se présente en deux volumes demi-format de 96 pages chacun, présentés dans une boîte, avec en prime La gazette du Chat, n° 8, à laquelle par ailleurs, on peut s'abonner gratuitement : pour cela, je vous laisse chercher les liens sur vos moteurs de recherches favoris. 

Le Chat revient donc fidèle à lui-même et pas à son maître, on le sait bien, contrairement à un chien ! Il revient donc avec ses légendaires, n'ayons plus peur des mots désormais, à notre époque où leur galvaudage est quasiment un exercice obligatoire pour tout présentateur télévisuel ou journaliste qui se respecte. Historique, la France qui bat l'Allemagne, euh, non, pardon, ça c'est utopique. Pouf, pouf. Historique donc, la France qui bat le Brésil -au foot évidemment, que les non-sportifs veuillent bien me pardonner cette ellipse ; je connais des hommes et des femmes qui ont fait l'histoire -enfin, quand j'écris "je connais", c'est une façon de parler, je ne les connais pas de visu ni même bibliquement, je connais leurs noms et parfois même leurs faits d'armes- qui doivent se retourner dans leurs tombes où qu'elles soient, eux et elles ou leurs actions sont historiques, pas un sportif qui met la baballe dans un but fut-il gardé par un autre sportif ! Mythique, le septuple vainqueur du Tour de France, avant bien sûr que sa statue ne soit rongée par les substances illicites et interdites -sans commentaire superfétatoire de ma part !

Bon, je disais avant de m'emporter et de laisser libre cours à mon désespoir de (ré)entendre un jour les intervenants des médias user d'un français approprié et mesuré, un langage idoine, que Le Chat revenait avec ses légendaires mauvaise foi, immodestie, gourmandise, absurdité et philosophie (comment ça c'est un pléonasme ?), mauvais goût, provocations, ... P. Geluck fait cette fois-ci moins dans le dessin d'actualité et/ou politique, même si l'un d'entre eux représentant une salle d'un café d'une ville gérée par le FN devrait faire parler de lui. Bon, vous le savez, j'aime Le Chat depuis longtemps et même si certains dessins me parlent moins, si d'autres font flop, je suis très bon public, parce qu'en plus, dans le lot, il y en a tout un tas qui marche très bien. Il est fort justement écrit en couverture : "Je l'avoue, je ne respecte rien." Moi non plus, alors, égratigner un peu Le Chat, c'est normal. Qui aime bien châtie un peu quand même mais pas trop, parce que bon, faut pas exagérer.

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Le château des étoiles

Publié le par Yv

Le château des étoiles, Alex Alice, Rue de Sèvres, 2014 (volume 1)..... 

Lorsque la maman de Séraphin part à l'aventure, en 1868, dans un ballon, à la recherche du mur de l'éther, tout va de travers et son ballon disparaît à 13000 mètres d'altitude. Un an plus tard, son carnet de bord est retrouvé, une lettre anonyme en informe Séraphin et son père qui partent à sa recherche. C'est alors le début d'une formidable aventure pour tous les deux. 

Bande dessinée d'aventures, clin d'œil plus qu'appuyé au maître français du genre, Jules Verne, ainsi qu'à Pierre-Jules Hetzel pour la conception de la couverture, qui rappellera aux plus vieux d'entre nous de délicieux souvenirs. L'aventure est au rendez-vous de cette rentrée littéraire ; après L'île du Point Nemo et Notre-Dame des vents, Le château des étoiles. Et ça me ravit, il y a longtemps que je n'avais pas lu d'aussi belles histoires dans ce genre.

Je ne suis pas spécialiste de la chronique BD, mais j'ai aimé cette histoire parce qu'elle est l'une de celles que l'on peut partager entre parents et enfants. Il y a les gentils, les méchants, les doux-dingues qui font avancer la science, une idylle naissante, des décors fabuleux, des inventions fantastiques. Tous les ingrédients sont là pour que l'aventure commence sous de bons auspices. Ce qu'elle fait et le plaisir d'avancer se propage et s'intensifie au fur et à mesure que le scénario se dévoile. Alors d'aucuns pourront dire que c'est simpliste, archi vu. Certes, mais Alex Alice construit son histoire pour tous, même pour ceux qui n'ont jamais lu de romans d'aventures qui y découvriront rebondissements et trahisons. La touche historique est là également avec Ludwig, roi de Bavière (Louis II, pour nous qui francisons les  noms propres) réputé pour son excentricité, son amour des arts, et la construction de châteaux extravagants (celui de Neuschwanstein notamment) et qu'Alex Alice présente surtout comme mélancolique, solitaire et sans doute un rien misanthrope. Le contexte de cette BD est bâti sur fond de volonté d'annexion de la Bavière par Otto Von Bismarck - ce qui adviendra en 1870 après la défaite de la France contre la Prusse du même Bismarck- et de résistance à l'annexion par les dirigeants bavarois, Ludwig en tête !

Très beaux dessins, sans être spécialiste, je pencherais pour des aquarelles, dans des tons pastel ; une mise en page changeante, qui donne du rythme et colle donc à l'histoire. Une couverture sublime tant à voir qu'à toucher, lisse à certains endroits, granulée à d'autres. Enfin, de la bien belle ouvrage !

Pour finir, sachez que cette bande dessinée est en deux volumes, que celui-ci en est le premier et que j'ai hâte de découvrir le second, car j'ai laissé Séraphin est très mauvaise posture...

 

 

polars 2015

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Toutes des chieuses ? Les filles expliquées aux garçons

Publié le par Yv

Toutes des chieuses ? Les filles expliquées aux garçons, Candice Lavoisine et Monsieur B, Hugo/Desinge, 2014...,

Un guide pour les filles, pour qu'elles puissent s'assumer en tant que chieuses voire même le revendiquer ou encore s'entraîner pour le devenir. Un guide pour les garçons pour comprendre les filles au moins tenter de la faire et vivre avec elles. 

Une bande dessinée format roman qui surfe sur la vague les différences entre garçons et filles, et qui ajoute la différence de génération, à savoir que les filles d'aujourd'hui ne sont pas celles d'hier et a fortiori d'avant-hier. Ni les hommes d'ailleurs ne sont semblables à leurs prédécesseurs, encore que là, la différence est moindre. Dès lors, on n'échappe pas à quelques clichés et propos maintes fois entendus ou lus, mais le ton employé ainsi que les dessins font que cette BD est bien sympathique. Si vous avez aimé Joséphine, pas l'ange-gardien, l'autre, celle de la BD de Pénélope Bagieu, vous devriez aimer cette nouvelle fille de BD. Au moment où j'écris cette chronique, ma fille la lit et rit beaucoup, je me dis donc d'abord qu'elle est sans doute plus destinée à un public jeune et ensuite et par conséquent que je ne suis plus jeune même si j'ai apprécié cette lecture -je ne sais pas si je suis très clair. Beaucoup d'humour et de dérision qui néanmoins font passer un message sur l'égalité des sexes, sur le combat des femmes pour la conquérir et pour la garder. Un message toujours d'actualité, à asséner tellement certains sont obtus et cons.

Beaucoup de belles réparties, comme lorsque le patron de Candice lui dit à propos de son travail d'artiste et de Mai 68 : "Ah, c'était l'bon temps : celui des vrais artistes, celui des esprits rebelles qui savaient innover..." et qu'elle lui répond : "Celui où vous luttiez contre ce que vous êtes devenu ?" Ou celle lorsqu'elle est dans l'un des très nombreux magasins de cigarettes électroniques : "OK ! Et des joints électroniques, vous vendez ?". Des dialogues drôles, enlevés très bien mis en dessins. J'aime le trait mi réalité-mi-caricature, l'emploi quasi exclusif de trois couleurs : noir, gris et orange, les visages expressifs, les situations plus ou moins cocasses, les petites vacheries, les vengeances ou tentations dont on ne peut être fier. Bref, une BD plutôt réussie qui fera sourire les plus vieux -comme moi- et rire les plus jeunes sans doute plus ciblés et plus au fait de certaines références ou allusions.

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Le péril vieux

Publié le par Yv

Le péril vieux, Lætitia Coryn, Ed. Hugo&Desinge, 2014..

Janvier 2019, l'âge de la retraite est repoussé à 79 ans après 57 ans et 2 trimestres de cotisation. Attention, les seniors sont prêts à reconquérir le monde du travail et à reprendre en mains la société qui va mal.

Mes enfants sont prévenus, je veux vivre vieux. Très vieux. Centenaire. Au moins... Je veux être doyen de l'humanité. Et en bonne santé. Et, parce que "et" il y a, je veux vieillir et devenir un vieil emmerdeur. Je m'entraîne. Beaucoup. J'ai aujourd'hui un niveau très honorable. Mais je dois m'améliorer. Encore et toujours pour tenter de pulvériser mes objectifs. Je me vois bien, cheveux et barbe blancs -bon, la barbe, est déjà sérieusement blanchie, ce qui évidemment ajoute à mon charme naturel. Mais si l'on me demande de travailler jusqu'à 79 ans, je devrais revoir mes ambitions à la baisse. Et puis, ça ne me va pas, moi je veux profiter, me reposer pour mourir vieux et en pleine forme. Non, mais. Le péril vieux est donc a priori tout indiqué pour moi, pour peaufiner mon entraînement. Mais... (Quelle introduction ! Quel talent ! Quel suspense !)

Si l'idée de départ est excellente, le traitement par la BD est décevant, nettement sous la ceinture, les blagues scatophiles succèdent aux blagues sexuelles pas très drôles. Quelques gags ont réussi à me tirer un sourire, mais l'éclat de rire fut loin, très loin et ne me frôla quasi jamais. Le dessin est bien, la mise en page itou, mais les chutes font flop ou pschitt, selon votre goût ou votre humeur et/ou la capacité du dentier à laisser passer ce genre d'onomatopée. La couverture et les premières pages laissaient imaginer un scénario du genre "la révolte des vieux" ou "les vieux contre attaquent", avec de belles idées, des détournements de films de zombies, d'histoires de ce genre, mais en fait, Lætitia Coryn tombe très vite dans le graveleux, le pipi-caca un poil lourdingue.

Et pourtant, à bien la regarder, cette couverture ferait presque peur, pas de regard, des sourires inquiétants, elle laisse envisager une histoire, mais celle-ci ne se déroule pas, l'auteure aurait dû continuer et approfondir ce thème. Elle aurait pu, aurait dû partir dans un délire plus décalé, loin de toute réalité, un truc vraiment barré qui aurait collé à son titre et à sa feuille de route. Une prise de pouvoir par les vieux, en y ajoutant des gags inattendus, de la nouveauté, de la fraîcheur... Une sorte de Hot Fuzz -si vous ne connaissez pas ce film d'Edward Wright, c'est une énormissime faute de goût, de toute urgence, regardez-le ainsi que son précédent Shawn of the dead ! Je ne suis fan ni de thrillers ni de films de zombies, mais là, on nage en plein délire hilarant-, mais on en est très loin. C'est fort dommage. Une déception très nette.

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La fantaisie des Dieux

Publié le par Yv

La fantaisie des Dieux, Hippolyte et Patrick de Saint-Exupéry, Ed. Les Arènes, 2014.....

Du 6 avril au 4 juillet 1994, le génocide rwandais a fait huit cent mille morts. Des Tutsis, éliminés par les Hutus alors au pouvoir. C'est le génocide le plus rapide de l'histoire mené par les extrémistes Hutus du Hutu Power. Patrick de Saint-Exupéry a couvert ce massacre, et en 2013, il retourne au Rwanda avec Hippolyte dessinateur de BD. 

Cette BD reportage est un excellent moyen de revenir sur ce génocide dont on parle encore aujourd'hui et particulièrement cette année puisque des commémorations ont eu lieu et vont continuer pour ce sinistre anniversaire. Elle n'explique pas totalement pourquoi les Hutus ont massacré les Tutsis, il faudra aller chercher l'information ailleurs, même si elle explique la source de tous les maux : "Pour vous, c'est une guerre de plus en Afrique. Un conflit ethnique. Le mot ethnie n'existe même pas dans notre langue. Ce sont les colons allemands et belges qui nous ont divisés. Diviser pour mieux régner... Vous connaissez la devise ? Tout était en place." (p.33) Elle revient sur le génocide, sur l'implication ou la non action de la France dans ce pays anciennement colonie belge. La France qui n'a pas beaucoup fait pour éviter le bain de sang, mais j'ai vu sur ce sujet (lundi 7 avril) l'excellente émission d'Arte, 28 minutes, dans laquelle il était clairement expliqué qu'aucun pays n'avait bougé, ni la France, ni la Belgique, ni les Etats-Unis, ou alors trop tard ! Bill Clinton, président de l'époque, disait même en 2012 que s'il avait mobilisé 10 000 hommes et convaincu d'autres pays d'en faire autant ils auraient pu sauver 300 000 vies ! "Un génocide, c'est d'abord du silence. Un silence étourdissant" (p. 82/83) est-il écrit en fin volume. C'est effectivement ce que je ressens. Je ne me souviens plus de la manière dont on parlait du Rwanda en 1994 (mais à la même période, j'avoue que je devais avoir la tête ailleurs, puisque ma fille est née le 4 juillet 1994, mon premier enfant). Je ne regardais déjà pas beaucoup la télévision, pas les journaux télévisés, ne lisais pas la presse. C'était tellement loin de nous, de moi ; j'ai comme beaucoup eu l'information du génocide, mais c'était si loin..., et puis, il y eut le choléra qui a déboulé : "Les caméras se sont braquées dessus. Sur ce choléra qui effaçait tout. Un vrai drame, pas un génocide. Une catastrophe naturelle. Oui, naturelle. Africaine, si africaine." (p.77) 

La BD revient sur ce qu'a vu P. de Saint-Exupéry, Hippolyte le met en images ; tous deux rencontrent des rescapés, des témoins de l'époque qui racontent leur calvaire et la manière dont ils ont pu échapper à leurs bourreaux, quelques photos sont insérées pour rendre compte et donner de la réalité au propos et aux dessins. Très bien faite, cette BD est un reportage au cœur du pays. Hippolyte reproduit les paysages, les lieux aux couleurs chaudes, certaines planches sont totalement muettes et suffisent à la compréhension, d'autres expliquent par les mots des divers intervenants dans le conflit ou par une voix off, ceux qu'a récoltés P. de Saint-Exupéry. Des passages sont plus oniriques, permettant au lecteur de faire une pause, tout en lui rappelant l'immobilisme criant des politiques français (droite et gauche, c'est le temps de la cohabitation, sous Mitterrand), ou en résumant en quelques cases fortes ce qui aurait pu être trop explicatif.

La BD est un support parfait pour tout genre, humour, aventures, science-fiction, historique, ... et j'en passe plein, lorsqu'elle passe à des sujets très sérieux voire dramatiques, elle peut toucher peut-être encore plus qu'un roman ou qu'un -malheureusement- énième documentaire surtout lorsqu'elle est de très grande qualité, ce qui est le cas ici. Je ne rechigne jamais sur un bon vieil album drôle, mais j'avoue que lorsque la BD se fait reportage ou sociale (comme avec Efix, par exemple) ou aborde des thèmes actuels comme l'immigration avec Les ombres (déjà Hippolyte y dessinait), je trouve qu'elle prend une ampleur formidable et qu'elle peut parler à tous et ça me plaît terriblement.

Album instructif qui marquera sans aucun doute. A ne pas rater.

 

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Le Horla

Publié le par Yv

Le Horla, Guillaume Sorel, Éd. Rue de Sèvres, 2014 (d'après l'oeuvre de Guy de Maupassant)....,
Un homme jeune et riche vit seul sur les bords de la Seine en Normandie. Un jour, il voit passer devant chez lui un bateau qui vient du Brésil, terre fantasmée et berceau de nombreuses croyances en ce XIX° siècle. Puis, cet homme commence à mal dormir, à se sentir oppressé, remarque que l'eau de sa carafe de nuit disparaît sans qu'il y touche, du lait également. Il se sent habité par un être surnaturel.
Guillaume Sorel s'approprie ce livre extrêmement connu du Guy de Maupassant, qu'il écrivit dans les dernières années de sa vie, lorsque la folie commençait à faire son œuvre en lui. Qui ne connaît l'excellent écrivain, fin et très observateur de la bourgeoisie normande du 19ème ? J'ai vu beaucoup de ces contes ou de ses histoires joliment adaptés pour la télévision, j'en ai lus aussi, Le Horla aussi bien évidemment, sans doute l'un des plus connus de l'auteur. Et bien que nenni ! Dès que j'ouvre cette BD, je sens que je découvre une histoire, sentiment qui se confirme au fur et à mesure que je tourne les pages.
Grâce à G. Sorel, je pourrai dire que j'ai lu ce conte fantastique, paru en 1887. Le dessinateur qu'il est fait plutôt dans le dessin réaliste, qui colle parfaitement au style de Maupassant qu'on pouvait qualifier comme tel. Tons ocres de la Normandie en cet été chaud et beau (attention, contrepèterie, précision pour ceux qui ne connaissent pas ce grand classique, totalement mauvais et inutile, mais qui peut encore me faire rire) et lumineux. Tons grisés-bleutés pour les nuits agitées au sein de la maison bourgeoise. L'ambiance est au diapason de l'histoire, surnaturelle, des formes semi-humaines, sortes d'ombres sorties de l'imagination de l'homme. Cet homme qui se transforme visiblement de page en page lorsque la folie entame son travail de sape, puis s'installe durablement. On voit véritablement, l'angoisse monter dans les yeux et dans le visage de héros, la peur de la fin inéluctable pour échapper à ce qu'il pense être une possession de son corps par un être surnaturel. Tout est bien rendu.
On peut lire Le Horla de Guy de Maupassant, pour le plaisir de retrouver sa plume. On peut aussi le lire dans sa forme BD, celle de Guillaume Sorel qui en a fait un très bel album, sans trop de dialogues, certaines pages sont totalement muettes et néanmoins très parlantes pour le lecteur. Je ne suis pas forcément fan des classiques repris en BD, c'est parfois un exercice un peu casse-gueule. Guillaume Sorel s'en sort très haut la main. A conseiller à tous.

Noukette, Leiloona,  Géraldine, et sûrement d'autres en parlent

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C'est moi Pusheen le Chat

Publié le par Yv

C'est moi Pusheen le Chat, Claire Belton, Éd. Hugo et Desinge, 2014 (traduit par Arthur Desinge)..,
Pusheen est une chatte grise qui vit aux États-Unis. Imaginée par Claire Belton d'après l'animal qui vivait avec elle chez ses parents et reproduite sur un blog ; on la trouve maintenant sur Facebook, sur Twitter et Tumblr, sur Pusheen.com et depuis récemment dans ce livre ! Ouf !
Le chat est décidément un animal très BDphique. Pusheen n'a pas l'ironie, le sens de l'absurde, l'humour humain de Le Chat de Philippe Geluck ; elle n'a pas le charme et l'humour exclusivement félin de Simon's Cat ; elle est entre les deux. Grise, grosse, bavarde, paresseuse et ne pensant qu'à manger... bon sang mais c'est bien sûr, c'est Eden (ou Dédenne voire La Grosse voire même carrément La Grosse Dédenne), l'énormité qui squatte notre maison depuis deux ans, recueillie un jour de grande bonté, et plus particulièrement un fauteuil bien précis ! Avec son ventre qui ballotte, qui traîne par terre et ses pertes urinaires ou je-ne-sais-d'où qui embaument les lieux où elle est, ce n'est pas une sinécure (d'ailleurs si quelqu'un est preneur...) ! Parenthèse Dédennesque fermée, je reviens donc à Pusheen qui ne gagne probablement pas à être mise en livre, parce qu'elle perd le côté animé en GIF (sachant quand même que l'animation est très minimale), si ce n'est la possibilité de pouvoir sortir le livre plus aisément qu'un ordinateur, de suivre les quelques strips d'un seul coup d'œil.
Les dessins sont enfantins, ronds, très légers, peuvent être mis entre toutes les mains même les plus innocentes voire même celles des cathos intégristes qui n'y verront pas malice même si Pusheen est à poil (ah, ah, ah) ! Ils reproduisent bien (pas les cathos grand dieu, les dessins !) les différentes postions (non, non, toujours pas les intégristes) des chats, leurs lubies, leurs habitudes, leurs envies. Qui a un chat y verra forcément dans un dessin ou un autre le sien reproduit.
Plus de quatre millions de gens qui aiment sur Facebook, j'imagine autant de fans sur les autres réseaux sociaux, et tout plein de suiveurs sur les blogs et sites, Pusheen est un vrai phénomène assez incompréhensible, je dois dire, car si elle est bien sympathique, elle ne fait pas grimper aux rideaux, sauf elle qui aime bien en faire des dentelles. Je me demande moi, si je ne vais pas en faire autant avec ma Dédenne et avec un peu de chance, au lieu d'attirer les quolibets et les mauvaises odeurs, elle attirera les billets qui eux, sont bien connus, n'ont pas d'odeur...

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