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bande dessinee

Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !)

Publié le par Yv

Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !), Florence Cestac, Dargaud, 2021

Florence Cestac naît après-guerre dans une famille de la bourgeoisie normande. Papa, Jacques, belle situation et maman, Camille, fille de fermier, reste à la maison, s'occupe des trois enfants et du mari qui pouvait s'exclamer "Si je me suis marié, c'est pour me faire servir !" (p.5)

Les trois enfants ne manquent de rien, comme on dit couramment, sauf de reconnaissance et d'amour de leur père trop occupé à briller en société et à diriger la maison parce que "C'est moi le chef de famille et je m'occupe de tout ! Je rapporte l'argent donc c'est moi qui commande ! Normal !" (p.5) Et les remarques, plus vicieuses que des coups sur l'absence de talent, le physique... Heureusement, les moments avec la mère sont différents : de la complicité, de l'amour, du partage et Camille laisse de la liberté aux enfants, notamment pendant les vacances au Cap-Ferret, lorsque le père est remonté à Rouen travailler.

Avec beaucoup de tendresse, d'émotion et bien sûr d'humour autant dans les textes que dans les dessins, Florence Cestac narre son enfance, dessine sa famille avec son trait caractéristique et reconnaissable, les fameux gros nez. En 52 pages, elle en dit davantage que certains en un gros bouquin. Son humour, son décalage, son pas de côté permettent de ne pas trop charger tout en racontant fidèlement son éducation et, plus largement l'époque et la génération de ses parents.

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Sur la vie de ma mère

Publié le par Yv

Sur la vie de ma mère, Alain Gaston Rémy, La boîte à bulles, 2020

Ce n'était pas courant d'être une mère célibataire, trentenaire, avec deux enfants au début des années 70. Encore moins à Tanger. Jeanne, la mère d'Alain Rémy vient de se séparer de son mari et enseigne en tant qu'expatriée au Maroc. C'est là que sont nés Alain et Nicolas son frère.

Plutôt jolie, seule donc, et dans une époque assez libérée, Jeanne attire la convoitise des hommes. Quelques uns traversent sa vie. Puis arrive Paulo qui sera là jusqu'au bout, jusqu'à la fin de la maladie, une tumeur au cerveau qui emporte Jeanne, en 2002.

Alain Gaston Rémy, bédéiste, raconte la vie de Jeanne.

Née dans le fin fond du Jura, rien ne la destinait à voyager autant, à demander des mutations dans divers pays de l'Afrique, avec toujours le Maroc et le Jura comme repères. Les points d'ancrage. Jeanne vit une vie de femme libérée mais aussi une vie de maman de trois enfants car Nathalie naît, la fille de Paulo. Et Alain Rémy de raconter son enfance à Tanger, entre insouciance, partage avec toutes les communautés sans racisme, bagarres entre garçons, libido naissante...Et les relations familiales pas toujours simples, puis son départ post-bac vers la France, loin des siens.

C'est un très beau roman graphique qui raconte une vie de famille pas banale, faite de beaucoup de voyages, de lieux de vie, de rencontres, de départs, d'absence -celle de Jean-Claude, le père d'Alain parti en France pour chanter et qui réussira d'ailleurs avant de passer à autre chose aux Comores et à Madagascar. C'est une biographie dans laquelle, même si ce n'est pas toujours dit, on sent tous les liens familiaux, l'amour qui lie toutes les personnes qui gravitent autour de Jeanne. Le ton est grave notamment autour de la maladie, mais aussi plus léger sur l'enfance. J'aime beaucoup le dessin, libre, sans cases tracées, qui fait la part belle aux personnes, couleurs pastel et ambiances exotiques. Je me demandais à quel autre ouvrage il me faisait penser ; bon sang mais c'est bien sûr : Une histoire populaire de la France dessinée par Alain Gaston Rémy.

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Tuskegee Ghost (1/2)

Publié le par Yv

Tuskegee Ghost (1/2), Benjamin von Eckartsberg, Olivier Dauger, Paquet, 2022

Les Tuskegee Airmen furent les seuls noirs qui purent piloter des avions de chasse de l'armée américaine pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ils s’entraînaient sur de vieux avions, les seuls qu'on laissait à leur disposition, les accidents étaient fréquents. Le jeune Robert Hoffman survit à l'un d'eux et fut ensuite surnommé Ghost.

Des années plus tard, en 1969, dans l'Alabama profondément raciste, il tient un garage et n'a jamais évoqué son passé de pilote à son fils Mark qui pourtant rêve de voler. Les deux hommes ne se parlent que peu, Mark est parti étudier en Floride, mais son retour pour présenter Jenny son amie, serait peut-être le bon moment.

Série prévue en deux tomes dont voici le premier scénarisé par Benjamin von Eckartsberg qui mêle une famille de fiction à la réalité des Tuskegee Airmen. A travers un homme, on s'intéresse donc à l'histoire de la lutte pour les droits des noirs qui espèrent après leurs faits d'armes être enfin acceptés par les blancs. Évidemment et malheureusement, on sait maintenant qu'il faudra beaucoup plus que des actes de bravoure pour poindre vers l'égalité et que même de nos jours, elle n'est pas réellement atteinte.

Le dessin est d'Olivier Dauger, très coloré, un côté cinématographique évident, un peu comics également, bref un genre très convaincant qui nous replonge aisément dans les séries et films qui parlent des années 40 à 60 aux États-Unis.

Le tout donne un album très réussi qui aborde des thèmes forts : la guerre, le racisme, les traumatismes, la transmission, la lutte pour les droits, de manière fine. Il pourra être lu par le plus grand nombre.

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L'homme qui ne disait jamais non

Publié le par Yv

L'homme qui ne disait jamais non, Olivier Balez, Didier Tronchet, Futuropolis, 2016

Violette est hôtesse de l'air et se prépare pour devenir profiler. Elle s'exerce dans l'avion à cerner tous les voyageurs jusqu'au moment où un homme qui semble perdu, l'intrigue. Puis, à l'aéroport, l'homme erre, hagard. Violette lui propose son aide. Elle retrouve ses bagages et apprend en même temps que lui qu'il s'appelle Étienne Rambert. Il est amnésique. Violette décide d'aider Étienne à retrouver sa vie.

Mis à part quelques trucs agaçants comme des remarques de Violette sur la prétendue réalité de leur situation contre la fiction, cette bande dessinée est pas mal du tout. L'amnésie n'est pas un thème nouveau, mais Didier Tronchet qui a écrit le récit sait tirer profit de ses prédécesseurs. Violette apporte de la fraîcheur, elle virevolte, secoue Etienne, le déstabilise. Étienne est davantage passif, hésite à retrouver la mémoire car il sent qu'il s'est passé un truc louche.

Les dessin d'Olivier Balez sont excellents et l'on lit les hésitations d'Étienne, l'enthousiasme de Violette. L'ensemble donne un album très agréable, une histoire que l'on suit avec grand plaisir.

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RIP. Fanette

Publié le par Yv

RIP. Fanette. Mal dans la peau des autres,  (tome 5), Gaet's, Monier, Petit à petit, 2022

Fanette s'ennuie derrière le bar du rade minable dans lequel de pauvres types viennent boire leurs coups. Dans le lot des habitués, il y a l'équipe des nettoyeurs de maisons de morts. Derrick, Maurice, Albert, Eugène et Mike. Ce qu'aucun d'eux ne sait c'est que Fanette est flique et qu'elle les surveille. Mise là, à la suite d'une affaire qui a mal tourné, elle ronge son frein, s'emmerde dans les grandes largeurs. Jusqu'à ce que certains détails titillent sa curiosité.

Tome 5 de cette série, toujours excellente. Après les albums consacrés à Derrick, Maurice, Ahmed et Albert et avant Eugène (l'ultime tome, en 2023), c'est Fanette qui raconte sa vision des choses. La bague qui a disparu lors d'un nettoyage et qui cause bien des embêtements et des rebondissements voire met carrément le bordel dans la tranquille vie des (anti)-héros n'a toujours pas réapparu. Fanette n'est pas de l'équipe des nettoyeurs et sa vision des événements est extérieure, elle apporte son lot de détails que l'on colle pour reconstituer l'histoire. Mais que vient faire la police la-dedans ?

Scénario qui ne faiblit pas et dessin toujours au top, cette série est vraiment excellente, dure, noire, sans trop d'espoir en l'espèce humaine et en ses actes. Les mecs sont vils, veules, envieux, violents et vicieux. De la pure fiction, cela va sans dire.

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Trahie

Publié le par Yv

Trahie, Sylvain Runberg, Joan Urgell, Karin Alvtegen, Dargaud, (tome 1, 2015 et tome 2, 2016)

Trahie est l'adaptation française d'un roman de l'autrice suédoise Karin Alvtegen, paru chez Plon en 2005 puis chez Points en 2007, traduit par Maurice Étienne.

Rien ne va plus entre Eva et Henrik. Mariés depuis quelques années et parents du petit Alex, leur couple tangue. Lui a rencontré quelqu'un et refuse d'en parler à Eva. Il refuse d'ailleurs de lui parler tout simplement sauf pour le matériel. Eva décide de fouiller la vie de son mari pour savoir ce qu'il cache.

Jonas, jeune homme a quitté son travail de postier et passe ses journées à l'hôpital au chevet d'Anna, sa compagne, dans le comas depuis deux ans.

Il m'a été très difficile d'entrer dans le tome 1, totalement perdu entre les deux histoires et les retours en arrière, et puis enfin, j'ai pris le pli et tant mieux parce que cette histoire est passionnante et drôlement bien bâtie. Les hommes en prennent pour leur grade entre le psychopathe et celui qui veut bien une relation extra-conjugale mais sans en subir les inconvénients, notamment sur son couple. La lâcheté est courante.

Sylvain Runberg scénarise cette histoire, ce qui n'a pas dû être facile tant elle est retorse, et Joan Urgell dessine. Le diptyque est brillamment mené, et j'ai tourné les pages en me demandant à chaque fois ce que je trouverais derrière. La fin est flippante, je n'en dirai pas davantage, mais croyez-moi sur parole, ou mieux, allez le vérifier directement dans les albums.

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Malik Oussekine, contrecoups

Publié le par Yv

Malik Oussekine, contrecoups, Jeanne Puchol, LF Bollée, Casterman, 2022

Décembre 1986, en France c'est la première cohabitation, François Mitterrand est président et Jacques Chirac premier ministre. René Monory est ministre de l'éducation et Alain Devaquet ministre délégué à l'enseignement supérieur. Il présente une loi visant à instaurer des critères de sélection à l'entrée des universités et une autonomie pour ces établissements. Les étudiants ne veulent pas de cette reforme et dans les universités les mouvements de grève se multiplient. Le 4 décembre une grande manifestation est prévue à Paris et beaucoup de provinciaux font le voyage pour grossir les rangs et faire nombre. La foule des étudiants est impressionnante et la manif finit mal, par des heurts.  Le lendemain, pour ne pas se faire déborder, le ministre de l'intérieur, Charles Pasqua envoie ses Pelotons de Voltigeurs Motoportés chasser le manifestant. Deux flics sur des motos, un pilote et un passager muni d'une grosse matraque pour frapper en marche. Malik Oussekine, 22 ans, rentre paisiblement chez lui lorsqu'il se fait attaquer par un duo de flics. Il mourra de ses blessures.

Jeanne Puchol et LF Bollée détaillent cette nuit fatale pour le jeune homme, même pas étudiant et encore moins manifestant. Ils créent des personnages fictifs qui vont croiser ou rencontrer la victime ou qui vont permettre de raconter précisément et de différents points de vue le contexte. Le 4 décembre 1986, j'étais étudiant et manifestant à Paris et la mort de Malik Oussekine nous avait touchés et choqués, comme tous les étudiants. La veille de sa mort, nous repartions vers la gare Montparnasse dans la cohue et le désordre pour échapper aux gaz lacrymogènes et aux heurts, nous sentions bien que la tension était vive. Ce qui est terrible en plus de cette mort, c'est que le pouvoir en place a tout fait pour se dédouaner et pour rejeter la faute sur Malik Oussekine.

L'album en noir et blanc, est sobre et ne tombe pas dans un manichéisme qui serait trop facile, il montre des flics violents bien sûr et fiers de leurs actes, mais d'autres qui refusent de laisser passer les actes de leurs collègues. Il est précédemment paru en 2016, et cette nouvelle édition vient questionner les violences envers les manifestants. Elle est aussi un complément au film de Rachid Bouchareb, Nos frangins, qui devrait sortir bientôt et à la série Oussekine d'Antoine Chevrollier, récemment diffusée que je n'ai pas encore vue.

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La différence invisible

Publié le par Yv

La différence invisible, Mademoiselle Caroline, Julie Dachez, Delcourt, 2016

Marguerite a 27 ans, elle vit en couple et travaille pour une grande entreprise, dans un boulot qu'elle n'aime pas, mais il faut bien vivre... Mais Marguerite est différente : elle ne supporte pas les bruits, la foule, les cris, ne se sent jamais aussi bien que chez elle devant un bon livre avec son chien et ses chats. Très ritualisée, elle part tous les jours à la même heure pour rejoindre le bureau, fait le même trajet. Incapable de mentir, elle est "cash" et si elle trouve un pull moche, elle dit qu'il est moche et tant pis pour la porteuse du-dit pull.

Fatiguée de ne jamais se sentir à sa place, de faire des efforts considérables pour tenter de faire bonne figure, un jour, elle fait des recherches et découvre l'autisme Asperger. Et si c'était cela ?

Marguerite -alias Julie Dachez qui scénarise- est joliment dessinée par Mademoiselle Caroline, en noir et blanc au début, ce qui montre bien les répétitions de ses journées, sa relative transparence aux yeux de certains qui la trouvent folle, complètement barrée ou au mieux bizarre, étrange. Quelques touches de rouge dans les bavardages des collègues et de la couleur enfin, lorsqu'elle sait qu'elle est Asperger. Un soulagement de savoir qu'elle est juste différente, de pouvoir mettre un mot sur cette différence, que l'entourage comprenne, même si au vu des remarques, c'est loin d'être gagné.

Cette bande dessinée est un très bon moyen de comprendre comment vivent les autistes, comment pour eux, l’interaction avec les autres est difficile et leur demande des efforts, comment le bruit leur est physiquement insupportable... C'est aussi un album qui parle de la tolérance et de l'acceptation des us et habitudes de tous ; ce n'est pas parce qu'untel ne vient pas aux soirées, qu'il n'a que peu de conversation qu'il n'est pas digne d'intérêt et qu'il n'a pas une vie remplie, il n'est pas forcément autiste, puisque l'autisme ne se limite pas à une certaine asociabilité -même importante.

Julie Dachez a une chaîne Youtube sur laquelle elle parle de l'autisme mais pas seulement.

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Philocomix. Métro, boulot, cogito

Publié le par Yv

Philocomix. Métro, boulot, cogito, Jean-Philippe Thivet, Jérôme Vermer, M. La Mine, Rue de Sèvres, 2022

Après le bonheur et la vie en société des tomes 1 et 2, Philocomix s'intéresse au travail. Et, interviennent sur ce thème pour des idées parfois totalement en opposition : Socrate, Pétrarque, René Descartes, John Locke, Adam Smith, Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Karl Marx, Simone Weil, Martin Heidegger et Bertrand Russell. Parce que le travail prend une grande place dans nos existences et que souvent, l'on se définit par ce que l'on fait, notre job, davantage que par nos hobbies ou ce que l'on est. Le travail a aussi permis le progrès et la qualité de nos vies actuelles, mais il peut être aussi vécu comme néfaste, comme une aliénation.

C'est Socrate qui intervient en premier pour nous rappeler les fondements de la philosophie : interroger les idées reçues, analyser les termes des énoncés, questionner leur définition et articulation et conclure par son ignorance.  ou la réfutation de l'idée reçue. 

L'album est très bien fait, il aide à réfléchir en appelant les plus grands penseurs, mais n'est pas trop lourd. Le dessin de M. La Mine est léger, drôle et s'adapte à chaque époque et chaque lieu, dans les décors, les couleurs et les mises en scène. La manière d'interpeller les philosophes est elle aussi dans le ton, ils sont parfois moqués, mais toujours parviennent à exposer leurs pensées. On passe de la contemplation préférable au travail de Pétrarque au contrat social de John Locke, en passant par l'aliénation au travail de Karl Marx pour finir par le partage du travail de Bertrand Russell. Tous ont cependant en commun que la consommation à outrance n'est pas souhaitable parce qu'elle donne plus de travail pour pouvoir se payer plus d'objets, le cercle vicieux...

Moi qui ne suis pas philosophe mais qui, pas plus con qu'un autre, aime bien réfléchir sur plein de sujets divers, et moi qui, surtout, n'aime pas le travail -pff, quand je pense à tout ce temps perdu..-, j'ai beaucoup aimé l'album avec un penchant pour Karl Marx, Heidegger et Russell. Il m'offre des arguments -qu'il va falloir que je retienne- et permet d’ouvrir le débat autour du travail, de la consommation, du type de société et de vie que l'on souhaite... Bref, de bien belles discussions à venir.

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