Petits plats de résistance
Petits plats de résistance, Pascale Pujol, Le Dilettante, 2015....
Sandrine Cordier est conseillère au Pôle Emploi. Zélée et détestée par les chômeurs qu'elle n'a aucun scrupule à désinscrire si leur dossier n'est pas clair et dûment rempli. Antoine Lacuenta, bac +10 est le champion des cossards et totalement allergique à la notion même de travail ; il va rencontrer Sandrine à son agence.
Marcel Lacarrière, patron de presse ne peut laisser la main à son fils abruti notoire qui ne fait que bourde sur bourde. Et pourtant, il aurait besoin d'aide, son journal est en perte de vitesse fulgurante.
Le foyer Darcourt qui accueille des hommes de nationalités diverses, immigrés, sans travail ou avec des travaux mal payés, périclite. Sa fin est proche au grand désespoir des locataires et du gestionnaire qui fait tout pour le maintenir à flot.
Tout cela se passe à Paris XVIII°, Montmartre, la Goutte d'Or, Barbès. Tous les gens impliqués dans ses histoires vont s'y rencontrer.
Une fois n'est pas coutume, mon résumé est un peu long, mais il y a tellement de personnages, d'histoires qui se mêlent, que je ne pouvais pas faire autrement. Et moi, qui n'apprécie pas plus que cela les romans avec beaucoup d'entrées, de personnages, parce que je me perds très vite, eh bien, je me suis régalé ! A tel point, que bien que petit mangeur, je me serais bien resservi une bonne louchée d'aventures montmartroises avec cette galerie inattendue, improbable, colorée et joyeuse.
Certes, le roman est léger, à peine crédible -voire pas du tout-, mais peu importe, l'important n'est pas là. Il est drôle, met en scène des personnages hors norme, caricaturaux et ce sont ces excès qui nous font rire ou sourire. On peut aussi y voir une satire (et non satyre comme j'ai failli l'écrire) du système social : l'accueil des immigrés, des pauvres qui se raréfie dans les villes au profit -et c'est le mot exact- de sociétés sans scrupule qui s'enrichissent donc. Paris doit se rénover et l'habitat social en pâtit. Le roman ne dénonce rien, il sert surtout à détendre les lecteurs, à passer un agréable moment, mais un constat de cette réalité, bien placé est une bonne idée.
Et la gentille chronique avance et un certain suspense naît : pourquoi et comment les différentes histoires avec ces différentes personnalités se rencontreront-elles ? Quels sont les liens entre elles ? Quel jeu joue Sandrine la jolie mais inflexible mère de famille et conseillère Pôle Emploi qui aurait tant aimé faire de la cuisine ?
Tout s'imbrique très bien et même si incohérences il peut y avoir, occultées sont-elles tant je suis séduit par le style résolument humoristique, par les protagonistes tous sympathiques -même certains des "méchants", je les plains plus que je ne les méprise-, par les aventures et mésaventures des uns et des autres, ...
Un roman choral qui se lit très vite un sourire aux lèvres du début à la fin. Que demander de plus ? Une visite de Montmartre ? Eh bien, vous l'avez avec en prime la Goutte d'Or et Barbès...