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L'assassin qui rêvait d'une place au paradis

Publié le par Yv

L'assassin qui rêvait d'une place au paradis, Jonas Jonasson, Presses de la cité, 2016 (traduit par Laurence Mennerich)...

Lorsque Johan Anderson, plus connu sous son surnom de Dédé-le-Meurtrier sort de prison, il va s'installer dans une pension qui fut peu de temps auparavant un lupanar connu sous le nom du Club Amore. La Pension La-Pointe-de-Terre, tenue par Per Persson propose des chambres au confort discutable mais pas chères. Dédé est bien décidé à ne pas retourner en prison, aussi honore-t-il quelques contrats pour la pègre, des bras ou des jambes brisées en représailles, et il se fait payer pour sévices rendus. Per Persson, rejoint depuis peu par Johanna, une pasteure défroquée parce qu'elle ne croit pas en Dieu, flairent le bon moyen de se faire de l'argent, ils organisent une entreprise chargée de collecter les fonds contre le travail de Dédé, mais s'accoquiner avec le diable n'est pas compatible avec la conversion de Dédé à Jésus, peu de temps après les débuts fracassants de cette entreprise.

C'est ma première rencontre avec Jonas Jonasson tant connu un peu partout pour Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ou L'analphabète qui savait compter. Et je dois dire que dès les premières lignes, j'ai vu une parenté évidente avec l'excellent auteur finlandais Arto Paasilinna et que j'ai pris le même plaisir à le lire, au début au moins... parce qu'à un certain moment, j'ai quand même trouvé qu'il allongeait un peu la sauce sans lui apporter de saveur supplémentaire : les quatre-vingts premières pages sont drôles, enlevées, puis ça se dégrade parce que ça tire en longueur (environ quatre-vingts pages itou), et puis, ça repart pour ne plus s'arrêter, jusqu'à la fin, la page 380. Tout est absolument loufoque, pas crédible et l'on sourit beaucoup, voire même on peut rire à des dialogues fous ou des descriptions décalées. Le procédé dont use Jonas Jonasson est connu : il joue avec les niveaux de langage, les dialogues sont plutôt dans le familier, l'argotique et les descriptions plutôt dans le soutenu et même plus elles parlent de trivialités, plus elles sont bien écrites, le décalage est donc complet et ça fonctionne parfaitement.

"- J'ai rencontré Jésus ! C'est trop dur à piger, ça ? Et du coup, vous m'avez mis dans la merde !

Le pasteur interrompit l'embryon de querelle qu'ils n'avaient pas le temps de développer. Elle ne réfuta pas le résumé que venait de brosser Dédé, même si elle trouvait qu'il aurait pu employer un autre langage." (p.123)

En filigrane et quasiment tout au long du livre quand même, Jonas Jonasson critique la religion qui longtemps fut en Suède religion d'état, qui ne l'est plus depuis seulement l'année 2000. Il se moque, parodie l'église et son besoin d'argent, les églises de tout genre qui peuvent ouvrir et se revendiquer comme telles, ce qu'en France, on appellerait sectes.

Ce n'est sans doute pas le roman du siècle, certes non, mais je ne doute pas qu'il trouve un écho auprès des lecteurs et je le comprends bien, j'avoue moi-même avoir passé un très bon moment en Suède. Ne boudons pas notre plaisir, un roman drôle qui nous fait oublier quelques instants le quotidien, ça mérite largement le détour, comme une bonne comédie au cinéma.

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K
J'ai lu Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire et comme toi, j'ai aimé les premières pages, je me suis essoufflée au milieu puis j'ai repris avec enthousiasme ensuite. C'est étonnant cette similitude !
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Y
une marque de fabrique ?
Z
J'avais apprécié "le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire", mais j'avoue quelques réticences pour celui-ci. Il me semble trop proche du vieux
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Y
peut être, les recettes sont sans doute les mêmes
D
Bonjour Yv, moi qui ai aimé les deux précédents, je ne manquerai pas de lire celui-ci. Je pense qu'il me plaira. C'est le genre de roman "pas cassant" qui fait passer un (bon) moment. Bonne après-midi.
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Y
Bonjour Dasola, c'est exactement cela un roman détente, qui ne prend pas le chou et qui fait même sourire et rire.<br /> A bientôt
V
j'attendais de lire un avis sur ce roman... J'avais beaucoup aimé Le Vieux qui... (en livre audio, c'était parfait!). Merci, je vais essayer de trouver celui-ci en livre audio!
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Y
peut-être un option intéressante en audio effectivement
A
J'avais bien aimé son premier, mais je n'ai pas lu les suivants.
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Y
et moi je n'ai lu que celui-ci
K
J'ai un peu peur de me lasser, à la longue...
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Y
ça peut... alors prends un bon Paasilinna
A
Moi, je note ! De la lecture-plaisir, qui fait sourire et même rire, c'est assez rare !
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Y
rare donc il faut en profiter
A
Je n'ai pas eu très envie de lire celui qui a eu tellement de succès, je vais peut-être me laisser tenter par celui-ci si je le vois à la bibli.
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Y
c'est un sympathique moment, mais pas plus, ce qui est déjà très bien