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Du vent

Publié le par Yv

Du vent, Xavier Hanotte, Belfond, 2016 …..

Jérôme, correcteur dans une maison d’édition juridique grise et terne est aussi écrivain. Un écrivain exigeant et reconnu par sa belle maîtrise de la langue et de l’écriture, ses sujets pas faciles, son amour des détails et sa minutie. De fait il ne publie pas beaucoup.

Jérémie est son ami, lui aussi écrivain. Tout le contraire : une sorte d’Alexandre Dumas, toujours à fuir les créanciers, à écrire deux ou trois romans en même temps pour tenter de rembourser ses dettes. Lorsqu’il demande à son ami de le couvrir auprès d’un éditeur, Jérôme se sent alors obligé de se lancer dans l’écriture d’un roman commandé sur les mésaventures d’une jeune lieutenant de l’armée, mais dans le même temps, il n’abandonne pas son idée d’un roman sur Lépide, l’un du triumvirat formé avec Octave et Antoine, du temps de l’empire romain.

Xavier Hanotte est généreux, il écrit, non pas un, ni même deux, mais trois romans en un. Le premier, celui qui ouvre Du vent, est celui du lieutenant Bénédicte Gardier qui arrive dans sa nouvelle affectation et qui, avant de prendre ses fonctions descend dans un hôtel dans lequel elle est immobilisée et ficelée pendant que son agresseur, Sophie Opalka prend sa place.

Le deuxième est celui de Lépide qui contre la volonté d’Octave entre en Sicile et avance en gagnant ses batailles. Il sait qu’Octave lui en voudra, d’autant plus que Lépide a la fâcheuse tendance à ne pas exécuter ses adversaires.

Enfin, le troisième roman est celui de Jérôme et Jérémie.

Ces trois histoires forment un roman profond et léger, d’un humour à la Devos, absurde et érudit, intelligent quoi. A l’instar de son personnage Xavier Hanotte est minutieux et si le diable n’est pas forcément dans ses détails, l’humour lui, y est,  d’abord parce qu’il s’amuse à nous raconter comment il a récolté tel ou tel particularité de telle ou telle corde, son immersion au sein d’un magasin de bricolage est une scène joyeuse, et ensuite parce qu’une fois qu’il a les informations, on les attend dans le récit, et lorsqu’on les lit, c’est la récompense ultime. Ce qui, pour certains, pourrait paraître comme des digressions oiseuses, des divagations ou des danseuses d’auteur intellectuel est ce qui m’a fait le plus d’effet, j’ai ri, souri (un peu moins sur le roman sur Lépide, moins drôle et un peu plus long). Mais franchement, avez-vous lu des lignes plus belles et plus drôle bien qu’inutiles au déroulement de l’histoire que celles-ci :

"Le soir tombait avec nonchalance. Dans les coulisses du firmament, le soleil invisible pliait bagage à l’anglaise, trop honteux de sa prestation du jour pour conférer à son coucher une quelconque solennité. Profitant de sa dérobade, le ciel et la terre essayaient des cocktails variés de gris qui, avec la lenteur propre aux crépuscules, teintaient indifféremment les campagnes rases, les bois dévêtus et les bourgs engourdis."(p.325) ?

Xavier Hanotte aborde pas mal de thèmes dans son roman, mais l’essentiel est celui de l’écriture, du travail de l’écrivain et surtout la littérature. Comment naît-elle ? Commente et qui décide de ce qui est littérature ou pas ? L’éternelle question sur la bonne ou la mauvaise littérature : les livres de Jérémie sont-ils moins nobles que ceux de Jérôme ? Il est un fait que certains sont plus exigeants à lire et à écrire car écrits dans un langage plus soutenu et demandant une documentation importante. Du vent est un pur plaisir à lire, on croise les histoires sans se perdre, mais au contraire avec l'envie de retrouver chaque héros. Malgré un fond sérieux et cartésien, au départ au moins, le livre part et se déconnecte de la réalité, l’auteur n’hésite pas à recourir à des explications ou des personnages étonnants et barrés. 

Décidément, j'aime celle collection chez Belfond grâce à laquelle je découvre un auteur belge qui écrit depuis une vingtaine d'années. Franchement -si je suis les conseils de l'éditeur, je devrais arrêter adverbes et adjectifs... j'essaie- n'hésitez pas à lire Du vent, je me suis régalé de bout en bout. Lu et approuvé.

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K
Tiens un nouveau look ! Il m'intéresse bien ce livre !
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Y
Excellent(s) roman(s)
A
Sacré changement sur ton blog ! Mais toujours du vert.
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Y
Toujours, la nature, les petits oiseaux...
L
Si c'est du belge, alors fume comme dirait l'autre. Mais c'es vrai que quelques titres sont déjà arrivés dans ma pal pour cette collection et jusque là, que du bon.
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Y
j'avais oublié cette expression. Belfond me surprend agréablement avec cette collection, je ne suis pas fan de leurs grands formats
Z
Tu es entré dans to ère de changement de look ! cela me plait, plus moderne.<br /> Revenons au livre. Comme toi j'ai apprécié cette lecture et tu en parles bien.. C'est vrai que cette collection me plait de plus en plus.
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Y
oui, j'aime bien changer de temps en temps, les meubles à la maison c'est pareil.<br /> Pour le livre, oui il est vraiment excellent, et la collection commence moi aussi à me plaire vraiment
M
Un peu d'humour ne nous fera pas de mal...Je le note pour le chercher après les vacances de noël car je ne pense pas qu'avec mes petits loulous qui vont attendre la père noël j'ai beaucoup de temps pour lire :) Mais bon je ne vais pas m'en plaindre. Si tu avais envie de changer tu as bien fait de le faire. Tu sais moi je devrais faire comme toi mais j'ai du mal à me décider car je trouve les versions plus modernes bien trop froides...Bon week-end
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K
Bon, un belge, je vais réserver pour le mois belge (il me semble que celui que j'avais lu de lui m'avait énormément plu)<br /> Changement de look pour le blog? (j'aimais mieux avant, dit la râleuse)^_^
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Y
Le vert, c'est essentiel. Le rangement, que veux-tu, je range, je jette, je ne suis pas homme à entasser
K
Je m'y habituerai! En tout cas, le vert est toujours là, et j'aime! Et c'est bien rangé.
Y
Oui, un bon belge, voire excellent. Pour le blog, j'avais envie de changement