Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Trait bleu

Publié le par Yv

Trait bleu, Jacques Bablon, Jigal, 2015.....

Lorsque le corps de Julian McBridge est retrouvé au fond d'un lac qu'on vient d'assécher, la police sait qui aller trouver pour le mettre en taule pour meurtre. L'homme, le narrateur, y va mais ne dit pas tout. Il est libéré quelques semaines plus tard, parce que son pote Iggy est le vrai meurtrier. Iggy se pend en cellule. L'homme retourne vivre dans sa maison dévastée par des voyous, retrouve un cadavre dans son jardin et est mis à mal par quatre malfrats qui lui réclament une grosse somme d'argent qu'Iggy leur a subtilisée. Et puis, Pete, l'homme à la Harley apparaît et Big Jim et Liza et un homme qui ne dit rien ni ne bouge.

Roman déjanté qui se passe en pleine campagne profonde étasunienne. Les bars louches avec filles qui se trémoussent ou musiques traditionnelles-country, les routes défoncées, les flingues dans toutes les mains, les grands espaces, ... Les voyous aussi de tous bords, les voyous gentils un peu comme le narrateur et puis les méchants, les vrais durs qui n'hésitent pas à torturer, violenter et tuer pour récupérer leur paquet de fric. Ça déménage. Jacques Bablon ne fait pas dans le léger. Pour reprendre une image du bouquin, on n'est pas accompagné de Rachmaninov, mais plutôt d'un bon vieux groupe de Bluegrass : tendez l'oreille, vous entendez les banjos, violons et guitares et même les bruits des bottes des joueurs et spectateurs qui battent la mesure rapide sur le parquet du rade local. L'histoire va vite, à peine un problème semble-t-il résolu qu'un autre surgit, c'est même sidérant de voir qu'autant de choses peuvent arriver à un mec en seulement 150 pages ! Et je vous épargne les belles rencontres féminines pas nombreuses mais marquantes.

Passons à l'écriture, elle colle parfaitement à l'histoire : un style rapide, des phrases courtes, parfois nominales, de l'argot, du langage familier, peu de dialogues, de l'humour, du détachement, de la désinvolture, un vrai style roman noir, bien poisseux, un truc qui vous colle à la peau et ne vous lâche plus comme ce livre qui, une fois ouvert, empêchera toute velléité de le quitter avant la fin. De l'efficace, du jouissif, un pur plaisir de lecteur amateur de polar ou pas -et en plus, je confesse ne point trop aimer les romans étasuniens (mais bon, celui-ci est écrit par un Français), c'est dire s'il est bon. Pour vous mettre définitivement -sans espoir de passer à côté- l'eau à la bouche, je vous cite le tout début, qui est aussi la quatrième de couverture :

"Tout a commencé quand on a retrouvé le corps de Julian McBridge au fond de l'étang que les Jones avaient fait assécher pour compter les carpes. Ils auraient plutôt eu l'idée de repeindre leur porte de grange ou de s'enfiler en buvant des Budweiser et c'était bon pour moi. McBridge n'était pas venu ici faire trempette, ça faisait deux ans déjà que je l'avais balancé là par une nuit sans lune avec un couteau de chasse planté dans le bide. 835 carpes et 1 restant de McBridge. Les Jones avaient un cadavre sur les bras, ils ont commencé à se poser les questions qui vont avec et, de fil en aiguille, les flics ont fini par me mettre la main dessus." (p.5)

Commenter cet article
E
Déjanté ? Je prends aussi, il me fait très envie.
Répondre
Y
Tu ne seras pas déçue
A
Un roman états-uniens écrit par un français ? Et un bon polar qui plus est. Je suis preneuse.
Répondre
Y
Fonce !
K
Tu as écrit le mot qui déclenche tout chez moi : déjanté. Mmmmmmmmh, je le sens bien, ce polar!
Répondre
Y
Oui oui très bien, du rythme, de la personnalité
L
Tu as oublié la planche à laver avec les dés à coudre ainsi que la bonbonne de gnôle (vidée auparavant) dans laquelle on souffle. Ceci dit, ce bouquin m'a l'air bien tentant.<br /> Le Papou
Répondre
Y
Je vois que tu es spécialiste du genre...
B
Ahhh c'est bien jouissif pour un début de semaine...... merci pour cette idée...
Répondre
Y
Oui une belle manière enlevée de bien débuter cette semaine