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Les meilleures intentions du monde

Publié le par Yv

Les meilleures intentions du monde, Gabriel Malika, Intervalles poche, 2021 (première édition, 2011)

"A Dubaï, un riche en influent homme d'affaires décide d'organiser un tirage au sort dont le premier prix est une croisière sur le détroit d'Ormuz. Les heureux gagnants viennent des quatre coins du monde. Depuis le navire, ces personnages aux destins singuliers vont assister à une catastrophe qui va changer la physionomie de la région. Passé le choc initial, l'organisateur de la croisière tient à ce que l'un des passagers, un jeune Français récemment installé à Dubaï, interroge les participants afin de trouver dans leurs parcours personnels un sens à ces événements extraordinaires." (4ème de couverture)

Gabriel Malika, pseudonyme de Olivier Auroy déjà chroniqué sur le blog, a vécu dix ans au Moyen-Orient, il connaît donc la région, ses us et coutumes, ses règles et l'émergence de Dubaï depuis quelques années. Son roman est un excellent moyen de découvrir qui sont les gens qui viennent s'installer à Dubaï et leurs raisons. Il parle aussi des conditions de vie très différentes des conditions occidentales notamment sur le manière de s'habiller -pour les femmes surtout-, sur la consommation d'alcool... Le paradoxe de Dubaï est l'attirance qu'elle produit pour de nombreuses personnes, l'espoir de gagner beaucoup d'argent aisément, car l'argent coule à flot dans l'île, la modernité exacerbée de son architecture, les prouesses technologiques contre les conditions de vie difficiles -voire le déni des droits de l'homme-  pour les ouvriers-migrants et pour les femmes dans un certain traditionalisme des coutumes.

L'auteur parle également de la naissance et du développement de l'Émirat de Dubaï : "Et à chaque nouvelle crise, Dubaï se développait un peu plus. La menace de la guérilla communiste en Oman permit aux Émirats d'exister sur la scène internationale. La révolution islamique fit affluer les capitaux iraniens. La guerre Iran-Irak et le régime de Saddam Hussein conduisirent les riches familles irakiennes à placer leurs économies dans les banques de Dubaï. La guerre du Golfe contraignit le rival koweïtien à reconsidérer ses relations avec les Émirats. Les attentats du 11 septembre enfin, achevèrent de convaincre les Saoudiens qui croyaient bienveillante la terre de l'Oncle Sam. Eux aussi finirent par garnir les coffres des banques de Dubaï. Que dire de la guerre civile au Liban, du conflit israélo-palestinien ou des dictatures de l'Est africain ? Plus le Golfe s'embrasait, plus Dubaï s'engraissait." (p. 80)

Voilà toute l’ambiguïté de l'île qui se construit grâce à l'argent de pays ne prônant pas la liberté, qui est donc indirectement sous leurs coupes et qui dans le même temps veut paraître à la pointe. Tout cela est formidablement décrit dans ce roman, notamment à travers les portraits des femmes, qu'elles soient de la région ou des Occidentales. Jusqu'où peuvent-elles aller sans choquer et risquer pour leur sécurité ?

Il y est question également des sacrifices que chacun peut et veut faire pour gagner de l'argent, du mal du pays, du déracinement, des désillusions. Et si justement, Dubaï n'était qu'une illusion, une bulle un peu irréelle, un monde factice construit sur du rêve ? Le retour à la réalité pourrait s'avérer brutal.

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A
Les coulisses des réussites éclatantes sont toujours intéressantes à lire.
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Y
oui et les raisons des départs