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De thé et d'amour

Publié le par Yv

De thé et d'amour, Hubert Delahaye, L'Asiathèque, 2021

Dans les années 70 à Kyoto, un jeune Français s'initie à l'art du thé chez madame Yamamoto. Une nouvelle participante arrive, une jeune femme Ichie Shimizu. Les deux jeunes gens ressentent une attirance, mais dans le Japon de ces années-là, tout va lentement, le rapprochement comme le thé. Et puis, la vie des deux est bien occupée. Un peu plus tard, le jeune homme fait la connaissance de la sœur de Ichie, Miya, qui, au contraire de sa sœur, semble libérée, un rien exaltée.

Quelle délicatesse dans ce court roman. L'art du thé : "Le thé n'est pas vraiment une cérémonie. Il n'en a pas la pompeuse solennité. Ce n'est pas la messe ou le rituel d'une quelconque religion. [...] "Cérémonie" est un mot trop rigide pour désigner un exercice aussi multiforme, fait de gestes simples et précis qui n'ont d'autre finalité qu'eux-mêmes, pensés et codifiés pour être strictement efficaces, nécessaires et suffisants et qu'on doit idéalement réaliser sans y penser et d'un cœur léger." (p.29)

Toute l'histoire tourne autour de ces moments chez madame Yamamoto. Tout y est lenteur, calme. Tout s'y déroule dans le silence, les regards se croisent, les gestes sont là pour offrir le thé, pour le savourer, et il s'y joue bien autre chose, l'amour naissant des deux jeunes gens. Ils se retrouvent parfois à l'extérieur, à la fin de la séance, marchent côte-à-côte en devisant. L'art du thé se rapproche de l'art de la séduction surtout lorsque ce dernier se fait en japonais : "La langue japonaise n'a rien de facile, sans parler de son écriture. Une conversation peut se révéler malaisée à suivre quand on n'y trouve pas de sujet ou de verbe. On a tendance à exposer les faits selon un ordre impressionniste où il faut savoir entendre au-delà des mots à travers un discours qui paraît éparpillé et qui favorise les apartés et les digressions." (p.58)

C'est beau, délicat, fin et reposant. Lire ce petit livre de Hubert Delahaye -comme son très beau Lettres d'Ogura- promet un moment à part, loin de la rapidité et de la performance, l'un de ceux que l'on savoure en prenant son temps et un thé.

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A
Rien que le titre me plait.
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Y
Et le reste est excellent
L
Je lis ce billet en degusrant mon thé du matin et je me dis que mon bonheur serait parfait si je lisais en meme temps ce livre.
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Y
ou pendant le thé du midi, à toi de voir
M
Je vois que toi aussi tu as su te poser un instant pour l'apprécier pleinement. Je n'ai pas encore lu "Lettres d'Ogura" mais je viens de l'acheter et je compte le lire pendant l'été...
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Y
Oui j'ai savouré ces petits moments de thé. Lettres d'Ogura, tu verras, c'est très beau aussi