Lune captive dans un oeil mort

Lune captive dans un œil mort, Pascal Garnier, Zulma, 2009
Les Conviviales, résidence où la protection et la sécurité sont garanties, accueillent Martial et Odette, Maxime et Marlène, deux couples, et Léa, femme seule, tous seniors. Le gardien est M. Flesh et l'animatrice du club-house, Nadine. Dans cette sorte de huis-clos, la vie s'organise tant bien que mal. Ces seniors ne sont pas exempts de petites lâchetés. Ils croient tout ce qui est dit à la télé : insécurité, violences, jeunesse en perdition, ... Certains sont racistes, homophobes. Ni moins, ni plus que les autres. Ce sont des gens normaux tels qu'aime les écrire Pascal Garnier, avec leurs faiblesses, leurs blessures et leurs limites. Comme à son habitude, Pascal Garnier met en place personnages et lieux, gentiment, jusqu'au moment du clash, ici jusqu'à cette fameuse lune captive dans un œil mort -quel titre formidable !.
J'aime bien les romans de P. Garnier. J'ai bien aimé celui-ci encore, mais j'y ai trouvé quelques longueurs. On se demande parfois dans quelle direction l'auteur veut nous emmener et où lui-même veut aller. Mais je pense aussi que ces questionnements amènent une surprise plus grande quant au dénouement. Pas le meilleur Garnier selon moi, mais tout à fait honorable. Et puis, un auteur qui met en exergue une phrase d'Alain Bashung et Jean Fauque ("Une poussière dans l’œil et le monde entier soudain se trouble") mérite forcément qu'on s'arrête un moment sur son livre. Parole d'amateur de Bashung !