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bande dessinee

Ce garçon

Publié le par Yv

Ce garçon, Maby, Valentin Maréchal, Steinkis, 2022

Mai 68, Jean, dit Jean-Jean, garçonnet, sa mère et ses sœurs quittent Paris pour la Bourgogne originelle, histoire de ne pas vivre trop près des "événements". Arrivés là-bas, Jean découvre que sa mère a beaucoup de secrets et il tente de les connaître. Puis Herman, recherché par la gendarmerie locale, fait irruption dans la maison. Jean le cache.

Maby écrit un scénario très alerte, dans lequel les secrets de famille plombent l'ambiance. Cependant, ce sont eux qui sont l'ossature de cette histoire, qui permettent de tenir le lecteur, associés à l'irruption d'Herman gentil-dangereux-hors-la-loi.

Les dessins de Valentin Maréchal sont tout en couleurs pastel, vifs, virevoltants et parfois drôles. Ils mettent en valeur cette aventure de Jean, garçonnet intelligent et sensible qui sent que les adultes cachent des choses aux enfants. Ses deux sœurs, elles, vivent leur vie, mais lui -dépourvu de ses copains scolarisés dans leur village de résidence- trompe son ennui en tentant de prendre ces adultes en défaut.

Bande dessinée très agréable qui ne révolutionne pas le genre mais qui fera le plaisir des plus grands et des moins grands, ce qui est déjà un très bon atout.

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Báthory la comtesse maudite

Publié le par Yv

Báthory. La comtesse maudite, Anne-Perrine Couët, Steinkis, 2023

Hongrie, 1610, Élisabeth Báthory comtesse de Čachtice fait face à de terribles accusations : elle aurait torturé et tué des centaines de jeunes femmes vierges.

Née en 1560, marié en 1575 au comte Ferenc Nádaski, qui lui offre le château de Čachtice, Élisabeth Báthory supplée son mari lorsque celui-ci, nommé commandant en chef des troupes hongroises part en guerre contre l'empire Ottoman. La région de Čachtice est située près de la frontière entre la Hongrie royale et la Hongrie ottomane, et donc sujette aux pillages des Turcs. La comtesse gère le domaine en s'occupant des plus démunis. En 1604, le comte meurt et les rumeurs concernant la comtesse naissent jusqu'à son procès quelques années plus tard.

Anne-Perrine Couët s'empare de l'histoire de cette comtesse qui a inspiré plusieurs légendes qui lui vaudront les surnoms de comtesse sanglante ou comtesse Dracula. Forcément un bon sujet de livre. Depuis longtemps, il a été prouvé que les accusations n'étaient pas avérées et qu'elles auraient pu être menées par un pasteur. Élisabeth Báthory était une femme intelligente, instruite, parlant couramment plusieurs langues, libre, ce qui devait déplaire en haut lieu. Anne-Perrine Couët se base sur cette version pour écrire son scénario.

Elle dessine aussi, et c'est somptueux. Ses dessins en blanc, noir et beige sont précis, se jouent des cases traditionnelles, ils sont à l'image de celle qu'ils représentent, libres. Beaucoup d'inventivité comme lorsqu'un personnage témoigne et que ce témoignage est dessiné comme un conte avec de petits personnages, animaux et environnements aux proportions irréelles ou les ombres chinoises noires sur fond blanc ou blanches sur fond noir. Bref, l'album est très beau, très bien documenté. Mon seul tort : l'avoir lu en version numérique, ce qui ne m'a point permis d'en profiter autant qu'en papier.

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De l'amour et du hasard

Publié le par Yv

...De l'amour et du hasard..., Manu Boisteau, Casterman, 2023

Retour du héros chauve à lunettes de Partir un jour de Manu Boisteau, qui, après avoir tout quitté -ou avoir été quitté par sa compagne pour être plus précis- pour écrire son premier roman, se retrouve seul face aux applications de rencontre, face à la colère de son psy et face à son manuscrit qui n'avance pas et dont il doute de la direction et des qualités.

J'avais beaucoup aimé Partir un jour, même si simplement le ré-évoquer me remet en tête la chanson de l'excellentissime -je déconne- groupe 2be3. Je ne vais ni faire languir mes -trop peu- nombreux lecteurs ni faire preuve d'originalité, puisque j'aime beaucoup De l'amour et du hasard. On pourrait croire que Manu Boisteau tourne en rond, que son héros stagne, qu'il se pose toujours les mêmes questions. Et l'on aurait raison de le croire, puisque c'est vrai. Les doutes quant à ses qualités d'écrivain, d'homme. Ses questionnements sur l'amour, la vie, la mort... Ses démêlées avec son psy... Et malgré cela, ce deuxième tome ne fait pas redondance avec le premier. C'est un peu comme un copain pas vu depuis un petit moment qui nous raconte sa vie, ses difficultés, mais aussi ses réussites -si si, en cherchant bien, on en trouve.

Et puis Manu Boisteau dessine et écrit avec beaucoup d'humour, je l'aime bien ce petit héros banal, anonyme, un type lambda, simple, avec des questions compliquées, existentielles. Un peu comme nous tous. Et lorsqu'il ressent la solitude, il est dessiné sur une île déserte ; lorsqu'il est angoissé, l'île se transforme en parcours aux multiples pièges. A travers lui, Manu Boisteau parle de la société actuelle : consommation de médicaments, psychanalyses, consommation en général, la littérature, les sites de rencontres, la solitude, l'amitié, la crise de la cinquantaine chez les mecs qui veulent séduire de jeunes femmes... Bref, tout cela est dans l'air du temps et à la fois intemporel, centré autour du héros -qui, physiquement, ressemble étrangement à son créateur- et universel. J'aime beaucoup le ton de la BD, son contenu et ce dessin, très libre, moderne, grâce auquel on sourit beaucoup.

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Dérives

Publié le par Yv

Dérives, Alexis Bacci, Glénat, 2023

Contraint de se mettre au vert suite à un reportage sur le chef d'un gang de motards qui a déplu et un peu perdu par un divorce à peine prononcé, Takeshi Noda accepte de partir loin de la ville pour faire un reportage sur les amas, les plongueuses en apnée. Accompagné d'un jeune stagiaire, il va faire la connaissance de ces femmes qui lui offrent l'hospitalité, lui racontent leur travail et la confiance aidant, débordent sur des histoires personnelles, notamment l'une d'entre elle, quatre décennies plus tôt, qui mène Takeshi Noda aux portes du fantastique.

Roman graphique original, d'abord par son dessin : décors aux traits droits, tirés à la règle, les maisons sont des cubes, comme les voitures, opposés aux formes arrondies des amas et de tout ce qui touche à la mer. Puis, il y a les couleurs : du vert, du jaune orangé, du bleu, des roses, des tons qui tranchent qui racontent le moment de la journée, les retours en arrière et même si je ne sais pas bien les décoder, je les trouve très beaux, ils enjolivent cette histoire et le dessin d'Alexis Bacci. 

L'histoire puise dans la tradition japonaise, les amas sont des pêcheuses en apnée, à Wagu dans la baie d'Ago connue pour ses perles. Takeshi Noda les écoute et elle raconte la tradition : ama de mère en fille, la dangerosité du métier et la fascination qu'il provoque, l'impossibilité d'en sortir, l'euphorie lorsque la pêche est bonne... Mais aussi des histoires moins gaies liées aux yakuzas et à un soit-disant trésor coincé au fond de la mer. Puis l'une des amas raconte une histoire à Takeshi Noda. Le fantastique qui pointait déjà  prend le pas sur la tradition pour le plus grand plaisir des lecteurs qui voient un très bon reportage -mais classique- se muer en une histoire elle aussi très belle, originale et marquante.

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Supercanon !

Publié le par Yv

Supercanon ! Le marchand d'armes qui visait les étoiles, Philippe Girard, Casterman, 2023

"Depuis l'enfance, Gerry n'a qu'un rêve, inspiré de Jules Verne : celui de pouvoir expédier le courrier par canon à l'autre bout de la planète." (site de l'éditeur) Né en 1928, orphelin de sa mère encore bébé, puis de sa tante qui l'a élevé les premières années, il est recueilli chez un oncle et une tante à Kingston en Ontario, au Canada. Élève précoce, il est admis malgré son jeune âge dans un internat jésuite. Puis, diplômé très jeune en tant qu'ingénieur spécialisé en balistique, il se met à travailler sur son projet de canon à courrier. Ses études intéressent des gouvernements à des fins beaucoup moins pacifiques.

Cet album est inspiré de la vraie vie de Gerald Bull, l'un de ceux qui ont révolutionné la balistique moderne, tout en n'ayant à l'esprit que de réaliser ses rêves et notamment celui de faire parvenir le courrier très rapidement. Tout cela bien avant l'Arpanet qui inspirera l'Internet.

Alors grand naïf idéaliste ? Sordide marchand d'armes ? Que penser du Dr Gerry ? Lui-même hésite lorsque, dans ses rêves, il est interpellé par Jules Verne en personne : "Produire des instruments de mort... Était-ce bien là ton rêve ? [...] Quand j'ai écrit De la terre à la lune, je voulais inspirer des rêveurs, pas des meurtriers. Au lieu d'être un humaniste qui œuvre pour le bien commun, tu es un destructeur hypocrite." (p.72/73)

Philippe Girard s'applique à décrire et dessiner un homme bon et ambigu, qui, toute sa vie, ne voudra qu'aider et qui, pour ce faire, n'hésitera pas à se compromettre avec tous les gouvernements autoritaires du globe. Il y a sans doute une part de naïveté chez lui, mais je ne peux me départir d'un sentiment de duperie, d'hypocrisie, comme lorsqu'il répond à sa femme qui commence à émettre des doutes : "Voyons, chérie, je suis un scientifique ! On ne blâme pas l'inventeur du moteur à essence chaque fois qu'il y a un accident de la route !" (p100)

Un album très coloré, assez classique dans le trait et la construction, qui sonde l'homme dont il parle, qui met en avant ses ambiguïtés, ses contradictions. C'est bien fait, Philippe Girard sonde son héros profondément, lui fait rencontrer en rêves son héros Jules Verne et en réalité, des gens moins recommandables. Il évoque assez fortement également la guerre froide et les différents conflits dans lesquels, les pays fabricants d'armes font du commerce, sans état d'âme, juste pour le profit. Tous les services secrets sont sur le dos du Dr Gerry, soit pour l'amener à collaborer soit pour bloquer ses activités.

La bande dessinée est bien documentée et sa lecture est édifiante, instructive et très aisée d'accès. Philippe Girard, québeccois, raconte le parcours d'un compatriote, comme il l'avait déjà fait avec son Leonard Cohen sur un fil, même si cette fois-ci, son Dr Gerry est fictif, très largement inspiré de Gerald Bull.

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La tempête

Publié le par Yv

La tempête, Marino Neri, Casterman, 2023 (traduit par Hélène Dauniol-Remaud)

Une fin d'été torride. Un car qui emmène des salariés à une formation tombe en panne. Manuel décide de finir le chemin à pied. Cinq kilomètres. Un orage et une tempête se lèvent. Il trouve refuge dans une riche villa, celle de Marta et Demetrio. Le couple l'héberge, à contrecœur pour Demetrio. En quelques heures, la présence de Manuel révèle la véritable relation du couple.

Bande dessinée très originale, notamment par le dessin qui esquisse et fait beaucoup deviner les corps, les expressions et qui dans la nuit joue avec les ombres en ne faisant apparaître parfois que deux traits pour un personnage, ou de simples silhouettes éloignées. On est dans de la bande dessinée minimaliste, qui ménage les effets, les couleurs, les détails -mais lorsqu'il sont nécessaires, ils sont bien présents. De même le texte est rare, certaines pages sont muettes, de fait, le dessin suffit, le texte ne serait que redondance.

Scénario bien construit, histoire bien amenée. D'une simple panne de car, on arrive à des situations inattendues. Les personnages, au cours de cette nuit se révèleront, feront connaissance et il n'est pas impossible que la nuit, l'orage et la tempête leur réservent une surprise... ou plusieurs.

Une bande dessinée que j'ai lue d'un coup comme ça vite fait, et que j'ai reprise plus lentement, histoire de la savourer et de ne rien rater.

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Un tournage en enfer

Publié le par Yv

Un tournage en enfer. Au cœur d'Apocalypse Now, Florent Silloray, Casterman, 2023

Dix-huit mois de tournage aux Philippines dans des conditions parfois dantesques. Douze mois de montage. Débuté en mars 1976, le film sort, à peine achevé pour le Festival de Cannes 1979 où il obtient une palme d'or (la deuxième pour Francis Ford Coppola) ex-æquo avec Le tambour. Tournage démesuré donc, pour un film qui ne l'est pas moins. Nombreux acteurs contactés pour le rôle du capitaine Willard, qui tous refusent pour diverses raisons. C'est Martin Sheen qui le joue. Il ira jusqu'au bout, reprendra quelques semaines après une crise cardiaque. Puis c'est Dennis Hopper qui fait des siennes, puis Marlon Brando... Et Coppola qui oscille entre la paranoïa, la déprime, l'autoritarisme. Démesure à tous les niveaux.

Très documenté, Florent Silloray raconte le tournage de ce film mythique, n'ayons pas peur des mots, que personnellement je n'ai vu qu'une seule fois dans sa première version. Il en existe deux autres, une de 2001 Apocalypse Now "Redux" de 194 minutes et une de 2019 Apocalypse Now "Final cut", de 183 minutes, au montage le plus proche de la vision de Coppola.

En 1976, Francis Ford Coppola fort de son succès avec Le Parrain, s'empare d'un scénario de John Milius, d'après un roman de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, et compte bien faire un film inoubliable avec un point de vue très original pour l'époque sur la guerre du Vietnam qui vient juste de finir. Les ennuis s'accumulent, les dépassements de budgets et les doutes, la peur de faire le bide le plus cher de l'histoire du cinéma hantent le réalisateur. Le plateau est tendu, les financiers stressés.

C'est tout cela que raconte Florent Silloray, à travers une attachée de production de la société de production crée par Coppola. Sarah Evans est un personnage fictif qui se balade dans tous les lieux de tournage et de décision pour nous faire vivre au plus près la réalisation de ce film. Et l'on prend conscience de la démesure du projet, de ce que peut impliquer un film fait avec des vrais personnes et non pas sur fond vert avec des effets spéciaux numériques qui, s'ils sont bluffants, ôtent un peu de magie et d'humanité. L'album est très beau, les couleurs dans les tons verts et jaunes semblent coller aux paysages, la mise en scène est plaisante et permet de se retrouver aisément dans la genèse du film, de l'idée à la sortie sur écran. C'est passionnant et ça donne envie de (re)voir le film.

PS : J'ai trouvé et regardé la version de 2001, et je peux dire que ça marche encore, que l'on suit le capitaine Willard avec attention. C'est un film au rythme et aux images fascinants. Je n'ai pu m'empêcher de penser aux conditions de tournage décrites dans l'album, notamment dans certaines scènes. Cela permet de mesurer les performances des acteurs et de tous ceux qui ont travaillé sur ce film. C'est lent et tendu, sombre. A coup sûr un grand film. Et une bande dessinée qui donne autant envie de le revoir est forcément un très bon album.

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L'ombre des pins

Publié le par Yv

L'ombre des pins, Cécile Dupuis, Valérian Guillaume, Virages graphiques, 2022

"Un été, une rencontre, deux cœurs qui battent plus fort." (4ème de couverture)

Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD, cet album fait partie des 6 sélectionnés pour la lutte finale avec De sel et de sang, Hoka hey !, Majnoun et Leïli, Derrière le rideau, Nettoyage à sec.

C'est un bel album sur une rencontre de deux adolescents un été. Lui, Pablo, est venu chez sa grand-mère pour le week-end et décide d'y rester parce qu'il a croisé Clara qui vient régulièrement en vacances dans le coin, avec son père, en camping. Elle prend des photos pour un concours. Il va l'aider. Ils vont surtout passer de longs moments à arpenter les sentiers, à se baigner à prendre le soleil.

Je disais, c'est un bel album, très peu dialogué, il laisse la place à de beaux dessins, ocre et verts. De grandes cases, d'autres plus petites. Une rencontre avec deux jeunes gens dont on ne sait que peu de choses et qui ne se dévoileront pas. C'est une tranche de vie, un moment partagé entre eux deux. Nonobstant ces qualités, je ne suis pas vraiment enthousiaste. Ça ressemble à du déjà-lu, déjà-vu. Rien de bien nouveau. Un album qui se lit vite très agréablement mais qui peut s'oublier assez vite également. A l'occasion, si vous le voyez, ouvrez-le, le dessin est vraiment très beau.

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Majnoun et Leïli

Publié le par Yv

Majnoun et Leïli, chants d'outre-tombe, Yann Damezin, La boîte à bulles, 2022

"Leïli et Majnoun, tenus loin l'un de l'autre ne purent plus se voir ni même s'entrevoir. On sépare du grain la balle de l'épeautre, mais désunir l'amour ne se peut concevoir."

Le plus célèbre conte amoureux d'Orient mis en poème graphique." (4ème de couverture)

Yann Damezin reproduit fidèlement le poème qui naît chez les bédouins du VII° siècle et qui se perpétue dans le monde arabe depuis. Qaïs est amoureux de Leïli, mais au temps des mariages arrangés, les familles ne sont pas d'accord. Qais le poète sombre alors dans une sorte de folie.

C'est un album qui concourt pour le Prix orange de la BD, il fait partie de la sélection finale avec Derrière le rideau, L'ombre des pins, Hoka hey !, Nettoyage à sec et De sel et de sang. sa lecture n'est pas aisée, on est davantage dans un poème illustré que dans une bande dessinée, et ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, fut-il à la menthe. Les dessins sont très beaux, mais ils ne me touchent pas, j'ai l'impression d'ouvrir un album de mandalas aux couleurs très vives. J'ai ouï qu'il a beaucoup plu. Je suis donc à contre courant, je m'y suis ennuyé et chose rare pour une bande dessinée, je ne suis pas allé jusqu'au bout.

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