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Petits cimetières sous la lune

Publié le par Yv

Petits cimetières sous la lune, Mauricio Electorat, Métailié (traduit par Mauricio Electorat), 2020

Emilio est chilien. Il vit à Paris, étudie la linguistique. Sa famille est restée au Chili, son père concessionnaire automobile s'accorde très bien avec la dictature de Pinochet, fréquente certains des durs du régime. C'est pour échapper à cela qu'Emilio est venu en France. Il vit à Montparnasse, est veilleur de nuit dans un hôtel et se lie avec d'autres veilleurs de nuit sud-américains qui lui apprennent le métier. Emilio fait la connaissance de Chloé, jeune femme qui apparaît et disparaît régulièrement. Lorsque la disparition d'icelle dure, Emilio décide de comprendre pourquoi. C'est aussi le temps où son frère lui apprend que ses parents ont divorcé, que son père vit avec une jeune femme et que Pinochet n'étant plus au pouvoir, certains Chiliens risquent gros.

A l'ouverture du livre, je remarque que ce roman écrit en 2018 par Mauricio Electorat, écrivain chilien, est traduit en français par lui-même. Pas banal. Je ne parle ni ne lis l'espagnol et ne doute point une seconde des qualités littéraires de l'auteur dans sa langue natale tant celles-ci sont évidentes en français. C'est un romancier habile et un raconteur d'histoire hors pair. Il sait alterner les lieux, les époques, les narrateurs sans que le lecteur n'en soit jamais gêné, au contraire il en est même ravi. Le récit est diablement bien écrit et construit. Il aborde un nombre de thèmes importants conséquents : les relations père-fils et comment celles-ci peuvent évoluer lorsque les deux ont des opinions et des vies diamétralement opposées, l'amour, le Chili sous la dictature et l'après et la dictature en général, la difficulté de vivre à Paris...

Il sait faire preuve d'humour et d'ironie : "En plus, il y avait ce machin, cette espèce de chimère qui nous a toujours aidés : le Chili, ou plutôt Allende, La Moneda sous les bombes, les militaires en  train de brûler des livres, toutes ces cartes postales qui parlaient d'un pays formidablement plongé dans la souffrance et la terreur. Maintenant c'est les Syriens, les Irakiens, les femmes afghanes, mais dans les années 80, en France, il n'y avait rien de mieux qu'être chilien." (p.20) et use de différents niveaux de langage. Son écriture est fluide, très agréable et prend parfois le lecteur comme témoin des errements ou erreurs d'Emilio en l'interpellant. Un roman qui n'est pas léger, certes, puisque la dictature de Pinochet en est en partie le contexte, mais qui n'est jamais plombant. La vie avant tout.

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Z
Je l'ai noté pour un prochain achat
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Y
Cool