Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Du feu sous la cendre

Publié le par Yv

Du feu sous la cendre, Don Winslow, Harper Collins, 2020 (Belfond, 2002, traduit par Oristelle Bonis)

Jack Wade est l'expert incendie de la compagnie d'assurance La Californienne d'Incendies, celui que l'on envoie sur les feux les plus tordus, ceux pour lesquels le doute entre accident et crime est plus que raisonnable. Aussi lorsqu'une maison emblématique de la côte brûle et qu'à l'intérieur, il y a le corps de la femme d'un homme d'affaires en délicatesse avec icelle, Jack est-il envoyé sur les lieux. Méthodique, pointilleux, il ne se doute pas qu'il met le doigt dans l'engrenage d'une machination de haute volée.

Voilà un thriller ultra documenté, presque trop tant les descriptions des feux, des causes, des investigations pour en découvrir les origines, l'avancée et les conséquences sont détaillées. Loin d'être spécialiste, j'ai appris beaucoup de choses et j'en ai oublié beaucoup également. Les pages consacrées au feu, aux assurances sont un peu longues, mais jamais ennuyeuses ; il y a des écrivains qui parviennent à nous intéresser à des sujets techniques poussés et d'autres dont les livres nous tombent des mains. Don Winslow fait assurément partie de la première catégorie. Les premières pages décrivant Jack Wade faisant ses observations dans la maison sont passionnantes :

"Qui, dans le patois des assureurs, s'appelle "le bien".

Du moins, avant que le sinistre se produise.

Après le sinistre, le bien est rebaptisé "dommage".

Quand le bien devient dommage -quand ce qui risquait d'arriver est arrivé-, Jack intervient." (p. 20)

Et c'est une des forces de l'auteur que de nous passionner avec ce genre de faits. Imaginez que dès qu'il se lance dans son intrigue, hors des propos techniques, il monte encore d'un cran. C'est peu de dire que son roman est formidable, magistral. Tout s'enchaîne fluidement, aidé par un style simple, clair et terriblement efficace, qui sans omettre de baguenauder sur la côte et dans les paysages de Los Angeles, va droit au but. Lorsqu'on pense que l'enquête va se dérouler sans accrocs, hop, un rebondissement survient, puis un retournement de situation, et un autre, si bien que l'on n'ose plus imaginer une fin, laissant le soin à Don Winslow de nous emmener là où il veut.

J'ai découvert cet écrivain il y a quelques années avec Savages, je l'ai relu plusieurs fois (L'heure des gentlemen, Cool, La patrouille de l'aube), l'un des rares auteurs étasuniens qui a eu cet honneur, et j'espère le relire encore et encore... A chaque fois, je me régale, et pourtant, ce sont tous des bouquins qui font 500 pages et plus.

Commenter cet article
A
C'est ce que je reproche à l'auteur : c'est tellement documenté que j'en perds le fil narratif.
Répondre
Y
C'est vrai que c'est un risque, il est sur le fil et il pourrait bien perdre des lecteurs à cause de cela
L
J'aime ce que tu dis de ce roman assez pour que je le note alors que je ne lis pas souvent ce genre de livres
Répondre
Y
C'est plus qu'un polar, comme tous les romans de Don Winslow