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coup de coeur

Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?

Publié le par Yv

Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ?, Georges Perec, Denoël, 1966

Après une déception de lecture (un polar anglais), j'ai repris ce tout petit livre au titre extraordinaire dans ma bibliothèque perso. Sûr que le résultat serait de me faire rire et de prendre un plaisir réel, (pari largement réussi !) autant que celui de Perec, j'imagine, lorsqu'il a écrit ce bouquin fou.  Il y joue avec les mots, les détourne de leurs sens, les transforme, avec les phrases en les réécrivant de différentes manières. Enfin, bref, un vrai bon moment de lecture. Maintenant, à quoi bon résumer l'histoire ? Si je vous dis qu'un groupe de jeunes gens amis mettent tout en oeuvre pour éviter à l'un des leurs de partir faire la guerre en Algérie, vous n'aurez alors que le fil rouge du livre, mais le plus important réside dans l'écriture, les vrais trouvailles littéraires de Perec.

Pour tous ceux que cela intéresse, je note toujours l'édition originale, mais ce petit livre (110 pages) est aussi édité chez Folio, donc à petit prix : ce serait dommage de le rater.

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Atelier 62

Publié le par Yv

Atelier 62, Martine Sonnet, Ed. Le temps qu'il fait, 2008


Le résumé du livre est on ne peut plus simple : Martine Sonnet est la cinquième et dernière enfant d'une famille normande. Le père, artisan-forgeron, obligé de quitter son village -plus assez de travail- pour embaucher à la Régie Renault, atelier 62 forges et traitements, réputé comme le plus dur de l'usine de Boulogne-Billancourt. Déracinement normand-enracinement parisien. Années 50/60. Années où tout change : les ateliers se mécanisent, la vie quotidienne aussi.
Ce livre ne ressemble à rien de ce que j'ai déjà lu : mi-récit-mi-documentaire. L'auteure alterne les chapitres. Les uns consacrés à l'usine, en pleine mutation mécanique, écrits comme un documentaire (conditions de travail, relations ouvriers-direction, rapports et références au journal du syndicat de la Régie, ...) ; l'écriture est directe, sèche, descriptive, assez classique. Les autres s'attardent sur l'histoire familiale : l'arrivée à Paris, la figure omniprésente du père ; écriture plus allusive, elliptique : beaucoup de phrases sans verbes, omissions de déterminants ; un parti-pris et un style singuliers.
Soyons directs : j'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture, même si les chapitres-usine sont plus difficiles d'accès. Cependant, à mon grand regret, je crains que ce livre ne reçoive pas l'accueil qu'il mérite dans le cadre du prix inter C-E pour lequel il concourt, du fait de sa construction hors du commun.

PS : visitez le site de Martine Sonnet

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La trilogie d'Agota Kristof

Publié le par Yv

Le grand cahier, Seuil, 1986 ; La preuve, Seuil, 1988 ; Le troisième mensonge, Seuil, 1991, Agota Kristof


Cette trilogie se déroule dans un pays en guerre, puis sous occupation étrangère, et enfin, libre. Klaus et Lucas sont jumeaux. Dans le premier tome, ils sont laissés par leur mère chez leur grand-mère qu'ils ne connaissent pas. Celle-ci habite au bout d'une petite ville, près des garde-barrières. Les jumeaux, d'environ 10 ans y font "l'apprentissage de la vie, de l'écriture et de la cruauté" (4ème de couv.)
Ecrit dans un style sec, épuré et direct : pas de mot superflu dans les phrases, pas de figures de style, Agota Kristof va a l'essentiel. Ce premier livre est construit comme une suite de petites nouvelles ayant en commun les personnages, les lieux et qui se suivraient pour former un roman.
Dans le second tome, les jumeaux sont séparés et l'on suit Lucas, resté à la ferme de la grand-mère, tandis que Klaus a traversé la frontière, vers le pays libre. Agota Kristof garde son style sec, mais adopte cette fois, une forme plus romanesque. Elle décrit les affres et les tourments de la séparation et de la difficulté de vivre seul.
Dans le dernier tome, A. Kristof brouille les pistes : les personnages des deux premiers tomes reviennent, mais plus dans les mêmes rôles. On se perd un peu, puis tout redevient clair et limpide. Toujours ce style très particulier, cette ambiance terne et triste.
Pour conclure, j'ai vraiment beaucoup aimé le premier tome, le second également ; le troisième plus est déconcertant au départ (la première partie) mais il reste du même niveau que les autres. Même si l'histoire n'est pas joyeuse, l'écriture d'Agota Kristof vaut vraiment le coup d'être découverte. Personnellement, j'aime beaucoup ce style direct, brut, qui va à l'essentiel.

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Les Giètes

Publié le par Yv

Les Giètes, Fabrice Vigne (texte), Anne Rehbinder (photos), Ed. Thierry Magnier, 2007


Un mot d'abord sur la genèse du livre  : les éditions Thierry Magnier proposent "une série de photographies dont il ignore tout [...] à un écrivain. Il s'aventure alors dans l'écriture d'un roman où ces photographies croiseront la vie du héros pour la transformer."

Donc, muni des photographies très réalistes d'Anne Rehbinder, Fabrice Vigne se lance dans la vie de Maximilien Bertram. Maximilien a 80 ans, vit dans une maison de retraite, et sous prétexte de ranger ses papiers retrouve et reprend l'écriture de son journal stoppée 45 ans auparavant. Il écrit évidemment sur sa vie actuelle et sur la relation privilégiée qu'il entretient avec son petit-fils, Marlon, mais aussi sur son passé, ses espoirs et ses déceptions de militant communiste, de syndicaliste. Ses propos sont émaillés de citations très a-propos de Flaubert qu'il admire. Maximilien est à la fois sans concession, mais ne juge pas, légèrement  désenchanté, mais plein d'espoirs.
Fabrice Vigne maîtrise parfaitement son sujet, ... ses verbes, ses compléments et son style également ! J'avais beaucoup aimé TS et L'échoppe enténébrée et je retrouve dans ce livre le style intelligent, jamais pédant, utilisant un vocabulaire (dont "les giètes", expliqué en plein cœur de l'ouvrage) plus large que la moyenne. J'ajouterai que je me suis attaché à Maximilien et à son entourage que F. Vigne décrit avec beaucoup de tendresse, d'humour et de simplicité. J'aurais aimé continuer un petit bout de route avec lui et j'avoue que j'aurais tellement avoir eu cette relation avec un de mes grand-pères disparus trop tôt.
Pour ceux qui veulent lire de beaux livres intelligents, vraiment, je recommande la lecture de Fabrice Vigne (Sylire aussi). Voir aussi le blog de Fabrice Vigne.

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Tea-Bag

Publié le par Yv

Tea-Bag, Henning Mankell, Ed. Seuil, 2007


Tea-Bag est une jeune Africaine réfugiée, sans papiers, en Suède. Là, elle rencontre Tania, dans la même situation et Leïla, jeune Iranienne brimée par l'éducation traditionnelle de son père. Toutes trois désirent écrire ou raconter leurs parcours. Entre alors en scène un poète de renom, Jesper Humlin, narcissique, préoccupé par sa seule personne et ses poèmes abscons, ne supportant la critique ni sur l'un ni sur les autres. La rencontre entre lui et ces jeunes filles réfugiées est une découverte d'une autre Suède et des Suédois étrangers.
Je connais et apprécie H. Mankell pour ses romans policiers impliquant l'inspecteur Kurt Wallander. Cette fois encore, on retrouve ses thèmes principaux : critique sociale de la Suède, les immigrés, les plus pauvres, ... Tout ce qui est souvent une toile de fond dans ses romans policiers est ici le véritable environnement très présent du livre. Comme à son habitude, Mankell nous gratifie de personnages complexes, en proie aux doutes, aux questionnements existentiels, tout cela dans un style simple et clair. Le résultat est un très bon roman intelligent que l'on pourrait sûrement transposer dans beaucoup d'autres pays dits riches.

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L'échoppe enténébrée

Publié le par Yv

L'échoppe enténébrée (récits incontestables), Fabrice Vigne, Ed. Le fond du tiroir, 2008
Je me suis procuré ce livre grâce à l'entremise de Sylire. Uniquement disponible en contactant directement Fabrice Vigne et Le fond du tiroir (le bon de commande vaut le coup d’œil !). Fabrice Vigne raconte quelques uns de ses rêves (26), petites histoires inachevées comme le sont nos propres rêves. Drôles, parfois réalistes, souvent surréalistes, toujours plaisants à lire, même si l'auteur nous y parle de sa famille et de sa région que je ne connais pas du tout, ni l'une ni l'autre. J'ai beaucoup aimé le plus court :  Rêve du cambriolage de mon frère, mais aussi le Rêve de la chasse à l'homme de Notre-Dame de Paris et probablement le plus loufoque le Rêve de V.G.E au téléphone, pour ne citer que ceux-ci. 
J'ajouterai que le livre est très joli : la couverture, la police et les illustrations en début de chapitres et parfois sur la page et les bulles (?) finales donnant des explications sur la possible genèse des rêves.
Non seulement je ne regrette pas mon achat, mais je reprendrai  cette lecture plus lentement, rêve par rêve, le soir avant de dormir. On ne sait jamais, cela pourrait influencer mes nuits.

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La femme gelée

Publié le par Yv

La femme gelée, Annie Ernaux, Ed. Gallimard, 1981


Annie Ernaux retrace son enfance entre son père et sa mère qui se partageaient le plus naturellement du monde les tâches quotidiennes de la maison et de leur commerce. Elle parle  de ses problèmes d'adolescente, quand elle s'efforce d'être "comme il faut" que soient les filles. Elle rêve de rester indépendante, puis malgré tout, elle découvre la vie quotidienne, la société et les rôles inégaux entre l'homme et la femme. Son mariage ne la sauvera pas, bien au contraire, de cette différence  : elle doit faire double journée, gagne moins que son mari ...
Certes, le livre est ancien. Certes, il est écrit par une femme. Malgré cela, c'est une lecture extrêmement intéressante que je conseille aussi aux hommes. Annie Ernaux décrit des problèmes que l'on connaît, mais toujours avec un style, que personnellement, j'apprécie beaucoup. Je me suis demandé durant tout le livre pourquoi elle acceptait, femme,  ces situations dont elle ne voulait pas jeune fille. Il n'y a pas de réponse claire, si ce n'est le poids des habitudes, de la société et du monde dans lequel elle évolue. Encore un très bon bouquin d'Annie Ernaux. Pour ceux qui ne connaissent pas cette auteure, je conseille aussi : La place, L'événement, Une femme.

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La femme qui attendait

Publié le par Yv

La femme qui attendait, Andreï Makine, Ed. Le Seuil, 2004
 
Au milieu des années 70, un jeune homme venu de Leningrad s’installe à Mirnoïé, sur les bords de la mer Blanche, afin d'étudier pour sa thèse les coutumes et traditions de ce village. Là, depuis la guerre, le temps semble s’être arrêté. Un jour, le narrateur remarque une belle femme de 40 ans tirer des filets au bord du lac. Encore belle, institutrice dans un village voisin, Véra semble avoir consacré sa vie à l’attente, celle du retour de son fiancé parti au front trente ans auparavant et dont elle n’a jamais reçu aucune nouvelle. Au fur et à mesure que le récit se déroule, qu’un lien intime se tisse entre le narrateur et Véra, un charme particulier opère et se diffuse, et pourtant, ces deux-là ne se disent quasiment rien. 
J'ai lu ce livre, il y a quelques mois, et toujours me reste cette histoire en tête. Andreï Makine a l'art des belles phrases qui disent l'essentiel, tout simplement. C'est un roman lent, très beau. Excellent, c'est tout !

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Small world

Publié le par Yv

Small World, Martin Suter, Ed. Christian Bourgois, 1998
Mieux que n'importe quel résumé, voici la 4ème de couverture de Small world :

"Small World est tout à la fois un roman social, l'étude d'un cas médical et un roman policier.
Conrad Lang, la soixantaine avancée, est soudain confronté aux images de sa jeunesse. Enfant illégitime d'une servante et compagnon d'un fils de milliardaire dont il partage l'existence, l'unique chose qu'il désire est d'être enfin intégré à cette famille.
Il se sert de la formule "Small World" pour camoufler des pertes de mémoire qui lui permettent, par une série de flash-backs de reconstituer son destin. Peinture de la grande bourgeoisie suisse et du petit peuple, ce récit porte sur la mémoire et sur le sens de la vie.
La double trouvaille de ce roman consiste à décrire à la fois la perte de mémoire et les efforts pour la reconstituer."

J'ai découvert récemment par ce roman déjà ancien, Martin Suter. Je l'ai lu très rapidement, c'est vraiment un très bon roman, avec en toile de fond, la maladie d'Alzheimer. Il faut oser ! Mais attention, ici, pas de misérabilisme, pas de cours sur cette maladie : elle est là présente, mais est prétexte au déroulement du roman. Tellement bien que je vais sûrement emprunter à ma bibliothèque un autre livre de Martin Suter ! 

 

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