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Au pays des barbares

Publié le par Yv

Au pays des barbares, Fabrice David, sang neuf, 2018...,

Awoise-Gelle dans les Ardennes, le club de foot local qui joue en cinquième division est avant-dernier et menacé de descendre, ce qui signifierait sa fin. Moïse, supporter assidu ne peut se résoudre à cette option et est prêt à tout pour faire mentir les pronostics. Mais son projet mal ficelé risque bien de lui attirer de très gros ennuis... dans le meilleur des cas.

Magguy et Annie vivent ensemble à plusieurs centaines de kilomètres d'Awoise-Gelle. Un traumatisme subit par Magguy remonte à la surface et pourrait bien lui faire croiser la route de Moïse.

Mises à part quelques maladresses et erreurs, je dois dire que ce polar ne laisse pas insensible. Évacuons les erreurs : la nourrice d'un garçonnet qui va jouer un rôle important est une fois asiatique et quelques pages plus loin antillaise..., la voiture du papa est lorsqu'il arrive à un rendez-vous une Mercedes et deux pages plus loin, lorsqu'il repart, une Audi. Les maladresses, maintenant ou plutôt la maladresse qui est de parler dans le couple lesbien d'une des deux qui fait l'homme, ou alors c'est moi qui suis trop politiquement correct.

Ces réserves dites, j'ai passé un moment particulier avec ce roman qui met mal à l'aise tant les personnages décrits et les situations sont réalistes et glauques. Fabrice David parle d'arnaques de pauvres types, prêts à tout pour sauver un obscur club de foot d'une obscure petite ville sinistrée. De l'arnaque à la petite semaine où l'on craint pour sa vie pour moins de cent euros et où 500€ représentent une somme impossible à réunir, même à plusieurs. On est loin des polars qui brassent des centaines de milliers d’euros et des joueurs de foot stars qui empilent les millions pour taper dans la baballe (et non, je n'aime ni le foot ni surtout le fric qui corrompt tout et notamment le sport et qui est désormais un but à atteindre pour beaucoup de jeunes qui voient ces "stars" comme des héros et des modèles).

Le polar de Fabrice David est rural -Awoise-Gelle est une petite ville-, humide, froid, pisseux. On y ressent et/ou sent et/ou voit la crasse, les odeurs, les taudis, les gens à 50€ près pour qui la grande Histoire de France n'est pas la préoccupation principale -cf notre Président méprisant les petites gens- leur souci quotidien est de pouvoir se nourrir et trouver de quoi tenir jusqu'à la fin du mois.

Le romancier est journaliste sportif, travaille pour "Téléfoot", bon, personne n'est parfait. Il bâtit un roman avec différents narrateurs, seul Moïse dit "je", alterne les chapitres avant que tous ne se mêlent très adroitement je dois dire. La tension est nette et monte au point de ne pas se coucher tôt pour connaître le dénouement.

Noir, sombre, ne donne pas forcément une belle image de la région qui est un contexte fort et qui participe de cette ambiance froide et humide où les hommes font ce qu'ils peuvent pour vivre ou survivre dans des boulots mal payés, purement alimentaires et où gagner 2000€ mensuels vous fait passer dans la catégorie des riches. Très bon roman, à ouvrir si l'on n'est pas submergé par des envies suicidaires. Frissons et tension garantis.

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A
Pour l'arrière plan, alors.
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Y
voilà
M
Je suis moins clémente que toi, je n’aime pas les erreurs dans les livres. Je trouve que l’auteur n’a pas été assez attentif à sa propre histoire, et c’est bien dommage. Alors comment croire à ce qu’il raconte ?
Répondre
Y
L'auteur peut faire des erreurs notamment sur des détails, normalement l'éditeur qui lit le manuscrit devrait les voir. Avant il y avait même des correcteurs, je ne sais pas si il y en a toujours...