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Deux-pièces

Publié le par Yv

Deux-pièces, Éliette Abécassis, Éd. Prisma, 2016....

France, 1946, piscine Molitor, un défilé de maillots de bains. Le premier bikini conçu par le couturier Louis Réard fait la sensation. Aucun mannequin n'a voulu défiler avec ce bout de tissu, sauf une danseuse nue, Micheline Bernardini, qui cette fois-ci paraît habillée. Dans le public, une jeune femme frêle, journaliste pour une revue de mode féminine, Gabrielle, est interpellée par Antoine l'un des proches collaborateurs de Louis Réard. Antoine est aussi l'ancien fiancé de Gabrielle qu'il n'a plus revue depuis le début de la guerre.

Une première que ce défilé de lingerie avec le bikini en vedette. C'est le but de la collection Incipt dont ce court roman fait partie que de parler des premières fois. Je ne connais pas l'auteure, ne l'ai jamais lue et si je ne suis pas totalement conquis, j'ai bien aimé sa manière de s'approprier la petite et la grande histoire qui constitue le contexte réel du roman et de le mêler à ses personnages de fiction. C'est bien fait, parfois malheureusement malhabile ou peu fluide, comme lorsque Antoine raconte son expérience de maquisard dans l'Ain et qu'il énumère les noms des créateurs du réseau de Résistance auquel il appartenait, le mouvement Espoir (p.58/59), ça ne fait pas très "dialogue" à l'oreille en plein milieu d'un défilé, on est plutôt dans la volonté de placer des références, de rendre hommage à certains combattants, ce qui est louable, mais ça manque d'articulation. De même, la romancière jette ça et là des noms de gens qui ont plus ou moins collaboré ou ont au moins fait preuve de complaisance à l'égard des nazis, comme "Danielle Darrieux, la célèbre "D.D." qui travaillait pour la Continental société de production aux capitaux allemands créée par Joseph Goebbels, et qui avait fait le "voyage à Berlin" organisé par la Propagandastaffel..." (p.14), mais elle oublie de dire que D.D. a fait ce voyage contrainte et forcée pour tenter de faire libérer son mari incarcéré en Allemagne. Une précision importante et manquante.

Mis à part ces quelques agacements, Éliette Abécassis réussit à aborder la question de la féminité, du féminisme, de la place de la femme dans la société, elle qui suppléa l'absence des hommes au travail et à qui, du jour au lendemain on demande de reprendre son rôle d'épouse et de mère au foyer. Grâce à ce bikini, les femmes peuvent enfin se sentir libres dans leurs corps, mais c'est aussi le début des diktats de la mode. Elle parle aussi des théories communistes qui se font jour après la libération d'une grande partie de l'Europe par l'URSS et qui s'opposent au capitalisme qui déferle avec l'autre grand libérateur du continent, les USA.

Enfin, pas mal de point abordés dans ce court roman (84 pages) illustré par Thibault Balahy, qui confirme que cette collection Incipit mérite qu'on s'y arrête un petit moment.

Commenter cet article
Z
Comme Violette
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Y
on se retrouve sur les réserves
V
j'ai lu cet auteur il y a longtemps, je n'en garde pas un souvenir extraordinaire!
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Y
ce sera pareil pour moi
A
Un thème important pour l'auteure.
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Y
oui d'après ce que j'ai lu sur elle.
K
Si en 84 pages il y a des détails en trop (ou pas assez...) Bref, jamais lu l'auteur non plus.
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Y
Oui, il y a tout cela, parfois des choses qu'on n'a pas en deux ou trois fois plus de pages