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Animals

Publié le par Yv

Animals, Christophe Samarsky, L'orpailleur, 2021

"Lui c'est Dogū, un gosse qui vit dans une sorte de squat au-dessus d'un soap-land, à Tokyo. Il dessine des prostituées, il traîne dans les rues, jusqu'à ce qu'il fasse une découverte sordide dans une camionnette.

Elle c'est Kasumi, une geek obsédée par un jeu vidéo des années 80 qui vient de refaire surface, le projet Karasu ("corbeau" en japonais) : un jeu labyrinthique avec recherche d'indices dans le monde réel, rencontres indélicates et disparitions louches. Quelque chose lui dit que percer le mystère du jeu et en suivre les pistes la mènera sur les traces de son père absent." (4ème de couverture)

Les jeunes éditions L'orpailleur menées par Christophe Havot font le pari de découvrir "de nombreuses œuvres de qualité [qui] échappent à la sagacité des éditeurs [...] pour les accompagner jusqu'à ce qu'[elles] deviennent des livres et au-delà, pour les faire émerger pour un public le plus large possible." Belle ambition, réussie au moins pour la partie qualité pour ce titre de Christophe Samarsky ; pour ce qui est de la plus large diffusion, je ne peux me prononcer. Très large diffusion voire best-seller, j'en doute, non pas par la faute d'un livre qui ne serait pas bon, depuis quand faudrait-il être bien pour se vendre beaucoup ? mais davantage parce que Animals est un texte pas facile, qui ne se laisse pas pénétrer aisément. Les lieux sont imprécis, les personnages peuvent l'être aussi, au moins au début, il faut donc accepter d'avancer à l'aveugle, de se laisser porter par les mots de l'auteur. Je ne suis pas certain d'avoir tout compris de l'histoire, je suis même certain de n'avoir pas tout compris, mais je me suis plu à lire ce texte. Une langue particulière, noire, sombre, avec des descriptions fortes, des digressions épatantes : "Quand j'ai rouvert les yeux, la camionnette se dessinait lentement. Toujours la même, avec des poissons peints sur le côté, et une anguille qui vient électriser un numéro de téléphone. D'ailleurs, il manque un bout à deux chiffres, ce qui fait que si tu as envie de commander du poisson, tu vas devoir faire trois ou quatre numéros avant de tomber sur le bon, ou alors t'as sacrément du pot." (p.20/21), la suite est délectable avec les différentes possibilités d'interlocuteurs agacés ou ne comprenant pas les raisons d'un appel pour commander du poisson...

L'écriture de Christophe Samarsky fait naître des images, des odeurs : "L'appartement est une caverne est une forêt, les murs de placo ou de briques sont des membranes, sont des feuillages. Faire un pas dans la cuisine ouvre à tous les dangers. L'odeur de l'humus et l'humidité du sous-bois, une lumière ocre qui filtre horizontale à travers les rideaux ou les arbres, les fleurs qui chuchotent..." (p.61)

Au final, je me dis que même si je n'ai pas tout compris, ce n'est pas grave puisque je suis certain d'avoir pris du plaisir à lire ce texte original, noir et fort, d'une écriture à laquelle j'accolerais également ces deux qualificatifs.

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L
une maison d'édition très originale pourquoi pas!
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Y
les textes sont très différents et néanmoins, on sent une ligne, un choix de textes travaillés, originaux
L
Pour en savoir davantage sur ce livre et sur les autres volumes de la collection, c'est ici (cliquez sur les couvertures) : http://outsiderland.com/orpailleur/
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