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L'autre

Publié le par Yv

L'autre, Andrée Chedid, Flammarion, 1969 (Librio, 1998)

Simm est un vieil homme qui rentre chez lui en prenant son temps. Lorsqu'il quitte la bourgade la plus proche de sa maison, il lui reste encore trois heures de marche. Mais au moment où il a salué toutes ses connaissances et où il débute sa marche, une secousse terrible détruit tout. Un séisme fait de cette ville touristique, emplie en cette saison, un tas de ruines. Très vite, les sauveteurs arrivent et quelques jours plus tard, la ville est désertée sans espoir de retrouver des survivants. Seul Simm reste, persuadé que l'étranger qui l'a salué le matin du tremblement de terre par la fenêtre de l'hôtel est toujours en vie, sous les décombres du-dit hôtel. Commence alors une longue période de solitude, à l'affût du moindre souffle de vie souterrain.

J'ai reçu dans ma boîte à lettres l'autre jour, la revue du département de la Loire Atlantique dans laquelle un article m'a plu : les nouveaux collèges construits par cette collectivité territoriale porteront tous des noms de femmes et, celui d'une ville proche de chez moi, s'appellera le collège Andrée Chedid, le premier en France à porter le nom de cette romancière-poétesse récemment décédée. D'où la réalisation d'une vieille envie de ma part : relire L'autre, le premier roman que j'ai lu d'elle et qui m'avait enthousiasmé. A relire des livres qu'on a aimé, on prend un risque, celui de n'y plus retrouver tout ce qui nous avait fait l'aimer. Ça m'est arrivé plusieurs fois, au point de refermer le livre assez vite pour en garder la magie en moi. A peine ré-ouvert ce roman je savais que je ne prenais pas ce risque. Emballé dès le départ jusqu'au bout de l'attente de Simm.

Andrée Chedid pousse son personnage à la solitude, elle le pousse aussi dans ses retranchements, l'obligeant à réfléchir sur l'avenir de l'humanité entre modernisme à tout crin et/ou humanisme :

"Les machines délivrent. J'en ai vu qui creusaient pour découvrir une source, d'autres qui montaient en quelques jours des panneaux de maison, celles qui lient la terre, qui brisent les distances. [...] Tu sais, l'ignorance est une défaite, aussi.

- Notre défaite, Ben, sais-tu où elle est ?

- Peut-être, d'aimer les choses plus que le chemin ?...

- C'est quoi le chemin ?

- Où l'on marche, où l'on avance, où l'on va..." (p.112)

Les thèmes classiques ne sont pas évités, l'amour, la mort, la vie, le sens que l'on donne à sa vie, vus par les yeux de Simm ou de Aga, la petite fille qui vient le soutenir quelques jours. Et pour aborder ces questions, Andrée Chedid use de diverses formes narratives : le roman classique, la poésie en prose, avec mise en page particulière et le théâtre avec dialogues et didascalies.

Un roman fort qui reste longtemps en mémoire et qui, je viens de le prouver, ne perd absolument rien à la relecture, des personnages formidables, Simm en particulier qui n'en fait qu'à sa tête. Un film a été tiré de ce grand roman, mis en scène par Bernard Giraudeau, je suis à l'affût d'un éventuel prochain passage sur une chaîne de télévision, car il me semble qu'il n'en existe pas de copie DVD. Messieurs et Mesdames les Président(e)s de chaînes et programmateur(trice)s, pour une fois, faites quelque chose de bien, programmez de bons films dont L'autre de Bernard Giraudeau !

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L
Je n'ai encore rien lu d'elle mais ton billet pique sérieusement ma curiosité.
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Y
<br /> <br /> Une auteure à découvrir. Allez, l'été est propice aux lectures...<br /> <br /> <br /> <br />
A
Je l'ai lu lorsque j'étais ado et il m'avait fait une telle impression que je ne l'ai pas oublié.
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Y
<br /> <br /> Pareil pour moi, même si je l'ai découvert un peu plus tard et c'est la raison pour laquelle j'ai voulu le relire<br /> <br /> <br /> <br />
P
J'ai eu ma période Andrée Chédid, quand j'étais une jeune adulte (je voulais découvrir l'univers de la mère de Louis et donc de la grand-mère de M). Sa prose dégage une vraie "chaleur" et me semble<br /> proche de la narration de contes. J'ai aimé la lire.
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Y
<br /> <br /> Moi aussi, et tu vois, j'ai replongé<br /> <br /> <br /> <br />
F
Je connaissais - et apprécie- le fils, le petit fils lorsque j'ai découvert l’œuvre de la grand-mère en 2011 avec notamment "L'enfant multiple". Au vu des nombreuses venues sur mon blog pour cet<br /> article, je déduis que cette auteure est beaucoup étudiée. Belle initiative que celle de mettre son nom sur le fronton des écoles!<br /> Je vais surement lire "L'autre" maintenant.
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Y
<br /> <br /> Oui, j'ai remarqué aussi qu'elle était étudiée en cours. L'autres est le premier d'elle que j'aie lu, aprsè j'ai continué tellement j'ai aimé.<br /> <br /> <br /> <br />
K
Je crois bien que je n'ai jamais lu cette auteure... avec pourtant une envie de la découvrir...
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Y
<br /> <br /> Il faut absolument la découvrir, une écriture incomparable<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Une de mes auteures préférées, j'ai sur ma table de chevet "A la mort, à la vie" dont je me délecte
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Y
<br /> <br /> Je ne connais pas celui-ci mais évidemment, je note...<br /> <br /> <br /> <br />
A
Une auteure que j'aime beaucoup.
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Y
<br /> <br /> Moi aussi et je ne résiste pas au plaisir de replonger dans ses livres de temps en temps<br /> <br /> <br /> <br />