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L'amour viendra, petite !

Publié le par Yv

L'amour viendra, petite !, Jérôme Fansten, Flamant noir, 2014.....

J. est un détective privé, à l'ancienne : peu de boulot, pas d'argent, des femmes, beaucoup de femmes, des histoires de cul, d'argent, de papas ou de maris jaloux ou très protecteurs, de l'alcool, du Jack Daniel's de préférence, un bureau minable, mais des yeux d'or. Dans L'amour viendra, petite ! J. mène plusieurs enquêtes, sortes de nouvelles dans un roman, on le voit même dans sa jeunesse, en tant que cireur de chaussures mais déjà très attiré par les filles et les emmerdes. 

J'avais plein d'idées en tête pour parler du livre de Jérôme Fansten, tellement que je me demandais même comment je pourrais toutes les placer en un article de blog, j'avais noté plein de passages à citer, trop, jamais je n'aurais pu les mentionner tous. Et puis, en fin de volume, voilà que M. Jérôme Fansten fait lui-même le boulot : "C'est quoi, les "enquêtes de J." ? De l'auto-fiction ? Un hommage aux grands auteurs du Noir, Dashiel Hammett en tête ? Une manière de récupérer par la bande l'héritage surréaliste pour raconter des histoires d'amour ? Une parodie de polar ? Eh ben, c'est tout ça... C'est une autobiographie amoureuse, racontée avec le prétexte du hard boiled. A moins que ce soit un polar pur et dur, avec ce qu'il faut de baroque pour bien parler de l'amour et du désir sexuel." (p.293)

Bon, alors me voilà au blog-chômage... mais je n'ai pas dit mon dernier mot, je m'en vais lui dire moi ce que je pense de son bouquin à J. Fansten, et tant pis si je lui pique des idées qui sont aussi les miennes puisqu'elles me sont venues bien avant la page 293. Non mais...

L'amour viendra, petite ! est un hommage aux polars, truffé de références, de noms que je connais pour la plupart mais que je n'ai pas tous lus : les auteurs étasuniens dont Jim Thompson, R. Carver, J. Fante, J. Ellroy, les francophones avec en tête Simenon dont il fait d'ailleurs un personnage et JB Pouy, T. Jonquet, D. Daeninckx entre autres... Son J. est une espèce de Jack Taylor -le privé irlandais alcoolique de Ken Bruen- français. Toujours dans des sales coups, l'enquête est résolue c'est vrai, pas toujours grâce à lui, mais sa recherche est souvent autre, plus existentielle, d'ailleurs certaines femmes qu'il voit se nomment Entropie, Tristesse, Dépréciation, Confiance... 

On navigue avec bonheur dans ce roman qui fait référence également à Boris Vian pour le côté absurde (mais aussi peut-être pour Vernon Sullivan) et à Rimbaud et qui cite en pleine enquête du Roland Barthes (pas fréquent). C'est un bouquin extrêmement bien écrit, une écriture addictive, bourrée de trouvailles tant dans les descriptions parfois sommaires mais suffisantes : "Le Père suit mon regard et me présente La Bête. La Bête, putain. La Bête est son homme de main, son bras droit. La Bête est un sadique. C'est un homme, comment dire ? Immobile. Voilà, c'est ça : La Bête est "immobile"." (p.53) que dans l'humour qui flotte dans quasiment toutes les pages. Un humour noir. Désespéré. Désabusé. Il est rarement cause de luxation de la mâchoire, on sourit plus qu'on ne s'esclaffe. C'est l'ambiance, les personnages, les réparties, les triturations ou détournements d'expressions qui font mouche. J. Fansten manie les mots avec brio, les images, les métaphores, les inventions, les références en matière de comics, de jazz, de polars. Il mélange tout cela et en sort un texte brillant qui m'a ravi de la première à la dernière page. C'est un polar mais encore plus que cela, c'est le roman d'un homme qui se cherche et a du mal à se trouver. C'est aussi un bel exercice de style, absolument pas vain. Parce que Jérôme Fansten a un style personnel décapant. Addictif ai-je écrit plus haut. Je confirme, j'en reprendrai bien volontiers. Un conseil, si vous ne voulez pas succomber, ne lisez pas la première page mais si vous aimez découvrir et vous faire plaisir en lisant, lisez et "[tournez] la première page et, pour la suite, laissez-vous guider..." (l'éditeur, Flamant Noir, en 4ème de couverture, qui pour ma troisième rencontre avec lui fait fort, très fort !)

 

 

polars 2015

Commenter cet article
L
Tu aurait pu nommer aussi Léo Malet. En tout cas je veux le lire.<br /> Merci<br /> Le Papou
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Y
<br /> <br /> Oui, j'aurais pu, je n'y ai pas pensé, ce roman se situe dans une lignée d'écrivains de polars assez dense, mais tu te feras ta propre opinion et j'irai la lire avec plaisir<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
H
t'es chou :)
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Y
<br /> <br /> Je vais rougir...<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Merci Yv
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Y
<br /> <br /> De rien, bonne future lecture<br /> <br /> <br /> <br />
Z
Puis-je me mettre sur la liste. J'ai besoin de ce genre de livre en ce moment. Enfin les vacances, enfin presque
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Y
<br /> <br /> Je demande à Hélène de te l'envoyer ensuite<br /> <br /> <br /> <br />
A
Jusqu'à présent, quand je t'ai fait confiance je ne l'ai pas regretté alors ... je retiens.
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Y
<br /> <br /> Pourvu que ça dure...<br /> <br /> <br /> <br />
H
Foutue ! Il ne voyagerait pas par hasard ? :)
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Y
<br /> <br /> Il peut. Il part. Demain.<br /> <br /> <br /> <br />
E
Je le note immédiatement, il a l'air vraiment bien ce livre...
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Y
<br /> <br /> Il l'est, vraiment excellent !<br /> <br /> <br /> <br />
N
Ab en dis comme ça... forcément !!!
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Y
<br /> <br /> Inévitable donc<br /> <br /> <br /> <br />
K
J'aime bien aussi quand l'auteur fait le boulot du blogueur, ça arrive, si!
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Y
<br /> <br /> On est jamais mieux servi que par soi-même, n'est-il pas ?<br /> <br /> <br /> <br />