Burn out

Burn out, Didier Fossey, Flamant noir, 2015.....
Une équipe de cambrioleurs menée par un responsable d'une association de réinsertion et son adjoint, un russe, fréquente les cimetières parisiens pour dérober les objets d'art, statue de Bartoldi ou autre. La police surveille jusqu'à ce qu'un flic se fasse surprendre et poignarder par un malfrat. Boris Le Guenn commandant à la criminelle est chargé de l'enquête ; il est également préoccupé par l'un de ses hommes, Guillaume qui ne répond plus à ses appels depuis quelques jours, depuis qu'il s'est fait largué par sa compagne ; Boris craint un pétage de câble avec lourdes conséquences. L'enquête avance doucement, parce que d'autres sont aussi en cours, les vols perdurent et Guillaume reste toujours absent.
Un polar hyper réaliste écrit par un ancien flic de la B.A.C parisienne, c'est dire si on est en compagnie d'un auteur bien renseigné. La police française, c'est beaucoup de sigles (expliqués en bas de pages), beaucoup de services aux diverses prérogatives, beaucoup d'hommes et de femmes même si le sous-effectif se fait cruellement sentir. Hormis l'enquête, fort intéressante au demeurant, Didier Fossey écrit la réalité des flics français : les heures infinies, les ouiquendes et vacances difficiles à prendre, les vies de familles qui partent en vrille parce que le travail empiète sur la vie privée, les conjoint(e)s et les enfants qui n'en peuvent plus de vivre seuls et les policiers qui ne s'en rendent pas forcément compte puisqu'ils ont toujours le nez dans le guidon. Lorsqu'ils prennent conscience que ce boulot leur a pris une partie de leur vie, il est souvent trop tard. Guillaume s'est fait largué, Boris Le Guenn est en difficulté avec Soizic son épouse, d'autres sont célibataires parce qu'ils n'ont pas voulu ou su s'engager dans une relation. La fiction de Didier Fossey l'est dans son intrigue mais les conditions de vie sont assez proches de celles qu'on peut nous décrire dans tels ou tels livres ou émissions sérieux (une mention spéciale, hors concours, pour la personne d'Hélène Guillemin, commandant de gendarmerie, sans doute la plus fictive -voire rêvée- des intervenants du roman qui marquera durablement tout mâle lecteur, à moins que Didier Fossey n'ait rencontré dans sa vie une gendarme aussi... atypique et sexy).
L'écriture est directe, simple, rapide, la construction du roman itou : petits chapitres alternant les narrateurs, les points de vue, le lecteur avance plus vite que les enquêteurs puisqu'il sait quasiment tout des activités des gangsters et des flics. C'est un roman pas très long (290 pages) et très dense, rien n'est superflu, Didier Fossey va à l'essentiel, il détaille les procédures, cause hiérarchie et carrière sans que cela ne nuise au rythme ou à l'intérêt ; aucun passage n'est plus -ni moins- marquant qu'un autre d'où mon manque de citation (j'aurais pu citer la description de la commandant Guillemin, mais si j'insiste je vais passer pour un obsédé, alors je donne les pages, mais c'est tout : 229/230), l'écriture et la lecture sont égales de bout en bout donc, point de temps mort, un peu d'adrénaline sur la fin, comme tout polar qui se respecte et surtout, une envie folle de savoir ce que deviennent tous les protagonistes, voire de les retrouver pour d'autres enquêtes.
Un roman policier atypique parce que très proche de la réalité, très loin donc des polars "fantasmés". J'aime les deux genres, surtout lorsqu'ils sont servis par une belle maison d'édition indépendante comme celle qui édite Didier Fossey, Flamant noir.