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Le chemin des âmes

Publié le par Yv

Le chemin des âmes, Joseph Boyden, Albin Michel, 2006
"1919. Nord de l'Ontario. Niska, une vieille Indienne, attend sur un quai de gare le retour d'Elijah, un soldat qui a survécu à la guerre. A sa grande surprise, l'homme qui descend du train est son neveu Xavier, qu'elle croyait mort, ou plutôt son ombre, méconnaissable. Pendant trois jours, à bord du canoë qui les ramène chez eux, et tandis que sa tante essaie de le maintenir en vie, Xavier revit les heures sombres de son passé : l'engagement dans l'armée canadienne avec Elijah, son meilleur ami, et l'enfer des champs de bataille en France..."
Voilà pour la mise en bouche, écrite en quatrième de couverture. C'est un roman -le premier de Joseph Boyden- lent, sombre, prenant. Je n'ai pu le lire que lentement, moi qui lis plutôt vite d'habitude. L'atmosphère, quand elle parle des tranchées en France et en Belgique est étouffante, pesante, boueuse, oppressante, mais quand elle aborde les grands espaces des Indiens libres du Canada  -c'est à dire non parqués en réserve-, elle aère le lecteur lui donne une bonne bouffée d'air, pour lui permettre de se replonger dans l'enfer de la guerre. L'auteur alterne les chapitres parlant de la guerre avec ceux qui racontent l'enfance et la vie de Xavier et Elijah avant la guerre. Ces deux pans de l'histoire des deux hommes  sont absolument passionnants. Je suis persuadé que ces deux personnages, ainsi que leurs compagnons d'armes et Niska la tante de Xavier hanteront les lecteurs pendant longtemps, enfin moi, sûrement ! Difficile de les effacer de la mémoire comme cela. 
C'est un roman qui ne peut laisser indifférent  malgré une noirceur certaine. Et même si une telle histoire, décrite de cette manière aurait tendance à vous faire fuir, prenez  juste un peu de courage pour emprunter le livre et commencer sa lecture, vous ne regretterez pas. Toutefois, si vous hésitez encore, voici la critique de Jim Harrison (excellent écrivain étasunien : Légendes d'automne, notamment), qui j'espère saura vous donner l'envie de lire ce roman : "Un roman lumineux et sombre à la fois. il vous fera peut-être souffrir, mais ça en vaut véritablement la peine. Irrésistible"

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Un jour sans

Publié le par Yv

Un jour sans, Mark McNay, Ed. Panama, 2008
Banlieue de Glasgow, Ecosse, Sean travaille dans une usine de conditionnement de poulets. Travail abrutissant s'il en est. Cependant, sa vie avec Maggie sa femme, Donna, sa fille pourrait le contenter. Ses rêves éveillés lui permettent de passer outre le quotidien. Malheureusement, Sean a un grand frère, Archie, délinquant notoire qui lui a confié avant d'être incarcéré une forte somme d'argent. Sean en a dépensé une partie, et aujourd'hui, contre toute attente, Archie sort de prison et va réclamer son fric.
Roman à la construction déroutante : lorsque l'auteur décrit le présent, il parle de Sean à la troisième personne et lorsqu'il évoque le passé, c'est Sean qui en parle , et donc le "je" apparait. Une fois que le pli est pris, ça va, mais parfois on peut s'y perdre. De même, les dialogues sont introduits sans guillemets, mais la présentation du roman permet de les repérer aisément.
Pour le contenu, McNay nous décrit le véritable enfer vécu dans ce genre d'usine, la pauvreté de ce coin de l'Ecosse et le quotidien difficile de la classe ouvrière écossaise. Les personnages ont tous leurs bons et mauvais côtés ; aucun n'est tout blanc ou tout noir, ce qui les rend crédibles. Néanmoins, j'ai eu du mal à m'attacher à eux ; le côté fataliste et résigné de Sean est insupportable, le genre mauvais garçon d'Archie est quasi caricatural (mais peut-être me trompé-je, et existe-t-il réellement, ce genre ?). Pareil pour Albert, l'oncle de Sean et Maggie sa femme, trop effacés.
J'ai une autre petite retenue quant au style de l'auteur : les phrases sont écrites comme un langage parlé (absence du "ne" pour une phrase négative, utilisation du "y" pour "ils"). Je ne suis pas contre, mais à la longue, ça m'a un peu agacé. Par contre, le rythme est assez rapide, les mots d'argot sont bien venus et bien sentis. Ce livre est en lice pour le prix Inter C-E, et fait partie des bonnes sélections.

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La cote 512

Publié le par Yv

La cote 512, Thierry Bourcy, Gallimard, 2005
Célestin Louise est un jeune flic, qui, en 1914 décide de se porter volontaire pour aller à la guerre plutôt que de rester effectuer son travail à Paris, par acquis de conscience et par respect pour ceux qui se battent déjà. Il se lie avec le jeune lieutenant Paul de Mérange sous les ordres duquel il se retrouve en première ligne. Lors d'un assaut, le lieutenant est tué, mais par une balle dans le dos. Ce détail suffit à Célestin pour se persuader qu'il a été abattu par un soldat Français. Débute ainsi son enquête, en pleine guerre.
Soyons franc, j'ai trouvé la partie policière du livre banale. Par contre, Thierry Bourcy décrit très bien la guerre, les combats et le quotidien des soldats. L'ambiance est lourde, pesante, grasse. La guerre omniprésente est vraiment un personnage du livre à part entière. Ce n'est ni un livre sur la guerre 14/18, ni un livre que l'on lit pour le suspense, l'originalité tient donc au mélange des genres, bien maîtrisé. On a du mal à croire que Célestin Louise puisse réellement mener son enquête dans ces conditions, mais cela reste secondaire.
L'écriture de Thierry Bourcy est classique, sans surprise, un peu répétitive quant à la construction des phrases : beaucoup d'adjectifs, de virgules ; phrases longues. Le roman se lit avec facilité, pour tout public.
En conclusion, j'ai passé un bon moment de lecture et suivrais volontiers une autre enquête de Célestin Louise. Plutôt positif, non ?

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ABC Mademoiselle

Publié le par Yv

ABC Mademoiselle, Marilyne Mangione, Fabrice Vigne, Ed. Le fond du tiroir, 2009

Abécédaire sensuel dans lequel chaque lettre est représentée par un dessin de femme nue. Chaque femme est dans une position permettant de deviner la lettre. Marilyne Mangione est au dessin. Fabrice Vigne illustre ses œuvres de textes courts. Ou vice versa ? Chaque texte est en deux parties, dans l'une, l'auteur s'adresse à la jeune femme dessinée et dans l'autre, cette jeune femme parle des parties de son corps en rapport avec la lettre qu'elle représente.
Les dessins sont  sensuels, femmes aux formes visibles. Les textes soulignent simplement, mais de jolie manière cette sensualité. Les uns et les autres sont lisibles et visibles par tout public.
C'est un beau livre d'art. La mise en page et les couleurs sont soignées, magnifiques, comme à chaque fois au Fond du tiroir. Le papier est très agréable à toucher, et pour ne rien gâcher du plaisir, il est "50% recyclé et 50% issu des forêts développées durablement". Alors, si vous voulez un bon, beau et original  livre d'art, n'hésitez pas c'est ici. En outre, vous pouvez avoir une dédicace. Épatant, non ?

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Big Bang

Publié le par Yv

Big Bang, Neil Smith, Les Allusifs, 2007
Big Bang est un recueil de nouvelles. Certaines d'entre elles parlent de maladies et de personnes soignées.

Les bénins bénis qui raconte l'histoire d'une association de "soutien aux victimes de tumeurs bénignes. Bénin n'est pas synonyme d'innoffensif".

Incubateurs présente un service de grands prématurés.

Dans Protéine vert fluo, on rencontre deux jeunes gens, Max et Roubi-Dou, inséparables malgré des caractères très différents. 

Drôle tordant ou drôle bizarre ? revient sur un personnage entrevu dans une nouvelle précédente, la maman de Max. Ces quatre nouvelles sont étonnantes, originales. De même les personnages y évoluant. Tous ont au moins une fêlure, des histoires assez lourdes. L'ambiance n'est pourtant pas morose.

Le recueil se lit agréablement, du moins pour ces quatre nouvelles ; j'ai moins aimé les quatre autres, même si l'écriture et l'originalité sont au rendez-vous, pour deux d'entre elles, je ne suis pas allé jusqu'au bout. Conclusion : une moitié du recueil est bonne, ça vaut donc le coup de s'y arrêter.

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Les carnets de guerre de Victorien Mars

Publié le par Yv

Les carnets de guerre de Victorien Mars, Maxence Fermine, Albin Michel, 2008
Victorien Mars, le narrateur, et ses compagnons subissent la guerre des tranchées, durant le conflit de 1914-1918. Au milieu du conflit, vers 1916, ils sont envoyés à Verdun, sous les ordres d'un adjudant psychopathe, surnommé l'As-de-Pique.
Malgré une période qui m'intéresse, tant elle peut être prometteuse d'histoires variées, intéressantes et fortes, les carnets de Victorien Mars ne tiennent pas la route. J'ai eu l'impression d'un roman vite écrit dans un style passe-partout et dans une époque pas assez documentée et finalement, pas assez présente, ce qui est un paradoxe puisque quasiment toute l'action du livre se passe pendant la Première Guerre Mondiale ! Beaucoup de clichés, de descriptions déjà vues, lues ou entendues n'apportent rien au lecteur et nuisent à la densité du roman et de son contexte. Quant aux personnages, eh bien, c'est tout comme : palots, fades et sans saveur.
Vous comprendrez que je n'ai pas aimé ce livre, mais j'ai quand même, après moult auto-motivations, réussi à aller jusqu'au bout de ma lecture, ce que vous n'êtes pas obligé de faire.

 

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