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Vos entrailles à nos chiens

Publié le par Yv

Vos entrailles à nos chiens, Pascal Thiriet, Jigal polar, 2022

Lydia est libérée de prison au bout de dix mois, quitte l'Iowa et traverse l'Atlantique pour revenir au village, où son oncle Bartolomé, le maire, s'est porté garant pour elle.

Elle retrouve Zia sa tante et Inca sa mère qui vit désormais avec Bartolomé. Puis il y a Andréa, un gamin chasseur-rêveur, et Só un merle qui voit et entend tout.

Des corps éviscérés et pendus sont retrouvés dans les montagnes. Des juges arrivent, André le quasi local et Olivier l'aristocrate amoureux de Maria la prostituée.

Lire Pascal Thiriet, c'est l'assurance de lire original. Il change de style, d'ambiance à chaque livre et là encore. Cette fois-ci, le roman est rural, montagnard, naturaliste et humain. Corse. Il peut être déroutant au départ, et même un peu après, pour bien se mettre en tête les rôles et places de chacun, et comme aucun des personnages n'est expansif, ça n'aide pas beaucoup. Cela renforce le contexte du village où tout se sait mais rien ne se dit, renfermé sur lui-même, qui préfère vivre au rythme des saisons, des animaux et de la nature qu'au rythme imposé par le travail, l'argent et la mondialisation. Les hommes paraissent forts et dominer les femmes, du moins c'est ce qu'ils laissent voir, mais icelles sont indispensables et ce sont sur elles que le village et les hommes s'appuient. Lydia est l'une d'elle, même si elle est partie faire la trader quelques temps. Au plus profond d'elle, elle est du village, des montagnes, elle écoute et parle à la nature, elle est en elle et fera tout pour la sauver.

Roman noir, écologique dans lequel l'auteur habilement, par petites touches, charge la politique du toujours plus de croissance, de développement, de tourisme au risque d’abîmer les territoires. Profondément humain, les personnages de Pascal Thiriet sont ancrés dans leurs paysages. Ils nouent des relations indéfectibles qui les lient au prix d'actes dangereux et répréhensibles, mais jamais pour le petit profit d'un seul, toujours pour la communauté, pour la faune et la flore.

Le roman de Pascal Thiriet est dense, rien ne manque mais rien n'est superflu. Parfois onirique, emprunt des mythes corses et des rêves d'Andréa, il est aussi très réaliste et va au plus court, à l'essentiel. Dépouillé de tout les artifices, de tout ce qui fait qu'un roman peut parfois sembler long -et ça m'arrive tellement souvent de trouver des longueurs-, il touche au plus profond.

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D
Bonjour Yv, merci pour ce billet sur un écrivain que je ne connais pas. Et je me rends compte que je n'ai jamais non plus des romans policiers édité par Jugal Polar qui semble publier des pépites. Bon dimanche.
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Y
Bonjour Dasola, et oui, Jigal recèle de nombreuses pépites, c'est vraiment l'éditeur du noir à la française